L’ascension : quelle importance ? (Actes 1.1-14)

Prédication version audio ici. | Paroles du chant « Yahwé » (nom de Dieu en Hébreu) ici.

L’ascension est une fête assez particulière. Le nom de la fête laisse entendre que nous mettons un accent justement sur l’ascension de Jésus vers le ciel. Le Christ est monté au ciel et chaque année à la même période, cette fête focalise notre attention sur son élévation. Mais à aucun endroit dans la Bible il n’est demandé aux chrétiens de fêter l’ascension.

En plus de  cela, lorsque Jésus monte au ciel, les apôtres lèvent la tête et le regardent partir, ils fixent leurs regards en haut. À ce moment-là, deux anges les interpellent et leur disent (je paraphrase) :

« Mais que faites-vous ? Pourquoi restez-vous là à regarder le ciel ? Le Seigneur vous demande de vous concentrer sur autre chose, alors mettez-vous au travail ! »

Dans le texte biblique, lorsque les apôtres se focalisent sur l’ascension, deux anges leur font comprendre qu’ils devraient se focaliser sur autre chose de plus important.

Avant de découvrir de quoi il s’agit, j’aimerais quand même dire que même si la Bible n’invite pas les chrétiens à fêter l’ascension, c’est quand même une occasion de se rappeler que Jésus est bien ressuscité, il est encore  vivant aujourd’hui, il se trouve au ciel et nous attendons son retour qui marquera la fin des temps.

L’ascension de Jésus demeure un évènement important, car elle marque la fin de son ministère sur terre et le début de son ministère à distance, nous en parlerons dans quelques instants.

Je vous invite d’abord à prendre connaissance de l’un des textes qui relatent cet évènement.

Actes 1.1-14

1 Cher Théophile, dans mon premier livre, j’ai parlé de tout ce que Jésus a commencé de faire et d’enseigner
2 jusqu’au jour où il a été enlevé au ciel après avoir donné ses ordres, par le Saint-Esprit, aux apôtres qu’il avait choisis.
3 Après avoir souffert, il se présenta à eux vivant et leur en donna de nombreuses preuves: pendant 40 jours, il se montra à eux et parla de ce qui concerne le royaume de Dieu.
4 Alors qu’il se trouvait en leur compagnie, il leur recommanda de ne pas s’éloigner de Jérusalem, mais d’attendre ce que le Père avait promis, «ce que je vous ai annoncé, leur dit-il,
5, car Jean a baptisé d’eau, mais vous, dans peu de jours, vous serez baptisés du Saint-Esprit.»
6 Alors que les apôtres étaient réunis, ils lui demandèrent: «Seigneur, est-ce à ce moment-là que tu rétabliras le royaume pour Israël?»
7 Il leur répondit: «Ce n’est pas à vous de connaître les temps ou les moments que le Père a fixés de sa propre autorité. 8, Mais vous recevrez une puissance lorsque le Saint-Esprit viendra sur vous, et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie et jusqu’aux extrémités de la terre.»
9 Après avoir dit cela, il s’éleva dans les airs pendant qu’ils le regardaient et une nuée le cacha à leurs yeux.
10 Et comme ils avaient les regards fixés vers le ciel pendant qu’il s’en allait, deux hommes habillés de blanc leur apparurent 11 et dirent: «Hommes de Galilée, pourquoi restez-vous à regarder le ciel? Ce Jésus qui a été enlevé au ciel du milieu de vous reviendra de la même manière que vous l’avez vu aller au ciel.»
12 Alors ils retournèrent à Jérusalem, de la colline appelée mont des Oliviers qui est près de Jérusalem, à la distance d’un kilomètre environ. 13 Quand ils furent arrivés, ils montèrent à l’étage dans la pièce où ils se tenaient d’ordinaire; il y avait là Pierre, Jean, Jacques, André, Philippe, Thomas, Barthélémy, Matthieu, Jacques, fils d’Alphée, Simon le zélote et Jude, fils de Jacques. 14 Tous persévéraient d’un commun accord dans la prière avec les femmes, avec Marie la mère de Jésus et avec les frères de Jésus. ///////

Avant de quitter ses apôtres, Jésus les enseigne, il leur parle du royaume de Dieu. Ils doivent rester à Jérusalem, car c’est là que Jésus va leur envoyer le Saint-Esprit.

À cette annonce, les apôtres posent la question au verset 6 : « Seigneur, est-ce à ce moment-là que tu rétabliras le royaume pour Israël? »

Jésus ne donne pas de réponse à leur question, mais il leur dit autre chose (v. 7 et 8) :

«Ce n’est pas à vous de connaître les temps ou les moments que le Père a fixés de sa propre autorité. 8, Mais vous recevrez une puissance lorsque le Saint-Esprit viendra sur vous, et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie et jusqu’aux extrémités de la terre.»

La mission que Jésus confie aux apôtres, c’est d’être ses témoins. C’est plus important que de chercher à savoir quand aura lieu la fin de temps. Et plus important aussi que de rester contemplatif devant l’ascension de Jésus.

1. Témoigner

Comment Jésus parle-t-il du témoignage ?

On peut noter plusieurs détails. Par exemple, il ne dit pas aux apôtres : « soyez mes témoins ». Il dit : « vous serez mes témoins ». Ce n’est pas un ordre. Ils deviendront ses témoins, c’est certain. Quelque chose va les pousser à témoigner de Jésus.

Ce ne sont pas les disciples qui rendent service à Dieu. Ils ne sont pas des héros qui se consacrent au Seigneur. C’est plutôt Dieu qui les consacre, c’est Dieu qui fait d’eux ses témoins, c’est lui qui les met à son service.

Quand cela arrivera-t-il ? Lorsque le Saint-Esprit viendra sur eux.

Effectivement, dans la suite du texte, au chapitre 2, lorsque le Saint-Esprit descend sur tous les disciples, ceux-ci se mettent à parler dans d’autres langues dans le but de témoigner.

Actes 2.11 : « Crétois et Arabes, nous les entendons parler dans notre langue des merveilles de Dieu ! »

Autre détail : Jésus parle du Saint-Esprit comme d’une puissance au verset 8 : « vous recevrez une puissance lorsque le Saint-Esprit viendra sur vous ».

À quoi sert cette puissance ? À faire des apôtres des témoins du Christ.

Cette puissance n’est donc pas au service de celui qui la reçoit, mais de Jésus et de la croissance de son royaume, c’est-à-dire l’Église.

Jésus quitte ses disciples, il quitte la terre, mais il continue d’agir grâce à son Esprit. C’est comme si on assistait à un passage de relais. Jésus part, mais il envoie son Esprit aux disciples afin qu’ils continuent de propager la Bonne Nouvelle.

Le royaume de Dieu est grand ouvert, l’entrée est gratuite, car Jésus a payé pour nous. Il a vécu une vie obéissante à Dieu, il mérite ainsi la vie éternelle et nous pouvons aussi recevoir cette vie par son intermédiaire.

Jésus souhaite que le monde entier soit informé de cette nouvelle, il envoie donc ses disciples en mission dans le monde entier, en commençant par Jérusalem : « vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie et jusqu’aux extrémités de la terre. » (Verset 8)

Les 12 apôtres n’ont pas pu parcourir le monde entier, c’est pour cela que l’Esprit continue son œuvre à travers le peuple de Dieu, c’est-à-dire à travers tous ceux qui croient en Jésus et qui accueillent son Esprit. Cette œuvre se poursuit encore aujourd’hui, c’est particulièrement la mission de l’Église.

Aujourd’hui, Dieu fait de ses enfants ses témoins. C’est lui qui nous équipe par son Esprit. C’est lui qui nous a choisis pour être ses témoins. Ce n’est pas nous qui nous engageons, comme si tout dépendait de nous. C’est lui qui nous engage, et nous dépendons de lui.

Après avoir reçu l’Esprit, les apôtres vont bâtir l’Église de Dieu. Là encore, ce n’est pas un projet humain, mais c’est le plan de Jésus qui se réalise.

Il avait dit à l’apôtre Pierre : « je bâtirai MON Église ». (Matthieu 16.18) Ce n’est pas l’Église des apôtres, ce n’est pas l’Église d’une institution, c’est celle de Jésus.

Elle est constituée de tous ceux qui ont reçu l’Esprit et elle se manifeste par le rassemblement de communautés locales pour témoigner de Jésus.

L’objectif, c’est que dans chaque pays, dans chaque ville, chaque quartier, chaque foyer, la Bonne Nouvelle soit annoncée.

 Je précise que notre mission est d’annoncer l’Évangile, non pas de l’imposer !

C’est le Saint-Esprit qui travaille dans les cœurs, ce n’est pas notre capacité à argumenter.

Le témoignage ne consiste pas à convaincre, mais à exposer fidèlement la Bonne Nouvelle, répondre aux questions et aux objections tout en manifestant l’amour de Dieu.

Ce que les apôtres ont commencé de faire, nous sommes appelés à le continuer, c’est l’une des raisons d’être de l’Église. Bien sûr nous sommes aussi invités à nous laisser enseigner par les Écritures, à le louer, à vivre la solidarité et l’amour dans l’Église. Mais la vocation du chrétien, c’est aussi de témoigner de l’amour de Dieu.

Lorsque nous accomplissons notre vocation, c’est là que nous nous épanouissons.

Nous nous trompons souvent de quête lorsque nous essayons de trouver le bonheur ou le bien-être personnel. Ne confondons pas le bonheur et le plaisir. Nous pouvons nous faire plaisir tous les jours et tous les jours être malheureux.

À l’inverse, nous pouvons souffrir tous les jours pour des tas de raisons, cependant, nous pouvons être heureux dans la souffrance, parce que nous accomplissons notre vocation.

Si nous sommes sur terre aujourd’hui même, c’est parce que Dieu nous appelle à être ses témoins.

Témoigner ce n’est pas seulement aller dans la rue pour prêcher l’Évangile, témoigner c’est aussi refléter l’amour de Dieu dans notre manière de vivre au quotidien.

Cela se manifeste par exemple par notre bienveillance envers les personnes qui nous agacent ou par notre pardon envers nos ennemis.

Dieu nous invite à agir ainsi, car c’est ainsi qu’il a agi envers nous.

Toutes ces choses ne sont pas faciles à mettre en pratique, alors comment faire ? Par quoi commencer ?

Dans notre texte, les apôtres commencent par prier ensemble.

2. Prier ensemble

Un jour, une affiche dans une Église m’a interpellé et je la retransmets quand l’occasion se présente : « une Église qui vit est une Église qui prie et une Église qui prie est une Église qui vit ».

Cette phrase résume bien ce que le texte nous enseigne.

Versets 12 à 14 :
(…) Ils retournèrent à Jérusalem, de la colline appelée mont des Oliviers qui est près de Jérusalem, à la distance d’un kilomètre environ. 13 Quand ils furent arrivés, ils montèrent à l’étage dans la pièce où ils se tenaient d’ordinaire; il y avait là Pierre, Jean, Jacques, André, Philippe, Thomas, Barthélémy, Matthieu, Jacques, fils d’Alphée, Simon le zélote et Jude, fils de Jacques. 14 Tous persévéraient d’un commun accord dans la prière avec les femmes, avec Marie la mère de Jésus et avec les frères de Jésus.

Les apôtres ne font pas que se retrouver. Ils ne font pas que prier chacun de leur côté. Ils font les deux ensemble : se retrouver et prier.

Pour quels sujets priaient-ils ? Le texte ne le précise pas.

On peut supposer qu’ils priaient pour remercier Dieu de ce qu’ils avaient et pour demander à Dieu la force d’accomplir leur mission. En tout cas, ils priaient ensemble.

L’auteur précise qu’ils persévéraient dans la prière. Cela suggère que ce n’est pas évident de se retrouver régulièrement pour prier ensemble. Chacun a sa vie professionnelle et sa vie de famille ainsi que ses activités.

Nous manquons parfois de temps pour soi et quand nous avons du temps libre, nous voulons nous consacrer à notre famille ou aux tâches qui attendent à la maison.

Toutes ces raisons sont légitimes. La priorité d’un père ou d’une mère, d’un époux ou d’une épouse, c’est son foyer.

Et si Dieu a fait le jour et la nuit, c’est pour que le jour nous puissions travailler et que la nuit nous puissions reposer notre corps qui a besoin de dormir.

Bien sûr nous pouvons travailler de nuit, comme il m’arrive de faire, et mettre des réunions le soir. Mais nous devons aussi penser à respecter le rythme de notre corps qui a été créé avec le besoin de se reposer.

Je pense aussi que nous devrions trouver de la place dans notre agenda pour prier ensemble. L’auteur de notre texte savait très bien qu’il est difficile de trouver ce temps-là. Mais les apôtres le faisaient. Comment faisaient-ils ? Le texte nous le dit au verset 14 : tous persévéraient d’un commun accord dans la prière.

Se retrouver pour prier, cela demande de la persévérance. Les apôtres avaient aussi une vie de famille. Dans la première lettre de Paul aux Corinthiens, on apprend que des apôtres étaient mariés (1 Co 9.5). Ils avaient très probablement des enfants.

Mais d’un commun accord, ils se retrouvaient pour prier. J’aime ce détail : d’un commun accord, il y a eu concertation.

Actuellement il nous est impossible de prier ensemble à cause des restrictions dues au Coronavirus. Mais lorsque cela sera de nouveau possible, comment allons-nous profiter de cette possibilité ?

Et si le lieu et le moment choisis pour la réunion de prière de l’Église ne convient pas à tous, ne vaut-il pas le coup de penser aussi à d’autres manières de vivre la prière communautaire ?

Quand j’étais à la fac de théologie, un des étudiants a eu une belle idée. Il s’est dit : on a rarement le temps pour participer à des longues réunions de prière. Alors on va juste mettre en contact des gens qui veulent prier ensemble, des groupes de 4 personnes maximum. Et quand ils le souhaitent, ces 4 personnes pourront se retrouver pour prier 5 minutes ensemble. La règle de départ était de ne pas dépasser 5 minutes afin de pouvoir facilement caser ce temps de prière au cours d’une journée.

Au fur et à mesure que le temps passait, ces rencontres se sont faites de plus en plus fréquemment, quelques étudiants s’appelaient pour partager des sujets de prière et se retrouvaient parfois pour prier plus que 5 minutes.

Cette idée est juste un exemple parmi beaucoup d’autres. La prière communautaire n’est pas juste une réunion sur un planning, avec un lieu et un horaire, mais ce sont avant tout des personnes qui d’un commun accord persévèrent ensemble.

Conclusion

En conclusion, l’ascension de Jésus marque le moment où Jésus passe le relais.

L’Évangile continue d’être proclamé par les apôtres et par tous les croyants qui mettent leur foi en Jésus. C’est la mission de chaque disciple.

N’ayons pas peur d’accepter cette mission, car Jésus nous donne une puissance, le Saint-Esprit, qui met en nous le vouloir et le faire.

Cette mission, nous sommes appelés à l’accomplir ensemble, d’un commun accord, en commençant par la prière afin de demander la direction de Dieu.

Prière

Notre Père, merci, car ton Fils Jésus n’est pas resté mort sur la croix, il est ressuscité, il s’est montré à des centaines de témoins et il est monté au ciel. Merci, car tu ne nous laisses pas seul, mais tu nous nous donnes ton Esprit afin de nous équiper, afin de témoigner avec la force qui vient de toi.

Seigneur, donne-nous la persévérance des premiers disciples. La persévérance pour travailler ensemble, d’un commun accord, afin que ton Église reflète ton amour, ta grâce, ta gloire.

Nous voulons témoigner autour de nous avec bienveillance, tout en annonçant la vérité de l’Évangile. Non pas que nous possédons cette vérité, mais nous la recevons de toi avec humilité, nous qui ne sommes que tes créatures imparfaites.

Nous te prions pour ce monde en détresse, viens en aide à ceux qui sont dans le besoin, ceux qui ont besoin de réconfort, de consolation, de justice, de guérison, de paix.

Au nom de Jésus, amen.

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