Tous précieux, tous serviteurs et servantes (Ephésiens 4.8-16)

(Prédication indisponible en audio.)

Cela fait maintenant 13 ans que je suis pasteur, et j’ai parfois rencontré des personnes qui me demandent de prier pour eux, en pensant que la prière du pasteur va être plus écoutée par Dieu, comme si le pasteur était plus proche de Dieu que les autres croyants.

Je ne pense pas que ce soit le cas, nous sommes tous proches de Dieu, puisque Dieu s’est rendu accessible pour tous.

Évidemment, je prie avec toutes les personnes qui le demandent, mais je rappelle également que Dieu est à l’écoute de tous, car il se rend présent auprès de chacun.

C’est la Bonne Nouvelle du message biblique, nous le fêtons notamment à Noël. Dieu s’est fait homme, les prophètes avaient annoncé un messie que l’on appellera Emmanuel, ce qui signifie « Dieu avec nous », autrement dit : Dieu proche de nous.

Avec Dieu, il n’y a pas de classe spirituelle, avec d’un côté les gens qu’il écoute plus et de l’autre, les gens qu’il écoute moins.

Je parle de cela, car en lisant le texte sur lequel je vais prêcher ce matin, j’ai encore redécouvert à quel point l’Évangile est un message universel, à quel point chaque vie a une grande importance pour Dieu. Être au service de Dieu est un privilège, et ce privilège est donné à tous ses enfants, quel que soit leur statut, leur métier, pasteur ou pas, leur âge, leur situation, leurs faiblesses, leur passé ou leur présent.

Aujourd’hui nous continuons notre lecture de la lettre aux Éphésiens et nous poursuivons la méditation du chapitre 4. Avant cela, voici un bref rappel des chapitres précédents.

La lettre de Paul aux Éphésiens rappelle l’œuvre de Jésus-Christ : il nous a réconciliés avec Dieu le Père.

Cette réconciliation, c’est la paix avec lui. C’est un message libérateur. Dieu ne nous laisse pas avec nos faiblesses, notre péché et notre culpabilité, il nous en libère et il nous équipe de son Esprit pour nous transformer.

Cette réconciliation avec Dieu a des conséquences pratiques.

Puisque nous sommes unis à Jésus-Christ, nous devenons cohéritiers de son royaume, nous sommes intégrés dans la même famille, nous devenons frères et sœurs dans la foi.

Dans le chapitre 4 de sa lettre aux Éphésiens, l’apôtre Paul va demander aux chrétiens de travailler ensemble. Pour cela, ils doivent faire preuve d’amour les uns envers les autres. Cela demande des efforts, cela demande de se supporter, d’être bon et patient. Ce n’est pas évident et c’est pour cela qu’il exprime une prière d’unité au chapitre 3.

Pour que des êtres humains arrivent à travailler ensemble, l’aide de Dieu est indispensable, car nous sommes tous différents, avec des sensibilités différentes.

Cette différence entre nous est voulue par Dieu. Avec l’intervention de son Esprit, cela devient une force.

La semaine dernière, nous nous sommes arrêtés au chapitre 4 verset 7, où il l’apôtre dit ceci :

« À chacun de nous la grâce a été donnée à la mesure du don de Christ. »

Nous avions noté que dans la lettre aux Éphésiens, le terme « grâce » ne désigne pas seulement la grâce qui sauve, mais un cadeau, un don.

Dieu nous accorde à chacun des dons pour le servir.

Servir Dieu n’est donc pas le domaine du pasteur seul, ni celui des conseillers ou des responsables d’activité. Servir Dieu, c’est s’impliquer partout où nous sommes, au nom de Dieu.

Servir Dieu, ce n’est pas seulement à l’Église ou aux réunions d’Église, c’est partout, même dans notre travail, notre engagement social et familial. Servir Dieu, c’est également contribuer au bien de tous dans la société.

L’apôtre Paul a dit par ailleurs : « Ainsi donc, que vous mangiez, que vous buviez ou quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu. » (1 Co 10.31)

Continuons maintenant notre lecture du chapitre 4, versets 8 à 16 :

8 C’est pourquoi il est dit: Il est monté sur les hauteurs, il a emmené des prisonniers et il a fait des dons aux hommes.
9 Or, que signifie: Il est monté, sinon qu’il est aussi [d’abord] descendu dans les régions les plus basses de la terre?
10 Celui qui est descendu, c’est celui qui est monté au-dessus de tous les cieux afin de remplir tout l’univers.
11 C’est lui qui a donné les uns comme apôtres, les autres comme prophètes, les autres comme évangélistes, les autres comme bergers et enseignants. 12 Il l’a fait pour former les saints aux tâches du service en vue de l’édification du corps de Christ,
13 jusqu’à ce que nous parvenions tous à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à la maturité de l’adulte, à la mesure de la stature parfaite de Christ.
14 Ainsi, nous ne serons plus de petits enfants, ballottés et emportés par tout vent de doctrine, par la ruse des hommes et leur habileté dans les manoeuvres d’égarement.
15 Mais en disant la vérité dans l’amour, nous grandirons à tout point de vue vers celui qui est la tête, Christ.
16 C’est de lui que le corps tout entier, bien coordonné et solidement uni grâce aux articulations dont il est muni, tire sa croissance en fonction de l’activité qui convient à chacune de ses parties et s’édifie lui-même dans l’amour.

[1. Des dons aux hommes]

Ce passage de la lettre commence par une citation assez énigmatique du psaume 68.19. Dans ce psaume qu’il cite, il est question de l’Éternel qui monte sur le mont Sion après avoir remporté la victoire sur ses ennemis. Et quand on a vaincu l’adversaire, il y a des prisonniers, c’est pour cela qu’il est question de prisonniers.

L’apôtre Paul reprend cette citation et ce n’est plus de l’Éternel dont il est question, mais c’est de Jésus-Christ. C’est lui qui remporte la victoire sur le mal et sur la mort, et il a fait des dons aux hommes.

Ce terme de dons désigne probablement les personnes qu’il mentionne au verset 11, puisqu’il dit que Dieu a donné à l’Église : « les uns comme apôtres, les autres comme prophètes, les autres comme évangélistes, les autres comme bergers et enseignants. »

Personnellement, je pense que les dons concernent en particulier les apôtres et les prophètes, qui ont contribué à l’écriture des livres de la Bible. Ces textes inspirés par Dieu sont un don pour l’Église et pour le monde.

Nous pourrions discuter pendant longtemps sur les termes : apôtres, prophètes, évangélistes, bergers et enseignants. Mais l’important est de voir que Dieu appelle des personnes pour une vocation particulière.

Paul ne s’attarde pas du tout sur le rôle de ces personnes, il s’attarde plutôt sur le rôle de tous les chrétiens, dès le verset 12 :

« Il l’a fait pour former les saints aux tâches du service en vue de l’édification du corps de Christ. »

Le rôle des personnes qui ont une vocation spéciale, c’est de former les saints, c’est-à-dire, les chrétiens, aux tâches du service, en vue de l’édification du corps de Christ.

Il parle bien de vocations spécifiques, mais il rééquilibre tout de suite après, en précisant que ces vocations spécifiques ne sont pas les seules vocations au service de Dieu. Au contraire, elles sont là pour former tous les chrétiens au service. Tous les enfants de Dieu ont donc une vocation. Regardons en quoi elle consiste.

[2. Une vocation pour tous]

Le verset 12 indique que tous les chrétiens sont appelés au service en vue de l’édification du corps de Christ, qui est l’Église.

Ici, l’apôtre utilise deux images, celle de l’édification, et celle du corps.

Édifier un bâtiment, c’est le construire et le solidifier.

En tant que frères et sœurs dans la foi, nous sommes tous appelés à faire notre part pour construire et solidifier l’unité dans l’Église.

Le rôle des pasteurs et autres responsables d’Église est de former. Et le rôle de tous, c’est d’édifier.

Nous ne sommes pas dans une dynamique où les uns nourrissent et les autres sont nourris, comme on peut souvent l’entendre.

Chacun a une place pour édifier le corps. Chacun est en mesure d’apporter une nourriture spirituelle pour faire grandir le corps.

L’apôtre Paul aime bien utiliser l’image du corps, qui est très parlante, car un corps forme une unité. Chaque membre de ce corps a une utilité, une vocation. Chaque membre est dirigé par le cerveau, qui est le Christ, dans le cas de l’Église.

Les membres n’agissent pas de manière isolée.

Dans l’état d’Esprit de Paul, il y a surtout cette notion d’édification du corps, sa croissance qualitative et quantitative.

Pour la bonne santé du corps, tout doit se faire en harmonie.

Imaginons qu’un corps humain grandisse de manière disproportionnée.

Imaginons que le pouce grandisse trois fois plus vite que le reste des doigts, ou que le pied gauche grandisse deux fois plus vie que le pied droit, le corps ne pourrait plus fonctionner correctement.

Parfois, certains aimeraient que les choses aillent plus vite, que les changements aient lieu plus rapidement. On les appelle les catalyseurs. Ceux-là ont toujours des projets et veulent amener l’Église à emprunter des sentiers jamais explorés.

À l’inverse, d’autres peuvent trouver que les choses vont toujours trop vite et qu’avant de prendre une décision, il faut prendre le temps de réfléchir. On les appelle les stabilisateurs. Dès qu’un nouveau projet est proposé, ils jouent la carte de la prudence, il ne faut pas aller trop vite, voire ne pas avancer du tout, il vaut mieux faire ce que l’on a toujours fait.

L’Église a besoin des deux. Pour que le corps soit édifié de manière correcte, il faut que les catalyseurs sachent écouter les stabilisateurs, et vice-versa.

L’important est d’agir de manière coordonnée, de grandir de manière coordonnée. Cela implique aussi un dialogue et de l’édification mutuelle.

Il faut surtout savoir vers quoi doit tendre le corps. Dans quel domaine il doit grandir et être édifié.

L’apôtre Paul le révèle au verset 13 :

« Jusqu’à ce que nous parvenions tous à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à la maturité de l’adulte, à la mesure de la stature parfaite de Christ. »

Ce verset 13 nous aide à cerner les sujets importants et à ne pas nous perdre dans des sujets secondaires.

 [3. L’objectif à atteindre]

La croissance dont il est question, ce sont les progrès dans l’unité de la foi, dans la connaissance de Jésus, dans la maturité spirituelle, à la mesure de la stature parfaite du Christ.

Le programme est très ambitieux.

Pouvons-nous un jour atteindre la stature parfaite du Christ ? Les paroles de Paul supposent que oui.

Oui, nous serons un jour débarrassés de notre nature humaine pour entièrement revêtir la nature de l’Esprit de Dieu. Cela aura lieu lorsque nous serons dans la pleine présence de Dieu sur la nouvelle terre.

Mais en attendant, nous pouvons toujours progresser et tendre vers cette maturité. C’est pour cela que Paul nous y encourage.

Rappelons-nous que l’unité de la foi, la connaissance du Christ et la maturité spirituelle, c’est le fruit du service de tous, de chacun de nous. Pas seulement des responsables d’Église, mais de tous les chrétiens, comme c’est précisé au verset 12.

Dieu confie à chacun de nous son Église, ce qu’il a de plus précieux, c’est un honneur et un privilège.

Comment cela se manifeste-t-il en pratique ?

Dans le quotidien, nous sommes appelés à nous rappeler les uns aux autres toutes les facettes de l’Évangile qui sauve et qui libère.

Dans les versets 14 et 15, l’apôtre Paul nous met en garde contre les discours qui nous éloignent de Dieu et qui nous égarent.

Aujourd’hui, quels discours peuvent nous induire en erreur ?

Il y aurait beaucoup à dire, mais je trouve que de nos jours, ce qui fait beaucoup de mal à notre société, c’est l’absence de vrai dialogue, c’est la polarisation, c’est le repli sur soi et l’égoïsme.

Chacun veut faire valoir ce qu’il a dire, mais il n’est pas prêt à écouter ce que l’autre veut exprimer.

Aux yeux de Dieu, nous sommes tous précieux. Il confie à tous ses enfants ce qu’il a de plus précieux, l’Église.

Je vous encourage donc, dit Paul au verset 1, à vous conduire d’une manière digne de l’appel que vous avez reçu.

Au verset 16, le mot d’ordre, c’est la coordination de chaque membre dans l’amour.

Les responsables d’Église ont un rôle de formation, de coordination, de conduite, mais tous ont un rôle d’édification dans l’amour. Le corps ne peut croître que dans l’amour tel que Jésus nous l’a enseigné et montré.

L’amour dont il a fait preuve, c’est un amour qui se sacrifie, qui fait passer l’intérêt de l’Église avant son propre intérêt.

« Dans la vie de l’Église, l’objectif visé n’est pas premièrement mon épanouissement personnel ni ma valorisation. C’est d’abord le bien et la croissance de toute l’Église en unité et en maturité. » (Dominique Anger)

Pour conclure, passons à des exemples pratiques, que je tire d’un livre du commentaire de Dominique Anger sur la lettre de Paul aux Éphésiens.

[Conclusion]

Quand un croyant lutte avec un sentiment de culpabilité, nous pouvons le réconforter en affirmant qu’ « il n’y a plus de condamnation pour ceux qui sont unis à Jésus-Christ » (Romains 8.1)

Face à un problème d’identité ou à un sentiment de rejet, la doctrine de l’adoption exerce un effet bienfaisant. [En effet, Dieu fait de nous ses enfants, comme s’il nous avait adoptés.]

Devant une difficulté de taille, le rappel de la présence intérieure du Saint-Esprit redonne espoir à l’enfant de Dieu.

Dans toutes ces situations, ce sont les bénédictions déjà reçues qui soutiennent la vie de l’Église et de ses membres. Osons prononcer des paroles empreintes d’amour !

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