Il y a quelques semaines, Aude – ma femme – s’est proposé de faire de cookies pour la kermesse de l’école de nos enfants. Elle a cuit les biscuits en début d’après-midi et lorsqu’ils sont sortis du four, ils étaient magnifiques : ils avaient une belle couleur et une belle forme.
Nous avons hésité à les goûter, on nous dit qu’il faut éviter de grignoter entre les repas, d’où l’hésitation. Mais il fallait quand même les goûter pour être sûrs qu’ils étaient aussi bons que beaux.
Aude a donc croqué dans un cookie, mais ce fut une déception brutale.
Ils étaient immangeables.
Je goûte donc à mon tour et je trouve également que les cookies sont particulièrement ratés.
Que s’est-il passé ?
Chez nous, pour protéger les aliments contre les mites alimentaires ou autres nuisibles, nous mettons par exemple le sucre dans des pots fermés hermétiquement.
C’est ainsi que nous conservons aussi le sel, la maïzena, la fécule de pommes de terre, le bicarbonate de soude, etc.
Vous devinez probablement ce qui s’est passé.
Aude a sorti le bicarbonate et le sucre qui étaient dans deux pots identiques. Il y a bien écrit sur chaque pot ce qu’il contient, mais comme le bicarbonate a la même apparence que le sucre, elle n’a pas fait attention et a pris le bicarbonate à la place du sucre.
Donc au lieu de mettre 100 grammes de sucre dans la recette, elle avait mis 100 grammes de bicarbonate. Le goût des cookies était à la fois amer, salé et un peu mentholé, ce n’était pas du tout savoureux, bien qu’en apparence, les biscuits étaient magnifiques.
Les apparences sont parfois trompeuses.
Je viens de donner un exemple où quelque chose de beau semble délicieux, mais ne l’est pas en réalité.
Il est aussi tout à fait possible de découvrir un aliment peu appétissant, mais en le goûtant, on le trouve délicieux.
Je me souviens la première fois que j’ai mangé du bircher, c’était pendant un camp de ski en Suisse, il y a une bonne quinzaine d’années.
Si vous cherchez ce qu’est bircher sur Google, vous trouverez de belles photos, un peu comme celle-ci. En deux mots, un bircher c’est un type de muesli, trempé et ramolli dans du lait ou du yaourt et agrémenté de fruits frais.
Lorsque vous mangez un bircher dans un camp avec une trentaine d’enfants, adolescents et adultes, les cuisiniers ne font pas forcément des parts individuelles avec des mises en scène recherchées. Ils mettent tout dans un grand saladier, tout est mélangé et le bircher ressemble plutôt à une bouillie épaisse avec des grumeaux brunâtres et des ingrédients que l’on peine à reconnaître.
Lorsque l’on m’a servi cette mixture, j’étais un peu perplexe, mais dès ma première cuillérée, j’ai été agréablement surpris, j’ai tout fini et j’en ai même repris, c’était délicieux.
Les apparences sont parfois trompeuses.
Qu’en est-il de notre vie ?
Comment trouvez-vous votre vie ? Et si votre regard sur votre existence était erroné ?
Une vie remplie de conforts et de plaisirs peut finalement être vide de sens. Et à l’inverse, une existence éprouvante peut cacher des richesses et une destinée insoupçonnées.
Les apparences sont parfois trompeuses.
C’est pareil pour Dieu. Quelle est notre perception de Dieu ? Et si cette perception était erronée ?
Les apparences sont parfois trompeuses.
C’est ce que je vous propose de découvrir à travers un texte de l’Ancien Testament. Il s’agit du livre de Jonas, nous lirons le premier chapitre.
Jonas est un prophète qui a exercé en Israël, dans le royaume du Nord, du temps du roi Jéroboam II. On estime donc que les événements décrits dans son livre datent de la première moitié du VIIIe siècle av. J.-C.
Voici le premier chapitre :
1 La parole de l’Éternel fut adressée à Jonas, fils d’Amitthaï:
2 «Lève-toi, va à Ninive, la grande ville, et crie contre elle, car sa méchanceté est montée jusqu’à moi.»
3 Jonas se leva pour s’enfuir à Tarsis, loin de la présence de l’Éternel. Il descendit à Jaffa, et il trouva un bateau qui allait à Tarsis. Il paya le prix du transport et s’embarqua pour aller avec les passagers à Tarsis, loin de la présence de l’Éternel.///
4 L’Éternel fit souffler sur la mer un vent impétueux, et il s’éleva sur la mer une si grande tempête que le bateau menaçait de faire naufrage.
5 Les marins eurent peur; ils implorèrent chacun leur dieu, et ils jetèrent dans la mer les objets qui étaient sur le bateau afin de l’alléger. Jonas était descendu au fond du bateau, s’était couché et dormait profondément. 6 Le capitaine s’approcha de lui et lui dit: «Pourquoi dors-tu? Lève-toi, fais appel à ton Dieu! Peut-être voudra-t-il penser à nous et nous ne mourrons pas.»///
7 Puis ils se dirent l’un à l’autre: «Venez, tirons au sort pour savoir qui nous attire ce malheur.» Ils tirèrent au sort, et le sort tomba sur Jonas.
8 Alors ils lui dirent: «Dis-nous qui nous attire ce malheur. Quelle est ton occupation et d’où viens-tu? Quel est ton pays et de quel peuple es-tu?» 9 Il leur répondit: «Je suis hébreu et je crains l’Éternel, le Dieu du ciel, qui a fait la mer et la terre.»///
10 Ces hommes furent saisis d’une grande crainte et lui dirent: «Pourquoi as-tu fait cela?» Ils surent en effet qu’il fuyait loin de la présence de l’Éternel parce qu’il le leur déclara.
11 Ils lui dirent: «Que te ferons-nous pour que la mer se calme envers nous?» En effet, la mer était de plus en plus déchaînée.
12 Il leur répondit: «Prenez-moi et jetez-moi dans la mer, et la mer se calmera envers vous, car je sais que c’est moi qui attire sur vous cette grande tempête.»///
13 Ces hommes ramèrent pour gagner la terre ferme, mais ils ne purent pas y arriver parce que la mer était toujours plus déchaînée contre eux. 14 Alors ils s’adressèrent à l’Eternel et dirent: «Eternel, ne nous fais pas mourir à cause de la vie de cet homme et ne nous charge pas du sang innocent! En effet toi, éternel, tu fais ce que tu veux.»
15 Puis ils prirent Jonas et le jetèrent dans la mer. Et la fureur de la mer s’apaisa.
16 Ces hommes furent saisis d’une grande crainte de l’Éternel. Ils offrirent un sacrifice à l’Éternel et firent des voeux.
L’histoire du prophète Jonas commence par l’appel de Dieu :
«Lève-toi, va à Ninive, la grande ville, et crie contre elle, car sa méchanceté est montée jusqu’à moi.»
Ninive était la capitale de l’Assyrie, et les Assyriens étaient les plus grands ennemis du peuple d’Israël. Ils étaient aussi connus pour être des envahisseurs cruels et barbares. Ils pratiquaient la décapitation publique, l’esclavage, la torture des prisonniers de guerre, les sacrifices humains, et surtout ils déracinaient les populations qu’ils envahissaient.
Dieu choisi Jonas comme prophète, c’est-à-dire comme porte-parole, pour dire qu’il est en colère contre eux, à cause de leur méchanceté.
Mais au lieu d’aller voir ses ennemis jurés pour leur transmettre les avertissements de Dieu, il fuit dans le sens opposé. Pourquoi ?
Parce que la colère de Dieu est une bonne nouvelle.
C’est mon premier point.
[1. La colère de Dieu : une bonne nouvelle]
Aujourd’hui, parler de la colère de Dieu ce n’est pas très vendeur. Il est vrai que l’Église, en tant qu’institution ancienne et traditionnelle, a véhiculé une image assez négative et assez moche de Dieu.
Dieu serait colérique, inquisiteur, menaçant et effrayant.
Essayons de nous débarrasser de ce que les institutions humaines ont pu véhiculer à propos de Dieu, et rappelons-nous que les apparences sont parfois trompeuses.
Dieu demande à Jonas de transmettre ses avertissements aux habitants de Ninive. Oui, Dieu est en colère.
Si Dieu était un Dieu effrayant et menaçant, avec une soif de vengeance, pourquoi Jonas n’est-il pas allé transmettre ce message à ses ennemis ?
Parce que malgré les apparences la colère de Dieu est une bonne nouvelle.
C’est une bonne nouvelle, car Dieu est en colère contre le mal.
Si l’on faisait du mal à mes enfants, je serais en colère. Je serais un mauvais parent si je restais indifférent au mal que l’on fait à mes enfants. Alors pourquoi Dieu serait-il mauvais s’il se met en colère parce qu’on fait du mal à ses enfants ?
Le texte dit bien que les habitants de Ninive étaient méchants. Par amour pour ses enfants, Dieu veut mettre hors d’état de nuire les méchants.
Et si Dieu leur dit qu’il est en colère, c’est pour leur donner un avertissement, la suite du livre nous l’apprendra. Dieu annonce sa colère pour leur donner une chance de se repentir.
Jonas est conscient que par ce message, Dieu leur donne aussi l’opportunité de se rendre compte de leur méchanceté, de changer et même de recevoir la grâce de Dieu. C’est ce que nous voyons dans la suite de l’histoire.
Jonas ne veut pas que ses ennemis soient graciés, il veut qu’ils soient punis. C’est pour cela qu’il fuit loin de la présence de l’Éternel, comme s’il pouvait se cacher de Dieu.
Il prend alors un bateau pour rendre à Tarsis, qui est à l’opposé de Ninive.
C’est alors que l’équipage subit une tempête mortelle.
J’en viens à mon deuxième point :
[2. L’épreuve redoutable : une bonne nouvelle]
Devant l’épreuve, devant le danger de mort, que font les passagers du bateau ? Ils prient chacun leur Dieu, ils font tout ce qu’ils peuvent pour sauver leur vie.
Que fait Jonas ? Il dort.
Je trouve cette scène fascinante.
Ceux qui ne savent pas ce qui leur arrive ont peur de mourir, ils sont angoissés alors qu’il ne leur arrivera rien.
Et celui qui sait ce qui lui arrive, celui qui est visé par la redoutable tempête, dort tranquillement au fond du bateau.
Cela me fait penser à notre propre vie. Certaines épreuves peuvent nous angoisser jour et nuit, au point de nous empêcher de vivre, alors que Dieu a prévu une belle issue.
Et vice versa, notre vie peut sembler paisible, mais si nous ouvrons vraiment les yeux, nous verrons que nous nous trouvons au milieu d’une tempête et qu’il faut changer de direction.
Face à la tempête, les passagers tirent au sort pour savoir qui leur attire ce malheur. Le sort tombe sur Jonas. Celui leur explique qu’il fuit le Dieu d’Israël avec lequel il est en désaccord, il dit même que son Dieu à lui, c’est le Dieu créateur.
Ces révélations font encore plus trembler l’équipage, s’ils ont affaire au Dieu du ciel, de la mer et de la terre, c’est donc aussi le Dieu capable d’envoyer ou de calmer une tempête.
Jonas leur propose donc une solution : il faut le jeter à la mer.
Je n’arrive pas à savoir quelle est la motivation de Jonas en disant cela.
Veut-il mourir ? Est-il inconscient ? Est-il confiant que Dieu le sauvera ?
Peut-être est-ce un mélange de toutes ces raisons.
En tout cas, c’est avec regret que l’équipage le jette à la mer, mais la tempête se calme.
L’épreuve redoutable de la tempête était une bonne nouvelle, car il a permis aux passagers de connaître le vrai Dieu.
Lorsqu’ils priaient leurs propres dieux, ceux-ci ne pouvaient rien faire pour eux, simplement parce qu’ils n’existaient pas. Jonas leur a parlé du Dieu créateur, celui qui a tout pouvoir sur la création et les créatures.
À la fin, ils mettent leur foi en l’Éternel, le Dieu qui existe vraiment, celui qui est capable de les sauver de la mort.
L’épreuve était une bonne nouvelle, ainsi que le sacrifice de Jonas.
J’arrive à mon troisième point :
[3. Le sacrifice de Jonas : une bonne nouvelle]
Les passagers ne voulaient même pas jeter Jonas à l’eau. C’est Jonas qui leur a dit de le faire pour sauver leur vie.
Dans un certain sens, Jonas est une préfiguration de ce que Jésus fera.
Je ne dis pas que Jonas est comparable à Jésus, Jésus n’a pas fui loin de Dieu. Cela dit, dans les Évangiles, Jésus mentionne Jonas pour expliquer son œuvre à lui.
Il y a plusieurs points communs intéressants.
Par exemple, Jésus aussi s’est trouvé sur un bateau en pleine tempête. Et Jésus dormait également au fond du bateau. Il dormait parce malgré les apparences, il savait qu’il ne courait aucun danger. À la différence de Jonas, Jésus n’était pas la cause de la tempête, il a même ordonné à la tempête de se calmer.
Mais comme Jonas, Jésus s’est sacrifié pour sauver des vies.
En effet, le monde souffre et se détruit, il se trouve en plein milieu d’une tempête, et la cause, c’est le rejet de Dieu.
Mais Jésus s’est proposé d’être notre représentant devant Dieu et de se sacrifier, afin de calmer la tempête et sauver nos vies.
Cela dit, Jésus n’est pas resté mort, il est ressuscité le troisième jour. Jonas, lui, après avoir été jeté à la mer, il a été recueilli dans le ventre d’un poisson, avant d’être recraché sur la terre ferme le troisième jour.
Cette histoire nous semble invraisemblable, tout comme la résurrection de Jésus.
Pour conclure, revenons à nos cookies et à nos birchers.
[Conclusion]
Comme avec les cookies ratés ou le bircher pas toujours attrayant, les apparences sont parfois trompeuses. Alors, ne nous trompons pas, tournons-nous vers Dieu…
Oui, la Bible parle parfois d’un Dieu en colère, mais c’est parce qu’il est en colère contre le mal.
Oui, nous traversons des épreuves, mais avec Dieu, tout concourra à notre bien.
La plupart du temps, les épreuves sont parfois les ultimes moyens de nous faire comprendre que quelque chose ne va pas, et qu’il faut se remettre en question avec l’aide de Dieu.
Dieu n’est pas l’auteur de toutes nos épreuves, mais il utilise les épreuves pour nous faire comprendre une bonne nouvelle.
Oui, Jésus s’est sacrifié, mais il est ressuscité, car ce n’est pas le Dieu de la mort, c’est le Dieu de la vie. Il nous offre une vie plus paisible qui nous permet de dormir même lorsque la tempête nous menace, car nous savons que le créateur a un plan, il est de notre côté et l’issue sera heureuse.