Le sage sur le roc a bâti sa maison (Matthieu 7.13-29)

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Nous lisons ici un discours de Jésus qui fait partie de la fin du sermon sur la montagne, un sermon que Jésus a prononcé devant une foule. Son enseignement était à l’origine destiné à ses disciples, mais au fur et à mesure du discours, la foule s’est jointe à eux….

Matthieu 7.13-29

13 »Entrez par la porte étroite! En effet, large est la porte, spacieux le chemin menant à la perdition, et il y en a beaucoup qui entrent par-là, 14 mais étroite est la porte, resserré le chemin menant à la vie, et il y en a peu qui les trouvent.

15 »Méfiez-vous des prétendus prophètes! Ils viennent à vous en vêtements de brebis, mais au-dedans ce sont des loups voraces. 16 Vous les reconnaîtrez à leurs fruits. Cueille-t-on des raisins sur des ronces ou des figues sur des chardons? 17 Tout bon arbre produit de bons fruits, mais le mauvais arbre produit de mauvais fruits. 18 Un bon arbre ne peut pas porter de mauvais fruits ni un mauvais arbre porter de bons fruits. 19 Tout arbre qui ne produit pas de bons fruits est coupé et jeté au feu. 20 C’est donc à leurs fruits que vous les reconnaîtrez. 21 »Ceux qui me disent: ‘Seigneur, Seigneur!’ n’entreront pas tous dans le royaume des cieux, mais seulement celui qui fait la volonté de mon Père céleste. 22 Beaucoup me diront ce jour-là: ‘Seigneur, Seigneur, n’avons-nous pas prophétisé en ton nom? N’avons-nous pas chassé des démons en ton nom? N’avons-nous pas fait beaucoup de miracles en ton nom?’ 23 Alors je leur dirai ouvertement : ‘Je ne vous ai jamais connus. Éloignez-vous de moi, vous qui commettez le mal!’
28 Quand Jésus eut fini de prononcer ces paroles, les foules restèrent frappées par son enseignement, 29, car il enseignait avec autorité, et non comme leurs spécialistes de la loi.

Ce discours est construit en 4 parties, 4 avertissements. À chaque fois, il nous invite à faire un choix entre deux options.

Dans notre société, nous aimons avoir beaucoup de choix. Les paroles de Jésus peuvent donc paraître restrictives et fermées.

Même si son discours est sévère, nous verrons qu’il y a de la bienveillance dans ses mises en garde. Le premier avertissement concerne les chemins larges ou étroits, il nous invite à prendre le bon chemin.

[1. Le bon chemin]

Jésus parle de deux portes et de deux chemins. Il y a une porte et un chemin qui mène à la vie. Et une porte avec un chemin qui mène à la perdition. Il n’y a que deux possibilités : la vie ou la perdition.

Le chemin qui mène à la vie est étroit et trop peu de gens les trouvent. Jésus affirme que le chemin du salut est étroit. Le chemin qui mène à la vie est parfois un chemin difficile, un chemin que peu de gens prennent, un chemin qui va à contre-courant de la pensée générale.

En tant que chrétiens, nous avons parfois l’impression d’être des extraterrestres. Nous vivons dans le monde, nous côtoyons le monde, nous sommes appelés à aimer tout le monde, mais nous sommes citoyens du ciel et nous sommes appelés à  vivre pour plaire à Dieu et non aux hommes ou à nous-mêmes.

Jésus met ses auditeurs en garde : la porte et le chemin qui mène à la perdition sont spacieux. C’est par là que beaucoup de gens passent, au point que cela devienne la norme. Si nous avons décidé de suivre le chemin étroit, nous sommes appelés à résister pour ne pas toujours penser et agir comme la norme.

C’est peut-être la norme de suivre les modes dans le domaine éthique, de parler en mal de ceux qui ne sont pas là, d’écraser les autres pour s’élever, de ne pas faire attention à celui qui est dans le besoin, ou de croire que la foi en Jésus c’est idiot ou dépassé.

Mais le chemin étroit consiste à vivre selon les valeurs enseignées dans les Écritures, à aimer nos ennemis, à servir notre prochain, et surtout, à suivre Jésus qui enseigne toutes ces choses.

On peut remarquer qu’il y a d’abord une porte, ensuite un chemin. Suivre Jésus ne consiste pas seulement à faire une prière de conversion un jour dans notre vie, comme s’il fallait juste franchir une étape. Suivre Jésus consiste à vivre jour après jour dans la volonté de Dieu.

Le christianisme n’est pas une croyance où l’on obtient le salut en faisant quelque chose. Il ne s’agit pas seulement de passer par une porte, il s’agit aussi de marcher sur un chemin parfois difficile, un chemin pas toujours attirant à première vue.

Mais Jésus nous affirme que c’est pourtant le bon chemin, celui qui mène à la vie. Ensuite, il parle des faux prophètes, c’est son deuxième avertissement.

[2. Le vrai prophète]

Un prophète est une personne inspirée par Dieu, qui parle en son nom dans une situation donnée. Un prédicateur, à qui Dieu a mis des paroles à cœur pour qu’il les proclame à l’assemblée, peut par exemple être considéré comme un prophète.

Selon la définition de l’apôtre Paul, dans sa première lettre aux Corinthiens, le prophète est celui qui édifie, encourage et réconforte (1 Co 14.3).

Jésus nous met en garde contre les faux prophètes. Ils ont l’apparence de brebis alors qu’ils sont des loups. De l’extérieur, les faux prophètes peuvent ressembler à des bons fidèles.

Un faux prophète peut très bien être membre d’une Église locale, il peut faire de belles prières et bien parler en public. Cependant, met-il en pratique l’enseignement biblique ? Quels sont ses fruits ?

Je ne parle pas du chrétien sincère qui est encore en lutte avec des péchés, mais de celui qui se déclare disciple de Jésus et qui vit de manière contraire à sa volonté en toute conscience. Dans ce cas, on pourrait se poser des questions sur l’authenticité de son engagement.

Là encore, Jésus ne parle que de deux types d’arbres : celui qui porte de bons fruits, ou celui qui ne porte pas de bons fruits. Au verset 19, Jésus dit ceci : tout arbre qui ne produit pas de bons fruits est coupé et jeté au feu. Nous reviendrons sur ces paroles concernant le feu, en attendant, regardons la suite.

Troisièmement, Jésus parle du croyant sincère. Après avoir parlé premièrement du bon chemin et deuxièmement du vrai prophète, il en vient au croyant authentique.

[3. Le croyant sincère]

Jésus parle des personnes qui disent : « Seigneur, Seigneur », il parle de ceux qui ont prophétisé, chassé des démons et fait des miracles en son nom. Mais Jésus leur dira : « Je ne vous ai jamais connus. Éloignez-vous de moi, vous qui commettez le mal. »

Dans certaines traductions, au lieu d’avoir l’expression « commettre le mal », nous avons « commettre l’iniquité », c’est le fait de vivre comme si Dieu n’avait pas donné de commandement. Celui qui vit comme si Dieu n’avait pas révélé sa Parole, Dieu lui dira : « je ne t’ai jamais connu, éloigne-toi de moi, toi qui vis comme si je n’avais pas révélé ma Parole. »

Par définition, quelqu’un que l’on ne connaît pas est un inconnu. En fait Dieu connaît tout le monde, mais c’est une manière de dire que celui qui ignore Dieu est en quelque sorte un inconnu à ses yeux.

Ce qui est troublant dans ces versets, c’est que des gens qui commettent le mal font des miracles.

Comment cela est-il possible ? Un croyant superficiel, autrement dit – un incroyant – peut-il opérer des miracles au nom de Jésus ?

Ce passage met bien en évidence que lorsqu’une prophétie est proclamée, ou lorsqu’un miracle est accordé, cela vient surtout de Dieu et pas de la personne qu’il utilise. Dans l’histoire d’Israël, Dieu a parlé à travers des incroyants, il a même utilisé un âne pour transmettre des messages.

Cela devrait nous rendre prudents lorsque nous voyons des gens faire des choses spectaculaires au nom de Dieu. Il arrive encore aujourd’hui que des personnes qui ont beaucoup de charisme soient considérées presque comme des dieux, leurs paroles sont considérées comme des révélations d’une fiabilité équivalente à celle de la Bible.

Mais toutes les choses spectaculaires qui arrivent à travers des personnes ne disent rien à propos de leur relation avec Dieu.

Par ailleurs, notons ici que Jésus parle de manière hypothétique. Les gens dont il parle poseront la question : « N’avons-nous pas fait beaucoup de miracles en ton nom? »

Ils posent juste la question, mais ont-ils vraiment fait des miracles qui viennent de Dieu ?

Dans tous les cas, ce que Jésus veut mettre en avant, c’est que là encore, il n’y a deux possibilités au verset 21 : « Ceux qui me disent: ‘Seigneur, Seigneur!’ n’entreront pas tous dans le royaume des cieux, mais seulement celui qui fait la volonté de mon Père céleste. »

Il y a d’une part ceux qui ne font pas la volonté de Dieu et d’autre part ceux qui la font. Encore une fois, le discours de Jésus est ferme et ses paroles sont dures à entendre.

Il y a tout de même des marques de bienveillance, mais avant d’y venir, passons au quatrième et dernier point. Après avoir parlé du bon chemin, du vrai prophète et du croyant sincère, Jésus parle du sage et du fou.

[4. Le sage]

Le sage construit sa maison sur le roc, la tempête arrive et la maison tient. Le fou construit sa maison sur le sable, la tempête passe et la maison tombe en ruine. J’entends souvent dire que le roc c’est Jésus et que la tempête représente les épreuves de la vie. Mais que dit le texte exactement ?

Verset 24 : « C’est pourquoi, toute personne qui entend ces paroles que je dis et les met en pratique, je la comparerai à un homme prudent qui a construit sa maison sur le rocher. »

Dans le texte, le rocher ce n’est pas Jésus, mais c’est le fait de mettre en pratique l’enseignement de Jésus. Depuis le début, il parle de mise en pratique.

Il faut passer par la porte étroite, cette porte est suivie d’un chemin d’obéissance. Ensuite, il parle des bons fruits, ce sont les œuvres bonnes. Ensuite, il dit clairement que le royaume de Dieu est pour ceux qui font la volonté de Dieu. Et il termine en disant que mettre en pratique son enseignement, c’est construire notre maison, notre vie, sur du roc et non sur du sable.

Obéir à Dieu, c’est sage. Désobéir à Dieu revient à construire sa maison sur du sable, c’est de la folie. En effet, une maison sur le sable ne résiste pas à la pluie et à la tempête.

Jésus nous invite à la sagesse pour éviter d’être ravagé par la tempête. Mais qu’est-ce que cette tempête ? Regardons le texte dans son contexte.

À chaque fois, Jésus parle du jugement de Dieu et à chaque fois il y a deux issues possibles : il y a le chemin qui mène à la vie ou celui qui mène à la perdition.

Il y a l’arbre qui est gardé et l’arbre qui est coupé puis jeté au feu.

Il y a aussi celui qui entre dans le royaume de Dieu et celui à qui Dieu dira: « je ne t’ai jamais connu, éloigne-toi de moi ».

Les versets 22 et 23 sont au futur.

Jésus dit bien : « Beaucoup me diront ce jour-là, Seigneur Seigneur». De quel jour s’agit-il ? Jésus fait certainement référence au jour où chacun comparaîtra devant lui.

Selon le contexte, la tempête symbolise le jugement à venir.

Cela coïncide aussi avec les images que les prophètes de l’Ancien Testament utilisaient. Le prophète Esaïe, par exemple, comparait le jugement de Dieu à une inondation (Es 28.14-19).

Ce jour-là, le jour du jugement, le sage qui aura construit sa maison sur le roc gardera sa maison saine et sauve, il aura la vie sauve.

Mais le fou qui aura construit sa maison sur le sable, Jésus dit au verset 27 que sa maison s’écroulera et que sa ruine sera grande.

Jusque maintenant, nous avons constaté le côté sévère du discours. Où est la bienveillance ?

C’est ce que j’aimerais maintenant relever pour conclure.

[Conclusion : Jésus veut notre bien]

Je vous suggère de lire ce discours comme un avertissement bienveillant.

Jésus nous informe qu’il y aura un jugement à la fin des temps, mais dans ses paroles, il ne condamne encore personne. Il parle en parabole, il parle de chemins, d’arbres et de maisons.

Ces paraboles sont racontées afin que nous choisissions la vie. Jésus veut que nous prenions le bon chemin, que nous portions du fruit et que nous construisions notre maison sur le roc.

Quand je dis à mon fils que s’il touche la plaque chauffante, il va se brûler, je ne le condamne pas, je l’avertis, parce que je ne veux pas qu’il se fasse mal. De même, si Jésus parle de manière si ferme, c’est parce qu’il ne veut pas que nous fassions les mauvais choix.

Si vous voyez quelqu’un se diriger droit dans un précipice, vous n’hésiterez pas à crier, à l’avertir du danger de mort, afin de lui sauver la vie. C’est par amour pour nous que Jésus proclame le royaume de Dieu.

Voici ce que nous lisons en Jean 3.16 et 17 :

16 En effet, Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique afin que quiconque croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle.

17 Dieu, en effet, n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui.

L’intention de Jésus, en venant dans le monde, c’est bien d’offrir le salut vis-à-vis du jugement.

Le jugement est bien réel, c’est justement pour cela que Jésus est si insistant : construisons notre maison sur le roc.

Jésus veut sauver l’humanité et c’est pour cela qu’il nous avertit. Nous avons des choix de vie à faire, une relation avec Dieu à approfondir. Construisons notre vie sur le roc, et lorsque la pluie tombera, lorsque la tempête arrivera, notre maison résistera.

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