Viser l’arrivée (Philippiens 1.1-11)

Athletic woman running on track

(Version audio à venir)

Après avoir prêché une série de prédications dans l’Évangile selon Luc, je propose de nous intéresser pendant quelque temps à la lettre de Paul aux Philippiens. Je me suis dit qu’il serait pertinent de prendre une lettre de l’apôtre Paul, d’autant plus que nous arriverons au chapitre 2 lors de la période de l’avent, il s’agit d’un chapitre parlant de Dieu qui s’est fait homme.

La lettre aux Philippiens est un peu différente des autres lettres de Paul. Il a une relation particulière avec l’Église de Philippe, c’est l’une des seules Églises à qui Paul écrit, et où l’on sent qu’il n’y a pas trop de soucis de comportement ou de doctrine. Il leur écrit, non pas pour les reprendre ou les enseigner sur une erreur doctrinale, il leur écrit pour les encourager et les édifier.

C’est une lettre plutôt joyeuse, c’est dans cette lettre où il invite les chrétiens à se réjouir dans le Seigneur. Nous le verrons au chapitre 4.

Aujourd’hui, nous lirons simplement l’introduction de la lettre, qui contient déjà beaucoup d’enseignements pour nous.

Avant de lire le texte, je vous propose de visionner une petite vidéo qui illustre une célèbre fable de Jean de La Fontaine : Le lièvre et la tortue.

La manière de raconter est un peu ancienne, les tournures de phrase ne sont pas toujours faciles à comprendre, mais en regardant les images, on comprend assez bien le message principal.

Avec cette fable, De La Fontaine souhaitait montrer que « rien de sert de courir, il faut partir à point ».

Mais cette fable illustre aussi autre chose.

La tortue était plus lente, mais elle a consacré toute son énergie à atteindre le but, alors que le lièvre, se croyant fort et rapide, s’est détourné de son but, en tout cas pendant un certain temps. Et cela a causé sa défaite.

Alors en plus de la leçon de La Fontaine, on pourrait ajouter la suivante : « rien ne sert de faire le fier, il faut viser le but ».

Nous allons voir que l’apôtre a cela en tête lorsqu’il écrit aux Philippiens.

Lisons maintenant Philippiens 1.1-11 :

1 De la part de Paul et Timothée, serviteurs de Jésus-Christ, à tous les saints en Jésus-Christ qui sont à Philippes, aux responsables et aux diacres:
2 que la grâce et la paix vous soient données de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus-Christ!
3 Je dis à mon Dieu ma reconnaissance de tout le souvenir que j’ai de vous.
4 Dans toutes mes prières pour vous tous, je ne cesse d’exprimer ma joie
5 à cause de la part que vous prenez à l’Évangile depuis le premier jour jusqu’à maintenant.///
6 Je suis persuadé que celui qui a commencé en vous cette bonne oeuvre la poursuivra jusqu’à son terme, jusqu’au jour de Jésus-Christ.
7 Il est juste que je pense cela de vous tous parce que je vous porte dans mon coeur, vous qui participez tous à la même grâce que moi, aussi bien dans ma détention que dans la défense et l’affermissement de l’Évangile.
8 En effet, Dieu m’est témoin que je vous chéris tous avec la tendresse de Jésus-Christ.///
9 Et voici ce que je demande dans mes prières: c’est que votre amour augmente de plus en plus en connaissance et en pleine intelligence
10 pour que vous puissiez discerner ce qui est essentiel. Ainsi vous serez purs et irréprochables pour le jour de Christ,
11 remplis du fruit de justice qui vient par Jésus-Christ à la gloire et à la louange de Dieu.

Cette introduction de la lettre aux Philippiens est très riche, je vous propose de regarder plus en détail 2 aspects qui retiennent mon attention.

Le premier concerne justement le but à atteindre, l’objectif de la vie du chrétien.

Paul regarde sa vie avec la perspective du jour du Christ.

[1. La perspective du jour du Christ]

Dans cette introduction, il remercie Dieu pour les belles œuvres des Philippiens, et il leur dit ceci au verset 6 :

« Je suis persuadé que celui qui a commencé en vous cette bonne oeuvre la poursuivra jusqu’à son terme, jusqu’au jour de Jésus-Christ. »

Le jour de Jésus-Christ, c’est le jour où nous nous retrouverons devant lui. L’apôtre Paul a conscience qu’un jour, nous paraitrons tous devant le Christ. Il en parle deux fois dans son introduction. La deuxième fois c’est à la fin du passage, versets 9 à 11 :

9 Et voici ce que je demande dans mes prières: c’est que votre amour augmente de plus en plus en connaissance et en pleine intelligence
10 pour que vous puissiez discerner ce qui est essentiel. Ainsi vous serez purs et irréprochables pour le jour de Christ,
11 remplis du fruit de justice qui vient par Jésus-Christ à la gloire et à la louange de Dieu.

La prière de Paul, c’est qu’au jour du Christ, lorsque notre vie sur terre sera terminée et lorsque Dieu aura décidé que ce sera la fin des temps, nous puissions nous présenter à Dieu en étant purs et irréprochables.

C’est un but qui nous semble difficile à atteindre, voire impossible, mais c’est ce que Paul nous invite à viser. Et avec l’aide de Dieu, ce qui est impossible devient possible.

Dans la fable de La Fontaine, lorsque la tortue commence la course, je pense qu’il ne s’est pas dit, dès le départ : « c’est impossible, je ne vais pas y arriver, je ne vais pas gagner la course. »

Il ne s’est pas dit : « je ne suis pas un lièvre, je ne peux pas courir aussi vite que lui, je ne peux pas arriver à temps. »

La tortue, au lieu de se décourager, au lieu de ne pas y croire, a fait tout ce qu’il a pu pour y arriver, et il y est arrivé.

En tant que chrétiens, nous sommes appelés à compter non pas sur nos propres forces, mais sur celles du Seigneur.

Nous sommes appelés à viser un seul objectif : nous présenter à Dieu, au jour du Christ, en étant purs et irréprochables.

Que signifie cette expression ? Purs et irréprochables ? Nous allons en parler dans un moment.

Mais avant cela, j’aimerais nous inviter à réfléchir sur les objectifs de notre vie sur terre.

Sommes-nous, comme Paul, préoccupés par notre comparution devant Jésus au jour du Christ ?

Comme certains d’entre vous le savent, j’ai eu un souci de voiture récemment. Alors je passe beaucoup de temps à regarder les annonces pour les ventes de véhicules d’occasion, car je cherche à acheter une voiture.

Parfois j’ai l’impression d’y passer quelques minutes, alors que j’y ai passé un temps fou.

Je crois que nos préoccupations de la vie quotidienne peuvent nous détourner de notre but principal. Ce ne sont pas forcément des préoccupations qui vont nous détourner de la foi en Dieu, mais ils peuvent prendre notre énergie et notre disponibilité pour les affaires de Dieu.

Je reviens encore à la fable de La Fontaine.

Le lièvre savait qu’il devait arriver au but. Il a même eu un sursaut au dernier moment, il a pris conscience de son retard et il s’est dépêché, mais il a perdu la course, car il s’est trop laissé détourner et retardé.

Je pense que notre société et notre mode de vie regorgent de petites choses qui peuvent nous détourner de l’essentiel.

Nous devons évidemment nous occuper des affaires courantes, je dois tout de même regarder les annonces pour trouver une voiture, mais toutes ces choses ne devraient pas nous faire oublier notre objectif final.

Pour être plus concret, quel est cet objectif final ?

Depuis tout à l’heure je vous parle de vivre pour Dieu, de viser le but, mais concrètement, quel est le but ?

Paul le mentionne un peu partout dans son introduction, mais c’est encore la fin du passage qui est particulièrement parlante. Relisons les versets 9 à 11 :

9 Et voici ce que je demande dans mes prières: c’est que votre amour augmente de plus en plus en connaissance et en pleine intelligence
10 pour que vous puissiez discerner ce qui est essentiel. Ainsi vous serez purs et irréprochables pour le jour de Christ,
11 remplis du fruit de justice qui vient par Jésus-Christ à la gloire et à la louange de Dieu.

L’apôtre Paul prie pour que les Philippiens sachent discerner l’essentiel. C’est mon deuxième point.

[2. Discerner l’essentiel]

Dans d’autres traductions, on peut trouver l’expression « ce qui est important », ou encore « ce qui est le meilleur ».

Vous allez certainement me dire que l’on tourne un peu en rond : le but c’est de discerner ce qui est important, et ce qui est important c’est de viser le but.

Mais l’apôtre Paul ne dit pas seulement cela.

Ce qui nous permet de discerner l’essentiel, c’est ce qu’il développe au verset 9 : « c’est que votre amour augmente de plus en plus en connaissance et en pleine intelligence 10 pour que vous puissiez discerner ce qui est essentiel. »

Pour discerner l’essentiel, il faut que notre amour augmente en connaissance et en intelligence.

Là encore, c’est une expression qui nous semble un peu mystérieuse.

Comment se fait-il qu’il associe l’amour avec la connaissance et l’intelligence ? On entend parfois dire que le cœur a ses raisons que la raison ignore.

Mais dans la Bible, l’amour n’est pas avant tout une question de sentiments. Aujourd’hui, dans le monde occidental, nous associons l’amour et les sentiments, car nous sommes influencés par le romantisme des XVIII et XIXe siècle.

L’amour a évidemment des liens avec les sentiments, mais pas seulement. L’amour est aussi réfléchi. C’est la connaissance de Dieu qui va augmenter notre amour pour Dieu et pour notre prochain.

Nous sommes donc invités à grandir dans notre connaissance de Dieu afin d’augmenter notre amour, car plus nous apprenons à connaître Dieu, plus nous aimerons comme lui.

Aimer son prochain ce n’est pas seulement accepter sa présence parmi nous, c’est aussi voir en lui ses qualités et sa valeur malgré ses défauts. Aimer notre prochain, c’est le voir comme Dieu le voit et le traiter comme Dieu veut qu’on le traite.

Lors de ma première année en tant que pasteur, j’ai découvert les difficultés de la vie communautaire.

J’étais déjà membre d’une Église avant d’être pasteur, je connaissais donc déjà la vie communautaire. Mais quand j’étais membre et pas encore pasteur, je choisissais la facilité.

Par exemple, lorsque je n’avais pas d’affinité avec une personne, ou lorsque j’avais du mal avec quelqu’un, je l’évitais et il n’y avait aucun problème. Je pouvais parler avec ces personnes de manière fraternelle, je pouvais m’asseoir à côté d’eux pendant l’heure et demi  culte, mais pas plus.

Lors de ma première année en tant que pasteur, j’avais du mal avec une personne, mais je ne pouvais pas l’éviter, je devais travailler avec elle.

Je me souviens m’être demandé si j’allais pouvoir rester pasteur longtemps, pas seulement à cause d’elle, mais à cause de l’aspect vie communautaire.

En fin de compte, le fait de prêcher, faire des études bibliques et des visites, ce n’est pas le plus difficile. Mais la vie communautaire est un vrai défi.

J’ai donc beaucoup prié, et Dieu m’a aidé à mieux connaître cette personne, à comprendre pourquoi elle agissait comme elle agissait.

Et petit à petit, par la grâce de Dieu, j’ai vu ses qualités spirituelles, à tel point que pour moi, cette personne est devenue un modèle d’engagement chrétien aujourd’hui.

Je ne dis pas cela pour me mettre en avant et pour dire que j’ai atteint l’amour parfait. Je vois cela comme un miracle, c’est seulement l’œuvre de Dieu, et je sais que j’ai encore beaucoup de chemin à faire pour apprendre à aimer mon prochain.

Mais c’est aussi pour dire que je suis passé à côté de beaucoup de choses lorsque j’étais membre d’Église et que je choisissais la facilité. Paul invite tous les chrétiens à progresser dans l’amour.

Ne choisissons donc pas la voie de la facilité, mais la voie de la connaissance de Dieu et de l’intelligence, c’est-à-dire la sagesse, qui nous permettent d’aimer toujours plus comme Dieu aime.

Encore une fois, je vous partage cela, mais je suis loin d’être arrivé au but.

Pourtant, l’apôtre Paul souhaite que lorsque nous comparerons devant Jésus à la fin des temps, nous soyons chargés de fruits de la justice.

On peut imaginer un arbre tellement chargé de fruits que ses branches tombent par terre. C’est ainsi que nous devrions nous présenter à Dieu à la fin des temps, chargés de fruits de la justice.

Pour entrer encore dans le concret, l’un des fruits de la justice est la solidarité. Paul en parle dans cette introduction.

Il remercie Dieu, car les chrétiens de Philippe prennent part à l’Évangile, notamment en le soutenant financièrement. Nous l’apprenons en lisant l’ensemble de la lettre, mais il le mentionne déjà aux versets 4 et 5 :

4 Dans toutes mes prières pour vous tous, je ne cesse d’exprimer ma joie 5 à cause de la part que vous prenez à l’Évangile depuis le premier jour jusqu’à maintenant.

Il me semble qu’une traduction plus pertinente parlerait de « communion » au lieu de « prendre part », car c’est le terme de communion qui est utilisé en grec. Les Philippiens communient avec Paul en le soutenant dans la prière et financièrement.

Ils ne font pas qu’envoyer de l’argent, mais ils souffrent avec lui, ils communient avec lui dans sa condition de prisonnier. Ils prient aussi pour que Dieu fasse sortir du bien de cette situation.

Et le bien qui en ressort, c’est que Paul a des occasions pour parler de Jésus et de son salut.

Cette solidarité est présentée comme une œuvre de Dieu, qui se poursuivra jusqu’au jour du Christ.

La solidarité et la communion sont donc des fruits de la justice. C’est toujours une question d’amour. Aimer Dieu et aimer notre prochain selon sa justice et non pas la nôtre. Pour cela il faut connaître Jésus et chercher à progresser dans notre connaissance de lui.

Pour conclure, j’aimerais préciser que ces fruits de la justice viennent de Dieu.

[Conclusion]

L’apôtre ne donne pas un ordre aux chrétiens de Philippe, il dit qu’il prie pour eux. Il prie pour qu’ils visent l’objectif essentiel dans leur vie.

Que ce soit en liberté ou en prison, dans le confort de vie ou dans l’épreuve, l’objectif de l’apôtre Paul est de témoigner de Jésus, de vivre pour Jésus, de glorifier Jésus et de prier le Seigneur pour l’édification des chrétiens.

L’apôtre Paul ne donne pas un ordre, mais il prie, car seul Dieu peut nous faire grandir dans l’amour et la sagesse.

Voici la fin de son introduction :

Ainsi vous serez purs et irréprochables pour le jour de Christ,
11 remplis du fruit de justice qui vient par Jésus-Christ à la gloire et à la louange de Dieu.

Le fruit de justice vient de Jésus et non pas de nous.

Nous sommes acteurs dans la production du fruit, mais ils viennent de Jésus.

Continuons donc de chercher à atteindre le bon objectif dans notre vie, en demandant à Dieu de nous aider à courir la course, car sans lui, nous ne pourrons pas y arriver.

Et lorsque nous comparaitrons devant lui, lorsque nous arriverons au bout de la course, nous serons chargés, non pas d’une carapace comme la tortue, mais de fruits de la justice.

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