Réjouissez-vous des insultes… ??? (Matthieu 5.1-12)

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À cette période de l’année, nous nous souhaitons un joyeux Noël et une bonne année. Nous souhaitons à nos connaissances de passer de bonnes fêtes et une bonne fin d’année. Nous présentons nos meilleurs vœux, malgré le contexte sanitaire compliqué.

Maintenant, imaginez que je vous souhaite d’être insultés !

Imaginez qu’au lieu de vous présenter mes meilleurs vœux pour les fêtes, je vous dise : « bonne fin d’année, je vous souhaite de recevoir plein d’insultes, et surtout que l’on dise du mal de vous ».

Comment réagiriez-vous ?

Nous sommes d’accord de dire que ce genre de vœux serait très mal pris et même choquant.

Pourtant, Jésus a exprimé ce genre de vœux pour ses disciples. Bien sûr, il y a un contexte à prendre en compte. Il s’agissait d’être insulté pour sa foi en Jésus.

Mais ses paroles restent choquantes.

J’entends parfois dire que si Jésus était membre de l’une de nos Églises, il ne serait pas un membre très apprécié, car il choquerait beaucoup de gens.

Je pense que nous devrions nous laisser choquer par Jésus pour comprendre ce qu’il voulait dire.

Évidemment, Jésus n’a pas souhaité à ses disciples qu’ils soient insultés pour rien.

Voici exactement ce qu’il a dit en Matthieu 5.10-12

10 Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des cieux leur appartient!
11 Heureux serez-vous lorsqu’on vous insultera, qu’on vous persécutera et qu’on dira faussement de vous toute sorte de mal à cause de moi.
12 Réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse, parce que votre récompense sera grande au ciel. En effet, c’est ainsi qu’on a persécuté les prophètes qui vous ont précédés.

Il y a deux semaines, ma prédication portait sur le début des béatitudes. Les béatitudes désignent le début du sermon sur la montagne, un discours de Jésus présent notamment dans l’Évangile selon Matthieu. C’est là où Jésus déclare heureux ceux qui reconnaissent leur pauvreté spirituelle, heureux ceux qui pleurent, heureux ceux qui sont doux, etc.

Aujourd’hui, j’aimerais parler des béatitudes en commençant par la fin. Je commence donc par la persécution. Je reste dans l’esprit de l’avent, c’est un peu comme un compte à rebours, au lieu de commencer par le premier point, je commence par le dernier.

[8. Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice…]

En tout il y a 8 béatitudes, mais la dernière compte double, voire triple.

À chaque béatitude, Jésus déclare heureux celui qui adopte l’attitude décrite.

Pour la 8e béatitude, qui concerne celui qui est persécuté à cause de lui, Jésus le déclare trois fois heureux.

En fait, pour être plus précis, il utilise le mot « heureux » deux fois, et la troisième fois il dit « réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse ». C’est une manière de terminer en beauté.

Cette dernière béatitude est mise en évidence.

Que veut-il dire lorsqu’il dit : « Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des cieux leur appartient ! »

La justice est présente plusieurs fois dans le reste du sermon sur la montagne, et à chaque fois, elle est liée au royaume des cieux.

Par exemple, au verset 20, Jésus dira à ses auditeurs :

« Si votre justice ne dépasse pas celle des spécialistes de la loi et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux. »

Par là, il veut dire que pour entrer dans le royaume des cieux, il faut respecter plus que la loi à la lettre, il faut respecter l’esprit de la loi.

Par exemple, quand la loi dit qu’il ne faut pas tuer, Jésus dit que nos paroles peuvent faire l’effet d’un meurtre. Il faut donc ne pas tuer, mais aussi ne pas insulter son prochain.

Il y a la question de l’orientation du cœur.

Si notre justice n’est pas irréprochable, nous ne pourrons pas entrer dans le royaume des cieux sur la base du mérite. C’est une manière d’évoquer la grâce.

Il y a ce lien entre la justice et le royaume.

Plus loin, au chapitre 6 verset 33, Jésus dira :

« Recherchez d’abord le royaume et la justice de Dieu, et tout le reste vous sera donné en plus. »

Là encore, il y a un lien entre la justice et le royaume.

Dans le sermon sur la montagne, Jésus met en évidence que l’orientation du cœur est plus importante que l’apparence.

Selon sa justice, Dieu reçoit dans son royaume tous ceux qui lui ouvrent sincèrement leur cœur et qui s’efforcent de se laisser transformer, afin d’agir et de penser selon la justice de Dieu.

Imaginez que vous amenez un enfant faire un tour de manège sur une de ces grandes roues qui monte à plusieurs dizaines de mètres du sol.

Une fois monté dans la cabine, l’enfant se met debout sur son siège, car il ne veut pas s’asseoir.

Vous lui demandez de s’asseoir, mais il vous ignore.

Alors vous insistez : s’il te plaît, assieds-toi, c’est dangereux de se mettre debout sur le siège.

Et l’enfant répond : non, je ne veux pas obéir.

Alors vous vous mettez en colère et vous lui demandez fermement de s’asseoir.

L’enfant s’assoit enfin, mais il vous déclare : « je suis assis, mais dans mon cœur, je suis debout ».

L’enfant a-t-il obéi ?

(Faire un sondage.)

En fait, l’enfant a obéi en apparence, mais dans son cœur il est resté rebelle.

Cette question en amène une autre : quelqu’un qui s’efforce de faire le bien durant sa vie, mais qui rejette Dieu dans son cœur, est-il obéissant à Dieu ?

Selon la justice de Dieu, ce n’est pas seulement celui qui obéit en apparence qui entre dans le royaume des cieux, c’est celui qui a un cœur disposé.

Au temps de Jésus, un groupe de religieux obéissait en apparence : les pharisiens. Jésus n’arrêtait pas de leur dire que malgré leur obéissance apparente, leur cœur n’était pas orienté vers Dieu.

C’est à cause de ce genre de discours que Jésus a été persécuté et mis à mort. C’est aussi à cause de ce genre de discours que les disciples, et plus largement les chrétiens ne sont pas à l’abri des insultes.

Selon la justice de Dieu, le royaume des cieux est pour ceux qui reconnaissent leur pauvreté spirituelle, ceux qui reconnaissent avec humilité leur indigence devant le Seigneur.

Une bonne partie de la population ne supportait pas cet enseignement de Jésus, c’est notamment pour cela qu’il a été mis à mort.

Rien n’a changé aujourd’hui. Le disciple qui annonce fidèlement l’Évangile risque d’être insulté, on dira du mal de lui. Mais c’est un sujet de grande réjouissance pour lui, car cela est un signe de sa fidélité à Jésus.

Cette béatitude concernant la persécution est en lien avec la béatitude d’avant.

Passons à la 7e béatitude :

 [7. Heureux ceux qui procurent la paix, car ils seront appelés fils de Dieu !]

Quel rapport entre la paix et la persécution pour la justice de Dieu ?

La paix dont il est question ici, ce n’est pas la tranquillité.

Assez souvent, on a tendance à confondre la paix et l’apaisement.

La paix dont Jésus parle, ce n’est pas l’état zen, ce n’est pas la tranquillité.

Dans une famille, dans une Église, dans un groupe d’amis ou dans un couple, si l’on souhaite être tranquille, si l’on souhaite que tout soit paisible, il vaut mieux ne pas parler des sujets qui fâchent.

C’est exactement ce que les faux prophètes ont fait pendant toute l’Ancienne Alliance. C’est aussi ce que Dieu leur reproche.

Pas plus tard que jeudi soir, avec le groupe d’étude biblique de Gaubert-Ingré, nous avons lu dans le livre du prophète Jérémie que Dieu reprochait aux faux prophètes de dire : « tout va bien », alors que rien ne va.

Dire que tout va bien était pour eux une manière de ne pas faire d’histoire, de ne pas se mettre à dos les rois, les autorités et la population.

En disant que tout allait bien, ils étaient tranquilles, ils menaient la belle vie.

Mais ils n’apportaient pas la paix autour d’eux.

Selon Jésus, apporter la paix, c’est quand on aide à faire la paix. Autrement dit, c’est quand on cherche la réconciliation.

Dieu a souhaité se réconcilier avec l’humanité, c’est pour cela qu’il a envoyé Jésus, c’est cela que nous fêtons à Noël.

Pour que la paix soit possible, il faut admettre qu’il y a eu une relation brisée.

Ceux qui procurent la paix sont donc aussi ceux qui annoncent que ça ne va pas, que l’être humain a un problème relationnel avec Dieu.

Paradoxalement, ceux qui cherchent à apporter la paix ne sont pas très aimés, car ils mettent le doigt là où ça fait mal. D’où les insultes et la persécution dont Jésus parle dans ses béatitudes.

Comment avoir le courage de procurer la paix ? Comment oser proclamer que l’humanité a besoin de se réconcilier avec Dieu ?

Il faut d’abord vivre cette réconciliation, il faut d’abord reconnaître soi-même que l’on a besoin d’être en paix avec Dieu.

C’est pour cela que Jésus a dit dans sa 6e béatitude, au verset 8 :

[6. Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu !]

Avoir le cœur pur, c’est d’abord être transparent devant Dieu, ne rien lui cacher, même ses fautes et ses erreurs.

Avoir le cœur pur, c’est aussi avoir le cœur purifié par Dieu.

Tout à l’heure nous avions parlé des pharisiens. Jésus leur reprochait de laver l’extérieur de la coupe alors que c’est l’intérieur qui doit être propre.

Imaginez que vous allez au salon de thé et que l’on vous serve un thé dans une très belle tasse, mais lorsque vous regardez à l’intérieur, les parois sont infestées de moisissures. La tasse a beau être jolie à l’extérieur, cela ne sert à rien si l’intérieur est sale.

C’est pareil pour notre cœur.

Dieu seul peut opérer la purification de notre cœur. Il nous invite à lui confier cette tâche, dans les deux sens du terme.

Le cœur pur dont Jésus parle signifie non seulement la transparence devant Dieu, mais aussi devant les autres.

Avoir le cœur pur c’est aussi être honnête et sincère.

Comment procurer la paix et parler de réconciliation avec Dieu si notre témoignage n’est pas crédible ?

Notre relation avec Dieu impacte nécessairement notre relation avec les autres.

Cet aspect de la vie de disciple est particulièrement mis en avant dans la 5e béatitude au verset 7 :

 [5. Heureux ceux qui font preuve de bonté, car on aura de la bonté pour eux !]

Dans d’autres traductions, il est question de miséricorde.

À première vue, cette invitation à faire preuve de bonté ne peut que faire l’unanimité.

Mais si l’on prend en compte tout le sermon sur la montagne, Jésus n’invite pas seulement ses disciples à faire le bien. Il invite ses disciples à faire le bien abondamment, en toute situation et envers tout le monde.

Il ne s’agit pas que d’une ou plusieurs œuvres, il s’agit d’une manière de vivre.

Jésus dira clairement que procurer du bien aux personnes que l’on aime, c’est facile et il y a à peine du mérite à faire cela.

En revanche, faire preuve de bonté envers les méchants et même envers nos ennemis, c’est à cela que Jésus nous invite.

La miséricorde selon Jésus, c’est une miséricorde pour tous, pour les bons et les méchants. Pour les gens que l’on aime bien et les gens qui nous agacent.

Ces personnes que l’on trouve difficiles à supporter, il ne faut pas toujours aller bien loin pour les trouver, ils font peut-être partie de notre famille, notre communauté, notre voisinage ou nos collègues. Jésus nous invite à être bons aussi envers eux.

Cette 5e béatitude nous fait penser à la 4e. La bonté selon Dieu est différente de la bonté selon l’être humain, tout comme la justice selon Dieu, qui est différente de la justice selon l’être humain.

[4. Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés !]

À partir de maintenant je vais être un peu plus bref, car j’ai déjà abordé les 4 premières béatitudes il y a deux semaines.

Dans cette 4e béatitude, Jésus n’invite pas ses disciples à procurer la justice, mais à en avoir faim et soif, car seul Dieu peut procurer cette justice.

Il s’agit alors de désirer ce que Dieu désire.

La justice de Dieu est différente de celle des hommes, elle est plus juste, elle est meilleure. C’est pour cela que nous devons en avoir faim et soif, c’est une manière de demander à Dieu d’accomplir sa justice. Celle qui pardonne même au pire des pécheurs s’il se repent.

La bonté de Dieu s’étend à toute l’humanité, sa justice aussi. C’est à lui que nous devons regarder pour arriver à faire preuve de bonté autour de nous.

Pour aspirer à cette justice et faire miséricorde, nous avons besoin d’humilité, de nous rendre compte que nous ne sommes pas forcément meilleurs que notre prochain, c’est ce dont il est question dans la 3e béatitude :

[3. Heureux ceux qui sont doux, car ils hériteront la terre !]

La douceur, c’est le contraire de la force. C’est caractéristique du Christ, qui est venu non pour être servi, mais pour servir. Il n’est pas venu sur un char militaire, il n’est pas né dans un palais, mais dans une étable.

Être doux avec quelqu’un, c’est ne pas le prendre de haut, ne pas penser que l’on est supérieur à lui.

Nous arrivons aux deux premières béatitudes que je trouve étroitement liées :

[2. Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés!]

[1. Heureux ceux qui reconnaissent leur pauvreté spirituelle, car le royaume des cieux leur appartient!]

Toutes les béatitudes vont ensemble, car celui qui reconnaît pleinement sa pauvreté spirituelle se met à genoux devant Dieu, il en pleure et il fait ensuite preuve d’humilité et de douceur.

Reconnaître notre pauvreté spirituelle, c’est reconnaître notre besoin de Dieu. Sans lui, nous sommes perdus, nous sommes sans repères, autrement dit, nous sommes esclaves du péché.

Dans la Bible, pour quelles raisons les hommes de Dieu pleurent-ils ?

Voici ce que déclare l’auteur du psaume 119 au verset 136 :

« Mes yeux versent des torrents de larmes parce qu’on ne respecte pas ta loi. »

Dans le Nouveau Testament, voici ce que déclare l’apôtre Paul en Philippiens 3.18 :

« En effet, beaucoup se conduisent en ennemis de la croix de Christ; je vous ai souvent parlé d’eux, et je le fais maintenant encore en pleurant. »

Les hommes de Dieu, dans la Bible, pleuraient parce qu’ils se rendaient compte à quel point le péché est incrusté dans l’être humain.

De la pauvreté spirituelle à la persécution, tout est lié, tout est centré sur Jésus, sur ses promesses de paix et de justice.

Pour conclure, pourquoi ai-je choisi ce texte en période de Noël ?

[Conclusion]

Pendant Noël, la plupart des Occidentaux s’offrent des cadeaux.

Pour nous, Noël c’est avant tout un cadeau que l’on reçoit de la part de Dieu.

Il est venu lui-même sur terre pour nous guider vers le Père.

Les cadeaux sont censés nous rendre heureux, ils sont censés nous faire plaisir.

Quand j’entre dans un magasin, il arrive que le vendeur me demande : « avez-vous trouvé votre bonheur ? »

À Noël, sur les affiches dans les magasins, on peut lire des slogans du type : « offrez du plaisir, offrez de la joie ».

Mais le vrai bonheur, la vraie bénédiction, la vraie joie, elle est autre part.

Paradoxalement, elle est dans la pauvreté de cœur, dans les pleurs, dans la douceur, dans la justice divine, la miséricorde, la pureté de cœur, la réconciliation avec Dieu, et enfin la joie, Jésus insiste sur ce dernier point, elle est dans l’insulte et la persécution dans la mesure où cette persécution est due à la fidélité au Christ.

Nous n’avons pas à provoquer la persécution, mais si un jour nous la subissons, Jésus nous déclare heureux, car nous sommes bien ses disciples.

Le sermon sur la montagne est un discours choquant, voire inaudible. C’est loin du Noël féérique et enchanté que l’on veut nous vendre. Pourtant, c’est ce que Jésus promet et c’est mieux que tout le reste.

Que Dieu nous aide à trouver de la joie dans la fidélité à sa Parole et à son Fils Jésus.

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