Du côté ensoleillé de la rue (Philippiens 3.12-21)

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Il y a quelques semaines, je vous ai passé une chanson devenue un standard de Jazz, il s’agissait du titre : Take the A train. En français : prenez le train ligne A. L’auteur avait écrit cette chanson, car ses amis venaient le voir à Harlem, aux États-Unis, et ils se trompaient souvent de ligne de métro à New York. D’où la chanson : Take the A train / Prenez la ligne A.

Nous avions vu que nous pouvions prendre cette chanson comme une parabole de la vie. Avons-nous pris le bon train ? Avons-nous pris la bonne direction dans notre vie ?

Ce matin je vous propose d’écouter un extrait d’une autre chanson.

Il s’agit du titre « On the sunny side of the street », composé par Jimmy McHugh et Dorothy Fields.

Ce titre a été composé en 1930 pour les besoins d’un spectacle à Broadway.

Pour ceux qui, comme moi, ne sont pas très doués en anglais, On the sunny side of the street signifie : Du côté ensoleillé de la rue.

L’auteur nous invite à quitter le côté ombrageux pour marcher du côté ensoleillé.

C’est ce que l’apôtre Paul nous invite à faire dans sa lettre aux Philippiens. Il faut choisir de vivre la vie joyeuse que Jésus nous offre, et non pas la vie ombragée sans le Christ.

Seulement, le côté ensoleillé n’est pas forcément celui que l’on pense, c’est un peu ce que dit aussi la chanson.

Nous allons écouter un extrait qui dure 1 min 20, ensuite je vous traduirai les paroles, et nous lirons le passage de la lettre aux Philippiens qui m’a fait penser à cette chanson.

Voici la traduction :

Attrape ton manteau et prends ton chapeau
Laisse tes angoisses sur le pas de la porte.
Dirige tes pas
Vers le côté ensoleillé de la rue.

N’entends-tu pas trottiner ?
Ce joyeux brouhaha est le bruit de tes pas.
La vie peut être si douce
Du côté ensoleillé de la rue.

J’avais pour habitude de marcher à l’ombre
Accompagné par mes coups de blues,
À présent je n’ai pas peur.
Ce vagabondage est du passé.

Si je n’ai jamais un centime,
Alors je suis riche comme Rockefeller.
Je vais mettre mes pas
Du côté ensoleillé de la rue.

J’ai fait des recherches sur le sens de ces paroles et je n’ai pas réussi à trouver grand-chose. Je me demande quand même si l’auteur de ces paroles était chrétien, ou s’il connaissait l’Évangile. Cela ressemble à pas mal du gospel.

Voici l’un des seuls commentaires que j’ai trouvés sur cette chanson :

Les textes de jazz des années 1920-1940 évoquent souvent la vie marginale qui est souvent le lot des musiciens, en particulier noirs, à cette époque. Mais ils renversent l’échelle des valeurs en faisant du dénuement la vraie richesse et la source de la liberté et du bonheur face à l’aliénante course effrénée au profit (comme en témoigne ici la référence à Rockfeller).

Le dénuement est vraie richesse. Le côté ensoleillé de la rue, c’est de vivre la richesse et la joie du dépouillement.

Si je n’ai jamais un centime,
Alors je suis riche comme Rockefeller.
Je vais mettre mes pas
Du côté ensoleillé de la rue.

Dans la lettre aux Philippiens, l’apôtre Paul nous invite à agir comme le Christ, c’est-à-dire, à nous dépouiller.

Dans le chapitre 3, que nous avons commencé à lire la semaine dernière, il nous invite à nous unir toujours plus au Christ. Et pour être en pleine communion avec le Christ, il faut savoir lâcher ce qui nous retient, les choses terrestres.

Lorsque l’apôtre a rencontré Jésus, tout ce qu’il considérait comme des sujets de fierté n’avaient plus de valeur. Sa richesse, il l’a trouvée dans le dépouillement, car il a tout donné à Jésus. Et en devenant enfant de Dieu, il est devenu plus riche que jamais.

Nous lisons maintenant la suite du chapitre 3, les versets 12 à 21, où il nous invite encore à ne pas nous attacher aux choses terrestres, à la gloire humaine, mais à Jésus.

12Je ne prétends pas avoir déjà atteint le but ou avoir déjà été conduit à la perfection. Mais je poursuis ma course pour m’efforcer de le saisir, car j’ai moi-même été saisi par Jésus Christ. 
13Non, frères et sœurs, je ne pense pas l’avoir déjà atteint ; mais je fais une chose : j’oublie ce qui est derrière moi et je m’élance vers ce qui est devant moi. 
14Ainsi, je cours vers le but afin de gagner le prix que Dieu, par Jésus Christ, nous appelle à recevoir d’en-haut.///

15Nous tous qui sommes adultes dans la foi, adoptons ce comportement. Cependant, si vous vous comportez autrement, Dieu vous éclairera à ce sujet. 
16Cependant, là où nous en sommes, avançons dans la même direction.
17Frères et sœurs, imitez-moi tous et regardez les personnes qui prennent modèle sur nous. 
18Je vous l’ai déjà dit souvent et je vous le répète maintenant en pleurant : il y en a beaucoup qui se conduisent en ennemis de la croix du Christ. ///
19Ils courent à leur perte, car leur dieu c’est leur ventre ; ils tirent gloire de ce qui devrait leur faire honte et ils n’ont en tête que les choses de ce monde. 
20,Mais nous, nous sommes citoyens des cieux, d’où nous attendons que vienne notre sauveur, le Seigneur Jésus Christ. 
21Il transformera notre misérable corps mortel pour le rendre semblable à son corps glorieux, grâce à la puissance qui lui permet de soumettre toutes choses à son autorité.

[1. Imiter Paul et non pas les ennemis de la croix]

Dans cette partie de la lettre, il invite les Philippiens à l’imiter lui et non les ennemis de la croix.

Cet appel du verset 17 peut nous paraître bien prétentieux. Pour qui l’apôtre se prend-il ? Ne devrait-il pas dire : imitez Jésus ?

Il faut remettre le texte dans son contexte.

Manifestement, les Philippiens étaient tentés d’imiter certains prédicateurs itinérants ennemis de l’Évangile.

Paul leur dit en quelque sorte : au lieu d’être fascinés par eux, au lieu de chercher à leur ressembler, imitez-moi. Sachant que dans tout ce discours, il dit simplement qu’il cherche à ressembler à Jésus et qu’il n’est pas encore arrivé au but.

Au début du chapitre, nous avons vu que les ennemis de la croix tenaient beaucoup à la circoncision. Il semblerait que ces ennemis soient ce qu’on appelle des judaïsants. Ils mettaient leur fierté dans la le respect des lois de la Torah.

Dans notre passage, nous en apprenons davantage sur ces personnes.

Verset 19 : « Ils courent à leur perte, car leur dieu c’est leur ventre… »

Autrement dit, leur idole, c’est leur nombril. Ils pensent d’abord à eux, à leur gloire. « Regardez comme je respecte bien la loi de Moïse », disent-ils, « regardez comme je suis parfait, soyez comme moi si vous souhaitez mériter la vie éternelle. »

Toujours au verset 19 : « Ils tirent leur gloire de ce qui devrait faire leur honte, ils n’ont en tête que les choses de ce monde. »

Tout comme les gens qui passent leur vie à courir après le profit, dans la chanson que je vous ai fait écouter, ces prédicateurs ont comme référence les valeurs de ce monde. Ils pensent à eux, ils cherchent une gloire humaine, ils sont fiers de leurs mérites et ils invitent les chrétiens à faire de même.

Pourquoi ce sont des ennemis de la croix ?

Parce que la croix, c’est tout l’inverse. La croix, c’est le salut par grâce et non par le mérite. La croix, c’est Dieu qui s’est dépouillé, Dieu qui s’est abaissé pour nous rejoindre, pour nous sauver.

La croix renverse les valeurs. Si je n’ai même pas un centime, alors je suis riche comme Rockefeller.

Je suis riche, car ma vie appartient à Dieu et je suis son enfant.

À l’inverse des prédicateurs glorieux, l’apôtre Paul devait paraître misérable. Il était pauvre et emprisonné. Il n’avait peut-être pas un charisme particulier, il était même peut-être fragile dans sa santé, il avait une écharde dans la chair.

Mais dans sa lettre, il dit qu’il est heureux, car il est uni au Christ. Il est heureux de courir une course sans relâche, car il s’approche toujours plus du but, c’est-à-dire devenir semblable au Christ et être dans sa pleine présence.

Cette course, c’est une vie consacrée entièrement au service de l’Évangile, l’annonce du pardon des péchés grâce à Jésus, et l’enseignement des chrétiens.

C’est mon deuxième point :

[2. Comme Paul, courons la bonne course]

Dans notre passage, l’apôtre compare sa vie à une course.

Relisons les versets 12 à 15 :

12Je ne prétends pas avoir déjà atteint le but ou avoir déjà été conduit à la perfection. Mais je poursuis ma course pour m’efforcer de le saisir, car j’ai moi-même été saisi par Jésus Christ. 
13Non, frères et sœurs, je ne pense pas l’avoir déjà atteint ; mais je fais une chose : j’oublie ce qui est derrière moi et je m’élance vers ce qui est devant moi. 
14Ainsi, je cours vers le but afin de gagner le prix que Dieu, par Jésus Christ, nous appelle à recevoir d’en-haut.
15Nous tous qui sommes adultes dans la foi, adoptons ce comportement.

La bonne course, c’est celle qui se dirige vers le but, devenir humbles comme le Christ. Il s’est sacrifié pour son peuple, il est allé jusqu’à la croix.

Là encore, l’apôtre oppose son attitude à celle des ennemis de la croix.

Paul court pour atteindre le but, qui est le Christ. Alors que les faux prédicateurs, au verset 19,  courent à leur perte, car ils ont pour dieu leur vendre.

J’aime bien ici la traduction « Français courant », qui inclue ce jeu de mots où Paul court vers le but, et les ennemis courent vers leur perte.

En grec il y a plutôt un jeu de mots avec la conduite, mais c’est la même idée. Il y a deux manières de vivre, il faut choisir la bonne.

Voici une image d’un guépard.

Que remarquons-nous ?

Ce guépard n’est pas en train de marcher, mais de courir, il est élancé. Cela se voit au premier coup d’œil, il n’est pas en train de dormir ou de tourner en rond. Nous voyons que son regard se porte vers le but. Nous voyons aussi que tout son corps est mis à contribution, ses muscles sont tendus pour la course, tout son corps est aligné sur la même trajectoire.

Lorsque les Philippiens regardaient la vie Paul, ils devaient certainement voir la même chose. Un apôtre qui court vers le but de la sainteté, le service de l’Évangile, la ressemblance au Christ, le souci pour l’Église.

Comme pour cette image de guépard, un simple aperçu de sa vie en disait long sur sa conduite. C’est pour cela qu’il demande aux Philippiens de l’imiter.

Non pas l’imiter dans sa perfection, il dit lui-même qu’il ne l’a pas atteinte, mais l’imiter dans sa course à la perfection selon l’Évangile.

Verset 15 : Nous tous qui sommes adultes dans la foi, adoptons ce comportement.

Et nous, si l’on prenait un simple cliché de notre vie. Que verrait-on ?

Nous verrait-on en train de courir ? Et si nous courons, vers quel but nous dirigeons-nous ?

Sur la photo, tous les membres et tous les muscles du guépard sont mis à contribution pour atteindre la cible.

La première chose importante à faire, c’est d’identifier le but. Comme pour le guépard, une fois le but bien en tête, tout le corps pourra s’accorder pour se diriger vers ce seul et unique objectif. Mais si l’objectif n’est pas clair, s’il est provisoire, s’il est dispersé, alors le corps ne fera que tourner en rond.

Nous sommes invités à quitter l’ombre et à choisir le côté ensoleillé de la rue, la ressemblance au Christ.

Je termine par une anecdote en guise d’illustration et de conclusion.

[Conclusion]

Lorsque je lis ce genre de passage de l’apôtre Paul, je me dis que je n’ai pas encore aligné tout mon corps vers l’objectif.

Intellectuellement, j’ai compris que Dieu me demande de me consacrer entièrement à lui, en cherchant à lui ressembler, en cherchant à servir l’Église et mon prochain, en vivant selon les principes de l’Évangile. Mais je n’y arrive pas entièrement. Une partie de moi reste encore au service de moi-même. Une partie de moi reste attachée aux choses terrestres.

Donc l’image de la course me parle bien, parce que je n’ai pas encore atteint le but, mais je suis en route. Il faut garder toujours l’objectif en tête et courir avec endurance.

Une autre image m’a aussi parlé cette semaine.

Avec les enfants nous avons fait une petite séance d’escalade mercredi à Saran, dans l’un de ces centres avec des murs d’escalade.

Pour la première fois avec les enfants, j’ai voulu moi aussi escalader comme eux, pour leur montrer et pour qu’ils osent grimper.

Au début de la séance, un des animateurs nous a fait une démonstration du fonctionnement des baudriers et des cordes pour redescendre.

Lorsqu’une personne choisi un mur, il doit attacher son baudrier sur corde qui correspond au mur. Cette corde est elle-même fixée à un système automatique, elle s’enroule au fur et à mesure que nous grimpons.

Une fois arrivé tout en haut du mur, il faut juste lâcher le mur une main après l’autre, tenir la corde avec les deux mains et se laisser descendre en repoussant le mur avec ses pieds. Avec ce système, la corde de déroule toute seule en retenant notre poids pour ne pas redescendre trop vite.

J’ai donc escaladé un premier mur, et une fois arrivé tout en haut, à une douzaine de mètres environ, j’ai regardé en bas, et je me suis dit : « Maintenant je dois lâcher le mur. »

Je savais que mon baudrier était attaché à la corde qui allait se dérouler en me retenant, mais ça m’a fait bizarre de me dire : « je dois tout lâcher, tenir la corde avec mes deux mains, et me laisser descendre ».

Je l’ai fait, mais ce n’était pas spontané. Ensuite, pour les autres murs, je ne me posais plus de question.

Ce qui m’a interpellé, c’était l’attitude des enfants. Les miens comme ceux des autres.

Pour leur premier mur, une fois arrivés à la hauteur désirée, ils n’ont eu aucune hésitation ni réflexion avant de tout lâcher. C’était même un peu déconcertant, ils le faisaient comme si c’était naturel, ils ne se posaient pas de question.

L’animateur nous a montré comment faire, ça marche, alors on le fait sans hésiter.

En y repensant, je me suis fait la réflexion suivante : pour le premier mur, je n’ai eu aucune peine à monter, mais j’ai un peu réfléchi quand il fallait tout lâcher et redescendre.

Alors que pour les enfants c’était l’inverse : ils avaient de la peine à monter, mais pour redescendre, c’était tout naturel.

Dit autrement : lorsqu’il fallait compter sur ses propres forces, j’y arrivais très bien, alors que les enfants ont eu un peu de mal. Et lorsqu’il fallait faire confiance, ce n’était pas naturel pour moi alors que c’était facile pour les enfants.

Il me semble que c’est pareil par rapport à Dieu, à la différence que Dieu est infiniment plus fiable qu’un système de corde.

En tant que chrétien, j’ai tendance à tout faire par mes propres moyens et j’ai parfois du mal à faire entièrement confiance en Dieu. Je lui fais confiance, mais pas toujours à 100%, je continue de raisonner de manière humaine, en restant attaché à des choses terrestres, en courant parfois la mauvaise course.

Comme Jésus le dit dans les Évangiles, nous sommes appelés à lui faire confiance à la manière d’un enfant.

Laissons-lui toute la place, laissons-le s’occuper par exemple de notre avenir qui nous inquiète si souvent, et inquiétons-nous plutôt de courir la bonne course, du côté ensoleillé de la rue, et le Seigneur s’occupera de tout le reste.

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