Libres ou prédestinés ? (Ephésiens 1.1-14)

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Cette pièce vous dit-elle quelque chose ? Personnellement, cette pièce de 1 franc me rappelle des souvenirs d’enfance. À l’époque, avec trois pièces de 1 franc, ce qui équivaut à 45 centimes d’euros, on pouvait par exemple acheter une baguette de pain en boulangerie.

Ce que j’aimerais montrer avec cette pièce, ce sont les inscriptions que l’on y trouve. Des inscriptions que j’ai toujours remarquées, mais dont je ne comprenais pas tout à fait le sens quand j’étais enfant : liberté, égalité, fraternité, la devise de la France.

Ces trois mots, je les apercevais à chaque fois que je sortais mes pièces de mon porte-monnaie. Il semblerait que ces mots apparaissent encore sur quelques euros, mais ce n’est plus si courant. De plus, aujourd’hui nous utilisons de moins en moins la monnaie au profit de la carte bancaire et autres moyens de paiement électroniques.

Le premier mot de la devise française est très important pour un français : liberté.

La liberté est le mot d’ordre de notre siècle, nous voulons avoir la possibilité de faire ce que nous voulons, quand nous voulons, de la manière dont nous le voulons et avec qui nous voulons.

Nous n’aimons pas que l’on nous dise que penser ou que faire.

La liberté est censée nous libérer, nous rendre plus épanouis, plus heureux.

Et voilà que la Bible nous parle de prédestination, de plan de Dieu, de choix de Dieu pour l’humanité, et même pour chacun de nous.

La Bible parle d’un Dieu « maître de notre vie », il est le Seigneur, le Tout-Puissant sur notre existence.

Entre la liberté qui nous est si chère et la souveraineté de Dieu, il y a comme deux concepts qui s’opposent, si bien que la souveraineté de Dieu nous pose problème.

De la Genèse à l’Apocalypse, la Bible ne cesse de parler de la souveraineté de Dieu, du plan de Dieu et de la prédestination, dans de nombreux passages.

Souvent, on dit que ces passages sont difficiles à comprendre.

Sont-ils difficiles à comprendre ou bien difficiles à accepter ?

Je dirais que c’est un peu des deux. La souveraineté de Dieu est difficile à accepter parce qu’elle n’est pas souvent bien comprise.

Je vous propose d’aborder ce thème à travers la lettre de Paul aux Éphésiens. Je ne prétends pas avoir tout compris, la souveraineté de Dieu demeure un mystère pour moi, mais un mystère que l’on peut tout de même approcher, il me semble.

Nous lisons donc la première lettre de Paul aux Éphésiens, chapitre 1, versets 1 à 14.

1 De la part de Paul, apôtre de Jésus-Christ par la volonté de Dieu, aux saints qui sont à Éphèse et qui sont fidèles en Jésus-Christ:
2 que la grâce et la paix vous soient données de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus-Christ!

3 Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ, qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ!
4 En lui, Dieu nous a choisis avant la création du monde pour que nous soyons saints et sans défaut devant lui. Dans son amour,
5 il nous a prédestinés à être ses enfants adoptifs par Jésus-Christ. C’est ce qu’il a voulu, dans sa bienveillance,
6 pour que nous célébrions la gloire de sa grâce, dont il nous a comblés dans le bien-aimé.
7 En lui, par son sang, nous sommes rachetés, pardonnés de nos fautes, conformément à la richesse de sa grâce.
8 Dieu nous l’a accordée avec abondance, en toute sagesse et intelligence.
9 Il nous a fait connaître le mystère de sa volonté, conformément au projet bienveillant qu’il avait formé en Christ
10 pour le mettre à exécution lorsque le moment serait vraiment venu, à savoir de tout réunir sous l’autorité du Messie, aussi bien ce qui est dans le ciel que ce qui est sur la terre.
11 En lui nous avons été désignés comme héritiers, ayant été prédestinés suivant le plan de celui qui met tout en œuvre conformément aux décisions de sa volonté
12
 pour servir à célébrer sa gloire, nous qui avons par avance espéré dans le Messie.
13 En lui vous aussi, après avoir entendu la parole de la vérité, l’Évangile qui vous sauve, en lui vous avez cru et vous avez été marqués de l’empreinte du Saint-Esprit qui avait été promis.
14 Il est le gage de notre héritage en attendant la libération de ceux que Dieu s’est acquis pour célébrer sa gloire.

Dans ce début de lettre, l’apôtre Paul dit tellement de choses que l’on pourrait se perdre en court de lecture et ne pas percevoir là où il veut en venir.

Que dit-il dans cette introduction ?

Quelle est l’idée principale ?

Il me semble que l’on peut résumer son discours ainsi, en une phrase :

Nous sommes prédestinés
… à être comblés en lui,
… pour célébrer sa gloire.

Je propose de développer cette phrase en trois parties. Tout d’abord, nous sommes prédestinés.

[1. Nous sommes prédestinés]

Que signifie être prédestinés ? Cela signifie que Dieu nous destine d’avance à être ses enfants. Cette idée va de pair avec la notion de souveraineté de Dieu, avec le fait qu’il a un plan, une volonté et qu’il la réalise.

Cette notion de prédestination ou de volonté de Dieu apparaît dans pratiquement la moitié du texte. Dans 7 versets sur 14.

Par exemple, dans les versets 4 et 5 :

« 4 En lui, Dieu nous a choisis avant la création du monde 5 il nous a prédestinés à être ses enfants adoptifs par Jésus-Christ. C’est ce qu’il a voulu, dans sa bienveillance. »

Nous allons revenir sur ces versets dans quelques instants. Mais avant cela, j’aimerais présenter brièvement la notion du libre arbitre selon l’athéisme.

Il y a plusieurs types d’athéisme, mais l’athéisme qui pousse jusqu’au bout son raisonnement affirme qu’en dehors du matériel, rien d’autre n’existe.

Autrement dit, les seules choses qui existent, ce sont les atomes, les molécules, les particules, etc.

En revanche, Dieu n’existe pas puisqu’il n’est pas matériel, les outils scientifiques ne permettent pas de le percevoir.  De même, l’âme n’existe pas puisqu’elle n’est pas matérielle.

Et les athées qui vont jusqu’au bout de ce raisonnement sont partisans de ce que l’on appelle le déterminisme radical. Cela signifie que tout est déterminé d’avance.

En effet, s’il n’existe rien d’autre que le matériel, alors l’activité mentale n’existe pas, autrement dit, la pensée n’existe pas.

La pensée, la réflexion, les émotions, seraient justes des réactions chimiques et électriques qui ont lieu dans mon cerveau et que je ne contrôle pas, j’ai juste l’impression de penser et de ressentir des choses, mais finalement, ce ne sont que des réactions physiques contrôlées par les lois de la nature. Ce sont seulement des séries de causes et d’effets.

Cette branche de l’athéisme affirme donc que nous n’avons aucun libre arbitre, puisque tout est déterminé par les lois de la nature. Puisque je ne contrôle pas ma pensée, alors je ne contrôle pas mes choix, et donc, je n’ai aucun libre arbitre.

Personnellement, je trouve cette position très cohérente. Je n’y adhère pas, mais je trouve qu’elle est cohérente. Si les seules choses qui existent sont uniquement matérielles, sous forme de particules et d’atomes, alors effectivement, le spirituel n’existerait pas, Dieu n’existerait pas, l’âme n’existerait pas, la pensée n’existerait pas, le libre arbitre n’existerait pas.

Tout cela pour dire que si nous pensons avoir une certaine liberté, cette liberté vient de nos choix. Nos choix viennent de notre pensée, et notre pensée n’est pas matérielle, elle est spirituelle, elle est en tout cas du domaine de l’invisible.

Parmi le monde invisible, nous croyons qu’il y a un Dieu créateur, et en tant que créateur, il avait un plan, un projet. Ce projet, l’apôtre Paul nous le décrit en particulier dans les versets 4 et 5 que l’on peut résumer ainsi :

« Avant la création du monde, il nous a prédestinés à être ses enfants. »

Est-ce que cela signifie que nous n’avons aucun choix, aucun libre arbitre ?

Si, nous avons bien une liberté, mais une liberté biaisée par notre nature humaine. Une nature humaine qui a tendance à rejeter Dieu, une nature humaine qui a tendance à s’écarter de Dieu, c’est ce que la Bible appelle le péché.

Pour Martin Luther il serait plus juste dire que nous n’avons pas vraiment de libre arbitre, mais plutôt un serf arbitre, c’est-à-dire, une liberté esclave de notre nature humaine, de notre péché.

Je prends un exemple tout simple. C’est un exemple qui fonctionnerait avec mes enfants, peut-être pas les vôtres, mais avec les miens cela fonctionnerait.

Imaginons qu’au moment du repas de midi, je mette sur la table, d’une part, une tarte aux poireaux et d’autre part, un « Happy meal » de chez MacDo, c’est-à-dire un menu enfant avec hamburger-frites.

Je leur dis : vous avez la pleine et totale liberté de choisir ce que vous voulez manger, vous êtes absolument libres à 200%.

Vont-ils faire un bon choix ?

Malgré leur liberté, malgré le fait que ma femme et moi nous les sensibilisons à la nourriture saine, je sais déjà ce qu’ils vont choisir, ils vont choisir le hamburger-frites de MacDo.

N’est-ce pas pareil pour nous ? Nous avons effectivement une certaine liberté, mais elle reste esclave de notre nature humaine. Il n’y a qu’à regarder notre monde du XXIe siècle pour nous rendre compte de ce que produit la nature humaine lorsqu’elle agit selon sa propre liberté.

C’est là que Dieu intervient. Heureusement qu’il intervient pour nous délivrer de cette nature humaine, de ce péché.

Oui, Dieu s’immisce dans notre vie et heureusement. Il a élaboré un plan, prévu bien longtemps avant notre naissance, afin de nous amener à lui, pour être en relation avec lui.

Ainsi, ce n’est plus notre nature humaine qui nous dirige, mais Dieu.

J’en arrive à mon deuxième point, qui est la deuxième partie de ma phrase.

[1] Nous sommes prédestinés

[2. … à être comblés en lui]

L’expression « en lui » apparaît également de nombreuses fois dans le discours de l’apôtre. 5 fois dans tout le texte.

Ce que Paul veut dire, c’est que toutes les bénédictions, toutes les grâces de Dieu se réalisent en Jésus, dans une relation avec Jésus. Jésus nous comble de sa grâce selon le verset 6.

Grâce à lui, nous ne sommes plus livrés à nous-mêmes, nous sommes unis à Dieu. Nous sommes en quelque sorte rescapés. Nous étions comme naufragés, ne pouvant pas nous sauver nous-mêmes, et Dieu est venu nous secourir.

Prenons une autre illustration pour montrer ce que Jésus a fait pour nous.

Imaginez que vous décidiez d’élaguer les arbres de votre jardin, mais que par mégarde, une grosse branche tombe sur la voiture de votre voisin. Une belle BMW toute neuve, totalement abîmée à cause de votre branche tombée.

Votre assurance ne prend pas en charge ces frais et vous n’avez pas les moyens de faire réparer la voiture.

Le propriétaire de la voiture serait en droit d’obtenir réparation, cette situation pourrait vous mettre en difficulté et même vous endetter.

Mais au lieu de demander réparation, ce voisin décide de payer lui-même les réparations à votre place, de prendre sur lui les frais, de racheter votre erreur.

C’est un ainsi que Jésus a agi envers nous.

Parfois j’entends la question : pourquoi Dieu ne peut-il pas simplement pardonner, sans passer par Jésus. Pourquoi Jésus est-il nécessaire ?

Pourquoi dans sa lettre, l’apôtre Paul précise sans cesse : « en lui », « en Jésus » ? Y a-t-il vraiment besoin de Jésus ?

Oui, car l’humanité a brisé la relation avec Dieu, et pour réparer cette relation, il faut que quelqu’un paye, tout comme il fallait payer les réparations de la voiture cassée.

Ce que Jésus a payé, il l’a payé non pas en argent, mais il a payé de sa vie.

Verset 7 : En lui, par son sang, nous sommes rachetés, pardonnés de nos fautes, conformément à la richesse de sa grâce.

Quel est le but de tout cela ? Pourquoi Dieu nous sauve-t-il du péché ?

L’apôtre Paul le répète comme un refrain dans ses paroles, il le dit 3 fois, aux versets 6, 12 et 14 : pour célébrer sa gloire.

C’est la troisième partie de notre phrase :

[1] Nous sommes prédestinés [2] à être comblés en lui

[3 … pour célébrer sa gloire]

La gloire de Dieu c’est la manifestation de Dieu. Il se manifeste par sa bonté, sa grâce, son pardon, son fils Jésus, ses bénédictions, etc.

Nous sommes sauvés pour célébrer la gloire de Dieu, pour en témoigner, pour nous en réjouir, pour le louer, pour l’honorer. C’est le but de notre vie, c’est pour cela que Dieu nous sauve.

Une fois de plus, cela est à l’opposé des objectifs des êtres humains qui sont plutôt égocentriques. Je ne veux pas dire que nous sommes tous égoïstes, mais égocentriques.

La gloire que nous voulons célébrer, c’est la nôtre. C’est pour cela que nous tenons tant à notre liberté, parce que nous voulons avoir un sentiment de toute-puissance, être maîtres de notre vie, être au contrôle de notre existence.

Mais Dieu nous a plutôt créés pour célébrer sa gloire à lui.

Comment cela se manifeste concrètement ? Paul nous le dira dans la suite de sa lettre, nous le verrons dans les semaines à venir.

Cela dit, célébrer sa gloire, ce n’est pas naturel, c’est souvent l’inverse de ce que nous voulons faire. C’est pour cela que Dieu intervient dans notre vie, pour nous y aider.

Nous cherchons souvent à nous servir nous-mêmes, à travers les plaisirs éphémères qui nous font oublier la dure réalité de ce monde et de la vie.

Nous voulons être libres et surtout ne pas nous faire imposer des choix.

C’est un souhait tout à fait légitime de vouloir être libres, mais comme nous l’avons vu, notre liberté, sans Jésus, c’est une illusion de liberté.

Entre la tarte au poireau et le hamburger-frites, entre glorifier Dieu et se glorifier, nous avons tendance à faire le second choix.

De manière paradoxale, c’est en nous attirant à lui que Dieu nous rend vraiment libres.

C’est ma conclusion et c’est simplement le verset 14 :

[Conclusion]

14 [Le Saint-Esprit] est le gage de notre héritage en attendant la libération de ceux que Dieu s’est acquis pour célébrer sa gloire.

L’apôtre parle de la libération de ceux que Dieu s’est acquis. Cela peut nous paraître contradictoire, mais ça ne l’est pas.

Dieu nous rachète, Dieu nous sauve, Dieu nous prédestine, afin de nous rendre véritablement libres.

Sans Jésus, notre liberté est soumise à la nature humaine. Mais en Jésus, en relation avec lui, nous avons une vraie liberté, celle de choisir le sauveur et de le suivre.

Cette liberté nous rend capables de glorifier Dieu et de nous en réjouir. Notre bonheur ne se trouve pas dans notre glorification, mais dans celle de Dieu.

Oui, la liberté nous rend plus heureux, mais la liberté en Jésus, pas en nous-mêmes.

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