Je démissionne ! (Ephésiens 3.14-21)

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Chers frères et sœurs, j’en ai ras le bol, je démissionne !

Aujourd’hui, nous assistons à des vagues de démission.

Démission chez les travailleurs, quel que soit le métier. Ouvrier, cadres, ingénieurs, professeurs, médecins ou même pasteurs.

Démission chez les bénévoles d’association également et démission dans les Églises.

Quand je parle de démission, j’inclus les ruptures conventionnelles, qui sont aussi des manières de démissionner plus avantageuses pour l’employé.

Aujourd’hui, le souci des employeurs, c’est de trouver des employés qui restent à leur poste.

Cette culture de la démission dans notre société pose question.

Est-ce un problème générationnel ?

On accuse souvent les jeunes d’être paresseux et de ne pas être travailleurs.
On se plaint que les médecins de famille d’aujourd’hui n’acceptent plus d’être appelés à 22h pour venir à la maison et nous examiner pour une urgence. On se plaint d’ailleurs qu’il n’y ait plus assez de travailleurs, plus d’artisan, plus de chauffeur, etc.

Quelles sont les raisons de ces démissions ?

Voici quelques causes que j’ai pu trouver sur Internet, classés dans l’ordre de priorité :

  1. Manque d’épanouissement personnel.
  2. Relations difficiles au travail.
  3. Opportunités professionnelles meilleures ailleurs.
  4. Problèmes liés à la rémunération ou aux avantages.
  5. Manque de reconnaissance ou de valorisation.
  6. Conditions de travail insatisfaisantes.
  7. Manque d’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle.
  8. Absence de perspectives d’évolution.
  9. Changements organisationnels difficiles à accepter.
  10. Conflits avec la direction ou les collègues.

Aujourd’hui, le sujet de ma prédication n’est pas de juger la pertinence de ces raisons, ni de critiquer les jeunes générations.

D’ailleurs, je pense que nous généralisons un peu trop et un peu vite. Il y a énormément de jeunes qui travaillent durs dans des conditions difficiles. Parler des jeunes de manière négative et en généralisant, cela peut être offensant envers ceux qui travaillent 60 heures par semaine, jusque tard le soir et même le week-end, ainsi que les jours fériés.

Ce que je voulais relever en parlant de la démission, c’est que le risque existe dans nos Églises.

Dans les raisons qui sont évoquées chez les personnes qui démissionnent, j’ai été interpelé par les raisons relationnelles.

Les difficultés relationnelles sont une des principales causes de démission, que ce soit dans le monde du travail, dans le milieu associatif ou dans les Églises.

Depuis que l’être humain s’est privé de la communion avec Dieu, depuis Adam et Ève, les relations sont une source de complications. C’est encore plus compliqué lorsque nous sommes différents.

L’Église est le lieu par excellence où se côtoient des personnes différentes. Dans nos Églises protestantes évangéliques, nous trouvons des personnes de toute origine, tout niveau social, toute génération, tout arrière-plan religieux, toute sensibilité, etc.

Dans nos Églises, nous trouvons des ouvriers présidents de conseil et des chirurgiens préposés au ménage. Des enfants et des personnes plus âgées lisent la Bible ensemble.

C’est assez rare, les associations où nous avons une telle richesse dans la diversité !

Cela dit, cette richesse implique aussi une responsabilité : celle de prendre soin des relations, car avec tant de différences, les relations peuvent être compliquées. Avec une telle variété de personnes, les attentes sur la vie d’Église peuvent être différentes, la manière de communiquer est parfois différente aussi.

La Bible nous parle évidemment de cette complexité et de la nécessité d’accorder une attention particulière à nos relations. C’est le thème du texte que nous allons lire ensemble dans quelques instants.

Avant les fêtes de fin d’année, nous avions commencé et bien entamé une série de prédications sur la lettre de Paul aux Éphésiens. Aujourd’hui je reprends cette série là où nous l’avons laissée, c’est-à-dire, au milieu du chapitre 3.

Rassurez-vous, si vous avez oublié de quoi il s’agit, ou si vous étiez absents, voici un bref résumé des chapitres 1, 2 et 3.

Dans le chapitre 1, l’apôtre Paul rappelle les bénédictions que Dieu leur a accordées, puis il prie pour eux, afin qu’ils puissent toujours être émerveillés par la grandeur de Dieu.

Au chapitre 2, l’apôtre rappelle que tout a été accordé par grâce, gratuitement. Il annonce également que cette grâce est offerte à tous, juifs et non-juifs, ce qui est choquant pour les juifs à l’époque.

L’unité se trouve en Christ et non pas dans une identité ethnique.
C’est important pour lui de le dire, car l’Église d’Éphèse est composée de juifs et de non-juifs.

Dans ce même chapitre 2, Paul énumère ce que Dieu a fait pour les Éphésiens :

Grâce au Christ, ils sont devenus proches de Dieu, ils sont réconciliés non seulement avec Dieu, mais aussi les uns avec les autres, car Dieu nous rassemble dans une même famille.

Au chapitre 3, Paul continue en annonçant que nous sommes tous cohéritiers du royaume de Dieu. C’est en lien avec Jésus que nous nous approchons de Dieu.

Après ce discours, il exprime encore une prière, que nous allons lire maintenant.

Éphésiens 3.14-21 :

14 Voilà pourquoi je plie les genoux devant le Père de notre Seigneur Jésus-Christ,
15 de qui toute famille dans le ciel et sur la terre tient son nom.
16 Je prie qu’il vous donne, conformément à la richesse de sa gloire, d’être puissamment fortifiés par son Esprit dans votre être intérieur,
17 de sorte que le Christ habite dans votre coeur par la foi. Je prie que vous soyez enracinés et fondés dans l’amour.///

18 pour être capables de comprendre avec tous les saints quelle est la largeur, la longueur, la profondeur et la hauteur de l’amour de Christ, 19 et de connaître cet amour qui surpasse toute connaissance, afin que vous soyez remplis de toute la plénitude de Dieu.
20 À celui qui peut faire, par la puissance qui agit en nous, infiniment plus que tout ce que nous demandons ou pensons,
21 à lui soit la gloire dans l’Église et en Jésus-Christ, pour toutes les générations, aux siècles des siècles! Amen!

Lorsque j’ai lu ce passage pour le méditer et pour préparer cette prédication, j’ai trouvé que c’était une simple prière, très belle et très bien rédigée, mais qu’est-ce que je pourrais bien dire dessus.

Y a-t-il un enseignement particulier à tirer de cette prière ?

[1. Une simple prière ?]

En quelques mots, l’apôtre demande à Dieu qu’il accorde aux Éphésiens d’être fortifiés, de faire preuve d’amour, de connaître toujours plus l’amour du Seigneur et d’être remplis de la plénitude de Dieu.

Que dire de plus ?

C’est alors que je me suis intéressé de plus près au contexte, c’est là que cela devient intéressant.

Étudier un texte dans son contexte est toujours bénéfique pour notre compréhension.

Le contexte, c’est une Église où des personnes très différentes se côtoient.

Nous l’avons dit, juste avant sa prière, Paul insiste sur le fait que juifs et non-juifs ont été réconciliés et même unis pour former la famille de Dieu.

Les uns mettaient beaucoup d’accent sur les traditions, les rituels, la nécessité d’être circoncis et de respecter les interdits alimentaires. Les autres étaient totalement étrangers à toutes ces règles.

Lorsque ces deux cultures sont réunies, cela peut donner lieu à des incompréhensions et des frictions. Le comportement des uns pouvait choquer les autres.

C’est aussi intéressant de s’intéresser au chapitre 4. Quel est l’enseignement de Paul après la prière ?

Il leur annonce la nécessité d’être unis pour s’édifier mutuellement dans l’Église. Unis pour travailler ensemble, pour servir Dieu ensemble. Chacun avec les dons que Dieu lui a donnés.

Je l’ai relevé dans mon introduction, mettre des personnes très différentes ensemble et leur demander de travailler en collaboration, ça peut être compliqué. Certains pourraient être tentés d’abandonner, de démissionner ou de développer une amertume.

Alors, comment faire pour rester unis malgré nos différences ? Comment faire pour travailler ensemble lorsque nous n’avons pas la même culture, pas la même manière de communiquer, pas les mêmes sensibilités, pas les mêmes opinions ?

Nous avons besoin de prier, nous avons de l’aide du Seigneur.

C’est pour cela que Paul prie.

Ainsi, il commence par annoncer que juifs et non-juifs sont réunis dans une même famille spirituelle, et il s’apprête à les exhorter à travailler ensemble. Mais il sait que c’est impossible humainement parlant, alors il prie pour eux.

Sans l’aide de Dieu, nous ne pourrions pas servir Dieu ensemble paisiblement.

Si je vous demande : quelles sont vos attentes envers l’Église, nous allons avoir pratiquement autant d’attentes différentes que de personnes.

Mais la question n’est pas de savoir ce que nous attendons de l’Église, la question est de savoir ce que Dieu veut et à quelle place il nous veut.

Regardons alors ce que Paul demande à Dieu, afin que les Éphésiens soient capables de collaborer, de se supporter et de s’aimer.

Verset 16 : « Je prie qu’il vous donne, conformément à la richesse de sa gloire, d’être puissamment fortifiés par son Esprit dans votre être intérieur. »

Au début de l’automne, l’Église de Châteaudun a organisé une journée de formation sur l’ennéagramme.

En gros, l’ennéagramme est une manière de classer les personnalités en 9 types différents. Ce n’est pas en lien avec la Bible, mais nous pouvons trouver des applications intéressantes pour notre vie spirituelle.

J’ai beaucoup aimé cette formation et je pense qu’elle peut nous aider à mieux nous connaître.

Mais mieux se connaître, c’est à deux tranchants.

En se connaissant mieux, on peut s’enfermer dans une certaine perception de soi, et nous complaire dans notre fonctionnement. On peut même en arriver à dire aux autres : « il faut me prendre tel que je suis, je suis comme ça, c’est ma personnalité. »

Ou alors, en se connaissant mieux, on peut identifier nos limites et travailler dessus pour les dépasser.

De plus, en tant que chrétiens, un autre paramètre non négligeable est à prendre en compte.

Malgré ce que peuvent dire certaines études au sujet de la personnalité,  je suis convaincu que Dieu peut nous changer et même travailler notre personnalité.

Relisons le verset 16 : « Je prie qu’il vous donne, conformément à la richesse de sa gloire, d’être puissamment fortifiés par son Esprit dans votre être intérieur. »

[2. Une prière pour transformer notre être intérieur]

L’être intérieur ce n’est pas seulement la personnalité, c’est tout notre être.

En recevant l’Esprit de Dieu, une nouvelle vie commence, Jésus dit que nous naissons de nouveau.

Et une fois né de nouveau, l’Esprit peut fortifier notre être intérieur. Il peut tout changer. Je le dis avec conviction, car je connais des personnes qui ont totalement changé, méconnaissables dans le bon sens du terme. Dieu ne travaille-t-il pas notre caractère, notre personne ?

Dans le contexte de la prière, Paul demande que Dieu les fortifie par son Esprit pour les rendre aptes à travailler ensemble, à se supporter, à communiquer avec bienveillance et à prendre soin les uns des autres.

Voici ce que nous pouvons lire ensuite, des versets 17 à 19 :

« Je prie que vous soyez enracinés et fondés dans l’amour
18 pour être capables de comprendre avec tous les saints quelle est la largeur, la longueur, la profondeur et la hauteur de l’amour de Christ, 19 et de connaître cet amour qui surpasse toute connaissance, afin que vous soyez remplis de toute la plénitude de Dieu. »

De quoi avons-nous besoin pour servir Dieu ensemble ?

[3. Une prière pour être enracinés et fondés dans l’amour]

Je ne pense pas que la première nécessité soit d’organiser des formations en communication, en diplomatie, en management ou  en leadership.

La première nécessité, c’est d’être enracinés et fondés toujours plus dans l’amour du Christ.

L’apôtre Paul utilise deux verbes qui expriment deux images : enracinés et fondés.

Un arbre bien enraciné, c’est un arbre qui tient bon, un arbre solide, un arbre qui peut grandir et se développer, car il puise ses ressources profondément dans la terre. Plus il est enraciné, plus il est capable de puiser sa nourriture et plus il peut se développer.

Un bâtiment qui a de bonnes fondations, c’est également un bâtiment solide, qui résiste aux intempéries, car il est bien ancré.

L’apôtre Paul prie pour que les chrétiens soient enracinés et fondés dans l’amour.

Il souhaite que nous soyons capables de comprendre « quelle est la largeur, la longueur, la profondeur et la hauteur de l’amour de Christ, 19 et de connaître cet amour qui surpasse toute connaissance, afin que nous soyons remplis de toute la plénitude de Dieu.

Être rempli de la plénitude de Dieu, c’est être rempli de son Esprit.

En mettant notre foi en Jésus, nous recevons tous l’Esprit, mais l’Esprit doit avoir le champ libre pour développer toute sa plénitude en nous.

[Conclusion]

Je conclus avec une question très pratique qui m’a été posée récemment :

Si Dieu fait tout, alors dois-je ne rien faire ?

L’apôtre Paul ne dit pas qu’il ne faut rien faire. Il prie pour eux et ensuite, il leur demande de se supporter, au chapitre 4. Il leur parlera aussi du rôle de chacun dans l’Église : les prophètes, les enseignants, les pasteurs, les évangélistes, les chrétiens, etc.

S’il prie, c’est parce qu’il sait qu’ils ne pourront pas se supporter sans l’intervention de Dieu dans leur vie. Mais après la prière, il leur demande d’agir.

Nous aussi, prions pour que nous puissions toujours plus connaître l’amour de Dieu manifesté en Jésus. Prions et mettons déjà l’amour en pratique, en ayant confiance que Dieu nous aidera à faire preuve de bonté et de patience.

Lorsque nous sommes tentés de démissionner, lorsque nous nous décourageons, lorsque nous pensons ne plus y arriver, alors ce texte est pertinent pour nous.

Avançons non par la vue, mais par la foi. Prions pour que Dieu nous révèle encore et encore la grandeur de son amour. C’est en nous émerveillant de son amour que nous serons plus aptes à aimer à notre tour.

20 À celui qui peut faire, par la puissance qui agit en nous, infiniment plus que tout ce que nous demandons ou pensons,
21 à lui soit la gloire dans l’Église et en Jésus-Christ, pour toutes les générations, aux siècles des siècles! Amen!

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