Invitation au festin (Luc 14.15-24)

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Il y a quelque chose que je trouve très drôle de faire avec mes enfants, c’est de jouer à cache-cache.

En général, ils aiment bien se cacher et me laisser les chercher. Et en général je les trouve rapidement, car je les entends rire.

Mais avant d’annoncer que je les ai trouvés, je fais semblant de chercher et de ne pas trouver. Cela les fait encore plus rire, jusqu’au moment où je les trouve « enfin ».

Dans ce jeu, les parents font souvent semblant de chercher et de ne pas trouver, cela amuse les enfants. Mais il faut savoir que les enfants, assez vite, savent que les parents font semblant, et c’est aussi cela qui les amuse.

Et en tant que parent, on joue aussi à d’autres jeux pour enfants, des jeux de société comme « Croque carotte », où l’on n’a besoin de savoir compter seulement jusqu’à 3. Si l’on était entre adultes, cela ne nous viendrait pas à l’esprit de jouer à ce genre de jeu. Mais avec les enfants on y joue, car on participe à leur éveil et on prend plaisir à être ensemble.

Tout cela pour dire qu’en tant qu’adulte, pour interagir avec un enfant, pour jouer avec lui, pour lui montrer que nous l’aimons, nous nous mettons à son niveau, il faut s’abaisser, non pas se rabaisser, mais s’abaisser, et on le fait avec plaisir.

On dit souvent que lorsque l’on parle à un petit enfant, il est préférable de se baisser, pour se mettre à son niveau, c’est une manière de le respecter, de le considérer et de l’aimer.

Pourquoi je parle de tout cela ? Parce que si Dieu existe, et si Dieu aime l’humanité, alors forcément, il s’est mis à notre niveau. Il a dû descendre de son ciel, il a dû se baisser pour nous parler, pour nous rejoindre.

C’est ce que la Bible raconte. Dieu est descendu dans la personne de Jésus. Qu’a-t-il laissé comme message ?

Ce que Jésus a fait, entre autres, quand il était parmi nous, c’est qu’il nous a laissé une invitation pour un festin. Et qui dit invitation, dit aussi réponse souhaitée.

Je vous propose de lire ce récit dans l’Évangile selon Luc, chapitre 14

15 Après avoir entendu ces paroles, un de ceux qui étaient à table dit à Jésus: «Heureux celui qui prendra son repas dans le royaume de Dieu!»
16 Jésus lui répondit: «Un homme organisa un grand festin et invita beaucoup de gens.
17 A l’heure du festin, il envoya son serviteur dire aux invités: ‘Venez, car tout est déjà prêt.’///
18 Mais tous sans exception se mirent à s’excuser. Le premier lui dit: ‘J’ai acheté un champ et je suis obligé d’aller le voir, excuse-moi, je t’en prie.’
19 Un autre dit: ‘J’ai acheté cinq paires de bœufs et je vais les essayer, excuse-moi, je t’en prie.’ 20 Un autre dit: ‘Je viens de me marier, c’est pourquoi je ne peux pas venir.’ 21 A son retour, le serviteur rapporta ces paroles à son maître. Alors le maître de la maison, en colère, dit à son serviteur: ‘Va vite sur les places et dans les rues de la ville et amène ici les pauvres, les estropiés, les aveugles et les boiteux.’///
22 Le serviteur dit: ‘Maître, ce que tu as ordonné a été fait et il reste encore de la place.’ 23 Le maître dit alors au serviteur: ‘Va sur les chemins et le long des haies, et ceux que tu trouveras, oblige-les à entrer, afin que ma maison soit remplie.
24 En effet, je vous le dis, aucun de ces hommes qui avaient été invités ne goûtera de mon festin.’»

La scène se passe à table. Au début du chapitre, on apprend que Jésus est invité chez un chef des pharisiens, un parti religieux très strict et influent dans le judaïsme.

Jésus profite des différentes discussions pour enseigner, il raconte des petites histoires qui font réfléchir, des paraboles.

Avant notre passage, les discussions tournent déjà autour de festins et d’invitations, nous allons les évoquer un peu plus tard.

En attendant, on peut commencer par s’intéresser au début de la parabole, elle met en scène un homme qui organise un festin et qui invite beaucoup de gens.

[1. L’invitation initiale]

Dans le contexte juif de l’époque, le festin avait une certaine connotation. Les prophètes avaient annoncé qu’à l’issue de la fin des temps, au paradis, il y aura un festin avec Dieu.

C’est pour cela que le début de notre passage commence par la réflexion de cet homme qui dit : «Heureux celui qui prendra son repas dans le royaume de Dieu !»

Jésus poursuit alors avec sa parabole, nous verrons évidemment que c’est en lien avec le festin du royaume de Dieu.

Dans l’histoire, le maître de maison devait être quelqu’un de riche, car seules les personnes aisées avaient les moyens d’organiser un tel repas et d’envoyer un serviteur avertir les invités.

Les invités devaient eux aussi être dans la même catégorie sociale que l’organisateur. Dans la culture de l’époque, on s’invitait entre personnes de même rang.

Ce genre de repas se préparait longtemps à l’avance, un peu comme les repas de fête de mariage. Il fallait donc connaître le nombre d’invités plusieurs semaines, voire plusieurs mois à l’avance. Il nous est précisé qu’il avait invité beaucoup de gens.

Dans la pratique de l’époque, et c’est toujours le cas dans certaines cultures aujourd’hui, les invitations se font en deux temps.

Il y a d’abord une première invitation, où les gens répondent pour signaler leur présence. L’organisateur connaît ainsi le nombre d’invités, le nombre de tables et de chaises à préparer, et le nombre de repas à commander.

Ensuite, à l’approche de l’événement, une deuxième invitation annonce que c’est prêt, c’est une sorte de confirmation.

Les invités de notre parabole avaient donc déjà répondu présents à l’invitation ! En relisant bien le texte, on se rend bien que compte que l’invitation avait déjà été lancée.

L’organisateur annonce via son serviteur : « Venez, car tout est déjà prêt ».

Intéressons-nous maintenant aux invités et à leur comportement.

[2. Les invités]

Le narrateur précise que tous les invités s’excusent.

Le premier répond ceci au verset 18 : « J’ai acheté un champ et je suis obligé d’aller le voir, excuse-moi, je t’en prie. »

Acheter un champ n’est pas banal, ça coûte cher, et normalement on va le voir avant de l’acheter.

Le premier invité précise qu’il est obligé d’aller voir son champ. Si le champ est déjà acheté, quelle urgence y a-t-il à aller le voir ? Cela n’aurait-il pas pu attendre quelques heures ?…

Le deuxième invité répond ceci au verset 19 : « J’ai acheté cinq paires de bœufs et je vais les essayer, excuse-moi, je t’en prie. »

Là encore, l’excuse n’est pas très crédible. Les bœufs servaient à labourer dans les champs, on les achetait par paire. Il faut donc forcément les essayer pour voir s’ils arrivent à travailler ensemble et à avancer à la même vitesse. Comment se fait-il qu’il les essaye seulement  après l’achat ?

On peut noter que le premier invité, après avoir donné son excuse, avait complété en disant qu’il était obligé d’aller voir ce champ.

En revanche, le 2e invité ne donne que l’excuse, il a acheté des bœufs et il doit les essayer. Il ne dit pas qu’il est obligé de les essayer ce jour-là.

Au fur et à mesure que les invités donnent leur réponse, les excuses sont de moins en moins recevables.

Le 3e invité mentionné répond ceci au verset  20 : « Je viens de me marier, c’est pourquoi je ne peux pas venir ».

À l’époque, un mariage était entouré de grandes festivités qui pouvaient durer plusieurs jours. Si l’on ajoute le festin du maître de maison, cela fait deux grands événements pour une même localité. Normalement, les organisateurs évitaient ce genre de doublon, on n’organisait pas deux grands événements si proches.

Le nouveau marié aurait dû prendre cela en compte. De plus, en quoi le fait d’être nouveau marié l’empêche d’assister au festin ?

On peut remarquer que ce troisième invité mentionné ne s’excuse même pas.

Au fur et à mesure que les réponses sont citées, nous nous rendons compte du mépris et du désintérêt de ces invités.

En plus, il semblerait que ces genres de festins avaient lieu en fin de journée, ce qui laissait le temps aux différents personnages de faire ce qu’ils avaient à faire puis d’assister à la fête.

Mettons-nous à la place de l’organisateur du repas. Imaginez que vous organisez une fête importante, par exemple, un repas de mariage ou un anniversaire important. Cela vous prend des semaines et des semaines, de l’énergie, du temps et de l’argent.

Les invités laissent entendre qu’ils seront de la partie.

Vous avez déjà loué une salle, la vaisselle, réservé un traiteur, et même un DJ. Vous avez déjà versé des acomptes.

Le matin même, tout est prêt, vous êtes fiers de tous les préparatifs, vous postez sur les réseaux sociaux des photos de la salle toute prête. Et dans la foulée, les uns après les autres, tous les invités répondent : désolé je ne viendrai pas. Tous se défilent les uns les autres avec des excuses bidon, du type : « j’ai acheté une voiture, c’est pourquoi je ne peux plus venir».

Comment réagiriez-vous ?

Comment le maître de la maison réagit-il ?

[3. Réaction du maître de maison]

Verset 21 : « Alors le maître de la maison, en colère, dit à son serviteur: ‘Va vite sur les places et dans les rues de la ville et amène ici les pauvres, les estropiés, les aveugles et les boiteux.’ »

Le maître de maison est certainement déçu, mais il est aussi en colère et cela peut se comprendre.

S’il est en colère, ce n’est pas par caprice, ce n’est pas exagéré, c’est parce qu’il a tout organisé avec soin pour ses invités, il a dépensé de l’argent, il a consacré du temps, il a envoyé un serviteur à leur rencontre. Mais ces derniers ont fait preuve de mépris, ils ont manqué de considération, de respect et ils ont été désinvoltes.

Ce genre de passage nous aide un peu à comprendre pourquoi la Bible contient des passages qui parlent de la colère de Dieu.

Dans la parabole, le maître de la maison, c’est Dieu, qui invite chacun de nous à son festin, c’est-à-dire, à une communion avec lui. Le repas ce n’est pas seulement manger ensemble, c’est passer du temps de qualité ensemble, c’est partager une relation.

Le repas que Dieu nous propose est un festin, il est généreux et souhaite une relation entière, authentique. Pas seulement un coup de fil de temps en temps, mais une communion de chaque instant.

Cette invitation a été faite en particulier au peuple juif, car c’est le peuple qu’il a lui-même formé avec Abraham, Isaac et Jacob. Les pharisiens, tout comme les responsables religieux, étaient censés préparer le peuple à accueillir favorablement le messie, c’est-à-dire Dieu incarné en homme, le Christ.

Mais au lieu de cela, ils l’ont rejeté et ont comploté pour le mettre à mort, car Jésus était trop révolutionnaire, pas assez conventionnel et il osait mettre le doigt sur les incohérences de la religiosité de l’époque.

Si dans la Bible on parle de la colère de Dieu, ce n’est pas pour décrire un Dieu méchant, autoritaire, distant ou froid. C’est pour décrire un Dieu qui a tout fait pour son peuple avec amour, et qui reçoit en retour du mépris, de l’ingratitude et de la désinvolture.

Dans la parabole, le maître de la maison envoie son serviteur chercher les pauvres, les estropiés, les aveugles et les boiteux.

Ces gens-là sont exactement les mêmes personnes citées dans une autre parole de Jésus juste avant notre scène.

Aux versets 12 à 14, Jésus donne le conseil suivant à celui qui l’avait invité :

«12 Lorsque tu organises un dîner ou un souper, n’invite pas tes amis, ni tes frères, ni tes parents, ni des voisins riches, de peur qu’ils ne t’invitent à leur tour pour te rendre la pareille.
13 Lorsque tu organises un festin, invite au contraire des pauvres, des estropiés, des boiteux, des aveugles14 et tu seras heureux, car ils ne peuvent pas te rendre la pareille. En effet, cela te sera rendu à la résurrection des justes.»

Cette démarche que Jésus conseille, ce n’est pas pour rejeter ses proches. Ce n’est pas non plus pour montrer sa supériorité aux pauvres. Mais c’est pour dire que si l’on invite des gens qui ne peuvent pas nous rendre la pareille, on n’attendra rien d’eux en retour et donc on le fait vraiment avec désintérêt. Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir.

Et le bonus, c’est que lorsque nous faisons le bien gratuitement, sans rien attendre en retour, Dieu finira par nous le rendre.

Dans la parabole, après le refus des invités initiaux, le maître de la maison fait venir des gens qui ne peuvent pas lui rendre la pareille et tant mieux, car ce qui le motive ce n’est pas d’attendre quelque chose en retour, ce qui le motive c’est de donner, non pas de recevoir.

Le maître de la maison ne fonctionne pas avec un système de donnant donnant, mais de don, de cadeau.

Après avoir accueilli les pauvres, les estropiés, les aveugles et les boiteux, il reste encore de la place, alors il dit à son serviteur :

« Va sur les chemins et le long des haies, et ceux que tu trouveras, oblige-les à entrer, afin que ma maison soit remplie. »

La notion d’obliger les gens à entrer peut paraître un peu surprenante, mais il ne faut pas mal interpréter ce passage. On ne doit pas forcer les gens à devenir chrétiens, cela n’aurait pas de sens puisque c’est une démarche intérieure, une démarche de foi et non pas d’apparence.

Si le maître de maison demande à son serviteur d’obliger les invités à entrer, c’est parce que dans la culture de l’époque, nous l’avons dit, les pauvres ne mangent pas avec les riches, ils n’oseraient pas participer à ce genre de festin. Ils ne se sentiraient pas à leur place. De plus, ils ne pourraient pas rendre la pareille.

C’est pour cela que pour recevoir ces invités-là, il faut que le serviteur insiste et les presse à entrer.

Pour conclure, que pouvons-nous retenir de cette parabole, pour notre vie à chacun ?

[Conclusion]

Nous l’avons dit, le maître de la maison représente Dieu et il nous invite à un festin.

À travers la création, à travers la conscience que nous avons de l’existence de Dieu, à travers la Bible, à travers le Saint-Esprit, à travers Jésus, Dieu nous invite à un festin.

Que lui répondons-nous ?

Ce festin symbolise une communion avec lui. Une communion de chaque instant et pas seulement un coup de fil de temps en temps un matin par semaine.

Beaucoup de gens, comme les pharisiens, comme les premiers invités, ont répondu oui à son invitation. Mais ce n’est pas parce que l’on a répondu oui que tout est en ordre.

Ce oui doit être concrétisé dans les actes, dans la vie de tous les jours.

Ce oui doit se refléter dans notre humilité vis-à-vis de Dieu, comme si nous étions pauvres et estropiés.

Qui mérite d’être au festin de Dieu ?

La Bible dit que personne ne le mérite. Ceux qui se croient importants, ceux qui se croient assez bons pour le mériter passeront à côté du festin, car lorsque tout sera prêt, leur orgueil les incitera à snober le maître de la maison. Ils se croient autosuffisants, ils pensent accéder au paradis par leurs propres moyens.

Personne ne mérite d’être au festin, mais Dieu choisit de faire entrer les plus petits, les plus humbles, ceux qui savent qu’ils ne méritent rien.

Que notre cœur soit humble et dans l’accueil de l’invitation du maître de la maison aujourd’hui encore.

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