Le ticket du bonheur ? (Ephésiens 1.15-23)

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L’été dernier, nous avons gagné un ticket à la tombola de la fête du 14 juillet organisée par le comité d’animation de Guillonville.

C’est un billet pour une entrée adulte et une entrée enfant au zoo de Beauval, dans le Loir-et-Cher.

Lorsque nous avons été tirés au sort, nous étions très heureux de recevoir ces billets, et nous nous réjouissons par avance de pouvoir nous y rendre en famille prochainement.

Parfois, on compare souvent la foi en Jésus à un billet pour le paradis. Par la foi, nous croyons en Dieu, en son fils Jésus, venu pour nous offrir le pardon pour nos fautes. Il est mort pour nous, pour nous donner la vie éternelle.

La foi est ainsi présentée, parfois, comme un billet d’entrée au paradis, dont nous pouvons nous réjouir, tout comme nous nous réjouissons de pouvoir nous rendre à Beauval un de ces jours. Sauf que le paradis, c’est mieux que le zoo de Beauval, donc, nous pouvons d’autant plus être heureux d’avoir la foi !

Sauf que si nous présentons la foi chrétienne uniquement de cette manière, c’est un peu simpliste et en décalage avec la réalité.

Mon billet pour le zoo, il se trouve dans une enveloppe, rangée dans un meuble. Nous le sortirons et l’utiliserons le jour de la sortie à Beauval.

Faisons-nous la même chose avec la foi ? La gardons-nous bien soigneusement dans une enveloppe, rangée dans un meuble, en attendant le jour où nous en avons besoin ?

Et lorsque nous avons un coup de déprime, suffit-il de nous dire : « j’ai la foi, j’ai mon billet, je suis heureux, car j’ai mon billet d’entrée. »

Cette pensée suffit-elle à balayer la déprime ou les inquiétudes ?

La foi fonctionne-t-elle ainsi ? Serait-elle une sorte de porte-bonheur invisible ?

Malheureusement, j’ai l’impression que nous avons tendance à fonctionner ainsi, en nous disant par exemple :

« J’ai la foi, j’ai mon billet d’entrée, ce ticket je le range bien soigneusement quelque part dans mon cœur, et il est censé me procurer une consolation, une joie, un apaisement, en attendant le paradis. Le reste du temps, je vis ma vie comme tout le monde, à la différence que j’ai mon billet d’entrée. »

Trop de chrétiens vivent leur foi ainsi et moi-même il m’arrive de la vivre ainsi.

La foi, ce n’est pas cela. Alors qu’est-ce c’est ? Comment sommes-nous appelés à la vivre ?

C’est ce que je vous propose de voir ensemble en lisant la lettre de Paul aux Éphésiens. Même s’il ne va pas nous apporter toutes les réponses, son enseignement est très riche et pertinent.

La semaine dernière nous avons lu le début du chapitre 1, que nous pouvons résumer en une seule phrase, la suivante : « Paul affirme aux Éphésiens que Dieu les a destiné par avance à être comblé en Jésus, pour célébrer sa gloire, pour célébrer sa grandeur. »

C’est ce qu’il développe au début de sa lettre.

Nous lisons maintenant la suite de ce premier chapitre, je lis à partir du verset 13 que nous avions déjà lu, mais il nous aide à voir le lien avec la suite. Lisons donc les versets 13 à 23 :

13Et en Christ, vous aussi, vous avez entendu le message de vérité, cet Évangile qui vous apportait le salut ; oui, c’est aussi en Christ que vous qui avez cru, vous avez obtenu de Dieu l’Esprit saint qu’il avait promis et par lequel il vous a marqués de son sceau en signe que vous lui appartenez.

14Cet Esprit constitue l’acompte de notre héritage en attendant la délivrance du peuple que Dieu s’est acquis. Ainsi tout aboutit à célébrer sa gloire.

15Pour toutes ces raisons, moi aussi, après avoir entendu parler de votre foi au Seigneur Jésus et de votre amour pour tous les membres du peuple saint, 16je ne cesse de dire ma reconnaissance à Dieu à votre sujet quand je fais mention de vous dans mes prières.

17Je demande que le Dieu de notre Seigneur Jésus-Christ, le Père qui possède la gloire, vous donne, par son Esprit, sagesse et révélation, pour que vous le connaissiez ; 18qu’il illumine ainsi votre intelligence afin que vous compreniez en quoi consiste l’espérance à laquelle vous avez été appelés, quelle est la glorieuse richesse de l’héritage que Dieu vous fera partager avec les membres du peuple saint, 19et quelle est l’extraordinaire grandeur de la puissance qu’il met en œuvre en notre faveur, à nous qui plaçons notre confiance en lui.

Cette puissance, en effet, il l’a déployée dans toute sa force 20en la faisant agir en Christ lorsqu’il l’a ressuscité et l’a fait siéger à sa droite, dans le monde céleste.

21Là, Christ est placé bien au-dessus de toute Autorité, de toute Puissance, de toute Domination et de toute Souveraineté : au-dessus de tout nom qui puisse être cité, non seulement dans le monde présent, mais aussi dans le monde à venir. 22Dieu a tout placé sous ses pieds, et Christ qui domine toutes choses, il l’a donné pour chef à l’Église 23qui est son corps, lui en qui habite la plénitude du Dieu qui remplit tout en tous.

Dans cette lettre, Paul s’adresse à la communauté des chrétiens d’Éphèse, composée notamment de païens, c’est-à-dire, de non-juifs. Il leur dit qu’eux aussi, tout comme les juifs qui ont cru en Jésus, ils sont bien marqués par le sceau du Saint-Esprit. Eux aussi, ils sont héritiers de Dieu le Père, ils sont enfants de Dieu.

En d’autres termes, ils ont la foi, ils ont leur billet d’entrée au paradis.

L’apôtre Paul se contente-t-il de ce constat ? Leur dit-il : vous êtes enfants de Dieu, donc c’est bon, continuez à vivre avec la joie de savoir que vous avez le billet pour le paradis ?

Non, Paul n’en reste pas là. Il prie pour eux en demandant à Dieu de leur accorder autre chose.

C’est le premier point que j’aimerais soulever :

[1. Après leur conversion, les Éphésiens ont encore beaucoup à apprendre de Dieu]

Comment l’apôtre prie-t-il pour eux ?

Relisons quelques versets, à commencer par le 17 :

17Je demande que le Dieu de notre Seigneur Jésus-Christ, le Père qui possède la gloire, vous donne, par son Esprit, sagesse et révélation, pour que vous le connaissiez ; 

Paul prie pour que les Éphésiens connaissent Dieu. Ne le connaissent-ils pas déjà ?

Il est vrai que s’ils se sont convertis, ils ont démarré une relation avec Dieu, mais ils ne le connaissent pas complètement. D’ailleurs, Dieu est tellement grand que nous n’avons jamais fini de le connaître.

Paul prie pour que leur connaissance de Dieu soit une connaissance personnelle. Il ne veut pas qu’ils connaissent des choses sur Dieu, mais qu’ils connaissent Dieu lui-même.

Comment arriveront-ils à le connaître ? Grâce au Saint-Esprit, que l’apôtre appelle ici : l’Esprit de sagesse et de révélation.

Une fois de plus, pour connaître le Seigneur, nous avons besoin de son aide.

Il est intéressant de noter que la foi n’est pas une question d’expérience mystique indescriptible et inexplicable.

Notons aussi que l’apôtre ne prie pas pour quelque chose qu’ils ne possèdent pas encore.

J’ai parfois rencontré des gens qui attendent toujours plus d’expériences, plus de manifestations de Dieu, car les manifestations spectaculaires ou émotives seraient des signes d’un niveau spirituel supérieur.

Pour expliquer cette vision des choses, prenons l’exemple des jeux vidéo, notamment les jeux de course de voiture.

Il existe beaucoup de jeux vidéo où le joueur conduit des voitures de course. Il joue soit contre l’ordinateur, soit contre d’autres joueurs sur le même écran, soit contre d’autres joueurs en ligne.

Dans la plupart de ces jeux, le joueur commence avec une voiture de base, pas très jolie et pas très puissante. Et au fur et à mesure qu’il gagne des courses, il gagne des points, et avec ces points, il peut acheter plein de choses. Par exemple : une plus belle carrosserie, des pneus plus efficaces, des accessoires qui lui permettront de rouler plus vite, des options pour le moteur pour qu’il soit plus performant, etc.

J’ai l’impression que certaines personnes conçoivent la vie chrétienne de cette manière. Au début, nous serions juste des chrétiens de base, ensuite, en vivant une vie meilleure, nous gagnerions des pouvoirs supplémentaires, en l’occurrence des dons spectaculaires. Il y aurait ainsi plusieurs niveaux de chrétiens, des chrétiens plus spirituels avec plus de pouvoirs, et des chrétiens moins spirituels qui n’ont pas compris qu’il fallait toujours chercher plus.

Le défaut de cette vision, c’est que cela culpabilise certains chrétiens, car ils ont l’impression de ne pas avoir reçu assez et cela les rend insatisfaits de leur relation avec Dieu.

L’apôtre Paul ne présente pas les choses ainsi. Il prie en effet pour que les chrétiens d’Éphèse connaissent davantage le Seigneur, mais il ne s’agit pas de recevoir plus de pouvoirs ou plus d’expérience.

Ils connaissent déjà le Seigneur et il prie pour qu’ils le connaissent davantage.

Pour reprendre l’exemple du jeu de voitures, c’est comme si vous aviez déjà reçu la meilleure de toutes les voitures, la plus performante, la plus jolie et la plus rapide. Vous avez déjà tout reçu, mais : vous ne savez pas encore utiliser toutes les options et il vous faut apprendre à les découvrir.

Cela me rappelle une petite anecdote d’il y a une quinzaine d’années.

Ma sœur m’avait donné une enceinte qu’elle avait en double et je l’ai utilisée pendant toute une année pour brancher mon ordinateur et écouter de la musique. Pour moi c’était la fonction principale de cette enceinte, me servir de haut-parleur.

Un jour j’ai eu besoin de sonoriser un évènement où il y avait besoin d’un micro et d’un piano numérique. J’ai demandé à un ami quel genre d’installation il fallait pour brancher le micro et le piano.

Et j’ai découvert que l’enceinte que ma sœur m’avait donnée ne servait pas seulement de haut-parleur, mais aussi d’ampli. Je pouvais non seulement brancher un micro dessus, mais encore deux autres instruments, avec la possibilité de régler le volume pour chaque entrée. Et j’ai découvert encore pas mal d’autres possibilités avec cette petite enceinte.

Tout cela pour dire que cette enceinte, je l’avais déjà, mais je n’avais pas connaissance de toutes ses propriétés, et donc je ne les utilisais pas.

De même, l’apôtre Paul souhaite que les Éphésiens comprennent la grandeur de Dieu et la portée de leur espérance qu’ils ont déjà reçue.

C’est ce qu’il exprime des versets 18 à 20 :

18qu’il illumine ainsi votre intelligence afin que vous compreniez en quoi consiste l’espérance à laquelle vous avez été appelés, quelle est la glorieuse richesse de l’héritage que Dieu vous fera partager avec les membres du peuple saint, 19et quelle est l’extraordinaire grandeur de la puissance qu’il met en œuvre en notre faveur, à nous qui plaçons notre confiance en lui. Cette puissance, en effet, il l’a déployée dans toute sa force 20en la faisant agir en Christ lorsqu’il l’a ressuscité et l’a fait siéger à sa droite, dans le monde céleste.

Que ce soit l’espérance liée à leur destinée, la promesse d’héritage ou la puissance de Dieu manifestée en Jésus, ils ont déjà tout reçu. Paul prie pour qu’ils comprennent la richesse de ce qu’ils ont déjà reçu.

Cela nous amène à la question suivante, qui est mon deuxième point :

[2. Comment comprendre les richesses de ce que nous avons déjà reçu ?]

Cette question, l’apôtre y répond de manière plus développée dans le reste de sa lettre, nous allons l’aborder dans les semaines qui viennent. Je vais donc seulement donner un début de réponse.

Pour comprendre les richesses de ce que nous avons déjà reçu, nous avons d’abord besoin du Saint-Esprit, parce que pour comprendre, il faut que Dieu se révèle à nous.

C’est d’ailleurs pour cela que Paul prie, et nous sommes invités à prier nous aussi.

Paul ne leur donne pas la recette pour tout comprendre, il prie pour que Dieu les éclaire au verset 18 : « qu’il illumine ainsi votre intelligence afin que vous compreniez en quoi consiste l’espérance à laquelle vous avez été appelés ».

Comme la compréhension est donnée par Dieu, nous avons besoin de lui demander de nous guider, de nous ouvrir le cœur et l’intelligence.

Cela suppose en parallèle un autre préalable : l’humilité.

Nous ne savons pas tout et avons besoin d’être éclairés. Et puisque nous ne savons pas tout, nous avons aussi besoin de nous remettre en question. Et pour être remis en question, il faut accepter que d’être bousculés, d’être en désaccord avec Dieu et lui faire confiance en cas de désaccord.

Lorsque certains passages des Écritures nous choquent, nous dérangent, ne collent pas avec notre culture occidentale du XXIe siècle, il ne faut pas trop vite chercher une excuse pour minimiser la Parole de Dieu, mais lui demander humblement de nous éclairer.

L’important n’est pas que l’Évangile soit acceptable aux yeux de la société, mais que l’Évangile soit accepté dans nos cœurs.

Il me semble aussi que pour comprendre les bénédictions de Dieu, nous devons désirer les connaître. C’est un préalable évident, mais que nous oublions parfois.

En général, lorsqu’un sujet nous passionne, nous devenons incollables sur ce sujet. Récemment, j’ai entendu une personne parler de motos, je me suis senti inculte en l’écoutant. Elle aurait pu en parler pendant des heures, non seulement des caractéristiques des motos, mais aussi des sensations que procurent les motos.

Lorsque l’on est passionné, on n’a pas besoin de se faire prier pour s’instruire, on le fait naturellement. Lorsque l’on est passionné, le manque de temps n’est pas un obstacle.

Sommes-nous incollables sur qui est Dieu ?

Encore une fois, il ne s’agit pas de connaître des choses sur Dieu, mais de le connaître personnellement, lui et toute la richesse des bénédictions qu’il nous a déjà données.

La prière de l’apôtre va dans ce sens, il prie pour que leur cœur soit envieux de connaître la grandeur de Jésus.

En disant cela, je me rends compte que je n’ai pas un désir quotidien d’apprendre à le connaître davantage.

Moi aussi, comme nous tous, mes préoccupations humaines peuvent prendre le dessus et je me contente parfois d’avoir mon billet bien rangé dans une enveloppe, posée sur un meuble.

Les paroles de Paul ne sont pas là pour nous culpabiliser ou nous décourager, elles sont là pour nous stimuler.

Je le répète : les paroles de Paul ne sont pas là pour nous culpabiliser ou nous décourager, elles sont là pour nous stimuler.

En nous approchant du Christ par la foi, nous avons reçu de lui d’infinies richesses. Nous les possédons déjà, il n’y a plus qu’à les découvrir.

[Conclusion]

Pour conclure, je reprends juste l’exemple du billet d’entrée au Zoo de Beauval.

La foi n’est pas un simple billet d’entrée au paradis qui nous procurerait de la joie en y pensant.

La foi, c’est plutôt comme un passe partout que nous pouvons utiliser tous les jours.

Dieu veut nous faire découvrir tous les endroits où ce billet peut nous amener. Ne laissons pas cette foi dans une enveloppe et sur un meuble.

La fin du chapitre parle du Christ qui a tout pouvoir sur la terre et dans le monde invisible. La puissance de Dieu est manifestée en Jésus, mort et ressuscité. C’est son Esprit qui nous est donné.

Avec l’aide du Saint-Esprit, avec la prière, avec l’aide des frères et sœurs dans la foi, avec l’aide des Écritures, poursuivons notre découverte de Dieu. Réjouissons-nous, car il n’y a pas de niveau à passer pour recevoir plus, nous avons déjà tout reçu par grâce.

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