Aveugle éclairé (Luc 24.13-35)

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Jésus est ressuscité ! Quel effet cela vous fait-il d’entendre cette Bonne Nouvelle ? Sommes-nous encore émerveillés par la résurrection du Christ ? Ou plutôt sommes-nous tellement habitués à entendre l’Évangile que cela ne nous fait plus rien ?

Quelle est la dernière fois que vous avez été émerveillé par quelque chose ?

Pour ma part j’ai réfléchi, j’ai pensé à quelques découvertes ou redécouvertes récentes.

Je pense par exemple à un repas que j’ai pris dans un restaurant végétarien il y a quelques semaines. On m’a servi des betteraves, avec des herbes, de la crème de feta et une sauce au chocolat et écorce d’oranges. C’était une très belle découverte.

Je pense aussi à une petite expérimentation que l’on a faite lors de l’anniversaire de mon fils, Nathaël, en février.  Il s’agissait de prendre des bonbons colorés de la marque Skittles, de les placer dans une assiette blanche, en cercle, et d’y verser de l’eau.

Le résultat donne ceci :

L’eau dissout le colorant qui se diffuse dans l’assiette de manière harmonieuse, formant un effet arc-en-ciel spiral.

Le mot émerveillement est probablement trop fort pour décrire ces expériences, mais ce fut de belles découvertes.

Le point commun entre ces deux expériences, c’est la nouveauté.

On est souvent émerveillé lorsque l’on découvre quelque chose de beau et de surprenant la première fois.

Mais peut-être que si je mange des betteraves sauce chocolat à tous les repas, je ne serais plus aussi enchanté au bout de quelques jours.

La résurrection de Jésus, pour celles et ceux qui fréquentent l’Église depuis des années, voire depuis leur naissance, c’est une bonne nouvelle que l’on entend régulièrement et en particulier à Pâques.

Sommes-nous encore émerveillés par cette nouvelle ? Quelle est l’implication de cette résurrection pour notre vie à chacun ?

Cette semaine, j’ai écouté une prédication sur ce sujet et le prédicateur m’a permis de redécouvrir des aspects du message de l’Évangile avec un certain émerveillement.

Je vous propose ainsi partager cela avec vous et de lire ensemble le récit de Jésus qui marche avec deux disciples sur le chemin d’Emmaüs.

C’est dans l’Évangile selon Luc, chapitre 24, versets 13 à 35.

Dans le contexte, nous sommes au troisième jour après la mort de Jésus. Des femmes se rendent au tombeau du Christ et elles le découvrent vide. Elles rencontrent des anges qui leur annoncent que Jésus est vivant et elles courent l’annoncer aux disciples.

13 Ce même jour, deux disciples se rendaient à un village appelé Emmaüs, éloigné de Jérusalem d’une douzaine de kilomètres.
14 Ils discutaient ensemble de tout ce qui s’était passé. 15 Pendant qu’ils parlaient et discutaient, Jésus lui-même s’approcha et fit route avec eux, 16, mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître.
17 Il leur dit: «De quoi parlez-vous en marchant, pour avoir l’air si tristes?»
18 L’un d’eux, un dénommé Cléopas, lui répondit: «Es-tu le seul en séjour à Jérusalem qui ne sache pas ce qui y est arrivé ces jours-ci?»///
19 «Quoi?» leur dit-il. Ils lui répondirent: «Ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth, qui était un prophète puissant en actes et en paroles devant Dieu et devant tout le peuple,
20 et comment les chefs des prêtres et nos magistrats l’ont fait arrêter pour qu’il soit condamné à mort et l’ont crucifié.
21 Nous espérions que ce serait lui qui délivrerait Israël, mais avec tout cela, voici déjà le troisième jour que ces événements se sont produits. 22 Il est vrai que quelques femmes de notre groupe nous ont beaucoup étonnés. Elles se sont rendues de grand matin au tombeau
23 et n’ont pas trouvé son corps; elles sont venues dire que des anges leur sont apparus et ont annoncé qu’il est vivant.///
24 Quelques-uns des nôtres sont allés au tombeau et ils ont trouvé les choses comme les femmes l’avaient dit, mais lui, ils ne l’ont pas vu.»
25 Alors Jésus leur dit: «Hommes sans intelligence, dont le coeur est lent à croire tout ce qu’ont dit les prophètes!
26 Ne fallait-il pas que le Messie souffre ces choses et qu’il entre dans sa gloire?»
27 Puis, en commençant par les écrits de Moïse et continuant par ceux de tous les prophètes, il leur expliqua dans toutes les Écritures ce qui le concernait.///
28 Lorsqu’ils furent près du village où ils allaient, il parut vouloir aller plus loin,
29, mais ils le retinrent avec insistance en disant: «Reste avec nous car le soir approche, le jour est [déjà] sur son déclin.» Alors il entra pour rester avec eux.
30 Pendant qu’il était à table avec eux, il prit le pain et, après avoir prononcé la prière de bénédiction, il le rompit et le leur donna.///
31 Alors leurs yeux s’ouvrirent et ils le reconnurent, mais il disparut de devant eux.
32 Ils se dirent l’un à l’autre: «Notre coeur ne brûlait-il pas en nous lorsqu’il nous parlait en chemin et nous expliquait les Écritures?»
33 Ils se levèrent à ce moment même et retournèrent à Jérusalem, où ils trouvèrent les onze et les autres qui étaient rassemblés
34 et qui leur dirent: «Le Seigneur est réellement ressuscité et il est apparu à Simon.»
35 Alors les deux disciples racontèrent ce qui leur était arrivé en chemin et comment ils l’avaient reconnu au moment où il rompait le pain.

Ce que je trouve très intéressant dans ce passage, c’est que d’une certaine manière, nous pouvons nous identifier aux deux disciples. En tout cas je m’identifie assez bien à eux. Ils marchent avec Jésus et ils ne se rendent pas comptent qu’il est avec eux,  jusqu’à ce que leurs yeux s’ouvrent.

Le récit est marqué par un basculement. Au début, ils ne voyaient pas, ensuite, ils voient.

Les versets 16 et 31 marquent cette progression.

Versets 16 : « mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître ».
Verset 31 : « Alors leurs yeux s’ouvrirent et ils le reconnurent ».

Je vous propose de nous arrêter sur chacune des deux étapes.

Premièrement, les deux disciples sont aveuglés.

[1. Les deux disciples sont aveuglés]

Alors qu’ils sont sur le chemin d’Emmaüs, ils discutent de ce tout ce qui s’était passé. Autrement dit, ils discutent de la mort de Jésus. Deux jours auparavant, ils voyaient Jésus mourir sur la croix, ils sont encore en deuil.

Jésus les rejoint sur la route et ils ne le reconnaissent pas, car leurs yeux sont empêchés de le reconnaître.

En tant que lecteurs, nous savons que c’est Jésus, mais les disciples ne le savent pas encore. Le récit joue sur le décalage entre ceux qui savent et ceux qui ne savent pas, ce sera d’ailleurs l’un des sujets de discussion.

Jésus leur pose la question au verset 17 : «De quoi parlez-vous en marchant, pour avoir l’air si tristes?»

Jésus savait pourquoi ils étaient si tristes, mais il leur pose la question, il leur donne l’occasion de s’exprimer.

La scène est assez humoristique, car l’un des disciples, répond ceci : « Es-tu le seul en séjour à Jérusalem qui ne sache pas ce qui y est arrivé ces jours-ci ? »

En réalité, Jésus est le seul à savoir exactement ce qui s’est passé ! Pourquoi il est mort et comment il est ressuscité. Mais on lui demande s’il est le seul à ne pas savoir ce qui s’est passé !

Cet échange entre Jésus et les disciples nous montre à quel point la mort de Jésus était un événement marquant pour tout Jérusalem. Tout le monde savait ce qui s’était passé, les disciples s’étonnent que leur interlocuteur ne soit pas au courant.

Ils racontent alors que Jésus était un grand prophète, puissant en paroles et en actes devant Dieu, mais il s’est fait arrêter et condamné à mort par les autorités religieuses.

Ce que le disciple ajoute au verset 21 est très intéressant : « Nous espérions que ce serait lui qui délivrerait Israël ».

Ce que les Juifs espéraient du messie était d’ordre géopolitique, ils pensaient qu’il allait les délivrer de l’occupant Romain. Ils espéraient une victoire militaire.

Jésus vient de ressusciter, il a vaincu la mort, c’est une victoire encore plus grande ! Cette victoire, ils l’avaient devant leurs yeux ! Mais ils étaient tristes, car Jésus est mort et leur espoir d’être débarrassés des Romains était tombé à l’eau.

Leur réaction me rappelle souvent la mienne. Ils ne pouvaient pas concevoir que la souffrance était une étape de l’accomplissement du plan de Dieu.

Pour ressusciter, Jésus devait d’abord passer par la mort.

Ils n’arrivaient pas à comprendre comment Jésus avait pu échouer, de leur point de vue. Lui qui avait fait tant de signes miraculeux, lui qui avait suscité tant d’espoir. Il était plus fort que la tempête, plus fort que la maladie, plus fort que la mort, plus fort que les calculs.

Sa mort, ils la considéraient comme un échec, alors que le plan de Dieu était justement en train de s’accomplir.

Comment réagissons-nous face à la souffrance ? Face au mal que nous voyons autour de nous et en nous ? Comment réagissons-nous vis-à-vis de Dieu dans l’épreuve ?

Face à la souffrance et à la mort, beaucoup de gens ont du mal à croire en la souveraineté divine, parce que la toute-puissance et la bonté de Dieu semblent incompatibles avec les épreuves.

C’était exactement la pensée des disciples. Un messie souffrant, un messie mort, ne pouvait pas être un messie sauveur.

Pourtant, en souffrant et en mourant sur la croix, Jésus était en train d’accomplir le plan du salut, l’un des points culminants de toute la révélation biblique.

Ce passage nous invite à ne pas nous fier à notre raisonnement humain. La difficulté n’est pas forcément synonyme d’échec, elle n’est pas forcément incompatible avec l’action de Dieu. Elle peut faire partie du plan de Dieu pour notre bénédiction. Nous sommes comme aveuglés et avons besoin d’être éclairés.

Voici ce que Jésus répond à partir du verset 25 :

Hommes sans intelligence, dont le coeur est lent à croire tout ce qu’ont dit les prophètes!
26 Ne fallait-il pas que le Messie souffre ces choses et qu’il entre dans sa gloire?»
27 Puis, en commençant par les écrits de Moïse et continuant par ceux de tous les prophètes, il leur expliqua dans toutes les Écritures ce qui le concernait.

À ce moment-là, le Nouveau Testament n’était pas encore écrit, ils n’avaient que la Torah, c’est-à-dire l’Ancien Testament.

Jésus leur raconte tout ce qui LE concerne à partir de l’Ancien Testament uniquement.

Cette partie de la Bible n’a pas pour vocation première d’être un traité de morale judéo-chrétienne. L’Ancien Testament a pour objectif principal de présenter le messie. Jésus est perceptible dans chaque chapitre de la Bible, y compris dans l’Ancien Testament.

Lorsqu’un jour, un professeur de théologie m’a dit cela, c’était une découverte, j’avais même du mal à y croire, mais depuis je le vérifie. Chaque chapitre de la Bible, remis dans son contexte, évoque d’une manière ou d’une autre le sauveur à venir, ou le besoin de ce sauveur.

Revenons à notre récit.

Arrivés près d’Emmaüs, Jésus semble se diriger vers un autre chemin, mais les deux disciples lui demandent de rester avec eux, et il reste. Il se met même à table avec eux. C’est à ce moment-là que leurs yeux s’ouvrirent.

C’est mon deuxième point. Premièrement, les disciples sont aveuglés, deuxièmement :

[2. Les disciples sont éclairés]

Qu’est-ce qui a permis à leurs yeux d’être éclairés ?

Le texte ne nous le dit pas, mais nous pouvons faire le lien avec le partage du pain et du vin, car leurs yeux s’ouvrirent à ce moment-là. Les mots utilisés par l’auteur au verset 30 sont les mêmes lorsque la cène est décrite.

30 Pendant qu’il était à table avec eux, il prit le pain et, après avoir prononcé la prière de bénédiction, il le rompit et le leur donna.

Puis, verset 31 : « Alors leurs yeux s’ouvrirent et ils le reconnurent ».

L’ordre des événements est intéressant. Ce n’est pas parce qu’ils le reconnurent que leurs yeux s’ouvrirent, c’est parce que leurs yeux s’ouvrirent qu’ils le reconnurent.

L’auteur ne dit pas non plus qu’ils ouvrirent leurs yeux par leur volonté, mais il dit que leurs yeux s’ouvrirent, c’est à la forme passive, ils n’y sont pas pour grand-chose.

Finalement, la conclusion à laquelle on arrive, c’est que c’est Jésus qui a permis que leurs yeux s’ouvrent.

Quel lien avec le pain et le vin ? La cène est justement le moment où Jésus annonce qu’il va se donner entièrement pour l’humanité. Le pain symbolise son corps qu’il a donné, et le vin son sang qui a coulé.

Qu’est-ce qui permet que nos yeux puissent s’ouvrir ? C’est l’œuvre de Jésus à la croix, il est mort à notre place. Il a payé pour nos fautes.

Il n’a pas débarrassé son peuple des Romains, mais il l’a débarrassé de ses péchés.

Ce qui permet à nos yeux de voir, ce n’est pas notre propre capacité à reconnaître Jésus comme le sauveur. Ce qui nous permet de voir, c’est son œuvre sur la croix, c’est l’œuvre de Dieu.

Alors qu’est-ce que nos yeux sont censés voir ?

Je conclus avec cette question, en proposant trois réponses tirées du texte.

[Conclusion]

Qu’est-ce que nos yeux sont censés voir ?

Premièrement, nos yeux sont censés voir dans les Écritures, la révélation de Dieu qui annonce le Christ.

Lorsque les disciples racontent à Jésus que des femmes ont vu le tombeau vide et des anges leur dire que Jésus était vivant, Jésus n’a pas dit : «Hommes sans intelligence, dont le cœur est lent à croire ce que les anges et les femmes ont dit ! »

Il a dit : « Hommes sans intelligence, dont le cœur est lent à croire tout ce que les prophètes ont dit ! » Les prophètes faisant référence aux écrits des prophètes dans l’Ancien Testament.

Le témoignage de la Bible est considéré comme fiable et même prioritaire. Nous sommes appelés à voir la Bible comme étant la parole de Dieu, révélée pour nous parler de Jésus.

Deuxièmement, nos yeux sont censés voir en Dieu, un Dieu bon et tout-puissant.

Son plan de salut s’est accompli à travers la souffrance de son Fils Jésus.

Souvent, nous sommes tentés de croire que Dieu est soit bon, soit puissant, mais pas les deux.

Certains croient que Dieu est bon, mais comme ils n’arrivent pas à concevoir que Dieu permet les épreuves et le mal sur terre, alors ils disent : Dieu est bon, mais pas tout-puissant, sinon il n’y aurait pas de souffrance sur terre.

À l’inverse, certains croient que Dieu est tout-puissant, mais comme il y a de la souffrance sur terre, alors il ne serait pas bon. S’il était bon, il utiliserait sa toute-puissance pour éradiquer la souffrance.

Mais ce texte nous enseigne bien que Dieu est bon et tout-puissant. Nous pouvons avoir foi en lui. Son plan de salut incluait le passage par la souffrance de la croix. Sa bonté pour nous se révèle justement à la croix, il s’est donné pour nous, pour nous offrir la vie éternelle.

Enfin, troisièmement, nos yeux sont censés voir en Jésus le Christ ressuscité. Il a marché aux côtés de ses disciples sans qu’ils se rendent comptent de sa présence, parce qu’ils étaient aveuglés.

Ils n’avaient pas totalement compris les Écritures et ils n’arrivaient pas à concevoir que la souffrance de Jésus et sa mort faisaient partie de son plan.

Mais Jésus les a éclairés et ils l’ont reconnu. Nous aussi, laissons-nous éclairer et transformer par l’œuvre de Jésus à la croix et voyons en Jésus le Christ ressuscité.

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