L’Eglise face à l’épreuve du Covid-19 (Matthieu 6.19-34)

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Aujourd’hui nous voulons marquer la rentrée après la dispersion de l’été. Vous le savez, c’est une rentrée spéciale. Au mois de juin, beaucoup de signaux étaient optimistes, on attendait de voir si l’épidémie allait régresser et si les mesures allaient nous permettre de revenir à une vie d’Église sans trop de contraintes.

Mais il semble que ça continue, même si c’est de manière moins intense que pendant le confinement. Nous devons poursuivre nos cultes avec les masques et les distances de sécurité. Les médias parlent tous les jours de l’évolution de l’épidémie.

Dans ce climat incertain, comment rester calme ? Comment ne pas s’inquiéter ? Comment envisager la vie d’Église avec sérénité ?

Et même si l’on n’est pas forcément inquiet pour notre santé, on peut se questionner sur l’avenir des activités de l’Église. Les repas en commun ne sont plus possibles, plusieurs groupes de maison doivent trouver des lieux plus adaptés, les grands évènements comme la fête de Noël sont appelés à trouver un autre format.

Dans la Bible, Dieu nous appelle toujours à la confiance en lui et c’est ce que j’aimerais rappeler ce matin. Le texte que j’ai choisi pour la prédication aborde la question sous l’angle matériel et personnel, mais nous verrons qu’il y a bien un lien aussi avec la vie d’Église.

Avant de lire le texte dans l’Évangile selon Matthieu, j’aimerais vous parler de quelqu’un qui s’inquiète tout le temps. Un livre est sorti à son sujet, il s’agit de Monsieur Inquiet.

Son histoire fait partie de la série des Monsieur Madame, la collection des livres pour enfants. Son histoire a quelque chose à nous apprendre sur l’inquiétude.

Pour résumer le livre, Monsieur inquiet était un homme inquiet pour tout. Par exemple, lorsqu’il pleuvait, il s’inquiétait, car il se demandait s’il n’y avait pas une fuite dans sa maison. Et lorsqu’il ne pleuvait pas, il s’inquiétait, car il se demandait si les fleurs n’allaient pas se faner !

Il pensait très souvent à ses connaissances en s’inquiétant pour eux, il avait peur qu’il leur arrive quelque chose.

Un jour, il rencontra un magicien qui lui proposa de l’aider : Monsieur Inquiet devait inscrire sur une liste tout ce qui l’inquiétait. Après avoir remis cette longue liste au magicien, ce dernier lui promis qu’aucune de ces choses n’arriverait, jamais !

Alors, Monsieur inquiet, pour la première fois de sa vie, fut soulagé et réussi à dormir paisiblement. Cela dura une semaine, mais la semaine suivante, il recommença à être inquiet. Il alla donc voir le magicien, qui lui demanda quel était le problème.

Voici sa réponse : « Je ne trouve plus aucune raison de m’inquiéter, et… ça m’inquiète ! » (Monsieur Inquiet, collection Monsieur Madame, Roger Hargreaves, éditions Hachette jeunesse 2008)

Avez-vous tendance à être comme Monsieur Inquiet ? Peut-être à moindre échelle ? Pour ma part, lorsque je suis fatigué, j’ai tendance à m’inquiéter pour toute sorte de choses : pour les membres de ma famille, pour les situations difficiles autour de moi, pour la fuite de liquide sous la voiture.

La conclusion de ce livre est très intéressante, nous aurons l’occasion d’y revenir plus tard. Avant cela, je vous propose maintenant de lire un texte biblique qui parle aussi d’inquiétudes. Je propose de commenter le passage paragraphe par paragraphe. Matthieu 6.19-34.

19 Ne vous amassez pas des trésors sur la terre, où les mites et la rouille détruisent et où les voleurs percent les murs pour voler, 20 mais amassez-vous des trésors dans le ciel, où les mites et la rouille ne détruisent pas et où les voleurs ne peuvent pas percer les murs ni voler! 21 En effet, là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur.

Les biens matériels sont une source d’inquiétude. Lorsqu’une machine électroménagère tombe en panne ou lorsque la voiture fait un bruit inhabituel, ça m’inquiète.

Lorsque nous sortons de chez nous le matin, que faisons-nous ? Nous fermons nos portes à clé. Lorsque nous sortons à vélo, nous emportons aussi un cadenas. Pourquoi tous ces automatismes ? Parce que nous ne voulons pas risquer de nous faire enlever ce que nous possédons.

Ces démarches sont légitimes, mais notre vie est-elle dirigée par ces inquiétudes ? Par nos biens matériels ?

Jésus dit que là où est notre trésor, là aussi sera notre cœur. Nous consacrons notre argent et notre énergie à ce qui nous tient à cœur. Jésus nous invite à réfléchir sur ce qui nous tient à cœur, ce qui motive notre existence.

Misons-nous notre vie sur les choses terrestres, c’est-à-dire les choses éphémères et périssables ?

La vie se résume-t-elle à ce qu’il y a sur cette terre ?

C’est la première réflexion que ce texte nous pose.
Passons au paragraphe suivant.

22 »L’œil est la lampe du corps. Si ton œil est en bon état, tout ton corps sera éclairé;
23 mais si ton œil est en mauvais état, tout ton corps sera dans les ténèbres. Si donc la lumière qui est en toi est ténèbres, combien ces ténèbres seront grandes! 24 »Personne ne peut servir deux maîtres, car ou il détestera le premier et aimera le second, ou il s’attachera au premier et méprisera le second. Vous ne pouvez pas servir Dieu et l’argent.

Lorsque Jésus dit que l’œil est la lampe qui éclaire notre corps, il me semble qu’il fait référence à l’œil comme organe du désir. On dit que c’est avec les yeux que l’on convoite.

On regarde ce qui nous fait envie, et ce qui nous fait envie motive nos faits et gestes.

Jésus ne dit rien de plus que précédemment. Notre corps est dirigé par nos aspirations, nous travaillons et nous dépensons de l’énergie pour nos objectifs.

Mais quel est l’objectif de notre vie ? C’est à chacun de choisir.

Jésus dit que l’on ne peut pas servir deux maîtres à la fois. On ne peut pas dire à la fois : mon travail ou ma carrière est prioritaire et en même temps : ma famille est prioritaire.  On ne peut pas dire : mon cœur est attaché aux biens que m’offre ce monde et en même temps : mon cœur est attaché à Dieu.

Il y a beaucoup de belles choses dans ce monde. Mais lorsque je vois les famines, les guerres et les injustices, je me dis que ce n’est pas normal. Pourtant le monde connaît les guerres et les injustices depuis des siècles, même des millénaires, mais je persiste à me dire que ce n’est pas normal.

Ce sentiment m’amène à dire que nous ne sommes pas faits pour ce monde, en tout cas nous aspirons à un monde différent. Mais ce monde-là est-il celui où nous vivons actuellement ?

Voici la suite :

25 »C’est pourquoi je vous dis: Ne vous inquiétez pas de ce que vous mangerez [et boirez] pour vivre, ni de ce dont vous habillerez votre corps. La vie n’est-elle pas plus que la nourriture et le corps plus que le vêtement?
26 Regardez les oiseaux du ciel: ils ne sèment pas et ne moissonnent pas, ils n’amassent rien dans des greniers, et votre Père céleste les nourrit. Ne valez-vous pas beaucoup plus qu’eux? 27 Qui de vous, par ses inquiétudes, peut ajouter un instant à la durée de sa vie?
28 Et pourquoi vous inquiéter au sujet du vêtement? Etudiez comment poussent les plus belles fleurs des champs: elles ne travaillent pas et ne tissent pas;
29 cependant je vous dis que Salomon lui-même, dans toute sa gloire, n’a pas eu d’aussi belles tenues que l’une d’elles.
30 Si Dieu habille ainsi l’herbe des champs, qui existe aujourd’hui et qui demain sera jetée au feu, ne le fera-t-il pas bien plus volontiers pour vous, gens de peu de foi?

31 Ne vous inquiétez donc pas et ne dites pas: ‘Que mangerons-nous? Que boirons-nous? Avec quoi nous habillerons-nous?’
32 En effet, tout cela, ce sont les membres des autres peuples qui le recherchent. Or, votre Père céleste sait que vous en avez besoin.
33 Recherchez d’abord le royaume et la justice de Dieu, et tout cela vous sera donné en plus.
34 Ne vous inquiétez donc pas du lendemain, car le lendemain prendra soin de lui-même. À chaque jour suffit sa peine.

Jésus affirme que Dieu prend soin de ses enfants, et ses enfants sont ceux qui se reconnaissent comme tels.

Vous avez certainement remarqué que j’ai souvent parlé de voiture dans mes exemples. Il y a deux mois, j’ai acheté une voiture d’occasion à un particulier qui me semblait fiable et honnête. Mais plus je la roulais, plus certains détails m’inquiétaient.

Un voyant de défaut moteur qui s’allume soudainement, la jauge d’essence qui baisse trop rapidement, du liquide qui fuit. J’ai passé un bon moment à analyser la voiture sous le regard de mes enfants. J’avais une certaine inquiétude, en fait j’avais peur de devoir dépenser une fortune chez le garagiste.

Aujourd’hui je sais qu’il n’y avait rien de grave, mais le mois dernier, j’étais inquiet alors que mes enfants ne l’étaient pas du tout. Ils ne l’ont jamais été. Pour eux, papa allait faire ce qu’il faut pour que tout aille mieux.

Cette absence d’inquiétude, Dieu nous propose de l’avoir aussi, car notre Père céleste fera ce qu’il faut pour prendre soin de nous.

Ces paroles sont faciles à dire pour nous qui avons de quoi nous nourrir et nous vêtir, mais qu’en est-il des personnes qui vivent dans la précarité ? Vous vous posez certainement la question.

Je ne suis pas un spécialiste de ce sujet, mais j’ai eu l’occasion de côtoyer des gens dans d’autres pays, qui vivent au jour le jour, sans aucune assurance pour l’avenir. Lorsque je parle avec de telles personnes qui ont la foi, je suis justement impressionné par leur foi.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ils ne sont pas déçus de Dieu, au contraire, leur confiance en lui est encore plus concrète.

Dieu ne nous invite pas à vivre comme si nous n’avions aucun besoin, il ne dit pas que le vêtement ou la nourriture ne sont pas importants. Il ne nous demande pas de faire abstraction de cette terre.

Il nous invite à nous avoir un champ de vision plus large.

Quand on est jeune et qu’on a la vie devant soi, on ne pense pas forcément à l’avenir sur le long terme, on ne pense peut-être pas à la retraite. Mais il arrive un moment où l’on se pose des questions, on se projette, on prépare l’avenir.

Dans notre société, nous voyons la retraite comme un moment de notre vie où nous pourrons enfin nous reposer et profiter de ce que nous aurons réussi à  gagner dans la vie : une maison, un jardin, une famille, des petits enfants, un revenu régulier, en un mot : la retraite.

Dieu, lui, nous invite à investir, non pas seulement pour la retraite, mais surtout pour l’éternité. Ce n’est pas un investissement financier, mais cela demande de mettre les biens matériels et toute autre chose en second plan. On ne peut pas servir deux maîtres, notre vie ne peut pas poursuivre deux objectifs  différents, mais un seul.

Et ce qui est surprenant, c’est qu’en visant l’éternité, en faisant confiance en Dieu, il gérera pour nous tout le reste, tout ce qui concerne la vie terrestre. C’est sa promesse. Elle est difficile à concevoir, c’est pour cela que c’est une promesse qui se saisit par la foi.

Dans le livre de Monsieur Inquiet, le magicien a réussi à enlever toutes les inquiétudes de Monsieur Inquiet. En tout cas dans un premier temps.

De même, dans notre société, des tas de méthodes de développement personnel et des recettes magiques peuvent nous aider à moins nous inquiéter, à nous sentir mieux. Cependant, nous aurons beau utiliser toutes les méthodes humaines pour avancer dans la vie, certaines seront efficaces, d’autres moins.

Mais au fond de nous, il restera toujours une part de notre nature humaine qui peut reprendre le dessus à tout moment. Comme pour Monsieur inquiet qui recommence à s’inquiéter au bout d’un moment.

Jésus ne propose pas une méthode magique, il ne propose pas une méthode humaine, mais divine. En fait, ce n’est pas une méthode, c’est une manière de vivre, une direction pour notre vie. « Ne vous inquiétez pas. » dit-il. « Cherchez d’abord le royaume de Dieu (…) et tout le reste vous sera donné en plus. »

Maintenant, quel rapport avec la vie d’Église ? Je conclus avec quelques réflexions à ce sujet.

Il me semble que le verset clé est le verset 33 que je viens de rappeler : « Recherchez d’abord le royaume et la justice de Dieu, et le reste vous sera donné en plus. »

Jésus parle de ce que nous sommes appelés à chercher personnellement. Mais cet objectif est d’autant plus valable pour l’Église, le rassemblement des enfants de Dieu.

Ensemble, cherchons d’abord le royaume de Dieu, cherchons d’abord à vivre et à annoncer le royaume de Dieu, et ça, le coronavirus ne nous en empêche pas.

En général, lorsque nous  invitons des personnes à nos rencontres, nous aimons les recevoir avec une boisson, une collation, un repas, une activité festive ou socioculturelle. Ce sont des démarches qui permettent de créer plus aisément du lien et de la convivialité.

Mais ce temps de coronavirus et les paroles de Jésus nous rappellent que le plus important, c’est le royaume de Dieu, c’est l’Évangile.

L’épidémie nous force à dépouiller nos rencontres de certains éléments, comme les collations, mais ce n’est pas grave, car le principal n’est pas menacé par mes mesures sanitaires. La Parole de Dieu, que nous continuons d’annoncer, reste au centre de toutes nos rencontres et c’est elle qui agit.

Et même lorsque les distances limitent le nombre de places, nous ne sommes pas limités en nombre de rencontres.

Je reconnais que la convivialité autour d’une table est importante et je vous avoue que ça me manque. Dans la Bible, on mentionne bien plus de repas que de prières, mais c’est le Saint-Esprit qui agit lorsque nous organisons des rencontres centrées sur l’Évangile. Notre manière de recevoir et d’accueillir au nom du Christ est aussi un témoignage important.

Actuellement, l’Église est face à une épreuve particulière, avec des restrictions et des empêchements, mais nous ne sommes pas empêchés de chercher toujours plus le royaume de Dieu et d’annoncer la Parole. C’est une bonne nouvelle, car si c’est bien notre démarche, Dieu nous promet qu’il s’occupe de tout le reste.

Que cette rentrée soit une occasion de mettre notre confiance en Dieu pour le reste de l’année. Nous sommes pleins d’incertitudes, mais peu importe, ce qui nous est demandé est de chercher et témoigner du royaume de Dieu, tout le reste est entre les mains de Dieu.

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