Une partie de pêche avec Jésus (Luc 5.1-11)

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C’était pendant mes études à la faculté de théologie, alors que l’on étudiait le thème des enfants dans la Bible, j’ai appris une expression que je ne connaissais pas, il s’agit de la théologie du renversement.

Je connaissais le principe, mais pas le terme technique pour le désigner. La théologie du renversement, ou simplement le principe de renversement, désigne un phénomène que l’on rencontre partout dans la Bible. C’est lorsque Dieu agit à l’inverse de notre logique humaine, c’est lorsque Dieu inverse les évidences.

C’est par exemple, lorsque Jésus dit (Matthieu 20.16) : les derniers seront les premiers, et les premiers seront les derniers.

Il y a un renversement. Jésus a dit : si quelqu’un veut être grand, qu’il se fasse petit.

Autre exemple : lorsque Jésus dit que pour entrer dans le royaume de Dieu, il faut être comme des enfants. On pourrait s’attendre à ce que Jésus donne une liste de choses compliquées à faire, mais non. Le royaume des cieux est pour ceux qui ressemblent aux enfants (Matthieu 19.14).

Qui Dieu a-t-il choisi pour combattre le géant Goliath ? Le jeune David, il n’était encore qu’un enfant, mais il a vaincu le plus redoutable des guerriers ennemis.

Encore un autre exemple, l’apôtre Paul a dit (2 Corinthiens 12.10) : « Quand je suis faible, c’est alors que je suis fort. » Il faut bien sûr lire ce verset dans son contexte, l’apôtre Paul met en évidence que Dieu ne peut agir que lorsque nous comptons sur ses forces à lui et non pas sur nos forces personnelles. On peut donc être faible, peu importe, si c’est Dieu agit en moi, je n’ai pas besoin d’être fort, c’est la force de Dieu qui agit en moi.

Dans chacun de ces exemples, la logique humaine est inversée. À chaque fois, Dieu se trouve là où naturellement on ne l’attend pas.

Si l’on fait bien attention, le principe du renversement se trouve partout dans la Bible. Comment Dieu manifeste-t-il sa grandeur et sa gloire dans le Nouveau Testament ? En devenant un être humain fragile, né dans une étable. Comment Jésus a-t-il vaincu la mort ? En mourant sur une croix, pour ensuite ressusciter.

Dans le texte que nous allons lire maintenant, nous retrouvons encore ce principe du renversement. Il s’agit du récit de la pêche miraculeuse dans l’Évangile selon Luc, chapitre 5, versets 1 à 11.

Luc 5.1-11
1 Un jour, Jésus se trouvait au bord du lac de Génésareth et la foule se pressait autour de lui pour entendre la parole de Dieu.
2 Il vit au bord du lac deux barques; les pêcheurs en étaient descendus pour laver leurs filets.
3 Il monta dans l’une de ces barques, qui appartenait à Simon, et il le pria de s’éloigner un peu du rivage. Puis il s’assit, et de la barque il enseignait la foule.
4 Quand il eut fini de parler, il dit à Simon: «Avance là où l’eau est profonde et jetez vos filets pour pêcher.»
5 Simon lui répondit: «Maître, nous avons travaillé toute la nuit sans rien prendre; mais sur ta parole, je jetterai les filets.»
6 Ils les jetèrent et prirent une grande quantité de poissons, et leurs filets se déchiraient.
7 Ils firent signe à leurs compagnons qui étaient dans l’autre barque de venir les aider. Ils vinrent et remplirent les deux barques, au point qu’elles s’enfonçaient. 8 Quand il vit cela, Simon Pierre tomba aux genoux de Jésus et dit: «Seigneur, éloigne-toi de moi, parce que je suis un homme pécheur.» 9 En effet, lui et tous ceux qui étaient avec lui étaient remplis de frayeur à cause de la pêche qu’ils avaient faite.
10 Il en allait de même pour Jacques et Jean, les fils de Zébédée, les associés de Simon. Jésus dit à Simon: «N’aie pas peur, désormais tu seras pêcheur d’hommes.»
11 Alors ils ramenèrent les barques à terre, laissèrent tout et le suivirent.

Dans ce récit, Jésus enseigne, tout comme dans le chapitre précédent. Il est submergé par la foule qui se presse autour de lui, alors il monte sur une barque pour enseigner depuis le lac.

Il semblerait que cette pratique était connue pour donner une meilleure acoustique. Les ondes émises par le son de la voix se propagent grâce à l’étendue d’eau, ce qui permet à Jésus d’être mieux entendu.

À une époque sans Internet, sans ordinateur, sans haut-parleur et sans micro, nos ancêtres avaient des techniques pour parler et être entendus par un large public.

Jésus enseigne donc la foule, mais l’auteur porte surtout notre attention sur les deux barques et sur Simon Pierre qui se trouve aux premières loges. En effet, Jésus est assis dans sa barque, près de lui.

Premier renversement

Lorsque l’enseignement est terminé, il fait avancer Simon vers les eaux profondes afin qu’il y jette les filets.

Nous savons que les pêcheurs ont travaillé toute la nuit sans rien prendre. Je ne m’y connais pas du tout en pêche, mais il semblerait que dans plusieurs contextes, la pêche de nuit est préférable à la pêche de jour. En tout cas, Simon et son équipe étaient des pêcheurs expérimentés. Ils connaissaient le meilleur moment pour pêcher.

Mais sur la recommandation de Jésus, ils jettent les filets en plein jour, et voilà qu’ils attrapent une grande quantité de poissons. Au point où les barques s’enfoncent !

Nous pouvons relever ici un premier renversement dans le texte. Les pêcheurs ont travaillé au moment le plus favorable, mais ils n’ont rien pêché. Jésus les fait travailler au moment le plus défavorable, et ils attrapent une quantité de poisson invraisemblable.

Ce n’était pas juste une pêche gigantesque, c’était une pêche surnaturelle, ce qui explique la frayeur qu’elle suscite.

On peut penser que la première réaction aurait dû être la joie, mais c’était la crainte. Selon le verset 9, tous ceux qui étaient avec Simon étaient remplis de frayeur. Pourquoi ont-ils peur ? Ne devraient-ils pas être excités et contents de ce miracle ?

Je pense que la première chose qu’ils ont vue, ce n’était pas la quantité de poisson, mais la dimension surnaturelle de cette pêche. Une chose s’est produite et cette chose échappait totalement à leur logique, leur compréhension.

Jésus est l’auteur de ce miracle et ils sont remplis de crainte. Cet évènement bouleverse Simon Pierre, au point où il tombe à genoux devant Jésus pour lui dire : «Seigneur, éloigne-toi de moi, parce que je suis un homme pécheur.»

Manifestement, Simon a perçu en Jésus la puissance et la sainteté de Dieu. Et devant cette sainteté, un simple être humain est renvoyé à sa propre imperfection. Simon s’est reconnu indigne d’être dans la présence de la sainteté de Dieu.

Avant d’aller plus loin, arrêtons-nous un instant sur les enseignements de cette pêche surnaturelle.

D’une part nous avons Simon, le pêcheur, qui connaissait bien la pêche, il avait de l’expérience dans ce domaine. Il a pêché toute la nuit au moment le plus favorable, mais il n’a rien pris.

D’autre part nous avons Jésus, il n’était pas pêcheur de métier, mais charpentier. Il demande à Simon de jeter les filets alors que les circonstances sont les moins favorables. Celui-ci ne contredit pas Jésus, il ne lui dit pas : « écoute, la pêche c’est mon domaine, ce que tu me demandes ne sert à rien ». Non, il obéit et il attrape une quantité phénoménale de poissons.

Il y a là un renversement. Jésus agit souvent dans les circonstances qui nous paraissent les moins favorables. Dans les circonstances où normalement on se dit : il n’y a plus d’issue, on a tout essayé, il n’y a plus aucune solution possible, on ne peut plus rien faire. C’est souvent dans ces moments-là que Dieu manifeste sa puissance.

Dieu nous invite à changer de regard sur ce qui nous arrive, sur notre vie, sur le monde. Aucune situation n’est sans issue. Même lorsque les catastrophes atteignent un point de non-retour, Dieu peut faire quelque chose.

C’est en ce Dieu que nous avons foi, et notre confiance en lui est une source de paix. Si Dieu est avec nous, qui sera contre nous ? Si je suis faible, peu importe, car lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort dira l’apôtre Paul.

Jésus est avec nous tous les jours, il l’a promis à ses premiers disciples et cette promesse s’étend à nous aussi qui sommes ses disciples. Sa présence à nos côtés devrait nous inspirer la paix, mais aussi le respect, voire a crainte. Simon Pierre est tombé à genoux devant Jésus, devant la puissance et la grandeur de Jésus.

Sommes-nous dignes de sa présence dans notre vie ?

Simon ne s’est pas senti digne et il l’a exprimé à Jésus : «Seigneur, éloigne-toi de moi, parce que je suis un homme pécheur.»

C’est alors que se produit un deuxième renversement.

Deuxième renversement

Que répond Jésus au verset 10 ?

«N’aie pas peur, désormais tu seras pêcheur d’hommes.»

Par cette phrase, Jésus annonce à Simon qu’il devient désormais l’un de ses apôtres. C’est encore un renversement.

L’apôtre est celui que Jésus choisit afin de l’envoyer annoncer l’Évangile. Simon Pierre deviendra pécheur d’hommes en ce sens où il amènera des gens à Jésus.

Alors que Simon se sent indigne de la présence du Seigneur, alors qu’il demande à Jésus de s’éloigner de lui, Jésus fait de lui l’un de ses plus proches collaborateurs.

Personne n’est digne d’être accueilli par le Seigneur Jésus. Cependant, il accueille à bras ouverts tous ceux qui reconnaissent leur indignité, leur état de pécheur.

Dieu pardonne nos fautes, non pas lorsque nous les réparons (ce qui est de toute façon impossible), mais lorsque nous nous reconnaissons pécheurs, tout comme Simon l’a exprimé.

Troisième renversement

Enfin, je relève un troisième et dernier renversement, il y en a certainement d’autres dans ce texte, mais j’aimerais en relever un dernier qui m’a interpellé. Ce sera aussi ma conclusion.

Que se passe-t-il une fois revenu sur la terre ferme ? Les pêcheurs reviennent avec des milliers d’euros de poissons dans leurs deux barques. En quelques instants, ils ont dû attraper l’équivalent de plusieurs journées de pêche, voire plus.

Ils auraient pu dire : « amen, Jésus nous a béni, il va nous faire prospérer, encore quelques virées en bateau avec lui et nous deviendrons riches » ! Mais ce n’est pas ainsi qu’ils réagissent. Il y a encore un renversement. Ils reviennent avec des milliers de poissons et que font-ils au verset 11 ?

« Ils ramenèrent les barques à terre, laissèrent tout et le suivirent. »

Ce récit ne met pas l’accent sur la prospérité que Jésus peut apporter, mais sur les richesses que nous sommes parfois appelés à quitter pour suivre pleinement Jésus.

Le récit de la pêche miraculeuse nous montre bien que Jésus est capable de nous rendre riches, mais ce n’est pas son objectif premier. Son objectif est de faire de nous ses disciples, que l’on soit riche ou pauvre.

Simon et les autres pécheurs ont quitté leur cargaison d’une grande valeur pour suivre Jésus dans la simplicité.

Aujourd’hui, Jésus nous dit : « n’aie pas peur, suis-moi ».

Prière

Notre Père, merci, car tu nous invites à regarder notre vie non pas avec le regard de ce monde, mais avec ton regard et cela change tout.
Merci, car même le plus petit d’entre nous, tu peux en faire le plus grand. Le plus démuni peut être dans l’abondance de ta grâce.
Le plus fragile peut témoigner avec puissance et force, car notre force vient de toi.

Nous voulons te remettre ce monde fragile, instable et en souffrance. Nous savons que tu aimes ce monde, tu l’as tant aimé que tu as envoyé ton Fils, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais ait la vie éternelle.

Que ton Esprit soit à l’œuvre dans le cœur de nos contemporains, afin que de nombreuses personnes expérimentent la joie de ta présence, la joie de l’espérance que tu nous offres. Aide-nous à nous consacrer à toi, à quitter notre barque parfois si sécurisante, afin de te suivre.

Amen

Une réponse sur “Une partie de pêche avec Jésus (Luc 5.1-11)”

  1. Merci Christian. Un message qui nous oblige à nous remettre en question personnellement. Mais porteur d’espoir aussi: c’est lorsque nous sentons faibles que Dieu aime à nous utiliser pour l’avancement de son règne et c’est lorsque les circonstances sont les plus défavorables qu’il se plaît à manifester sa puissance. Et si ce temps où nous nous sentons si limités dans ce que nous pouvons faire était celui qu’il a choisi pour nous accorder une “pêche” proprement miraculeuse?

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