Me voilà de retour de vacances, je suis heureux de vous retrouver et de retrouver aussi un temps estival, quoique j’espère ne pas devoir supporter de trop grosses chaleurs, mais on ne va quand même pas trop se plaindre, le soleil est là, profitons-en ! Je parle de cela, car pendant mes 3 semaines de congés en Suisse avec ma famille, le soleil n’a pas souvent été au rendez-vous. Et à ce propos, je me suis fait quelques réflexions que j’aimerais partager avec vous ce matin.
Il me semble que cette année a été particulière à plusieurs niveaux. J’ai trouvé des similitudes entre la météo et la situation sanitaire actuelle.
Lorsque nous étions en Suisse, dans le Jura suisse plus précisément, nous guettions souvent la météo pour adapter nos sorties. S’il pleuvait, il nous fallait faire des sorties en intérieur. S’il ne pleuvait pas (ou peu), nous pouvions sortir nous balader dans la nature ou dans des lieux ouverts. Et s’il faisait un peu chaud, nous pouvions profiter des lieux aquatiques pour que les enfants puissent patauger un peu dans l’eau.
En fait, il y a eu peu de jours avec du grand soleil et du chaud. Assez souvent le ciel était gris avec des températures fraîches. Je me souviens que le 1er août, jour de la fête nationale Suisse, nous étions sortis sous la pluie avec des pulls et des vestes d’hiver tellement il faisait froid. Parfois je me posais la question suivante : « quand allons-nous enfin avoir un temps d’été » ?
Un jour en me posant cette question, j’ai trouvé qu’il y avait une similitude avec la situation sanitaire actuelle, car je me suis aussi posé la question suivante : « Quand allons-nous enfin retrouver une vie normale ? »
En me posant ces deux questions à la suite, je me suis senti interpellé par une voix intérieure et je n’ai pas été très fier de moi.
C’est comme si j’attendais que les choses redeviennent normales pour enfin retrouver une vie normale. C’est comme si les temps que nous vivons forment une parenthèse dans notre vie, et qu’il faut juste attendre que ça passe pour enfin recommencer à vivre.
Mais la vie se résume-t-elle aux vacances sous le soleil ? La vie sur cette terre est-elle une vie sans nuage, sans maladie, sans restriction, sans frustration, sans difficulté ?
Finalement, il ne faut pas oublier que notre monde actuel souffre depuis qu’il a écarté la royauté de Dieu.
En France, nous avons la chance d’avoir accès à un certain confort, mais n’oublions pas que nous vivons dans un monde qui souffre. Le monde souffrait déjà avant le Covid, et malheureusement, le monde continuera de connaître des souffrances après le Covid.
Alors comment vivre notre présence sur cette terre qui souffre ? Faut-il la vivre simplement comme une attente, comme si la terre était une salle d’attente avant d’entrer au paradis ?
Sommes-nous simplement ici-bas pour témoigner, attendre, et profiter des bons moments qui s’offrent à nous ?
Dans la Bible, un auteur nous fait part de ses réflexions à ce sujet, il s’agit de l’Ecclésiaste.
L’Ecclésiaste est un terme qui désigne celui qui s’adresse à une assemblée. Certains pensent que l’auteur était le roi Salomon.
L’un des thèmes qu’il aborde est justement le sens de la vie, le sens de notre présence sur terre.
La première affirmation qui apparaît dans son livre est la suivante :
[1. La vie est insignifiante]
Voici ce qu’il écrit au chapitre 1 :
1 Paroles de l’Ecclésiaste, fils de David, roi à Jérusalem.
2 Comble de l’inconsistance, dit l’Ecclésiaste, comble de l’inconsistance, tout n’est que fumée!
3 Quel avantage l’homme retire-t-il de toute la peine qu’il se donne sous le soleil?
4 Une génération s’en va, une autre arrive et la terre est toujours là.
5 Le soleil se lève, le soleil se couche, il soupire après l’endroit d’où il se lève de nouveau.
6 Le vent se dirige vers le sud, tourne vers le nord, puis il tourne encore et reprend les mêmes circuits.///
7 Tous les fleuves vont à la mer, mais la mer n’est pas remplie et ils continuent d’aller vers leur destination.
8 Tout est en mouvement, plus qu’on ne peut le dire. L’oeil ne sera jamais rassasié de voir et l’oreille ne sera jamais remplie au point de ne plus pouvoir écouter.
9 Ce qui a existé, c’est ce qui existera, et ce qui s’est fait, c’est ce qui se fera. Il n’y a rien de nouveau sous le soleil.
10 Si l’on dit à propos de quelque chose: «Regarde ceci, c’est nouveau», en réalité cela existait déjà dans les siècles précédents.
11 On ne se souvient pas de ce qui est ancien, et ce qui arrivera par la suite ne laissera pas de souvenir chez ceux qui vivront plus tard.
Ici, l’Ecclésiaste met en évidence l’insignifiance de la vie. Les générations naissent et s’en vont. Elles laissent place à d’autres générations qui à leur tour s’en iront aussi. Le soleil se lève, puis se couche. Puis il se relève, et se recouche, puis il se relève, et se recouche.
Tout recommence encore et encore, et cela paraît sans fin. Tout ce qui a existé, c’est tout ce qui existera, tout ce qui s’est fait, c’est ce qui se fera.
C’est vrai que lorsque l’on écoute les infos semaine après semaine, ce sont souvent les mêmes nouvelles.
Il y a des personnes disparues, des personnes décédées, que ce soit à cause d’une épidémie ou d’autres causes. Il y a des guerres, des inondations, des réformes qui provoquent des manifestations et des grèves, des débats politiques, de la pauvreté, etc. Si vous allumez France Info dans 10 ans, il est fort probable que la plupart de ces sujets seront évoqués.
Toutes ces choses, c’est ce qu’il y a eu avant nous et c’est ce qu’il y aura après nous. Au final, rien de ce qui existe n’est vraiment nouveau. Et même si on nous dit : regardez, quelque chose de nouveau ! En réalité, cela existait déjà dans les siècles précédents.
Prenons un exemple : dans un temple, avant de projeter les paroles des chants avec un vidéoprojecteur, on les projetait avec un rétroprojecteur (les feuilles transparentes imprimées et projetées). Avant le rétroprojecteur, on distribuait des recueils de chant à l’assemblée. Et avant les recueils on chantait par cœur.
Mais au final, que ce soit grâce à des paroles projetées ou chantées par cœur, le résultat est le même : on chante, rien de bien nouveau. J’entends même dire que ce qui est nouveau n’est pas forcément mieux. Mais c’est un autre sujet.
Autre exemple : je me souviens qu’il y a un peu plus de 20 ans, pas mal d’Églises étaient équipées d’appareils pour enregistrer la prédication du dimanche matin sur cassette audio, afin de la rendre accessible aux absents ou à eux qui voudraient la réécouter.
Ensuite, beaucoup sont passés aux CD audio, j’ai d’ailleurs quelques-unes de mes anciennes prédications sur CD audio. Maintenant les enregistrements sont sur clé USB ou même en ligne. Mais que ce soit sur K7 ou en ligne sur Internet, qu’y a-t-il de vraiment nouveau ?
Et même avant les systèmes d’enregistrement, je suis sûr que l’on se débrouillait pour photocopier, recopier, ou raconter la prédication aux absents.
L’ecclésiaste répète souvent ce refrain dans son discours : il n’y a rien de nouveau sous le soleil. C’est d’ailleurs probablement de lui que nous vient cette expression. Une génération passe et une autre arrive, et tout se répète. L’Ecclésiaste commence donc par nous dire que la vie en soi n’a pas vraiment de sens, elle serait insignifiante.
[2. La connaissance est insignifiante]
Ensuite, l’Ecclésiaste affirme que la connaissance est insignifiante. Lisons la suite du chapitre 1 :
12 Moi, l’Ecclésiaste, j’ai été roi d’Israël à Jérusalem.
13 J’ai appliqué mon coeur à rechercher et à explorer par la sagesse tout ce qui se fait sous le ciel: c’est une occupation pénible que Dieu réserve aux humains.
14 J’ai vu tout ce qui se fait sous le soleil et j’ai constaté que tout n’est que fumée et revient à poursuivre le vent.
15 Ce qui est courbé ne peut pas se redresser et ce qui manque ne peut pas être compté. 16 Je me suis dit: «J’ai augmenté et développé la sagesse plus que tous ceux qui ont dominé avant moi sur Jérusalem, et mon coeur a vu beaucoup de sagesse et de connaissance.»
17 J’ai appliqué mon coeur à connaître la sagesse, mais aussi la folie et la stupidité. J’ai découvert que cela aussi, cela revient à poursuivre le vent.
18 En effet, avec beaucoup de sagesse on a beaucoup de chagrin, et celui qui augmente sa connaissance augmente sa souffrance.
L’ecclésiaste s’est dit : si la vie est insignifiante et qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil, qu’en est-il de la sagesse ? Qu’en est-il de la connaissance ?
Il s’est donc mis en quête de la sagesse, de toutes les connaissances et de toutes les expériences possibles à son époque.
Il dit au verset 14 : « J’ai observé tout ce qu’on fait sous le soleil. Et voilà : tout cela ne sert à rien, autant courir après le vent ! »
Il en a conclu que tout n’est que poursuite du vent. Ce qui est courbé, on ne peut pas le redresser. Ce qui n’existe pas, on ne peut pas le faire venir à l’existence. Autrement dit : les choses sont comme elles sont, on ne peut rien y changer même en usant de notre connaissance.
Le pire, c’est que plus on est conscient des choses, plus on est malheureux. Autant être imbécile et heureux selon l’Ecclésiaste. Il nous dit au verset 18 : « une grande sagesse entraîne une grande tristesse, augmenter sa connaissance, c’est augmenter sa souffrance ».
Il est vrai que parfois on serait plus tranquille si l’on n’était pas au courant de certaines choses.
Il y a quelques années ma femme et moi avions acheté une carafe filtrante pour purifier l’eau avant de la boire. Par la suite j’ai été un peu troublé en apprenant que l’eau que je filtrais avec ma carafe Brita pouvait être toxique.
Il paraîtrait que les carafes filtrantes enlèvent bien le goût du chlore de l’eau du robinet, que ça enlève du calcaire, mais que ça rendrait l’eau un peu toxique. Selon certaines études scientifiques, il ne serait pas conseillé de boire de l’eau filtrée.
Le problème c’est que d’autres études disent que dans l’eau du robinet, il y a trop de chlore, trop de produits chimiques et trop de calcaire, et que ce n’est pas bon pour la santé. Ce n’est donc pas conseillé non plus de boire l’eau du robinet.
On peut se dire que la solution serait de boire de l’eau en bouteille, mais là encore, selon certaines études, il paraîtrait que l’eau en bouteille contient des substances mauvaises pour la santé à cause du plastique des bouteilles en contact avec l’eau.
Est-ce que le mieux serait donc de boire de l’eau pure qui sort directement d’une source ? Lorsque j’en ai eu l’occasion, j’ai tenté l’expérience sur plusieurs jours, de boire de l’eau naturelle, mais j’ai eu des maux de ventre. On m’a dit que mon estomac n’était pas habitué à boire de l’eau non traitée.
La conclusion c’est que maintenant je bois de toutes les eaux : filtrées en carafe, en bouteille et au robinet, et j’arrête de me poser trop de questions.
Et si cela peut vous rassurer, on trouve aussi des études qui disent que l’eau filtrée, l’eau du robinet ou l’eau en bouteille, ce n’est pas si mal que ça. Dans tous les cas, nous avons besoin de boire.
Tout cela pour dire que parfois, on se prendrait moins la tête si l’on n’était pas au courant de certaines choses. C’est ce que l’Ecclésiaste souhaite nous dire, il me semble.
Il nous dit que même la plus grande sagesse est inutile, acquérir de la connaissance, c’est comme courir après le vent, cela ne va pas changer le monde. La sagesse est insignifiante…
Enfin, voici la troisième idée de son discours : après avoir parlé de la vie qui est insignifiante et de la sagesse qui est aussi insignifiante, l’ecclésiaste parle des plaisirs.
[3. Les plaisirs sont insignifiants]
Je continue ma lecture au chapitre 2, versets 1 à 11 :
1 Je me suis dit dans mon coeur: «Allons! Essaie la joie et tu goûteras au bonheur!» J’ai constaté que cela aussi, c’était de la fumée.
2 J’ai traité le rire de folie et j’ai dit, à propos de la joie: «À quoi sert-elle?»
3 J’ai imaginé, dans mon coeur, de livrer mon corps au vin tout en me conduisant avec sagesse et de m’attacher à la folie jusqu’à ce que je voie ce qu’il est bon pour les humains de faire sous le ciel tout au long de leur vie.
4 Je me suis lancé dans de grandes entreprises: je me suis construit des maisons, je me suis planté des vignes,
5 je me suis fait des jardins et des vergers et j’y ai planté toutes sortes d’arbres fruitiers.
6 Je me suis fait des réservoirs pour arroser des pépinières.///
7 J’ai acheté des serviteurs et des servantes; j’en ai eu d’autres, nés chez moi. J’ai aussi possédé des troupeaux de boeufs et de brebis, plus que n’importe qui avant moi à Jérusalem.
8 J’ai même amassé de l’argent et de l’or, les richesses des rois et des provinces. Je me suis procuré des chanteurs et des chanteuses et ce qui fait le plaisir des hommes : des concubines en quantité.
9 Je suis devenu grand, plus grand que n’importe qui avant moi à Jérusalem, sans rien perdre de ma sagesse.
10 Je n’ai rien refusé à mes yeux de tout ce qu’ils réclamaient, je n’ai privé mon coeur d’aucune joie. En effet, mon coeur était réjoui par tout mon travail, et c’est toute la part que j’en ai retirée.
11 Puis j’ai réfléchi à tout ce que mes mains avaient entrepris, à la peine que j’avais eue pour le faire, et j’ai constaté que tout n’est que fumée et revient à poursuivre le vent. Il n’y a aucun avantage à retirer de ce qu’on fait sous le soleil.
Ici, l’ecclésiaste parle des plaisirs.
Il me semble qu’actuellement nous vivons particulièrement dans une société de loisirs. Beaucoup de gens arrivent au travail le lundi en pensant déjà au loisir qu’ils veulent faire le week-end. De même, on rentre de congés et on réfléchit déjà à ce que l’on veut faire aux prochaines vacances.
L’ecclésiaste nous dit qu’il ne s’est privé de rien, d’aucun loisir. Tout ce qui lui faisait envie, il se l’est procuré. Ce dont la plupart des gens rêvent, il l’a fait. Et quelle est sa conclusion ? Verset 11 : « j’ai constaté que tout n’est que fumée et revient à poursuivre le vent. Il n’y a aucun avantage à retirer de ce qu’on fait sous le soleil. »
Une fois de plus, tout est insignifiant. Tous nos plaisirs ne nous mènent à rien. Se divertir, c’est comme courir après le vent.
La vie est insignifiante, la sagesse est insignifiante et les plaisirs de la vie sont insignifiants. Quelle est la conclusion ?
[Conclusion]
Tout au long de son discours, l’ecclésiaste insiste sur quelque chose.
- À propos de la vie, il nous dit : « Il n’y a rien de nouveau sous le soleil. » (v. 9)
- À propos de la sagesse, il nous dit : « J’ai regardé tout ce qu’on fait sous le soleil. Et voilà : tout cela ne sert à rien, autant courir après le vent ! » (v. 14)
- À propos des plaisirs il nous dit : « Il n’y a aucun avantage à retirer de ce qu’on fait sous le soleil ». (v. 2.11)
À chaque fois il nous parle de ce qui se passe sous le soleil. L’ecclésiaste nous raconte donc la vie sous l’angle terrestre, sous l’angle purement humain. Si l’on regarde notre vie en ne prenant en compte que ce qu’il y a sous le soleil, alors la vie n’a aucun sens.
Indirectement, mais certainement, il nous invite à regarder non pas ce qu’il y a sous le soleil, mais plutôt ce qui est plus haut et plus grand que le soleil. Au-dessus du soleil, il y a Dieu. Si l’on considère l’existence de Dieu, alors tout peut prendre un autre sens.
Le plus incroyable, c’est que ce Dieu qui habite au-dessus du soleil (c’est une image), on apprend, dans le Nouveau Testament, qu’il est descendu sous le soleil pour nous rencontrer dans la personne du Christ. Il est venu dans ma vie insignifiante pour lui donner un sens. Ce que je fais et ce que je suis a donc de la valeur aux yeux de Dieu
Ce qui compte, ce n’est pas notre propre regard sur notre vie, ce n’est pas notre propre regard sur nos activités ou sur nos biens. Ce qui compte, c’est le regard de Dieu sur nous. Lui laissons-nous un regard sur notre vie ? Notre orgueil ? Notre vie de couple ? Notre vie de famille ? Nos relations avec nos frères et sœurs dans l’Église ? Est-ce que ces domaines de notre vie le glorifient ?
Pour terminer, je dirais juste qu’en toute période, que le ciel soit gris ou lumineux, que l’on soit confiné ou pas, que les circonstances soient agréables ou éprouvantes, l’Ecclésiaste nous invite à vivre ce que le Seigneur attend de nous jour après jour.