Bon ou mauvais, quel critère ? (Apocalypse 3.7-13)

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Comment savoir si mon marteau est un bon ou un mauvais marteau ? Je propose un test. Si j’arrive à visser une vis avec, on dira que c’est un bon marteau. Et ce sera un mauvais dans le cas contraire.

Vous reconnaîtrez ce raisonnement est totalement absurde. On ne peut pas dire qu’un marteau est un mauvais marteau, car on ne peut pas l’utiliser pour visser une vis. Mais réfléchissons un peu…

Pourquoi n’est-ce pas la bonne manière d’évaluer le marteau ? Simplement parce que les marteaux n’ont pas été créés pour visser des vis, ce n’est pas leur vocation.

Pour savoir si un marteau est bon ou mauvais, il faut connaître son utilisation, il faut savoir pourquoi le marteau a été fabriqué, il faut savoir dans quel but il a été créé.

Ce marteau a été fabriqué pour frapper sur des petits éléments afin de les enfoncer. Il a été fabriqué notamment pour enfoncer des clous.

Si j’arrive à enfoncer efficacement un clou avec mon marteau, dans ce cas là, on peut dire que c’est un bon marteau. Ensuite, on peut aussi évaluer son ergonomie, sa prise en main, sa durée dans le temps, sa solidité, son aspect esthétique. Mais s’il fait le travail principal, on peut dire que c’est relativement un bon marteau.

Pour prendre un autre exemple, imaginez que je mette ma vaisselle sale dans le lave-linge. Je retrouverai certainement ma vaisselle abîmée, et peut-être aussi mon lave-linge. Il serait malvenu de dire ensuite que c’est un mauvais lave-linge.

Ce que je veux mettre en évidence, c’est que pour évaluer si un objet est bon ou mauvais, il est indispensable de savoir dans quel but il a été fabriqué. On l’évaluera en fonction de son usage, sans cela, on ne peut pas se prononcer, ou alors on émettra un avis erroné.

Prenons maintenant le cas de l’être humain. Comment savoir si je suis bon ?

Jésus a dit que personne n’est bon, si ce n’est Dieu seul. C’est vrai, mais nous pouvons chercher à être bon, nous pouvons tendre toujours plus vers la bonté avec l’aide de Dieu.

Comment chercher à devenir bon si je ne cherche pas d’abord à savoir pourquoi j’ai été créé ?

Quelle est notre vocation première sur cette terre ?

Selon la Bible, notre raison d’être, c’est de glorifier Dieu, c’est-à-dire, de l’honorer, l’adorer, l’écouter, le servir, l’annoncer et le représenter. Évidemment, aimer mon prochain fait aussi partie de notre vocation et c’est une manière de glorifier Dieu, mais il s’agit d’aimer notre prochain comme lui nous le demande.

Glorifier Dieu, c’est chercher sa gloire à travers notre vie et notre manière de vivre.

Il en est de même pour les Églises, leur vocation est de glorifier Dieu en le proclamant, en cherchant à toujours plus le connaître et l’honorer.

Dans le livre de l’Apocalypse, Jésus s’est adressé à 7 Églises en particulier. Il fait le bilan, il les félicite pour leurs points forts et il les reprend lorsqu’elles s’écartent de leur mission. Il fait cela pour leur bien et pour les encourager.

Il fait cela afin de leur donner les bons repères, afin qu’elles discernent le bon et le mauvais dans leur vie d’Église.

Aujourd’hui je vous propose de lire, dans le livre de l’Apocalypse, la lettre à l’Église de Philadelphie. Nous continuons simplement notre  série de prédications sur ce livre. Après avoir lu les 5 premières lettres, nous arrivons à la 6e.

La bonne nouvelle, c’est que Jésus ne fait que des compliments à cette Église, ça change par rapport à d’autres fois.

7 Écris à l’ange de l’Église de Philadelphie: ‘Voici ce que dit le Saint, le véritable, celui qui a la clé de David, celui qui ouvre et personne ne pourra fermer, celui qui ferme et personne ne pourra ouvrir:
8 Je connais tes oeuvres. Voici, j’ai mis devant toi une porte ouverte que personne ne peut refermer, parce que tu as peu de puissance et que tu as gardé ma parole sans renier mon nom. 9 Je te donne des membres de la synagogue de Satan qui se prétendent juifs sans l’être et qui mentent. Je les ferai venir se prosterner à tes pieds et reconnaître que je t’ai aimé.///
10 Parce que tu as gardé mon ordre de persévérer, je te garderai aussi à l’heure de la tentation qui va venir sur le monde entier pour mettre à l’épreuve les habitants de la terre.
11 Je viens bientôt. Tiens ferme ce que tu as, afin que personne ne prenne ta couronne.
12 Du vainqueur je ferai un pilier dans le temple de mon Dieu, et il n’en sortira plus jamais. J’écrirai sur lui le nom de mon Dieu, celui de la ville de mon Dieu, la nouvelle Jérusalem qui descend du ciel, d’auprès de mon Dieu, ainsi que mon nom nouveau.
13 Que celui qui a des oreilles écoute ce que l’Esprit dit aux Églises.’

Au début de chaque lettre, Jésus est présenté sous un angle particulier.

Ici, Jésus se présente comme le Saint, le véritable et celui qui a la clé de David.

[1. Saint et véritable]

Que signifie être saint ?

Pendant longtemps on a entendu dire qu’être saint signifie être « séparé » ou « être mis à part ».

Il se trouve que cette idée se fonde sur une étymologie vraisemblablement erronée. On peut toujours se rattraper en disant qu’être saint, c’est « être mis à part » dans le sens d’être consacré à Dieu. Ce qui n’est pas faux.

Cela dit, si l’on regarde dans la Bible, et en particulier dans l’Ancien Testament, ce qui est saint c’est surtout ce qui se tient dans la présence de Dieu

Jésus est parfaitement saint, car il est étroitement lié à Dieu et il est Dieu.

C’est le même auteur, Jean, qui a écrit que Jésus est la Parole de Dieu qui s’est faite chair. Cette Parole était à la fois avec Dieu et elle était Dieu.

Jésus est saint, car il est avec Dieu et il est Dieu.

Il est aussi le véritable.

Ce titre met en évidence que Jésus est le vrai Dieu, par opposition aux idoles présentes dans l’Empire romain, et par opposition aussi à l’empereur qui était divinisé.

Jésus est le seul vrai Dieu, c’est le véritable.

De nos jours il y a pas mal de confusion autour de la notion de vérité.

Aujourd’hui beaucoup de gens ont tendance à dire que chacun détient une partie de la vérité. Toi tu crois en ce Dieu, c’est ta vérité, toi tu crois autre chose, c’est ta vérité. Finalement, tout le monde détiendrait un morceau de la vérité et personne n’aurait tort.

Une histoire assez connue en Inde illustre cette croyance selon laquelle toutes les religions ne forment qu’une partie de la vérité. Je crois qu’on a déjà fait allusion à cette histoire lors d’une soirée de causerie.

Cette histoire met en scène un roi qui essaie de montrer que toutes les religions se valent. Il fait venir des aveugles dans une pièce, puis il fait entrer un éléphant.

Ensuite, il demande aux aveugles de décrire l’éléphant. Il y en a un qui touche les pattes et il dit que les éléphants ressemblent à des arbres. Un autre aveugle touche la trompe et il dit que les éléphants ressemblent à des serpents. Un autre touche le ventre et il dit que les éléphants ressemblent à des gros ballons.

Avec cette expérience, le roi veut montrer que tous les aveugles voient l’éléphant de manière différente, mais aucun d’entre eux n’a tort, ils détiennent juste une partie de la vérité.

Cette histoire est parfois racontée pour illustrer que chaque religion ne détient qu’une partie de la vérité et aucune ne peut prétendre détenir LA vérité.

Sauf que ce raisonnement comporte des incohérences.

Premièrement, cette histoire présuppose que le roi n’est pas aveugle. Deuxièmement, ce roi, n’étant pas aveugle, prétend lui détenir la vérité. Il serait plus éclairé que les autres, il se placerait au-dessus des aveugles en leur disant qu’ils ne détiennent qu’une partie de la vérité.

Finalement, c’est assez prétentieux.

Troisièmement, pour que cette histoire soit plus cohérente, il faudrait que tout le monde soit aveugle, même le roi. Mais dans ce cas, qui pourrait dire si tous les aveugles touchent un même éléphant ?

Finalement, cette histoire d’éléphant ne démontre qu’une chose. Pour que des aveugles sachent à quoi ressemble l’éléphant, il faudrait que l’éléphant se présente lui-même à eux.

Selon l’enseignement de la Bible, tous les hommes sont en quelque sorte aveuglés, car l’humanité a tourné le dos à Dieu. Les humains ne peuvent pas véritablement le connaître par eux-mêmes, à moins que Dieu ne se révèle à l’humanité ! C’est ce qu’il a fait.

La Bible nous présente Jésus comme le Dieu saint, le véritable, venu sur terre pour nous présenter Dieu. Il se présente comme la vérité et le seul chemin qui mène à Dieu.

Les chrétiens ne sont pas des gens qui détiennent la vérité, seul Dieu détient la vérité. Mais le chrétien est celui qui entend cette vérité et il y croit par la foi.

Dans cette lettre à Philadelphie, Jésus est le saint, le véritable…

… et celui qui détient la clé de David. David était un grand roi en Israël.

Dans ce début de lettre, il est beaucoup question de clé et de portes.

[2. La clé et les portes]

Dans le Proche-Orient ancien, le personnage qui détient les clés de la ville était celui qui exerçait la plus haute autorité

Au temps du prophète Esaïe, la clé de David était le symbole de l’autorité d’un personnage nommé Éliaqim. Après le roi, c’était celui qui exerçait la plus haute fonction en Israël.

Le symbole de la clé est aussi lié à l’image de la porte, une image elle aussi qui nous vient du prophète Ésaïe, elle est utilisée plusieurs fois dans la lettre.

La porte que le Christ ouvre, personne ne pourra la fermer, et la porte qu’il ferme, personne ne pourra l’ouvrir.

Le livre de l’Apocalypse a été écrit dans un contexte de persécution, notamment la persécution de la part des juifs.

Dans le livre des Actes, on assiste à l’ouverture du royaume de Dieu pour les Juifs, pour les Samaritains et pour les païens, c’est-à-dire les non-juifs. Cela est notamment manifesté par le don du Saint-Esprit de manière manifeste au sein de ces trois catégories de personnes.

Jésus ouvre les royaumes des cieux à toutes les nations. Cela dit, le peuple qui s’oppose à Jésus est surtout le peuple juif, qui est pourtant le peuple de Jésus.

On constate ainsi que le royaume des cieux est ouvert aux non-juifs qui croient et il est fermé aux juifs qui refusent de croire.

Au verset 8, le Christ ouvre une porte pour Philadelphie, que veut-il leur dire par là ?

Si l’on prend en compte le contexte, la porte fait certainement référence à la porte du royaume de Dieu, c’est la nouvelle Jérusalem mentionnée au verset 12.

Cette porte est dans l’Église de Philadelphie, car le Christ se servira du témoignage de l’Église pour faire entrer des Juifs dans ce royaume. C’est ainsi que l’on peut comprendre le verset 9, où il est question de membres de la synagogue de Satan qui se joindront à l’Église.

Cette mention de la synagogue de Satan peut nous paraître assez choquante. En fait il y avait déjà fait référence dans la lettre pour Smyrne au chapitre 2.

Il s’agit des juifs qui non seulement refusent de croire en Jésus, mais en plus ils persécutent les chrétiens, ils rendent ainsi service à Satan.

Jésus annonce qu’une partie de ces juifs se joindra à l’Église de Philadelphie.

Passons maintenant au compliment de Jésus.

[3. Tu as peu de puissance, mais tu as gardé ma Parole, tu as persévéré]

C’est très intéressant, car parmi les 7 lettres aux Églises, les Églises riches et puissantes comme Laodicée ou Sardes, reçoivent beaucoup des reproches. L’Église de Laodicée, qui est riche, n’a même aucun compliment.

En revanche, aux Églises pauvres et peu puissantes, comme Smyrne et Philadelphie, Jésus ne leur fait pas de reproche, mais il les encourage et met en avant leurs qualités.

Il ne faut pas tirer de conclusion trop rapide, en disant que si l’on est pauvre ou faible, on est  irréprochable et Dieu nous aime.

En fait, cela nous apprend simplement que le regard de Dieu est différent du regard humain.

Philadelphie a peu de puissance humainement parlant, mais elle est exemplaire du point de vue de Dieu.

Cette Église comportait certainement une petite assemblée, avec peu de moyens.

Les membres étaient probablement fatigués. C’était une peut-être une communauté peu séduisante aux yeux des hommes, on voyait les chrétiens comme des gens à part, des gens marginaux.

Philadelphie était une communauté avec des moyens limités au milieu d’une société attirée par les nouveautés et les loisirs. En résumé, c’était une Église peu attractive malgré tous ses efforts.

Pourtant, c’est l’une des seules Églises dont le bilan n’est que positif.

Elle a gardé la Parole de Dieu, c’est-à-dire qu’elle l’a écoutée et comprise, mais aussi mise en pratique.

C’est ce qui compte le plus aux yeux de Dieu.

Il y aurait encore beaucoup de choses à dire sur cette lettre, mais j’aimerais maintenant conclure avec quelques réflexions.

[Conclusion]

Cette lettre nous invite à nous méfier de nous-mêmes, à nous méfier de nos propres raisonnements ou sentiments.

Au début de l’Apocalypse, Jésus fait un bilan aux Églises. Il se permet de dire si elles sont sur bon ou le mauvais chemin.

Seul notre créateur peut nous aider à discerner le bon ou le mauvais, les apparences sont trompeuses, et souvent nos raisonnements aussi.

D’un point de vue humain, certaines Églises peuvent paraîtres riches et puissantes, dynamiques et vivantes. En revanche, d’autres peuvent paraître pauvres et sans intérêt.

Mais là encore, ce n’est pas notre propre regard qui compte, c’est celui de Dieu.

Son critère ce n’est pas avant ce qui est visible, son critère c’est la fidélité et la persévérance.

Jésus nous fait des promesses à travers cette lettre.

Verset 10 : Parce que tu as gardé mon ordre de persévérer, je te garderai aussi à l’heure de la tentation qui va venir sur le monde entier pour mettre à l’épreuve les habitants de la terre.

« L’heure de la tentation » peut aussi être traduit par « l’heure de l’épreuve ». Effectivement, l’Apocalypse annonce des épreuves de toutes sortes sur terre, mais nous sommes déjà dans l’équipe des vainqueurs.

C’est pour cela qu’il est question de couronne, c’est la couronne des vainqueurs.

Tout comme un marteau sert à enfoncer des clous et non des vis, notre vie et notre Église servent à glorifier Dieu et non à se glorifier soi-même.

Persévérons dans notre vocation qui est d’adorer le Christ seul, le saint, le véritable.

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