Jésus, l’Eglise et les enfants (Matthieu 18.1-14)

Happy kids at elementary school

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Connaissez-vous la saga Star Wars ?
Dans cette série de films, il y a d’une part des guerriers qui se trouvent du côté obscur de la force, ils construisent des armes de destruction massive, ils veulent détruire et asservir l’univers.

Et d’autre part, il y a des guerriers qui se trouvent du côté lumineux de la force, ce sont les guerriers Jedi, ils combattent le mal et veulent rétablir la paix dans l’univers.

Dans cet univers, la « force » est une énergie surnaturelle qui peut être positive ou négative. C’est en manipulant le bon côté de la force que les guerriers Jedi peuvent vaincre l’ennemi.

J’aime beaucoup cette série de films, je la trouve très intéressante, et j’y vois beaucoup de parallèles avec notre monde et la foi chrétienne.

Jésus parle du monde en disant qu’il y a des ténèbres, de l’obscurité.
Il dit qu’il est la lumière venue dans le monde. Il dit aussi que ses disciples sont la lumière du monde.
Et il parle du Saint-Esprit comme étant une personne, mais aussi une force aux côtés de ses disciples.

Un autre point que je trouve intéressant dans Star Wars, c’est que les Jedi forment des petits apprentis, afin qu’ils apprennent à manipuler la force dès le plus jeune âge. Ainsi, ils pourront aider à repousser l’ennemi et rendre l’univers meilleur.

Pour notre part, nous ne vivons pas dans l’univers Star Wars, nous vivons dans la vraie vie. Nous avons aussi des enfants qui doivent apprendre à grandir dans un monde qui souffre, un monde qui se dégrade, un monde difficile. Que voulons-nous leur enseigner ?

Jésus fait un lien très fort entre le soin que nous accordons aux enfants et notre foi en lui. Il a dit : « celui qui accueille en mon nom un petit enfant comme celui-ci m’accueille moi-même. »

Il a dit aussi : « si quelqu’un fait trébucher un seul de ces petits qui croient en moi, il vaudrait mieux pour lui qu’on suspende à son cou une meule de moulin et qu’on le jette au fond de la mer. »

Ce sont des paroles fortes, comment les comprendre ?

Je vous propose de lire tout le discours de Jésus sur les enfants afin de comprendre un peu mieux son enseignement.

Nous lisons dans l’Évangile selon Matthieu, chapitre 18, versets 1 à 14.

1 A ce moment-là, les disciples s’approchèrent de Jésus et dirent: «Qui donc est le plus grand dans le royaume des cieux?»
2 Jésus appela un petit enfant, le plaça au milieu d’eux 3 et dit: «Je vous le dis en vérité, si vous ne vous convertissez pas et si vous ne devenez pas comme les petits enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux.
4 C’est pourquoi, celui qui se rendra humble comme ce petit enfant sera le plus grand dans le royaume des cieux, 5 et celui qui accueille en mon nom un petit enfant comme celui-ci m’accueille moi-même.///
6 Mais si quelqu’un fait trébucher un seul de ces petits qui croient en moi, il vaudrait mieux pour lui qu’on suspende à son cou une meule de moulin et qu’on le jette au fond de la mer.
7 »Malheur au monde à cause des pièges! Les pièges sont inévitables, mais malheur à l’homme qui en est responsable!
8 Si ta main ou ton pied te poussent à mal agir, coupe-les et jette-les loin de toi. Mieux vaut pour toi entrer dans la vie boiteux ou manchot que d’avoir deux pieds ou deux mains et d’être jeté dans le feu éternel.///
9 Et si ton oeil te pousse à mal agir, arrache-le et jette-le loin de toi. Mieux vaut pour toi entrer dans la vie avec un seul oeil que d’avoir deux yeux et d’être jeté dans l’enfer de feu. 10 »Faites bien attention de ne pas mépriser un seul de ces petits, car je vous dis que leurs anges dans le ciel sont continuellement en présence de mon Père céleste.
11 [En effet, le Fils de l’homme est venu sauver ce qui était perdu.]///
12 »Qu’en pensez-vous? Si un homme a 100 brebis et que l’une d’elles se perde, ne laisse-t-il pas les 99 autres sur les montagnes pour aller chercher celle qui s’est perdue?
13 Et s’il la trouve, je vous le dis en vérité, il en a plus de joie que des 99 qui ne se sont pas perdues. 14 De même, ce n’est pas la volonté de votre Père céleste qu’il se perde un seul de ces petits.

J’ai choisi ce texte, car aujourd’hui nous avons une réunion avec les personnes engagées auprès des enfants, et il me semblait pertinent de mettre en avant que c’est finalement une démarche de toute l’Église. Ce qui est fait pour les enfants, ce ne sont pas seulement les moniteurs qui sont mobilisés, c’est aussi toute l’Église qui est impliquée.

On peut être impliqué en s’engageant directement auprès des enfants, mais aussi par la prière ou par l’encouragement. Et de manière très concrète, ce sont aussi les finances de l’Église qui sont utilisées pour les différentes dépenses liées à l’enseignement des enfants.

Nous avons la chance d’avoir des enfants et une prise en charge de ces enfants de la part de la communauté. Ce n’est pas seulement de la chance c’est surtout une bénédiction. Regardons comment Jésus enseigne à ce sujet.

Son discours fait suite à une question des disciples : « Qui donc est le plus grand dans le royaume des cieux ? »

Est-ce celui qui prie nuit et jour pour son prochain ? Est-ce celui à travers qui Dieu accomplit beaucoup de miracles ? Est-ce celui qui prêche bien et qui convertit des foules ? Est-ce celui qui se met au service de Dieu avec une entière consécration, sans compter les heures ?

Pour répondre à cette question, Jésus appelle un petit enfant. Le texte précise : « il le place au milieu d’eux. »

Dans un autre texte des Évangiles, il y a une scène où des enfants gênaient les disciples. Peut-être faisaient-ils trop de bruit, peut-être que certains disaient : « les enfants n’ont pas leur place ici ».

Ici, Jésus appelle un enfant pour le mettre en évidence. Si cette scène avait eu lieu dans notre temple, il l’aurait certainement mis sur la chaire, à la vue de tous.

Et il dit au verset 3 : «Je vous le dis en vérité, si vous ne vous convertissez pas et si vous ne devenez pas comme les petits enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux. »

Jésus parle d’abord de conversion. La conversion c’est le changement. Lorsque nous convertissons des euros en dollars, nous n’avons plus des euros, mais des dollars. Il y a un changement, une transformation.

Ensuite, Jésus parle de devenir comme des enfants. Les enfants ne sont pas parfaits, ils ne savent pas toujours gérer la frustration, ils font des caprices, ils se battent parfois entre eux, ils peuvent être de mauvaise foi, etc.

Mais un enfant sait qu’il a besoin de ses parents pour un tas de choses. Je pense que c’est l’un des aspects que Jésus veut souligner. Être comme un enfant devant Dieu, c’est reconnaître que nous avons besoin de lui.

Jésus dit au verset 4 : « celui qui se rendra humble comme ce petit enfant sera le plus grand dans le royaume des cieux ».

Le plus grand, c’est donc celui qui se reconnaît comme étant petit devant Dieu.

Puis Jésus poursuit avec une parole forte au verset 5 :

« Celui qui accueille en mon nom un petit enfant comme celui-ci m’accueille moi-même. »

Que signifie accueillir ?

Lorsqu’une personne rejoint un groupe, que signifie accueillir cette personne ?

Cela signifie que nous lui donnons une place parmi nous, une place à part entière.

Accueillir un enfant, c’est lui faire une place dans l’Église.

Jésus précise qu’il faut l’accueillir en son nom, c’est à dire de sa part. Nous sommes donc des représentants de Jésus auprès des enfants, nous sommes appelés à agir de la part de Jésus, en manifestant son amour et sa bienveillance.

Cela ne veut pas dire que l’enfant est roi et qu’il peut faire tout ce qu’il veut. Mais cela veut dire qu’il a sa place.

Accueillir un enfant de la part de Jésus, cela revient à accueillir Jésus lui-même.

Ce que Jésus veut dire, c’est que nous sommes appelés à aimer ceux que Jésus aime, à accueillir ceux que Jésus affectionne particulièrement.

Je n’ai pas été instituteur, mais j’ai travaillé quelque temps auprès des enfants. J’ai remarqué que les parents étaient particulièrement reconnaissants lorsque les enfants revenaient à la maison en racontant à quel point nous nous sommes bien occupés d’eux. C’est comme si l’on avait pris soin des parents.

À l’inverse, si un enfant revient triste ou s’il a été blessé physiquement à cause d’un incident ou d’un autre enfant, les parents peuvent réagir de manière très vive. C’est pire que si on leur avait du mal à eux. (J’ai la chance de ne pas avoir connu ce genre de situation avec des enfants sous ma responsabilité.)

Jésus évoque aussi ce genre de situation à partir du verset 6.

« Mais si quelqu’un fait trébucher un seul de ces petits qui croient en moi, il vaudrait mieux pour lui qu’on suspende à son cou une meule de moulin et qu’on le jette au fond de la mer. »

Ce verset est très intéressant, car il bouscule notre conception des enfants.

Jésus parle des petits qui croient en lui, autrement dit : des enfants qui ont foi en lui.

À partir de quel âge pense-t-on qu’un enfant peut avoir une relation avec Dieu ? Jésus parle bien d’un petit enfant.

On dit parfois que les enfants feront le choix de leur croyance plus tard, quand ils seront plus grands, quand ils auront l’âge et la maturité pour choisir.

Mais Jésus parle bien des enfants qui croient en lui alors même qu’ils sont encore petits.

D’après l’enseignement biblique, il n’y a pas d’âge pour commencer à croire.

Dans notre culture évangélique, on met parfois l’accent sur la conversion comme le moment où on commence à croire. On entend parfois des témoignages sur des gens qui étaient drogués et qui tout à coup rencontrent Jésus et sont délivrés de leur addiction du jour au lendemain.

C’est vrai que cela arrive, mais c’est loin d’être comme cela à chaque fois.

Il y a des chrétiens qui ont la chance d’être nés dans une famille chrétienne et qui ont eu conscience de la présence de Dieu dès le plus jeune âge. Ces chrétiens ont beaucoup de mal à dire qu’ils se sont convertis, car leur cheminement avec Dieu a été progressif, il n’y a pas de date qui marque l’« avant » et l’« après », ils ont connu Dieu dans leur enfance.

On pourrait du coup se demander si parfois on ne manipule pas nos enfants. Suivre Jésus ne devrait-il pas être un choix personnel à faire à l’âge adulte ?

C’est important de souligner que la foi en Jésus ce n’est avant tout un choix, c’est d’abord une rencontre et une relation.

Vivre notre foi ouvertement, en famille, avec les enfants, et parler de l’amour de Dieu, je ne pense pas que ce soit de la manipulation. C’est juste vivre notre relation avec Dieu et le présenter à ceux que nous aimons. Pas l’imposer, mais le présenter.

[Illustration]

Lorsque mes enfants passent du temps dehors et qu’ils rentrent à la maison, on souhaite qu’ils enlèvent leurs chaussures et qu’ils se lavent les mains.

Le lavage de mains a donné lieu à plusieurs discussions avec eux, ils ont maintenant bien compris pourquoi il faut se laver les mains : c’est parce qu’il peut y avoir des microbes.

Nous leur avons expliqué que les microbes sont invisibles à l’œil nu, mais ils existent bel et bien. C’est à cause d’eux que l’on peut tomber malade. En lavant les mains avec du savon, on se débarrasse des microbes.

Nos enfants nous croient puisqu’ils le font. Ils savent que les microbes existent même s’ils ne les voient pas. Ils croient aussi qu’en se lavant les mains, cela fait partir les microbes, même s’ils ne voient pas les microbes partir.

Est-ce de la manipulation ?

Est-ce que je devrais m’abstenir de leur parler des microbes afin qu’ils fassent le choix d’y croire ou pas  quand ils seront plus grands ?

Leur parler des microbes, ce n’est pas de la manipulation, car ils existent bel et bien.

Pour moi, parler de ma relation avec Dieu à mes enfants ce n’est pas de la manipulation, car cette relation existe bel et bien.

Cela dit, l’analogie que j’utilise a des limites.

Il y a des fois où mes enfants ne veulent pas se laver les mains. Dans ce cas j’insiste et même parfois je les gronde, parce que leurs mains sont vraiment sales.

Concernant la foi, c’est entre eux et Dieu, chacun a son propre cheminement. Je ne dois ni les manipuler ni insister comme pour le lavage des mains, mais je peux en parler et les inviter à déjà vivre cette relation, par la prière par exemple.

Jésus parle bien des petits qui croient en lui : « Mais si quelqu’un fait trébucher un seul de ces petits qui croient en moi, il vaudrait mieux pour lui qu’on suspende à son cou une meule de moulin et qu’on le jette au fond de la mer. »

Celui qui fait trébucher l’un de ces enfants, c’est comme s’il s’en prenait à Jésus lui-même.

Faire trébucher un enfant, c’est tout ce qui peut l’éloigner de l’amour de Dieu.

Jésus raconte une parabole dans notre passage, il dit que si l’une de ses 100 brebis se perd, il laissera les 99 autres pour aller chercher celle qui est perdue. Ce n’est pas la volonté de Dieu que ses brebis de se perdent.

Jésus consacre une partie de son discours en décrivant à quel point il ne vaudrait mieux pas être un piège pour les enfants. Je propose de développer cette partie-là lors d’une prochaine prédication.

J’aimerais maintenant conclure.

[Conclusion]

Est-ce que ce texte ne parle qu’aux parents ou aux moniteurs de l’école du dimanche ?

Je ne pense pas. Jésus prend l’exemple d’un enfant pour dire : « ceux qui se convertissent et  deviennent comme des petits enfants entreront dans le royaume de Dieu. »

Il parle à tous ceux qui l’écoutent.

C’est le premier enseignement de ce passage : soyons comme des enfants, reconnaissons que nous ne sommes pas autosuffisants, nous avons besoin de Dieu. Sachons être humbles devant lui.

Ensuite, Jésus parle de l’accueil : « Celui qui accueille en mon nom un petit enfant comme celui-ci m’accueille moi-même. »

Jésus parlait des petits enfants, mais ne sommes-nous pas nous aussi des enfants de Dieu ? En tout cas, nous sommes invités à le devenir.

Nous sommes appelés à faire une place aux enfants en particulier, mais l’accueil est bien pour tous.

Je pense aussi que Jésus affectionne en particulier ceux qui sont considérés comme les plus petits de ce monde : les personnes abîmées par les difficultés de la vie, les rejetés de la société, les gens indésirables.

Tous ont une place dans la famille de Dieu.

Finalement, nous sommes appelés à nous accueillir les uns les autres au nom de Jésus. Ce n’est pas toujours facile, il y a peut-être des gens avec qui on a peut-être du mal. Comment faire ?

Le texte nous donne la réponse : encore une fois, devenir comme des enfants, reconnaître que pour y arriver, nous avons besoin de Dieu.

Jésus arrive à accueillir des gens comme moi, plein de défauts (en plus il les connaît tous).

Seul Jésus a assez d’humilité et d’amour pour réussir à nous accueillir ainsi. C’est pour cela que Jésus parle d’accueillir en son nom, de sa part.

Comment réussir la mission que Jésus nous confie ? Accueillir les petits enfants et plus généralement tous les enfants de Dieu ?

Dans Star Wars, les apprentis Jedi n’apprennent pas à développer leurs propres talents pour combattre le mal, ils apprennent à compter sur la force. Ils se disent souvent les uns aux autres : « que la force soit avec toi ».

Cela peut être une image pour notre vie avec Dieu. Ne comptons pas d’abord sur nos propres compétences, nos dons ou notre capacité. Comptons sur lui et cherchons auprès de lui l’amour nécessaire pour accueillir tous ses enfants. Que le Saint-Esprit soit avec vous !

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