Chute du mur de séparation (Ephésiens 2.11-22)

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À quoi servent les murs ? Dans notre temple et dans nos maisons, les murs délimitent les espaces, soutiennent les structures de la construction, facilitent l’installation des équipements électriques et assurent une isolation. Cependant, dans l’histoire de notre monde, les murs ont également été utilisés pour séparer.

Le premier exemple qui me vient en tête est celui du mur de Berlin, nous l’avons appris dans les cours d’histoire au collège. Ce mur a été érigé en 1961 par l’Allemagne de l’Est pour la séparer de l’Allemagne de l’Ouest, notamment pour éviter la fuite des gens de l’Est.

En faisant quelques recherches, j’ai pu constater que beaucoup d’autres dirigeants ont utilisé des murs pour séparer des populations.

En Irlande du Nord, dans les quartiers de Belfast, une série de murs a été construite à partir de 1970 pour séparer les protestants et les catholiques, afin de mettre fin à leur conflit, car ils s’entretuaient. Et savez-vous comment ils ont appelé ces murs ? « Peace Lines », les lignes de la paix. On sépare deux populations par des murs, car ils sont incapables de vivre ensemble, et on dit que l’on a apporté la paix.

Entre l’Inde et le Pakistan, dans la région de Cachemire, après leur conflit des années 1940, les deux pays ont érigé des barrières et des clôtures pour maintenir une certaine sécurité, car ils se disputent le territoire. Aujourd’hui encore le conflit n’est pas terminé, l’ONU appelle cette barrière « La ligne de contrôle ».

Entre les États-Unis et le Mexique, un mur gigantesque est en cours de construction depuis 2006. Sous la présidence de Trump, les travaux se sont accélérés, le président Biden qui lui a succédé avait déclaré qu’il mettrait fin aux travaux, mais ils ont tout de même continué. L’une des raisons évoquées, c’est que des contrats de plusieurs millions de dollars avaient déjà été signés avec les constructeurs, et il semblerait que le président actuel ne peut pas arrêter ce qui a déjà commencé.

On évalue à plusieurs dizaines de milliards de dollars le coût de ce mur, qui sert à empêcher l’immigration depuis le Mexique.

Enfin, dernier exemple parmi tant d’autres, Israël a construit un mur de séparation en Cisjordanie. Du point de vue d’Israël, ce mur sert de barrière de sécurité, pour se protéger des terroristes. Du point de vue palestinien, ce mur est plutôt un problème. Les tensions entre les deux populations sont très actuelles et très vives. Je pense que c’est un conflit qui nous dépasse, nous sommes appelés à prier pour toutes les victimes, ainsi que pour la fin de l’escalade de violence.

Si je parle de ce sujet et de tous ces murs qui séparent des populations, c’est parce que le texte que nous allons lire dans quelques instants parle cela. Depuis quelques semaines, nous lisons la lettre de Paul aux Éphésiens et nous arrivons aujourd’hui au chapitre 2, les versets 11 à 22.

C’est un texte qui parle de la démolition et de la chute d’un mur de séparation.

Avant de le lire, voici un bref résumé de ce qui précède.

Dans cette lettre, l’apôtre Paul s’adresse aux chrétiens de la ville d’Éphèse, qui se trouve dans l’actuelle Turquie.

Dans le chapitre 1, il manifeste sa joie de savoir qu’ils connaissent Jésus. Il est heureux, car le peuple de Dieu s’élargit. Ce sont notamment des non-juifs, des païens, qui viennent à Jésus.

Il leur annonce que c’était le plan de Dieu depuis le début. Les chrétiens d’Éphèse ont été destinés par avance à être comblés en Jésus, dans le but de célébrer la gloire de Dieu.

Au début du chapitre 2, Paul leur rappelle comment était leur vie sans Jésus. Ils étaient non pas libres, mais esclaves de leurs propres désirs. Cependant, Jésus est venu les libérer, il est venu leur donner une nouvelle vie. Cette nouvelle vie les destine à produire des œuvres bonnes, que Dieu a déjà préparées d’avance afin qu’ils les accomplissent.

Nous lisons maintenant la suite, chapitre 2, versets 11 à 22 :

11 C’est pourquoi, souvenez-vous qu’autrefois vous étiez identifiés comme non-juifs dans votre corps, appelés incirconcis par ceux qui se disent circoncis et qui le sont dans leur corps, par la main de l’homme.
12 Souvenez-vous qu’à ce moment-là vous étiez sans Messie, exclus du droit de cité en Israël, étrangers aux alliances de la promesse, sans espérance et sans Dieu dans le monde.
13 Mais maintenant, en Jésus-Christ, vous qui autrefois étiez loin, vous êtes devenus proches par le sang de Christ.///
14 En effet, il est notre paix, lui qui des deux groupes n’en a fait qu’un et qui a renversé le mur qui les séparait, la haine.
15 Par sa mort, il a rendu sans effet la loi avec ses commandements et leurs règles, afin de créer en lui-même un seul homme nouveau à partir des deux, établissant ainsi la paix.
16 Il a voulu les réconcilier l’un et l’autre avec Dieu en les réunissant dans un seul corps au moyen de la croix, en détruisant par elle la haine.
17 Il est venu annoncer la paix à vous qui étiez loin et à ceux qui étaient près.///
18 A travers lui, en effet, nous avons les uns et les autres accès auprès du Père par le même Esprit.
19 Ainsi donc, vous n’êtes plus des étrangers ni des résidents temporaires; vous êtes au contraire concitoyens des saints, membres de la famille de Dieu.
20 Vous avez été édifiés sur le fondement des apôtres et prophètes, Jésus-Christ lui-même étant la pierre angulaire. 21 C’est en lui que tout l’édifice, bien coordonné, s’élève pour être un temple saint dans le Seigneur.
22 C’est en lui que vous aussi, vous êtes édifiés avec eux pour former une habitation de Dieu en Esprit.

Le discours de l’apôtre Paul commence par un impératif au verset 11 : « Souvenez-vous ».

[1. Souvenez-vous]

Ne trouvez-vous pas que c’est un peu étrange comme demande ?

Dans la Bible, nous nous attendons à trouver des commandements du type : aime ton prochain, va aider les pauvres, engage-toi dans l’Église, etc.

Jésus et l’apôtre Paul nous demandent bien toutes ces choses dans le Nouveau Testament. Mais ici, il accorde une importance particulière aux souvenirs.

De quoi doivent-ils se souvenir ?

De leur vie d’avant, avant qu’ils intègrent la famille de Dieu.

Autrefois, les Éphésiens étaient identifiés comme païens, c’est-à-dire non juifs, dans leur propre corps.

Les hommes juifs avaient un signe physique de leur appartenance au peuple de Dieu, ils étaient circoncis. Cela les distinguait des autres peuples qui n’étaient pas Juifs et donc incirconcis.

En tant que non-juifs, les Éphésiens étaient exclus de l’Alliance entre Dieu et son peuple, ils ne bénéficiaient pas des promesses de Dieu.

Les termes employés à la fin du verset 12 sont très forts : « vous étiez (…) sans espérance et sans Dieu dans le monde. »

L’apôtre leur dit : souvenez-vous bien, vous étiez perdus.

Pourquoi leur demande-t-il cela ?

C’est pour qu’ils puissent mieux comprendre de quoi Jésus les a sauvés. C’est pour que leur reconnaissance soit concrète.

Dieu sait que nous avons tendance à oublier.

Hier, c’était le 11 novembre. Dans notre commune de Guillonville, comme partout en France, nous avons commémoré la fin de la Première Guerre mondiale. Ce type de commémoration rend hommage aux personnes mortes pour la France, et elle est également censée nous rappeler la dure réalité de la guerre, afin de nos inciter à tirer des leçons du passé.

Il semble que l’être humain a du mal à tirer des leçons du passé, car nous nous trouvons toujours dans un monde qui souffre à cause des conflits.

C’est la raison pour laquelle le fait de se souvenir est d’autant plus important.

Dans ma vie, Dieu a mis sur ma route plusieurs personnes qui m’ont permis d’avancer malgré les difficultés. J’ai reçu de l’aide, de l’amitié, du soutien et de bons conseils. Lorsque je pense à ces personnes, je suis très reconnaissant de ce qu’elles m’ont apporté. Malgré cela, ce n’est pas toujours naturel de l’exprimer et de garder des liens avec ces personnes dans le temps.

L’être humain peut garder des rancunes et de l’amertume pendant des années. Mais la reconnaissance peut passer en quelques jours.

La valeur de l’œuvre de Jésus est d’autant plus précieuse à nos yeux lorsque nous nous souvenons de quoi il nous a sauvés.

Comment ce commandement peut résonner en nous ce matin ?

Peut-être que vous n’avez pas vécu un avant et un après. Si vous avez grandi dans une famille chrétienne et que vous avez cheminé avec Dieu depuis votre enfance, il n’est pas évident de dater un moment dans votre vie où vous avez démarré une relation avec Jésus.

Peut-être que vous n’avez pas encore de relation avec Jésus, ou peut-être que vous n’avez pas un souvenir si négatif de votre vie d’avant.

Dans ces cas, comment pouvons-nous nous souvenir ?

Je pense que dans la vie, nous passons tous par des étapes, il y a parfois de grands changements et même des crises.

Et dans ces grandes étapes de notre vie, il peut y avoir des moments où Dieu a agi de manière particulière. Je pense que l’impératif de l’apôtre Paul s’étend à tous les moments de notre vie où Dieu nous a accordé une grâce particulière.

Nous sommes invités à nous souvenir de tout ce que Dieu a fait pour nous hier et aujourd’hui. Et si nous n’avons pas encore identifié ces moments, Paul nous invite à prendre le temps de le faire.

Les Éphésiens sont d’abord invités à se souvenir de leur vie d’avant, sans Dieu.

Deuxièmement, ils sont invités à contempler l’œuvre de Jésus, à partir du verset 13.

[2. Mais maintenant (…) vous êtes proches]

Qu’est-ce que Jésus a fait ?

Relisons le verset 13 : 13 Mais maintenant, en Jésus-Christ, vous qui autrefois étiez loin, vous êtes devenus proches par le sang de Christ.

L’apôtre fait référence à la mort de Jésus sur la croix.

Paul explique ensuite que la mort de Jésus a démoli un mur.

Ce mur, c’était la haine qui séparait les Juifs des païens. C’était aussi la haine qui séparait l’humanité de Dieu.

Les Juifs et les païens étaient séparés, car dans un premier temps, seuls les Juifs étaient bénéficiaires des promesses de Dieu. Cette séparation a donné lieu à des tensions et des conflits entre les Juifs et les païens.

Par ailleurs, l’humanité était séparée de Dieu à cause du péché. Le péché, c’est ce que nous commettons à chaque fois que nous nous écartons de Dieu.

Jésus a détruit le mur qui nous séparait de Dieu, car en mourant sur la croix, Jésus a payé pour nos fautes.

L’œuvre de Jésus nous rapproche de Dieu et il rapproche tous les enfants de Dieu entre eux, qu’ils soient Juifs ou non-juifs. En effet, le salut est offert à l’humanité entière.

Lorsque Dieu a appelé Abraham pour former un peuple à partir de sa descendance, il lui a dit dès le début, en Genèse chapitre 12, que toutes les nations de la terre seront bénies en lui.

Le projet de bénir toutes les nations était bien le projet initial. Alors quelle est la spécificité des Juifs ?

Dieu a formé et choisi ce peuple pour qu’ils soient les premiers bénéficiaires et premiers témoins du Christ, témoins pour le monde.

C’est ce que Jésus dit aux apôtres pendant qu’il les quitte, en Actes 1 verset 8 : « vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie et jusqu’aux extrémités de la terre ».

Depuis la venue de Jésus, le peuple juif n’est donc plus un peuple qui doit se replier sur lui-même pour se protéger de l’idolâtrie païenne, il devient un peuple qui doit s’ouvrir aux autres pour annoncer la Bonne Nouvelle du Christ.

Voici comment Paul résume cette œuvre au verset 16 : Il a voulu les réconcilier l’un et l’autre [Juifs et non-juifs] avec Dieu en les réunissant dans un seul corps au moyen de la croix, en détruisant par elle la haine.

En résumé, puisque Jésus a détruit le mur qui séparait les Juifs des non-juifs et le mur qui séparait l’humanité de Dieu, il n’y a plus qu’un seul peuple uni avec Dieu, c’est ce que nous appelons : l’Église.

Dans la Bible, l’Église, c’est le peuple juif qui met sa foi en son messie Jésus, avec des extensions païennes que Dieu a ajoutées.

En disant tout cela, où l’apôtre Paul veut-il en venir ?

C’est mon troisième et dernier point :

[3. Ainsi donc, vous êtes concitoyens]

C’est très intéressant, car à l’époque où Paul écrit, Israël n’est pas une entité géopolitique indépendante. Israël est occupé par les Romains. Mais au verset 19, l’apôtre Paul parle des Juifs et des païens chrétiens comme étant des concitoyens.

19 Ainsi donc, vous n’êtes plus des étrangers ni des résidents temporaires; vous êtes au contraire concitoyens des saints, membres de la famille de Dieu.

De quelle citée sont-ils concitoyens ? Du royaume de Dieu manifesté sur terre.

Ce royaume n’est pas délimité par des frontières terrestres, il est présent partout où l’Église sert le Christ fidèlement.

Le temple symbolisait la présence de Dieu, mais Dieu est réellement présent là où son peuple se réunit en son nom, si bien que l’apôtre Paul parle des chrétiens comme étant des pierres vivantes posées sur l’édifice du temple.

Il le dit au verset 20 :

20 Vous avez été édifiés sur le fondement des apôtres et prophètes, Jésus-Christ lui-même étant la pierre angulaire. 

La pierre angulaire était la pierre principale d’un édifice.

Le nouveau temple de Dieu a pour pierre angulaire Jésus, il a pour fondement l’enseignement des apôtres, et chaque disciple de Jésus est comme une pierre posée sur l’édifice.

Cette autre image montre l’unité dans l’Église, entre Juifs et païens, entre nous et Dieu.

En conclusion, que faire avec ces infos ?

C’est intéressant de savoir que nous sommes concitoyens, que nous formons le temple de Dieu, mais quelles sont les conséquences dans notre vie de tous les jours ?

 [Conclusion]

Ce sont les deux derniers versets qui nous aident, versets 21 et 22 :

21 C’est en lui que tout l’édifice, bien coordonné, s’élève pour être un temple saint dans le Seigneur.
22 C’est en lui que vous aussi, vous êtes édifiés avec eux pour former une habitation de Dieu en Esprit.

En tant que citoyens du royaume de Dieu. En tant que pierre de l’édifice du temple, nous sommes appelés à être saints, puisque le temple est saint et qu’il accueille l’Esprit de Dieu, la présence de Dieu.

En fait, l’apôtre Paul redit ce qu’il a déjà dit au début du chapitre 2.

D’abord, il avait parlé de notre vie d’avant sans Dieu, nous étions esclaves de nos désirs. Ensuite, l’œuvre de Jésus, qui nous libère de nos désirs. Enfin, une fois libérés de nos désirs, nous pouvons accomplir les œuvres bonnes que Dieu a prévues d’avance.

Ici c’est pareil : autrefois, souvenons-nous, nous étions étrangers aux promesses de Dieu, mais par la croix, nous sommes devenus proches de Dieu, ainsi donc, soyons saints, car nous formons le temple de Dieu.

Nous ne devons plus vivre comme s’il y avait des murs.

Jésus a détruit tous les murs, il a détruit toutes les frontières, et nous, êtres humains, nous avons tendance à ériger des barrières.

Le temple de Dieu n’est pas un temple fait de murs qu’il faudrait reconstruire pour hâter le retour du Christ. Le temple de Dieu, c’est l’Église, non pas le bâtiment, mais la communauté.

La cité de Dieu, ce n’est pas une terre avec des frontières, qu’il faudrait établir ou rétablir par les armes. La cité de Dieu, c’est son royaume, présent partout où l’Église proclame fidèlement l’Évangile. Ce royaume est déjà présent et il se prolongera de manière ultime dans l’Éternité.

Enfin, soyons attentifs à ne pas ériger d’autres types de murs, et s’il y en a, détruisons-les.

Nous ne sommes pas à l’abri du « nationalisme (…), des animosités personnelles engendrées par l’orgueil, les préjugés, la jalousie ou le refus de pardonner (…) ».

Œuvrons plutôt dans le sens de l’unité entre nous et entre les différentes dénominations d’Églises du Christ, car il nous a réunis. C’est en agissant ainsi que nous serons des témoins fidèles de l’Évangile de Jésus-Christ, lui qui a détruit tous les murs, les frontières et les barrières.

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