Imitez-moi !? (Philippiens 4.2-9)

Imitez-moi et votre vie sera meilleure !

Comment réagiriez-vous si je prêchais ainsi ?…

Personnellement, si j’entends un prédicateur parle ainsi, je le trouverais très hautain et cela ne me donnerait pas envie de l’écouter…

Cette phrase-là, ce n’est pas moi qui la prononce, mais c’est l’apôtre Paul.

Plusieurs fois dans ses lettres, il invite les chrétiens à prendre exemple sur lui, n’est-ce pas prétentieux ?

L’apôtre Paul a plus d’une fois inspiré le rejet. On l’a parfois accusé d’être misogyne ou d’être trop orgueilleux, trop sûr de lui.

Tous ces reproches viennent du fait que l’on a tendance à sortir ses paroles de leur contexte. Il est très important, lorsque nous lisons la Bible, de comprendre le contexte, sinon, nous risquons de mal interpréter et même de comprendre parfois l’inverse de ce qui est dit.

Ce matin je vais vous lire un texte où l’apôtre Paul invite effectivement les chrétiens à prendre exemple sur lui, mais vous verrez que lorsque nous remettrons cette phrase dans son contexte, il nous semblera bien moins prétentieux que ce que l’on pense.

Cela dit, est-ce si gênant qu’une personne nous invite à prendre exemple sur elle ?

Aujourd’hui nous sommes à la mode de l’influence, nous trouvons ce principe partout, en politique ou en marketing. Ce qui compte, ce n’est pas d’avoir raison, c’est d’avoir l’opinion publique en sa faveur, c’est une question d’influence.

Ces dernières années, nous voyons apparaître un nouveau métier, celui d’influenceur ou influenceuse.

Ce sont des gens qui passent des heures à vous montrer comment elles vivent, sur les réseaux sociaux, comme YouTube et Instagram. Des centaines de milliers de gens regardent ces vidéos pour les imiter.

En général, ces influenceurs et influenceuses vantent les mérites de produits de consommation : des maquillages, des produits de beauté, des marques de shampoing, des appareils ménagers, des produits de puériculture, du matériel de bricolage, de jardinage, etc.

Ces influenceurs parlent pendant parfois une heure pour dire aux internautes qu’on ferait bien de les imiter et d’acheter les produits dont ils font la pub. Et manifestement ça marche, parce que ces influenceurs ont des milliers, voire des dizaines ou centaines de milliers d’abonnés.

À un niveau moindre, on avait déjà un peu la même chose avec les réunions Tupperware à domicile, ou même entre amis, lorsque l’on achète un produit qui nous plaît, on en fait la pub, parce qu’on est content de découvrir un produit qui fonctionne bien.

Il y a deux ans nous avons reçu des amis qui avaient de très bons sièges auto pour les enfants, ils nous ont dit qu’ils en étaient très contents et qu’ils avaient un très bon résultat aux crashs-tests. Quelque temps plus tard, nous avons acheté les mêmes pour nos enfants et nous en sommes très satisfaits aussi.

Finalement, lorsque l’apôtre Paul, qui a connu une intimité particulière avec Dieu, nous invite à agir comme lui pour connaître davantage la paix de Dieu, est-ce si gênant que cela ?

Nous aurons l’occasion de revenir sur ce sujet un peu plus tard.

En attendant, je vous propose de lire le texte dans son ensemble et de voir tout ce qui se dégage de son discours. Nous verrons que la seule personne qui est mise en avant, c’est Jésus, et non pas l’apôtre.

C’est dans la lettre de Paul aux Philippiens, chapitre 4, versets 2 à 9.

2Je t’en supplie Évodie, je t’en supplie Syntyche, vivez en bon accord en restant unies avec le Seigneur. 
3Et toi aussi, mon fidèle collègue, je te demande de les aider ; elles ont en effet combattu avec moi pour répandre la bonne nouvelle, ainsi qu’avec Clément et tous mes autres collaborateurs au service du Christ, dont les noms se trouvent dans le livre de vie.
4Réjouissez-vous d’être unis au Seigneur. Je le répète : réjouissez-vous !
5Que votre bonté soit connue de tous. Le Seigneur vient bientôt. 
6Ne vous inquiétez de rien, mais en toute circonstance demandez à Dieu dans la prière ce dont vous avez besoin, et faites-le avec un cœur reconnaissant. 
7Et la paix de Dieu, qui dépasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos pensées unis avec Jésus Christ.
8Enfin, frères et sœurs, portez votre attention sur tout ce qui est honorable et digne de louange : sur tout ce qui est vrai et mérite d’être respecté, tout ce qui est juste et pur, tout ce qu’on peut apprécier et estimer. 
9Mettez en pratique ce que vous avez appris et reçu de moi, ce que vous m’avez entendu dire et vu faire. Et le Dieu de la paix sera avec vous.

La lettre aux Philippiens traite de la vie d’Église. Nous l’avons vu les semaines passées, l’apôtre Paul ne cesse d’inviter les chrétiens à vivre dans l’unité et la soumission mutuelle. Il prend pour exemple le Christ, qui s’est dépouillé, qui s’est sacrifié, qui s’est donné entièrement. Il nous appelle à prendre le Seigneur comme modèle.

Ici, au chapitre 4, il est sur la fin de sa lettre et il donne des conseils sur la vie communautaire.

Je vous propose de regarder ses recommandations en les classant sous trois thèmes :

  1. Les relations dans l’Église
  2. La relation avec Dieu
  3. Les relations en dehors de l’Église

Commençons par les relations dans l’Église, j’en parle en premier simplement parce que c’est la première chose mentionnée dans notre texte.

[1. Les relations dans l’Église]

L’apôtre Paul s’adresse en particulier à deux femmes au verset 2 :

« Je t’en supplie Évodie, je t’en supplie Syntyche, vivez en bon accord en restant unies avec le Seigneur. »

Qui sont ces deux femmes ? Les autres lettres de l’apôtre ne les mentionnent pas, mais nous avons déjà pas mal d’informations dans le texte.

Il dit, au verset 3, qu’elles ont combattu avec lui pour répandre la Bonne Nouvelle. Il les considère comme des collaboratrices au service du Christ, au même titre que Clément, un autre serviteur.

Ces quelques termes pour les décrire nous laissent deviner qu’elles ont eu des rôles importants, peut-être même dans l’enseignement.

Dans d’autres lettres, lorsque l’apôtre Paul reprend des personnes, il ne mâche pas ses mots. Il suffit de lire la première lettre aux Corinthiens pour se rendre compte que lorsque c’est grave, l’apôtre parle avec fermeté.

Ce n’est pas le cas ici. Il y a effectivement un problème relationnel assez important pour qu’il en ait entendu parler et pour qu’il en parle. Mais nous sentons une confiance en ces deux femmes. Il les invite à vivre dans l’unité, mais il ne s’étale pas sur le problème, et il semble leur accorder beaucoup de confiance. Il affirme même que leur nom est inscrit dans le livre de vie.

Ce livre est mentionné plusieurs fois dans la Bible. C’est un livre dans lequel Dieu inscrit le nom de celles et ceux qui lui sont fidèles et en particulier de ceux qui tiennent bon malgré la persécution (commentaire de la Bible Semeur).

Évodie et Syntyche sont donc des femmes de confiance, fidèles à Dieu. Paul ne doute pas qu’elles arriveront à surmonter leur souci relationnel, d’autant plus qu’il mandate une autre personne pour les y aider. Cet homme présenté comme un collègue de Paul reste anonyme, il était certainement connu puisqu’il n’a pas besoin de le nommer.

Mais au bout du compte, il faut noter la manière dont l’apôtre les invite à surmonter leur problème de relation.

« Je t’en supplie Évodie, je t’en supplie Syntyche, vivez en bon accord en restant unies avec le Seigneur. »

C’est bien en restant unies au Seigneur qu’elles pourront vivre en accord, dans l’unité. On pourrait aussi traduire par « restez unies par le Seigneur », « dans le Seigneur » ou « selon le Seigneur ».

Autrement dit, c’est en étant en communion avec Jésus, en puisant dans les ressources du Seigneur, qu’elles arriveront à surmonter leur problème d’entente.

Les problèmes relationnels sont causés par notre nature humaine, alors nous avons besoin de Jésus et de son Saint-Esprit pour nous aider à les surmonter.

Je suis persuadé que notre communion dans l’Église est renforcée par les repas en commun, les invitations mutuelles, les échanges à la fin du culte, les week-ends d’Église, le travail en équipe, la prière les uns pour les autres, etc.

Mais n’oublions pas l’essentiel. Rappelons-nous sans cesse au nom de qui nous nous réunissons, quelle est notre mission commune, comment est notre nature humaine et ce que nous sommes appelés à devenir grâce à Jésus.

Nous sommes appelés à nous laisser transformer pour ressembler au Christ.

C’est donc grâce à lui que nous arriverons à vivre en plein accord, c’est lui qui nous rend meilleurs. Nous n’avons aucun mérite.

Cela fait une très bonne transition avec mon deuxième point :

[2. La relation avec Dieu]

Au verset 4, l’apôtre nous invite à nous réjouir dans le Seigneur. Là encore, il ne s’agit pas de se réjouir dans le vide, mais dans le Seigneur.

Dans notre monde, nous cherchons le plaisir et le bonheur dans beaucoup de choses, mais l’apôtre Paul nous invite à trouver avant tout notre bonheur dans la communion avec le Christ.

Il ne nous demande pas de nous retirer du monde et de vivre 24h/24h dans la contemplation. Nous voyons bien que ce discours parle aussi des relations humaines.

Alors quelle est cette joie à trouver en Jésus ?

Dans la suite, il parle beaucoup de la paix. Il s’agit de la paix avec Dieu, la paix dans notre cœur et la paix vis-à-vis de ceux qui nous entourent.

Mais avant de développer ce thème de la paix, nous pouvons voir qu’il nous invite à prier.

Relisons le verset 6 :

6Ne vous inquiétez de rien, mais en toute circonstance demandez à Dieu dans la prière ce dont vous avez besoin, et faites-le avec un cœur reconnaissant.

Dans cette traduction, il s’agit de prier en toute circonstance. En grec, il dit simplement : priez « en tout ». Alors nous pouvons comprendre : en toutes choses, en toute occasion, etc.

Personnellement, j’y vois une invitation à la prière tout le temps et pour toute sorte de sujets.

Je rencontre beaucoup de gens qui me disent : « je ne prie jamais pour moi parce qu’il y a beaucoup d’autres gens qui ont plus besoin de prière que moi ».

Certaines personnes trouvent cela égoïste de prier pour soi alors que d’autres en ont davantage besoin. Je comprends tout à fait cette réaction très humble.

Cependant, Dieu nous invite bien à prier en toute occasion, en toute circonstance, pour toutes sortes de choses.

Un jour, quelqu’un m’a dit : « finalement, prier pour de grands sujets comme des petits sujets, prier pour les autres et pour soi, c’est exprimer notre besoin de Dieu dans les grandes choses comme dans les petites choses. C’est confesser notre besoin de lui à chaque instant de notre vie, c’est une forme de confiance constante. »

Entre prier pour guérir de mon mal de dos et prier pour la guérison d’un proche qui a le cancer, qu’est-ce qui est le plus important ? Ce n’est pas la bonne question à se poser.

Dieu ne nous demande pas de choisir. Nous n’avons pas un nombre limité de prières par jours. Il nous demande de prier sans cesse pour toutes sortes de choses, parce que c’est une manière de l’inclure dans notre quotidien.

Au verset 7, juste après nous avoir invités à la prière, l’apôtre Paul dit ceci :

7Et la paix de Dieu, qui dépasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos pensées unis avec Jésus Christ.

Lorsque nous invitons le Christ dans notre quotidien, en priant pour toutes sortes de sujets, lorsque nous comptons sur lui pour les petites choses comme pour les grandes, alors nous connaîtrons la paix de Dieu, qui gardera nos pensées unies à lui.

Il ne dit pas que toutes nos prières seront exaucées. Dieu n’est pas un Père Noël à nos ordres. Il a des projets que nous ne comprenons pas toujours.

Ce qui est certain, c’est qu’en nous remettant à lui en toute occasion, nous connaîtrons la paix et la communion avec lui. La relation n’est pas unilatérale, elle est dans les deux sens.

Prier c’est dialoguer. On parle à Dieu et lui nous parle. La plupart du temps il ne se fait pas entendre par une voix, mais par sa Parole révélée dans la Bible, par des circonstances, par des convictions qu’il met dans notre cœur. Il peut aussi nous parler à travers une autre personne.

Vivre avec Jésus apporte une confiance et une paix que l’apôtre définit comme joyeuses, parce que la relation est approfondie et nous comprenons mieux les desseins de Dieu pour nous et pour le monde.

Vivre en communion avec Jésus, c’est aussi appendre à penser comme lui, comme il nous y invite au verset 8 :

8Enfin, frères et sœurs, portez votre attention sur tout ce qui est honorable et digne de louanges : sur tout ce qui est vrai et mérite d’être respecté, tout ce qui est juste et pur, tout ce qu’on peut apprécier et estimer.

Cette manière de vivre notre relation avec Dieu a un impact sur notre perception de nous-mêmes, nous découvrons notre vraie identité en Christ. Elle a un impact sur nos relations dans l’Église, elles se renforcent. Et elle a un impact sur ceux qui nous entourent.

C’est mon troisième point :

[3. Les relations en dehors de l’Église]

Il a semblé utile à Paul de préciser au verset 5 : « Que votre bonté soit connue de tous. »

Nous aurons beau proclamer de beau discours et témoigner de Jésus, si nos actes contredisent le message, cela portera préjudice à l’Évangile.

C’est bien mieux lorsque le témoignage oral est accompagné d’un témoignage par les actes.

Que notre bonté soit connue de tous. L’Église est appelée à rayonner en dehors de ses murs. Cette bonté est véritable si elle est offerte de manière désintéressée.

Cette bonté ne consiste pas seulement à faire de bonnes œuvres, comme aider les plus démunis. Elle consiste aussi à agir et réagir avec amour là où nous vivons, dans notre famille, au travail et dans notre entourage.

Là où il y a des tensions et des disputes autour de nous, cherchons à réagir avec discernement, en cherchant la sagesse de Dieu.

[Conclusion]

Je conclus avec cette invitation de l’apôtre :

« Mettez en pratique ce que vous avez appris et reçu de moi, ce que vous m’avez entendu dire et vu faire. Et le Dieu de la paix sera avec vous. »

Comme nous l’avons vu, l’apôtre n’a cessé de nous inviter à prier, à être en relation avec le Christ. Seul Jésus est mis en avant.

S’il nous demande de mettre en pratique ce qu’il a enseigné et à faire ce qu’il a fait, c’est pour nous rapprocher davantage de Jésus. Ce n’est pas pour se mettre en avant.

Si nous regardons l’ensemble de la vie de Paul, il aurait de quoi se mettre en avant. Dans sa 2e lettre aux Corinthiens, chapitre 12, il dit qu’il aurait de quoi se vanter, car Dieu lui a fait voir le ciel et lui a révélé des choses comme à personne d’autre.

Dans ce même chapitre, il dit aussi que Dieu a permis qu’il ait comme une écharde dans la chair afin de le garder humble. Lorsqu’il a demandé à Dieu de lui ôter cette écharde, le Seigneur a répondu : « ma grâce te suffit ».

Cette écharde, nous ne savons pas ce que c’est. C’est probablement un handicap ou une maladie. Plusieurs fois dans ses lettres, il sous-entend qu’il parle moins bien que certains faux enseignants. Peut-être qu’il avait des difficultés pour parler, un peu comme Moïse qui avait la langue lourde, cela ne m’étonnerait pas.

En tout cas, Paul se soumet aux épreuves de la vie, en se rappelant que la grâce de Dieu suffit et il n’a pas à se vanter de quoi que ce soit.

Il est pourtant l’apôtre qui a vu Jésus lui apparaître sur le chemin de Damas. Il a reçu directement le message de l’Évangile, non de la bouche d’un apôtre, mais de Jésus.

Il a été emprisonné et délivré miraculeusement plusieurs fois. Il a été littéralement conduit par le Saint-Esprit pendant ses voyages missionnaires.

Qui peut en dire autant ?

En sachant tout cela, cela ne me choque pas de lire qu’il nous invite à agir comme lui, parce que la seule chose qu’il recherche, malgré l’emprisonnement, les chaînes et la souffrance, c’est la communion avec Jésus et la diffusion de la bonne nouvelle.

Nous pouvons trouver la joie dans le Seigneur, une joie non pas à garder pour soi, mais à partager.

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