Le cep et les sarments – Jean 15.1-17 (Joachim Brunel)

Image par alohamalakhov de Pixabay

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Nous entrons dans la saison des vendanges, me semble-t-il. Le temps où l’on récolte le raisin pour produire du vin. Vu qu’on est dans la phase où on apprend à se connaître, il faut savoir que je viens d’une famille de vigneron, mon arrière-grand-père, mon grand-père, mon oncle et bientôt ma cousine ont tous participés au fonctionnement et à la direction du domaine familial. J’ai donc toujours entendu parler de vigne, de son travail et donc de la récolte. Encore aujourd’hui quand je vais chez mes grands-parents en Suisse, je peux être certain qu’ils iront travailler à la vigne pour préparer le mieux possible la récolte et ainsi que le fruit soit le meilleur, pour que la vigne porte du fruit en abondance.

Dans la Bible, l’image de la vigne est très présente, à la fois dans l’Ancien, mais aussi dans le Nouveau Testament. Jésus lui-même l’a utilisée pour parler à ses disciples. Dans le texte que nous allons suivre ensemble aujourd’hui, Jésus l’utilise aussi. Nous nous trouvons dans le discours d’adieu de Jésus, juste après son dernier repas avec ses disciples, mais avant son jugement et sa crucifixion. Jésus se retrouve face à ses disciples et leur fait part de ses derniers enseignements. Il va alors utiliser l’image connue de la vigne mais de manière nouvelle pour inviter ses disciples à porter du fruit.

Nous lisons donc Jean 15.1-17 : 1 Moi je suis la vraie vigne et mon Père est le vigneron. 2 Il enlève tout sarment qui, uni à moi, ne porte pas de fruit, mais il taille, il purifie chaque sarment qui porte du fruit, afin qu’il en porte encore plus. 3 Vous, vous êtes déjà purs grâce à la parole que je vous ai dite. 4 Demeurez unis à moi, comme je suis uni à vous. Un sarment ne peut pas porter de fruit par lui-même, sans être uni à la vigne ; de même, vous non plus vous ne pouvez pas porter de fruit si vous ne demeurez pas unis à moi. 5 Moi je suis la vigne, vous êtes les sarments. La personne qui demeure unie à moi, et à qui je suis uni, porte beaucoup de fruits, car sans moi vous ne pouvez rien faire. 6 La personne qui ne demeure pas unie à moi est jetée dehors, comme un sarment, et elle sèche ; les sarments secs, on les ramasse, on les jette au feu et ils brûlent. 7 Si vous demeurez unis à moi et que mes paroles demeurent en vous, demandez ce que vous voulez et cela sera fait pour vous. 8 Voici comment la gloire de mon Père se manifeste : quand vous portez beaucoup de fruits et que vous vous montrez ainsi mes disciples. 9 Tout comme le Père m’a aimé, je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour. 10 Si vous obéissez à mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, tout comme j’ai obéi aux commandements de mon Père et que je demeure dans son amour.

11 Je vous ai dit cela afin que ma joie soit en vous et que votre joie soit complète 12 Voici mon commandement : aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. 13 Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. 14 Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande. 15 Je ne vous appelle plus serviteurs, parce qu’un serviteur ne sait pas ce que fait son maître. Je vous appelle amis, parce que je vous ai fait connaître tout ce que j’ai appris de mon Père. 16 Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis ; je vous ai donné une mission afin que vous alliez, que vous portiez du fruit et que votre fruit demeure. Alors, le Père vous donnera tout ce que vous lui demanderez en mon nom. 17 Ce que je vous commande, donc, c’est de vous aimer les uns les autres.

Le thème proposé par la campagne de l’union pour cette semaine est « « porter du fruit jour après jour ». Il est d’ailleurs utile de noter que l’expression porter du fruit qui revient très souvent dans le texte que nous venons de lire. Vous me direz sûrement, c’est logique Joachim, Jésus parle de vigne et le but de la vigne est de porter du fruit, de produire du raisin donc c’est normal qu’il utilise cette expression. En tout cas, je vous propose qu’à partir de ce texte nous nous intéressions à cette expression, que nous essayions de comprendre qu’est ce que porter du fruit ? Comment Jésus invite-t-il ses disciples à en porter ?

Pour commencer, nous pouvons noter que les disciples de Jésus ne sont pas invités à faire ou produire du fruit. L’expression présente est porter du fruit. Pourquoi faire cette distinction ? Jésus dans son image se présente comme la vraie vigne, comme le vrai cep de vigne, les disciples eux sont les sarments. Ils ont donc besoin de la vigne pour porter du fruit. Sans cep de vigne, le sarment ne peut rien, il n’a pas la vie, il ne sert à rien et ne sera qu’un bois sec. Le sarment est constamment dépendant du cep, Jésus-Christ, mais il l’est aussi du vigneron, le Père, qui prend soin de sa vigne. Cette dépendance est présentée par Jésus dès le verset 4 : « Un sarment ne peut pas porter de fruit par lui-même, sans être uni à la vigne ; de même, vous non plus vous ne pouvez pas porter de fruit si vous ne demeurez pas unis à moi ». Demeurer unis à Jésus, cela veut dire avoir une communion vitale avec Lui, c’est être en relation avec lui, être uni à lui, c’est reconnaitre que c’est en lui et seulement en Lui que nous trouvons la vie. C’est seulement en étant uni à Jésus, en demeurant en lui que les disciples peuvent porter du fruit.

Et il est important de se rappeler que pouvoir demeurer en Jésus n’est que grâce pour les disciples comme pour nous. Jésus, le Fils de Dieu, a décidé de venir demeurer, vivre au milieu de nous pour que nous puissions le connaître, connaître le Père, et à notre tour demeurer en lui et porter le fruit qu’il produit. En demeurant en lui, nous pouvons connaître Jésus, son enseignement, sa vie et son œuvre qui viennent nous purifier (verset 3). Nous pouvons aussi connaître la parole et la volonté de Dieu qui nous permettent de prier dans le sens de Son plan. Ainsi, Jésus peut dire au verset 7 : « Si vous demeurez unis à moi et que mes paroles demeurent en vous, demandez ce que vous voulez et cela sera fait pour vous ». Demeurer en Jésus est donc un vrai cadeau, une vraie grâce que Dieu nous offre. C’est Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit, qui permet aux disciples de demeurer en lui et qui produit le fruit qu’ils portent et donc que nous portons à notre tour.

Le texte nous le rappelle, le Père est le vigneron. Il est celui qui prend soin de sa vigne pour qu’elle produise de beaux fruits abondants. Jésus est le cep, le pied de vigne sur lequel pousse les sarments que nous sommes. Le Saint-Esprit, même s’il n’est pas explicitement présent dans le texte est la sève d’amour qui donne la vie, qui permet de faire pousser le fruit. C’est donc le Dieu trinitaire qui agit ici.

Le processus pour porter du fruit n’est pas sans difficulté, sans épreuve comme le montre le verset 2, « Il enlève tout sarment qui, uni à moi, ne porte pas de fruit, mais il taille, il purifie chaque sarment qui porte du fruit, afin qu’il en porte encore plus ». Jésus dit à ses disciples que la vie chrétienne n’est pas un chemin facile, sans épreuve. Au contraire, les épreuves sont parfois nécessaires et sont là pour que les disciples soient purifiés, pour que le fruit porté soit encore plus beau. Jésus sait pourquoi il dit ça aux disciples, ces derniers vont pour la majorité vivre la persécution, on peut penser à Pierre notamment qui va mourir en martyre à Rome. Nous aussi nous vivons des temps d’épreuve dans nos vies, chômage, deuils, déprime, trahison, caractère personnel que nous ne comprenons pas.

Je me rappelle notamment à l’adolescence ne plus me reconnaître dans mon caractère, dans mes réactions, ne plus reconnaître celui que j’étais. C’était vraiment une épreuve pour moi. Or, avec le recul, je me rends compte que ce temps a été un temps bénéfique de transformations pour que je devienne l’homme que je suis aujourd’hui. Il en est parfois de même avec les épreuves que nous pouvons traverser. Elles nous permettent d’être taillés, purifiés par le vigneron pour que nous portions encore plus de fruits.

Jésus nous encourage, dans les moments d’épreuves, à avoir l’espoir que par celles-ci, le fruit que nous porterons sera encore plus important. Ce fruit qui a pour but d’honorer, de glorifier Dieu. Au verset 8, Jésus dit qu’il glorifie son Père par ses disciples, par l’Église, par chacun d’entre nous, par le fruit qu’il nous fait porter. N’est-ce pas merveilleux ? Jésus a décidé de glorifier son Père à travers chacun d’entre nous, à travers le fruit que nous portons alors même que nous sommes imparfaits et pécheurs.

Mais alors, quel est ce fruit ? En quoi consiste-t-il ? Il est difficile de dire ce qu’est vraiment ce fruit. Il semble s’agir de tout ce que peut amener dans nos vies le fait de demeurer en Christ, d’être attaché au cep. Dans notre texte, Jésus donne des exemples de ce que peut-être ce fruit porté. Il peut s’agir de l’obéissance aux commandements (verset 10), à la parole de Dieu. Une obéissance, non pas contrainte, mais volontaire et joyeuse, car nous savons que Dieu veut le meilleur pour ses enfants dont nous faisons partie. C’est aussi un fruit de joie, la joie qui est celle de Jésus qui glorifie son Père à travers nous. Ce fruit est enfin et surtout l’amour, l’amour de Dieu que l’on reçoit et que l’on peut à notre tour vivre et partager dans nos relations avec Dieu et avec notre prochain.  

Tous ces fruits ont toujours deux angles différents. Ils sont d’abord permis par Dieu. C’est Dieu qui permet notre obéissance, c’est Lui qui nous donne son amour, et sa joie. Et ensuite, nous pouvons à notre tour obéir à ses commandements et apporter la joie et l’amour autour de nous. Je trouve que cette idée en deux temps est intéressante. Elle nous aide, et a dû aider les disciples de Jésus, à la fois à rester humble, mais aussi à ne pas être paresseux et inactif. Oui, Dieu nous donne dans sa grâce, mais à notre tour et avec son aide nous devons transmettre à ceux qui nous entourent. Comme le dit Jésus au verset 16 : « je vous ai donné une mission afin que vous alliez, que vous portiez du fruit et que votre fruit demeure ». Le but du fruit que nous devons porter est la mission, le témoignage à ceux qui nous entourent pour la gloire de Dieu. Ce témoignage vient surtout de notre manière d’être (être aimant, joyeux, etc.) et ce même plus que notre manière de faire peut-être. Jésus invite ses sarments à porter du fruit, à aller. Mais ce témoignage, ce fruit que nous pouvons porter ne sont possible que parce que Jésus, notre exemple parfait de fruit porté pour la gloire du Père, lui a obéi en donnant sa vie sur la croix, par amour, pour ses amis. Et nous sommes ses amis.

Quelle grâce, quel cadeau de Dieu que d’offrir son Fils sur cette croix, que d’offrir son cep de vigne parfait pour nous sauver, nous les sarments qui étions secs et sans vie à cause du péché. Oui, son sarment parfait a été livré à la croix pour mourir, mais il est ressuscité pour que nous ayons la vie, pour que la sève coule en nous qui sommes les sarments et qu’ainsi nous portions du fruit pour sa gloire seule.

 Je vous invite à prier…

En réponse à cette bonne nouvelle, nous pouvons prendre ce chant qui nous invite à glorifier Dieu, à demeurer en Lui. Nous chantons « Je viens dans ta présence ».

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