Petite histoire en période de Noël…
C’est une histoire vraie qui s’est déroulée ici-même, à Gaubert, cette semaine. Cette histoire a même eu lieu en partie dans le temple. Il me semble que les circonstances sont tellement guidées et à propos pour Noël, que je me voyais mal garder cette histoire pour moi.
Mardi de cette semaine, en fin d’après-midi, je rencontre des courses et Aude m’apprend qu’Anne-Marie et Jean-Marie Reynaud sont passés à l’église pour faire le ménage. C’est d’ailleurs l’occasion de les remercier et de dire aussi merci à tous ceux qui s’engagent dans ce service.
Aude m’apprend aussi qu’il y a un chat dans la salle de culte, mais que les Reynaud n’ont pas réussi à le faire sortir. Je décide donc de faire un tour dans la salle de culte pour voir ce qu’il en est.
Je regarde un peu dans les coins et les recoins, et je trouve effectivement un chat roux caché derrière la caisse jaune, au fond du temple, à côté de la sono.
Avec Aude on s’est demandé : comment a-t-il fait pour entrer ? Toutes les portes étaient fermées et il n’y avait aucune issue pour entrer. On a alors conclu que le chat est là depuis au moins dimanche. Il a dû entrer dans le temple pendant le culte du dimanche matin, et je sais que j’avais fermé le temple après que tout le monde soit parti, donc vers 13h00.
Le chat était donc là depuis 2 jours ! Il devait être bien fatigué, assoiffé et affamé, à moins qu’il ait trouvé quelques souris dans les parages, ce qui n’est pas impossible.
Afin de l’aider à sortir, on a apporté une coupelle d’eau, on a ouvert deux portes, et on s’est éloigné. Mais il n’a pas voulu sortir de sa cachette, il nous a regardé, mais n’a pas osé s’avancer.
On était donc bien embêté, on ne voulait pas trop le prendre avec les mains, d’autant plus que je suis allergique. On s’est aussi demandé : à qui pouvait-être ce chat. Il n’avait pas de collier, mais cela ne voulait rien dire.
Ne connaissant pas trop les chats et les propriétaires du voisinage, j’ai appelé Sylvain, je me suis dit qu’il pourrait avoir une idée. Si on appelait le propriétaire, il pourrait venir le chercher.
Sylvain était tout juste en train de rentrer du travail, il a pu me répondre tout de suite et même venir sur place avec des croquettes pour l’attirer dehors.
On ne voulait tout de même pas laisser ce chat une ou plusieurs nuits de plus enfermé dans le temple.
Lorsque j’entends la voiture de Sylvain arriver, je sors du temple et à peu près au même moment, le chat cours vers la sortie en me frôlant. Mais il ne va pas très bien loin.
Il s’arrête devant la garderie et nous regarde. Sylvain a eu la bonne idée d’apporter des croquettes pour le nourrir. Il était très content de pouvoir enfin se nourrir.
Pendant qu’il mangeait, Sylvain l’a pris en photo car il s’est souvenu d’une jeune femme qui a frappé à sa porte, il y a déjà plusieurs mois, car elle cherchait son chat.
Elle habite à plus de 30 km d’ici, mais elle cherchait à Gaubert car certaines raisons lui faisaient penser que son chat pouvait être ici.
Sylvain a retrouvé le numéro de cette jeune femme, il lui a envoyé la photo, et elle l’a reconnu. Nous avons appris que c’était une chatte, qui s’appelle Gaïa.
Gaïa était déjà repartie, mais Aude me disait qu’elle la voyait souvent autour de chez nous depuis plusieurs semaines, notamment pour se nourrir dans notre compost.
Le lendemain matin, donc mercredi, la propriétaire de la chatte était là avec sa famille, elle l’a appelée et elle l’a retrouvée.
C’était un moment de retrouvaille très émouvant. D’autant plus que nous avons appris que le lundi, ils venaient de perdre leur 2e chat suite à des problèmes de santé.
Nous en avons tous conclu que les circonstances étaient guidées par quelqu’un là-haut.
Dans la même semaine, la semaine de Noël, cette famille a perdu un chat. Le lendemain, ils apprennent que Gaïa, dont ils étaient séparés depuis 5 mois, a été retrouvée.
Gaïa a été retrouvée car il est resté coincé dans le temple, car Anne-Marie et Jean-Marie sont venus faire le ménage justement ce mardi-là, ensuite ils m’ont prévenu et j’ai appelé Sylvain, le seul du village à avoir le numéro de la propriétaire qui habite à 30km d’ici.
Cela fait beaucoup de coïncidences, est-ce du hasard où les circonstances ont-elles été guidées ?
En tout cas cela a permis des retrouvailles émouvantes, cela a permis à cette famille de vivre Noël autrement, cela a aussi permis une rencontre avec cette famille qui d’ailleurs, écoute peut-être le culte de ce matin en rediffusion !
Et cela me permet aussi de vous dire ce que cette histoire m’inspire en ce jour de Noël dans la prédication qui va suivre.
En effet, tout comme les propriétaires de Gaïa se sont déplacés pour retrouver leur chatte, parce qu’ils tiennent à elle, Dieu s’est déplacé pour venir à nous et nous amener à lui. Il est venu nous amener dans sa maison, je dirais même qu’il est venu pour nous ramener à la maison.
Prédication
Lorsque l’on pense à Noël et à la naissance de Jésus, on a souvent en tête un petit bébé, et c’est vrai que cet aspect de l’incarnation est interpellant. Dieu s’est mis à notre niveau, il s’est mis au niveau du plus petit d’entre nous, car il est venu pour tout le monde, que l’on soit petit ou grand, enfant ou adulte, puissant ou faible.
Mais Jésus n’est pas resté bébé, il est devenu un homme adulte et il a eu un ministère, un temps où il a servi Dieu, servi les hommes et annoncé le royaume de Dieu.
C’est l’un de ces textes que je vous propose de lire ce matin, un texte qui évoque aussi, à sa façon, ce que nous fêtons à Noël.
Nous lisons dans l’Évangile selon Luc, chapitre 19, versets 1 à 10.
1 Jésus était entré dans Jéricho et traversait la ville.
2 Or, un homme riche appelé Zachée, chef des collecteurs d’impôts,
3 cherchait à voir qui était Jésus, mais il n’y parvenait pas à cause de la foule, car il était de petite taille. 4 Il courut en avant et monta sur un sycomore pour voir Jésus, parce qu’il devait passer par là.
5 Lorsque Jésus fut arrivé à cet endroit, il leva les yeux, [le vit] et lui dit: «Zachée, dépêche-toi de descendre, car il faut que je m’arrête aujourd’hui chez toi.»
6 Zachée s’empressa de descendre et l’accueillit avec joie. 7 En voyant cela, tous murmuraient en disant: «Il est allé loger chez un homme pécheur.»
8 Mais Zachée, se tenant devant le Seigneur, lui dit: «Seigneur, je donne aux pauvres la moitié de mes biens et, si j’ai causé du tort à quelqu’un, je lui rends le quadruple.»
9 Alors Jésus dit à son propos: «Le salut est entré aujourd’hui dans cette maison, parce que lui aussi est un fils d’Abraham.
10 En effet, le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu.»
J’ai l’habitude de lire ce récit avec le précédent, qui relate la rencontre entre l’aveugle de Jéricho et Jésus. Je l’ai déjà abordé en étude biblique, c’est intéressant de voir les points communs avec le texte d’aujourd’hui.
Mais pour ce matin je vais me concentrer sur Zachée et sa rencontre avec Jésus.
Zachée était un homme riche et mal perçu par les juifs. Il était chef des collecteurs d’impôts. Ces gens étaient considérés comme des traitres, qui collaborent avec les romains. Ils étaient chargés de collecter l’impôt auprès des juifs pour les romains, ceux qui les dominaient.
Zachée veut voir Jésus, réputé pour son enseignement, pour ses guérisons et ses miracles.
Le texte nous précise plusieurs obstacles qui l’empêchent de le voir. Il y a non seulement la foule, mais aussi sa petite taille.
Cela dit, Zachée ne se laisse pas empêché, il trouve un moyen de voir Jésus, il grimpe sur un arbre, un sycomore, certainement un figuier d’Egypte.
À ce stade du récit, tout porte à croire que Zachée et Jésus ne se sont jamais rencontré auparavant. En effet, voici ce que nous apprennent les versets 2 et 3 :
« Or, un homme riche appelé Zachée, chef des collecteurs d’impôts, 3 cherchait à voir qui était Jésus. »
Et voilà que Jésus, malgré la foule qui l’entoure, remarque Zachée sur l’arbre et l’interpelle (verset 5) :
« «Zachée, dépêche-toi de descendre, car il faut que je m’arrête aujourd’hui chez toi.» »
Jésus connaît Zachée, il l’appelle par son nom, il lui fait l’honneur de se rendre chez lui. Jésus lui fait savoir que c’est une proposition imminente. « Dépêche-toi » lui dit-il, il n’y a pas de temps à perdre.
Zachée se réjouit, il se dépêche, il descend et accueille Jésus.
La foule est choquée.
Jésus, un enseignant, un homme sage, un homme de Dieu, va loger chez un homme pécheur. C’est un comportement indigne pour un bon juif.
Ce que je remarque, c’est que dans toute la Bible, Dieu se comporte agit toujours de la même façon. Son amour et sa bienveillance se manifeste toujours de la même manière. Et ce que je remarque aussi, c’est que Dieu est souvent incompris, car il ne raisonne pas et n’agit pas comme un être humain ordinaire le ferait.
Je m’explique :
Jésus avait une belle réputation, il était admiré, il avait des dizaines de milliers de followers comme on dirait aujourd’hui. Autrement dit, il avait des foules à sa suite. Cette foule le mettait sur un piédestal.
Et Jésus choisi de se rendre chez un pécheur, en tout cas, un homme considéré comme un pécheur. Un homme mis de côté par la société juive, un homme dont personne ne voulait être l’ami, réputé pour être un voleur, un profiteur.
Le regard de Jésus est totalement différent de celui de la foule. Ce que nous considérons comme prestigieux ne l’est pas forcément à ses yeux. Et ce que nous considérons parfois comme indigne ou méprisable est précieux à ses yeux.
Dieu a agi ainsi tout au long de l’histoire de son peuple, raconté à travers toute la Bible.
Il a choisi de se révéler à un petit peuple qui ne possédait même pas de terre. Un peuple qui a été esclave pendant des années dans un pays étranger. Il a choisi de venir dans le monde sous forme humaine, avec toute la fragilité qui va avec. Jésus est né dans une étable et non dans un endroit prestigieux.
Les premiers témoins de sa naissance n’étaient pas des gens honorables aux yeux de la société, mais de simples bergers.
Jésus a toujours été attentif aux plus petits, aux plus faibles, aux plus marginaux, aux pécheurs.
Ce que je trouve encore plus intéressant dans ce texte, c’est que cette scène avec Zachée reflète ce que Jésus est venu faire dans le monde.
Zachée voulait connaître Jésus mais il était empêché à cause de la foule et à cause de sa petite taille.
Finalement, Zachée peut être chacun de nous. Car à l’origine, nous sommes tous empêchés de connaître Jésus. Non pas à cause d’une foule ou à cause de notre petite taille, mais parce que notre nature humaine a tendance à rejeter ce qui vient de Dieu.
La foule traite Zachée de pécheur. Pour les juifs, un pécheur était quelqu’un de mauvais, quelqu’un qui ne respectait pas les commandements divins.
Mais selon la Bible, le pécheur c’est plus que ça.
Adam et Eve ont péché dans le jardin d’Eden, non pas parce qu’ils ont tué quelqu’un, non pas parce qu’ils ont fait du mal à une autre personne, non pas parce qu’ils ont menti, mais parce qu’ils ont mangé un fruit.
Quel mal y avait-il à manger de ce fruit ?
Il n’y avait rien de mal dans le sens où il n’ont fait de mal à personne, quoique, c’est à Dieu qu’ils ont fait du mal. Dieu leur avait demandé de ne pas y toucher, car y toucher reviendrait à désobéir à Dieu, à remettre en question l’autorité de Dieu dans leur vie.
D’après la Bible, c’est cela le péché, c’est remettre en question l’autorité de Dieu dans sa vie.
Le verbe pécher signifie manquer la cible. Dieu, en nous créant, a donné une raison à notre existence, c’est-à-dire : être en relation harmonieuse avec lui, prendre plaisir dans cette relation de paix et d’amour.
Mais en voulant vivre notre vie sans tenir compte de notre créateur, nous nous détournons de notre vocation. Dans ce sens nous manquons la cible, nous sommes pécheurs.
C’est cela le premier obstacle qui nous empêche de rencontrer Dieu, c’est notre refus de respecter son autorité.
Mais tout comme avec Zachée, malgré les obstacles et la distance qui nous sépare de Dieu, c’est lui qui vient à notre rencontre.
En Jésus, Dieu est venu à notre rencontre.
Zachée révèle à Jésus qu’il a pris la décision d’être honnête dans son travail (verset 8) : «Seigneur, je donne aux pauvres la moitié de mes biens et, si j’ai causé du tort à quelqu’un, je lui rends le quadruple.»
Selon la formulation de sa phrase, qui est au présent, on ne sait pas si c’est quelque chose qu’il fait déjà ou si c’est quelque chose qui décide de faire désormais.
Quoiqu’il en soit, Jésus le déclare introduit dans l’alliance qu’il a conclue avec Abraham, l’ancêtre du peuple juif. Une alliance que Jésus renouvelle et qui est proposée à tous les peuples.
Verset 9 : « Le salut est entré aujourd’hui dans cette maison, parce que lui aussi est un fils d’Abraham. »
Cette déclaration de Jésus est très forte, car il affirme que le salut est entré chez Zachée.
Cette phrase a une double portée.
Premièrement, Jésus lui-même est le salut, c’est lui qui est entré chez Zachée.
Deuxièmement, il me semble que Zachée, ayant accueilli Jésus avec joie, est considéré comme régénéré, né de nouveau.
Jésus déclare que le salut est entré chez lui.
Enfin, le passage se termine par cette affirmation au verset 10.
« En effet, le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. »
Le fils de l’homme est une expression que Jésus utilise pour parler de lui-même, il fait référence à une expression utilisée par le prophète Daniel pour parler du messie. Par la même occasion, il met aussi en évidence son humanité.
Le fils de l’homme est venu, dit-il. Si Jésus est venu, c’est qu’il y a un point de départ et un point d’arrivé. D’où est-il parti si ce n’est du ciel ? Si ce n’est d’auprès du Père ?
Si Jésus voulait simplement dire qu’il est né, il aurait dit : « le fils de l’homme est venu au monde ».
Mais sa manière de dire qu’il est venu désigne une action volontaire de sa part : il était quelque part et il a décidé de venir.
Jésus affirme qu’il existait avant de venir sur terre. Il n’était pas encore incarné, il n’avait pas encore la nature humaine, mais il existait de toute éternité, il était auprès de Dieu et il était Dieu, comme l’annonce l’Évangile selon Jean.
Dieu est venu, dans la personne de Jésus, chercher et sauver ce qui était perdu.
Conclusion
Je conclue en faisant le lien avec l’histoire que je vous ai racontée tout à l’heure. L’histoire de Gaïa, la chatte qui a été perdue et qui a été retrouvée.
D’après la Bible, nous étions perdus, dans le sens où notre vie était séparée de Dieu. Nous n’avons pas été créés pour vivre loin de Dieu, nous avons été créés pour être en relation avec lui.
Sans lui, comment connaître la raison de notre existence, le sens de notre vie ?
Comment connaître la joie d’être auprès de notre Père céleste ? Une joie qui résiste même aux épreuves de la vie.
Notre créateur n’a pas accepté de nous perdre, il est venu nous chercher. Alors que Zachée n’arrivait pas à atteindre Jésus, il l’a appelé par son nom et s’est rendu chez lui.
Alors que nous n’arrivions pas à atteindre Dieu par nos propres forces, alors que les religions humaines n’étaient pas suffisantes pour atteindre Dieu, Dieu est venu sur terre. Il appelle chacun de nous à l’accueillir chez nous, dans notre vie.
Que ce Noël soit marqué par la joie d’être enfin à la maison, d’être enfin dans les bras de Dieu, celui en qui nous trouvons la paix, celui sur qui nous pouvons nous reposer.
J’ai reçu eu un bref échange de texto avec les propriétaires de Gaïa. Ils me disent qu’elle dort beaucoup depuis qu’elle est rentrée à la maison. Je me dis que si elle dort, c’est qu’elle a enfin trouvé l’endroit où se reposer en sécurité, après plusieurs mois loin de chez elle.
En cette période de Noël, et même au-delà, puissions-nous connaître le repos auprès de Jésus. Il nous ramène auprès du Père, abordons donc l’avenir, non pas avec inquiétude, mais en faisant pleinement confiance en lui.
Christian Huy
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