Savoir gérer (Luc 16.1-14)

Version audio

Hier j’ai été à la journée de l’Église libre de Châteaudun, qui recevait Frédéric Monceau, un orateur de l’association Portes Ouvertes. C’est une association que beaucoup d’entre vous connaissent, elle travaille auprès des chrétiens qui vivent dans des pays où la foi chrétienne est interdite.

Dans beaucoup de pays, les chrétiens n’ont pas accès à la Bible. Je le savais depuis longtemps déjà, mais cela m’a encore fait réfléchir. Il y a d’une part des pays où les Bibles sont rares, et d’autre part, des pays où les librairies chrétiennes proposent des centaines de modèles de bibles différentes.

En France, une fois que l’on a fait le choix de la version, parmi plus d’une vingtaine de traductions, on a ensuite le choix du format, puis de la couleur de la couverture.

J’ai fait une recherche en ligne sur le site d’une librairie chrétienne, j’ai tapé Bible, j’ai compté environ 180 modèles différents.

Je ne dis pas cela pour critiquer l’abondance ni pour culpabiliser, mais cette réflexion m’a interpellée.

Dans les pays qui interdisent la foi chrétienne, la liberté de culte n’existe pas, même à la maison, on n’a pas le droit de se réunir pour étudier la Bible. La liberté de parler de sa foi n’existe pas non plus, c’est même parfois puni par la loi.

Toutes ces choses, je le savais déjà, mais de l’entendre, je me suis dit : qu’est-ce que ces informations me poussent à faire ? Est-ce que cela m’invite simplement à prier pour eux ? Est-ce que je dois me sentir coupable de ne pas plus profiter de notre liberté ?

Ce que j’ai beaucoup aimé, dans ce que l’orateur a partagé hier, c’est qu’il n’avait pas du tout un discours culpabilisant. Il n’avait pas non plus un discours de parent.

Je dis cela parce que les parents ont parfois un certain discours avec leurs enfants qui ne mangent pas pendant les repas.

Par exemple, quand l’enfant refuse de manger à table, il arrive que des parents lui disent : tu sais, tu devrais manger, tu devrais profiter de la chance que tu as, parce qu’il y a d’autres enfants dans le monde qui n’ont rien à manger.

Moi quand j’étais petit et lorsque j’entendais ce discours, je ne comprenais pas pourquoi les adultes disaient cela, je me posais la question : si je mange mon plat, en quoi cela va résoudre le problème ? Ce n’est pas en mangeant que ceux qui ont faim auront plus de nourriture… Je ne comprenais vraiment pas ce discours.

Et je vous avoue qu’il m’est arrivé de sortir exactement cet argument devant mon fils qui refusait de manger !

Quand on a passé plus d’une heure à cuisiner une soupe, et qu’après vingt minutes de négociation,  notre enfant refuse catégoriquement de la manger en nous disant : « je ne veux pas la manger parce qu’elle n’a pas la même couleur que d’habitude », en tant que parent on n’a plus trop de maitrise de soi et on dit des choses pas très constructives…

Pour en revenir à notre orateur d’hier, il n’a pas sorti cet argument avec la liberté religieuse, en tout cas il ne nous a pas tenu un discours simpliste du type :

« Vous avez la liberté de culte, alors allez à l’Église tous les jours parce qu’il y a des pays où ils ne peuvent pas. »

Son intervention était plutôt pour nous témoigner de la joie qu’il y a à suivre Jésus malgré les épreuves et la persécution.

Cela dit, la situation des chrétiens persécutés m’interpelle sur ma propre situation.

La semaine dernière, nous avons lu une parabole où un homme riche découvrait que son intendant gaspillait ses biens.

Nous nous sommes posé la question : et nous, que faisons-nous avec les biens que Dieu nous confie ? Notre vie est-elle bien au service de Dieu seul ?

Il ne s’agit pas de culpabiliser à chaque fois que l’on prend une journée pour se détendre ou à chaque fois que l’on dépense pour des loisirs. Mais il s’agit de savoir pour quoi et pour qui nous vivons.

Aujourd’hui je vous propose de lire la suite du texte de la semaine dernière. J’avais annoncé que j’allais continuer la lecture du texte, car nous n’avions pas tout vu.

Je propose donc de relire le texte depuis le début, de résumer ce que nous avons vu dimanche dernier, puis de poursuivre notre découverte du texte.

Je vous invite donc à lire dans l’Évangile selon Luc, chapitre 16, versets 1 à 9, aujourd’hui nous poursuivons jusqu’au verset 14.

1 Jésus dit aussi à ses disciples: «Un homme riche avait un intendant. On vint lui rapporter qu’il gaspillait ses biens.
2 Il l’appela et lui dit: ‘Qu’est-ce que j’entends dire à ton sujet? Rends compte de ta gestion, car tu ne pourras plus gérer mes biens.’
3 L’intendant se dit en lui-même: ‘Que vais-je faire, puisque mon maître m’enlève la gestion de ses biens? Travailler la terre? Je n’en ai pas la force. Mendier? J’en ai honte.///
4 Je sais ce que je ferai pour qu’il y ait des gens qui m’accueillent chez eux quand je serai renvoyé de mon emploi.’
5 Il fit venir chacun des débiteurs de son maître et dit au premier: ‘Combien dois-tu à mon maître?’ 6 Je dois 100 tonneaux d’huile d’olive’, répondit-il. Il lui dit: ‘Voici ton reçu, assieds-toi vite et écris 50.’
7 Il dit ensuite à un autre: ‘Et toi, combien dois-tu?’ ‘Je dois 100 mesures de blé’, répondit-il. Et il lui dit: ‘Voici ton reçu, écris 80.’///
8 Le maître fit l’éloge de l’intendant malhonnête à cause de l’habileté dont il avait fait preuve. En effet, les enfants de ce monde sont plus habiles vis-à-vis de leur génération que ne le sont les enfants de la lumière.
9 »Et moi, je vous dis: Faites-vous des amis avec les richesses injustes, afin qu’ils vous accueillent dans les habitations éternelles lorsqu’elles viendront à vous manquer.
10 Celui qui est fidèle dans les petites choses l’est aussi dans les grandes, et celui qui est malhonnête dans les petites choses l’est aussi dans les grandes.///
11 Si donc vous n’avez pas été fidèles dans les richesses injustes, qui vous confiera les biens véritables?
12 Et si vous n’avez pas été fidèles dans ce qui est à autrui, qui vous donnera ce qui est à vous?
13 Aucun serviteur ne peut servir deux maîtres, car ou il détestera le premier et aimera le second, ou il s’attachera au premier et méprisera le second. Vous ne pouvez pas servir Dieu et l’argent.»
14 En entendant tout cela, les pharisiens qui aimaient l’argent se moquaient de lui.

Cette parabole est assez intrigante, car l’homme riche fait l’éloge de l’intendant infidèle. De plus, Jésus semble encourager ses disciples à adopter une attitude similaire.

Jésus leur dit au verset 9 : « Faites-vous des amis avec les richesses injustes, afin qu’ils vous accueillent dans les habitations éternelles lorsqu’elles viendront à vous manquer. »

Il dit aussi au verset 11 : « Si donc vous n’avez pas été fidèles dans les richesses injustes, qui vous confiera les biens véritables ? »

Que signifient ces paroles ?

Nous avions vu, la semaine dernière, qu’il fallait regarder le contexte du passage pour mieux comprendre la parabole. J’insiste sur le fait que c’est une parabole, et donc beaucoup d’éléments sont symboliques.

Rappelons le contexte de la parabole, je ne vais pas redire tout ce qui a été dit la semaine dernière, mais rappeler les points essentiels, car tout le monde n’était pas forcément présent.

[1. Le contexte]

Dans le contexte, Jésus accueille des gens de mauvaise vie au chapitre 15. Les pharisiens, membres d’un parti religieux juif, font des réflexions entre eux, ils sont choqués de voir que Jésus se mélange avec des pécheurs.

Jésus leur raconte alors plusieurs paraboles, elles concernent une brebis perdue et retrouvée, une pièce perdue et retrouvée et un fils perdu et retrouvé.

Jésus veut faire comprendre aux pharisiens que Dieu est joyeux lorsqu’un pécheur se repent et revient à Dieu. Autrement dit, Dieu est joyeux lorsque ceux qui sont perdus sont retrouvés auprès de lui.

Jésus explique donc sa démarche auprès des gens de mauvaise vie. Il les côtoie, car il souhaite leur annoncer l’amour de Dieu, il souhaite ramener la brebis perdue.

La parabole du fils perdu et retrouvé précède notre parabole et elle nous aide à mieux comprendre notre passage.

Dans cette parabole, un homme a deux fils. Le premier demande à son père sa part d’héritage. Avec l’argent qu’il reçoit, il part de la maison et gaspille tous ses biens dans la débauche.

Une fois qu’il n’a plus aucun sou, il se retrouve employé dans une porcherie, il garde des porcs, mais il n’arrive pas à s’en sortir. Il se rend compte de son état et retourne chez son père, pour lui demander de l’accueillir, non pas comme son fils, mais comme un simple ouvrier.

Lorsqu’il approche de la maison, son père le voit et court à sa rencontre, il l’accueille non pas comme un ouvrier, mais comme un prince. Il organise une fête !

Sauf que le frère ne voit pas cela d’un bon œil. Lui n’a pas dilapidé l’argent du père, il a toujours été à ses côtés, à travailler dans les champs, et jamais le père ne lui a organisé de fête. Il est en colère et refuse de participer à la fête.

Le père va le voir et l’invite à se réjouir, car son plus jeune fils était perdu, et il est maintenant retrouvé.

Le fils aîné, en colère, représente les pharisiens. Ils ne voyaient pas d’un bon œil que Jésus accueillait des pécheurs, pourtant, ils devraient se réjouir de voir des pécheurs désirer revenir à Dieu.

Quel rapport avec notre parabole de l’intendant infidèle ?

[2. Quel rapport ?]

Il me semble que notre parabole est un complément à la parabole du fils perdu et retrouvé. Ils ont beaucoup de points communs.

Par exemple, il est question d’argent dans les deux paraboles.

Il est question de deux personnages qui gaspillent l’argent qui leur a été confié.

Ces deux personnages se retrouvent dans la galère. Le fils n’a plus un rond, et l’intendant est sur le point d’être renvoyé.

Dans les deux histoires, nos personnages sont face à l’épreuve et réfléchissent à comment s’en sortir. Le seul moyen de s’en sortir, c’est de compter sur la générosité du père ou du maître.

Enfin, les deux histoires peuvent nous paraître injustes.

Quand je raconte la parabole du fils prodigue, certaines personnes trouvent l’accueil du père injuste. Il est trop gentil, c’est choquant.

Et lorsque nous lisons la parabole de l’intendant infidèle, nous ne comprenons pas, parce que le discours de Jésus semble injuste, c’est aussi choquant.

[3. Comment comprendre la parabole de l’intendant infidèle ?]

Rappelons une fois de plus que c’est une parabole. L’homme riche fait l’éloge de son intendant à cause de son habileté.

En grec, ce mot « habileté » fait référence à la capacité de se sortir d’une crise.

Comment le gérant est-il sorti de la crise ? En misant sur la générosité de son maître.

En tant que gérant, il avait un certain pouvoir, il agissait au nom du maître.

Lorsqu’il réduisait les dettes des débiteurs, il le faisait au nom de l’homme riche, si bien que ces gens étaient reconnaissants envers le maître.

Dans cette histoire, les richesses injustes symbolisent la grâce imméritée.

Tout comme le fils prodigue s’en est sorti grâce à la générosité du père, l’intendant infidèle s’en est sorti grâce à la générosité de son maître. Et cela nous semble injuste. La réaction du maître est choquante, tout comme la réaction du père.

Regardons maintenant ce que Jésus enseigne à partir de cette parabole, nous verrons qu’il y a encore des liens à faire avec la parabole du fils prodigue.

[4. Les enseignements de Jésus]

Verset 9 : « Faites-vous des amis avec les richesses injustes, afin qu’ils vous accueillent dans les habitations éternelles lorsqu’elles viendront à vous manquer. »

Ce que Jésus veut dire, à mon avis, c’est que nous devrions profiter des richesses injustes, c’est-à-dire de la grâce. Nous devrions partager la grâce imméritée que nous avons reçue, le pardon des péchés, la réconciliation avec Dieu. Tout est gratuit, car Jésus a payé à notre place.

En réduisant les dettes des débiteurs, l’intendant s’est fait des amis et il s’est assuré des habitations chez eux.

Pour notre part, en saisissant la grâce et en l’annonçant, ce sont des demeures éternelles que nous nous assurons.

Verset 8 : « Le maître fit l’éloge de l’intendant malhonnête à cause de l’habileté dont il avait fait preuve. En effet, les enfants de ce monde sont plus habiles vis-à-vis de leur génération que ne le sont les enfants de la lumière. »

Cette parole est assez étrange. Normalement, les enfants de la lumière, dans d’autres livres de la Bible, ce sont les enfants de Dieu, ils ne sont plus pécheurs, ils sont dans la vérité.

Alors que les enfants du monde désignent souvent des pécheurs non repentis.

Comment se fait-il que Jésus inverse les choses ? Il dit du bien des enfants du monde et il dit que les enfants de la lumière ne font pas mieux.

Comment comprendre cette phrase de Jésus ?

Il me semble que Jésus s’adresse aux pharisiens qui pensent être des enfants de lumière.

Cela me rappelle un autre passage du même évangile, au chapitre 5, où Jésus dit :

31 (…) «Ce ne sont pas les gens en bonne santé qui ont besoin de médecin, mais les malades. 32 Je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs, à changer d’attitude.»

En fait Jésus est venu pour toute l’humanité, car tout le monde est pécheur et a besoin de changer d’attitude.

Mais certains pensent être meilleurs que les autres, ils se croient bien portants, ils pensent ne pas avoir besoin de médecins. Ce sont les pharisiens, ils se croient enfants de lumière.

À l’inverse, les enfants du monde, comme le fils perdu, comme l’intendant infidèle, lorsqu’ils se rendent compte qu’ils ne sont rien sans leur père, sans leur maître, alors ils changent d’attitude, ils font preuve d’habileté, ils saisissent la grâce imméritée.

Les enfants de ce monde sont ainsi plus habiles que les soi-disant enfants de lumière.

Regardons encore la suite :

11 Si donc vous n’avez pas été fidèles dans les richesses injustes, qui vous confiera les biens véritables?
12 Et si vous n’avez pas été fidèles dans ce qui est à autrui, qui vous donnera ce qui est à vous ?

Les richesses injustes, ce sont les biens que Dieu nous confie par grâce et que nous ne méritons pas. Il nous confie la gestion de ses biens, non pas pour les gaspiller, mais pour les utiliser à sa gloire.

Cela me rappelle une autre parabole encore, celle que l’on appelle « la parabole des talents ».

Dans cette parabole, un homme riche part en voyage et il confie ses biens à ses 3 serviteurs. Le premier en reçoit 5, il les investit pour travailler et en gagne 5 autres. Le 2e en reçoit 2, il les investit pour travailler et en gagne 2 autres. Le 3e en reçoit un seul, il a peur du maître, alors il n’en veut pas prendre de risque, il n’investit pas.

Au retour du maître, les deux premiers serviteurs sont récompensés, en revanche, le 3e est repris et traité sévèrement.

Ce que Dieu nous confie, nous sommes invités à le faire fructifier.

Dans notre parabole, les richesses injustes représentent la grâce et tout autre bienfait de Dieu, que nous devons mettre à son profit. Les biens d’autrui, ce sont les biens de notre maître, il nous les confie, mais ils ne nous appartiennent pas.

Dieu nous accorde du temps, de l’argent, la Bible, des proches, une famille spirituelle et la liberté de culte. Que faisons-nous avec ces biens ? Quel type d’intendant sommes-nous ?

Pour conclure, terminons avec les versets 13 et 14 :

[Conclusion]

13 Aucun serviteur ne peut servir deux maîtres, car ou il détestera le premier et aimera le second, ou il s’attachera au premier et méprisera le second. Vous ne pouvez pas servir Dieu et l’argent.»
14 En entendant tout cela, les pharisiens qui aimaient l’argent se moquaient de lui.

Dans la parabole du fils prodigue, le fils était parti avec l’argent reçu de son père et il l’a gaspillé. L’argent était son maître, il s’est rendu compte de sa condition misérable et il a misé sur la générosité de son père.

Dans la parabole de l’intendant, l’argent était aussi son maître. Il a aussi gaspillé l’argent qui lui était confié, mais il s’est rendu compte de sa condition et il a tout misé sur la générosité de son maître.

Qu’en est-il des pharisiens ? Et qu’en est-il de nous ?

Ce n’est pas seulement une question d’argent, c’est une question de priorité dans la vie.

Un chrétien peut partir en vacances et aller au restaurant sans problème et sans culpabiliser. Mais quel type de gérant sommes-nous ? Quel maître servons-nous ?

J’aimerais vous laisser un défi pour la semaine à venir. Je m’inclus aussi dedans.

J’aimerais vous proposer de faire deux choses, en réponse à cet enseignement de Jésus.

Première chose : prendre un temps de qualité avec Dieu, par la prière et/ou la méditation de la Parole de Dieu

Peut-être que vous le faites déjà, je vous invite alors à le faire en ayant en tête l’invitation de Jésus à être de bons gérants.

Deuxième chose : prendre du temps pour la famille de Dieu.
Je ne parle pas de participer à une étude biblique ou de venir au culte, je parle de quelque chose d’informel et de relationnel.

Par exemple : simplement prendre des nouvelles de quelqu’un, prier pour une personne, aller rendre visite ou inviter quelqu’un.

Et si vous n’avez pas le temps cette semaine, vous pourriez le planifier cette semaine.

Que Dieu fasse de nous de bons gérants de sa grâce et de tous ses bienfaits.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *