Êtes-vous plutôt optimistes ou pessimistes ? Comment voyez-vous l’avenir de notre monde ? Il me semble que ce monde connaît des périodes troublées depuis bien longtemps, mais ces derniers temps nous les percevons de manière plus concrète en France, car cela nous touche d’un peu plus près.
Cela a commencé en particulier avec Covid qui a mis en évidence la fragilité de notre système de santé et les limites de la science.
Puis la guerre en Ukraine a commencé ; en plus de toucher notre portefeuille à la station-service, elle touche surtout des victimes.
Par ailleurs, avec la canicule de cet été, nous voyons d’autant plus les conséquences du dérèglement climatique.
Mais comme c’est l’été, nous voulons peut-être oublier un instant tout ce qui ne va pas, pour se concentrer sur la famille, le repos, le jardinage ou les apéros entre amis.
Mais la vie se résume-t-elle à cela ? Et notre société, notre économie, notre monde sont-ils destinés à se dégrader ?
Je pense que nous avons tous conscience, au fond de nous, que la vie ne peut pas se résumer à ce que nous vivons sur terre. De tout temps, l’humanité a conscience qu’il y a quelque chose de plus que notre monde matériel, rien que la pensée, ce n’est pas quelque chose de matériel.
La Bible affirme que notre vie a une suite après la mort.
J’aime beaucoup les films où il y a ce qu’on appelle un twist final. En français, on dirait : un rebondissement final. Une fin inattendue, une révélation qui a lieu à la fin de l’histoire et qui change tout.
L’un des twists finaux les plus connus a lieu dans Star Wars, quand Dark Vador, le méchant principal qui est sur le point de mourir, fait une révélation inattendue au héros du film, Luke Skywalker. Il lui dit : « Luke, je suis ton père ».
Dans d’autres films, on découvre que le SDF était en fait millionnaire, que celui qui est mort, en fait, n’est pas mort, etc.
Ce sont souvent des rebondissements inattendus qui changent toute l’histoire.
Dans la Bible, Jésus annonce un twist final à la fin des temps. Il a dit à plusieurs reprises que dans le royaume de Dieu, les premiers seront les derniers et les derniers seront les premiers.
Si vous pensez que le monde va se dégrader au point de se détruire, que notre vie sur terre est nulle, que l’humanité est corrompue, que rien ne s’arrangera et que de toute façon nous allons tous mourir, vous n’avez pas entièrement tort, mais il y a un twist final.
Il y aura autre chose de mieux, mais attention, les premiers seront les derniers et les derniers seront les premiers.
Pour illustrer cette affirmation, les auteurs des évangiles ont sélectionné plusieurs anecdotes de la vie de Jésus. Je vous propose de lire l’un de ces récits ce matin, dans l’Évangile selon Matthieu.
Matthieu 19.16-26
16 Un homme s’approcha et dit à Jésus: « Maître, que dois-je faire de bon pour avoir la vie éternelle?»
17 Il lui répondit: «Pourquoi m’interroges-tu sur ce qui est bon ? Un seul est bon. Si tu veux entrer dans la vie, respecte les commandements.»
«Lesquels?» lui dit-il.
18 Et Jésus répondit: «Tu ne commettras pas de meurtre; tu ne commettras pas d’adultère; tu ne commettras pas de vol; tu ne porteras pas de faux témoignage;
19 honore ton père et ta mère et tu aimeras ton prochain comme toi-même.» 20 Le jeune homme lui dit: «J’ai respecté tous ces commandements. Que me manque-t-il encore?»
21 Jésus lui dit: «Si tu veux être parfait, va vendre ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres et tu auras un trésor dans le ciel. Puis viens et suis-moi.»
22 Lorsqu’il entendit cette parole, le jeune homme s’en alla tout triste, car il avait de grands biens.
23 Jésus dit à ses disciples: «Je vous le dis en vérité, il est difficile à un riche d’entrer dans le royaume des cieux.
24 Je vous le dis encore, il est plus facile à un chameau de passer par un trou d’aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu.»
25 Quand les disciples entendirent cela, ils furent très étonnés et dirent: «Qui peut donc être sauvé?» 26 Jésus les regarda et leur dit: «Aux hommes cela est impossible, mais à Dieu tout est possible.»
Le récit commence par cette question posée par le jeune homme riche :
[1. Maître, que dois-je faire de bon pour avoir la vie éternelle ?]
Le jeune homme voit en Jésus un maître censé savoir ce qu’il est bon de faire pour avoir la vie éternelle.
La plupart des gens aujourd’hui pensent que s’il y a un paradis, alors il suffit de faire le bien pour y accéder.
Quelles que soient nos croyances, peu importe, tant que l’on fait le bien, il n’y a pas de raison d’être refusé au paradis.
Mais que signifie faire le bien ? Quelles bonnes choses faut-il faire pour être assuré d’avoir une place dans le royaume des cieux ?
Le jeune homme riche veut certainement être conforté dans sa croyance.
Jésus lui répond d’abord avec une question rhétorique :
« Pourquoi m’interroges-tu sur ce qui est bon ? Un seul est bon. »
Si l’on veut une traduction plus exacte, Jésus dit précisément : « un seul est LE bon ». Autrement dit, Dieu seul est bon.
Par ce début de réponse, Jésus le fait déjà réfléchir. Si Dieu est le seul à être parfaitement bon, peux-tu atteindre le même niveau que lui ?
Comparé à Dieu, peux-tu prétendre être bon ?
Jésus pose la question sans aller plus loin, il veut le faire réfléchir, mais il sait que l’homme aura du mal à se remettre en question, alors il l’amène un peu plus loin dans la discussion, pour qu’il se rende compte de ses limites.
Je pense que nous pourrions ressembler à ce jeune homme.
Quand nous prétendons être assez bons pour mériter le paradis, n’avons-nous pas le même raisonnement que lui ? Et ne sommes-nous pas, nous aussi, souvent réticents à nous remettre en question ?
Puisque Dieu est sa référence, Jésus le renvoie à la loi de Dieu. C’est la deuxième partie de la réponse de Jésus :
« Si tu veux entrer dans la vie, respecte les commandements.»
À ce stade de la discussion, le jeune homme devait être assez satisfait, car c’est quelqu’un qui respecte les commandements.
Mais il veut plus de précisions : « lesquelles ? » Demande-t-il.
Jésus cite alors la moitié des 10 commandements. Nous verrons dans un instant pourquoi il ne cite que la moitié.
«Tu ne commettras pas de meurtre; tu ne commettras pas d’adultère; tu ne commettras pas de vol; tu ne porteras pas de faux témoignage; 19 honore ton père et ta mère et tu aimeras ton prochain comme toi-même.»
Cette réponse satisfait encore notre homme qui annonce à Jésus :
« J’ai respecté tous ces commandements. Que me manque-t-il encore ? »
Cet homme est manifestement quelqu’un de bien. Il ne fait de mal à personne, il ne pratique pas le faux témoignage, autrement dit, il ne ment pas, il honore ses parents et il vient en aide à son prochain.
Mais il pose une question qui révèle un peu son état d’esprit :
[2. Que me manque-t-il ?]
Que me manque-t-il encore ?
Sa précédente question c’était : que dois-je faire ?
Et là c’est : que me manque-t-il ?
Même si cet homme fait le bien autour de lui, ses questions sont centrées sur lui : que dois-je faire / que me manque-t-il ?
Cette dernière question laisse entendre qu’il aimerait bien tout avoir. Il est déjà riche et il pratique déjà les commandements. Que lui manque-t-il encore ?
Quelle est sa motivation ? Il dit qu’il veut savoir quoi faire pour avoir la vie éternelle, mais j’ai aussi l’impression qu’il aimerait bien avoir l’approbation de Jésus, du peuple et de Dieu.
Je pense que nous aussi, parfois, nous pouvons avoir l’impression d’avoir tout ce qu’il faut : une vie sans trop de soucis, une maison, un jardin, une famille, des amis, des week-ends, des vacances, un travail, à manger tous les jours, une vie assez honnête pour penser que si le paradis existe, nous avons bien notre place.
Que nous manque-t-il encore pour être bien vu de Dieu ?
La réponse de Jésus constitue un premier rebondissement.
«Si tu veux être parfait, va vendre ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres et tu auras un trésor dans le ciel. Puis viens et suis-moi.»
On peut noter qu’au départ, l’homme voulait savoir quoi faire pour avoir la vie éternelle.
Ensuite, cela évolue, il veut maintenant savoir ce qui lui manque, comme lorsqu’un collectionneur cherche à savoir ce qui lui manque pour compléter sa collection.
Jésus entre un peu dans la logique de l’homme riche : « si tu veux être parfait, voici ce que tu dois faire. »
On pourrait aussi traduire : « si tu veux être complètement vertueux », ou mieux encore : « si tu veux être accomplis ».
L’homme cherche ce qui lui manque et Jésus lui dit comment combler entièrement ce manque.
Il doit tout vendre, tout donner aux pauvres, puis suivre Jésus.
Suivre Jésus ce n’est pas juste le suivre géographiquement. Suivre Jésus c’est marcher sur ses pas, vivre comme il a vécu, aimer comme il a aimé ses ennemis, se sacrifier comme il s’est sacrifié.
Suivre Jésus implique un abandon total, c’est la foi, c’est la confiance.
L’homme riche avait confiance en ses richesses.
En cas d’imprévu, il aurait eu de quoi subvenir à ses besoins, il avait confiance en son argent, il se sentait en sécurité grâce à ses richesses. Il avait aussi confiance en sa personne. Il pratiquait assez le bien pour avoir une place au paradis.
Mais celui qui veut suivre Jésus ne peut pas avoir deux maîtres. Le maître c’est celui qui dirige notre vie, c’est celui pour qui on vit.
Cet homme vivait pour alimenter ses satisfactions personnelles, ses richesses et son estime de soi. Il avait confiance en ces choses.
Il avait un maître, même deux maîtres : ses richesses, et ses bonnes œuvres. C’est ce qui lui procurait satisfaction.
Et nous quels sont nos maîtres ? Pour qui et pour quoi vivons-nous ? Qu’est-ce qui dirige notre vie ?
Nous avons tous un ou plusieurs maîtres.
Jésus lui dit que pour être accompli, il doit lâcher ses maîtres pour suivre un seul maître.
Cela ne signifie pas qu’il faut tout vendre, tout quitter et abandonner nos êtres chers. Cela signifie que ces choses et ces personnes ne devraient plus diriger nos vies.
Ce récit n’est pas une incitation à vendre tous nos biens pour tout donner aux pauvres. Jésus lui a demandé cela spécifiquement à lui. C’était une demande personnalisée.
Les richesses ne sont pas une mauvaise chose dans la Bible, mais dans le cas de cet homme, il mettait sa foi en ses richesses et ses bonnes œuvres plus qu’en Dieu. C’est d’ailleurs pour cela qu’il s’en va tout triste, car il n’arrive pas à lâcher ses maîtres.
Pourtant, Jésus lui promet un trésor dans le ciel et donc la vie éternelle. Mais il n’y arrive pas.
Jésus lui fait prendre conscience qu’il arrive à respecter la moitié des dix commandements, mais pas l’autre moitié.
Les 5 premiers commandements sont axés sur Dieu et notre relation avec lui.
Par exemple, voici le premier :
« Je suis l’Éternel, ton Dieu, qui t’ai fait sortir d’Égypte, de la maison d’esclavage. Tu n’auras pas d’autres dieux devant moi. »
Sur le papier, ce commandement semble facile, mais en réalité, nous avons probablement des dieux dans notre vie, des choses ou des personnes qui ont une telle influence sur nous, qu’ils deviennent nos maîtres.
La liberté ce n’est pas de n’avoir aucun maître… De fait, nous avons tous des maîtres. La liberté consiste à suivre le bon maître, celui qui nous veut du bien, celui qui nous dirige vers l’accomplissement de notre vie, ce pour quoi nous avons été créés.
Je conclue par mon troisième et dernier point.
[3. Le jeune homme s’en alla]
Il aurait pu s’en aller vendre ses biens, mais le texte nous relate qu’il s’en alla tout triste, car il avait de grands biens et il y tenait trop.
Et nous, comment allons-nous nous en aller ce matin, après avoir entendu ce récit ?
Jésus termine en disant qu’il est plus facile à un chameau de passer par un trou d’aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu.
Les disciples réagissent et se demandent : qui peut être sauvé ?
Jésus les regarda et leur dit :
«Aux hommes cela est impossible, mais à Dieu tout est possible.»
Personnellement je vous avoue que j’ai du mal à toujours faire confiance en Dieu. Lorsque des difficultés de la vie surviennent ou lorsque l’avenir m’inquiète, je cherche souvent des solutions humaines, je réfléchis avec une logique humaine et je peux être tracassé.
Si je devais tenter d’accéder au royaume des cieux par mes propres moyens, par ma propre capacité à compter sur Dieu, par ma propre capacité à respecter les commandements, alors je n’y arriverais pas.
Mais ce qui m’est impossible à moi, cela est possible à Dieu.
Ce que je trouve de fascinant dans ce récit, c’est que Jésus annonce à la fois les exigences pour entrer dans la vie éternelle, et à la fois la grâce, car nous ne pouvons pas satisfaire toutes ces exigences.
Nous sommes appelés à l’humilité et à reconnaître notre propre incapacité à suivre Dieu.
Et alors que nous nous rendons compte de nos limites, de ce qui nous manque, Jésus annonce que ce qu’il nous est impossible de faire, Dieu peut le faire pour nous.
Le salut est rendu possible, non pas parce que nous faisons le bien, mais parce que Dieu nous fait grâce.
Cela ne signifie pas que nous pouvons vivre comme bon nous semble. Si nous avons vraiment compris la grâce, nous chercherons à suivre Jésus.
Mais le point de départ, ce n’est pas notre propre action, c’est la grâce de Dieu et l’acceptation de cette grâce.
Comment allons-nous nous en aller ce matin ?
Le jeune homme s’en est allé en gardant ses maîtres, ses richesses et ses bonnes œuvres.
Jésus nous appelle à nous en aller pour nous débarrasser de tous nos maîtres puis de le suivre, lui le messager de la grâce. Et si nous n’y arrivons pas, confessons-le-lui et il fera pour nous ce que nous n’arrivons pas à faire.
Les premiers, ceux qui comptent sur leurs richesses et leurs bonnes œuvres, seront les derniers. Et les derniers, ceux qui se reconnaissent incapables et indignes, seront les premiers.