Lorsque Dieu éprouve (Genèse 22)

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Quand j’étais étudiant, je détestais les périodes d’examens. J’ai de très bons souvenirs de mes années à la fac, mais je n’aimais vraiment pas les examens. C’est stressant, on fait des nuits blanches et on s’inquiète de ne pas réussir. En tout cas c’est comme cela que je le vivais. Autrement dit, c’était éprouvant.

D’ailleurs, le terme d’épreuve est utilisé pour parler des examens. Au mois de juin, les médias parlent souvent par exemple des épreuves du bac. Normalement les épreuves servent à tester les connaissances, tester l’apprentissage du semestre passé. Et lorsque l’étudiant réussit l’épreuve, il passe au niveau supérieur jusqu’à l’obtention d’un diplôme, c’est le point culminant de ses études, à moins qu’il veuille continuer plus loin ou faire encore d’autres études.

Ce matin je vous propose de lire un récit où Dieu fait passer une épreuve à Abraham, l’ancêtre du peuple juif. Ce n’est pas une épreuve académique, mais une épreuve concernant sa foi.

Pour résumer en quelques mots son histoire, que nous suivons depuis plusieurs mois, Abraham avait été appelé par Dieu à l’âge de 75 ans. Dieu lui a demandé de quitter sa patrie et sa famille pour se rendre dans un pays qu’il lui indiquerait, un pays qui lui sera donné. Dieu lui a aussi  promis une grande descendance, une lignée par laquelle toutes les nations de la terre seront bénies.

Suite à cet appel, Abraham obéit, il part avec sa femme, son neveu et ses serviteurs. Durant tout son parcours, nous découvrons un homme plein de doutes et de défauts, malgré sa foi manifeste. Effectivement, parfois Abraham a du mal à faire confiance en Dieu. Par exemple, Dieu lui a promis une descendance, mais comme sa femme est stérile, il fait un enfant avec une autre femme, pour avoir une descendance. Cet enfant, Ismaël, va devoir le quitter par la suite.

Un autre exemple : Dieu l’invite à lui faire confiance pour son avenir, mais il a parfois usé de stratagèmes, de mensonges par omission, par peur d’être tué. En effet, sa femme était très belle, alors partout où il allait, il lui demandait de se faire passer pour sa sœur. Ainsi, les hommes ne le tueraient pas pour prendre sa femme.

Après 25 ans d’attente, Dieu lui donne enfin un fils par sa femme Sarah, son nom est Isaac. Abraham a alors 100 ans et Sarah 90 ans. À l’époque les êtres humains vivaient manifestement plus longtemps, en tout cas les personnages mentionnés dans la Bible. Voyons maintenant par quelle épreuve Dieu fait passer Abraham. Nous lisons le livre de la Genèse, le chapitre 22, les versets 1 à 24.

1 Après cela, Dieu mit Abraham à l’épreuve. Il lui dit: «Abraham!» Celui-ci répondit: «Me voici!»
2 Dieu dit: «Prends ton fils unique, celui que tu aimes, Isaac. Va-t’en au pays de Morija et là offre-le en holocauste sur l’une des montagnes que je t’indiquerai.»
3 Abraham se leva de bon matin, sella son âne et prit avec lui deux serviteurs et son fils Isaac. Il fendit du bois pour l’holocauste et partit pour aller à l’endroit que Dieu lui avait indiqué.
4 Le troisième jour, Abraham leva les yeux et vit l’endroit de loin. 5 Il dit à ses serviteurs: «Restez ici avec l’âne. Le jeune homme et moi, nous irons jusque là-bas pour adorer, puis nous reviendrons vers vous.»
6 Abraham prit le bois pour l’holocauste, le chargea sur son fils Isaac et porta lui-même le feu et le couteau. Ils marchèrent tous les deux ensemble.
7 Alors Isaac s’adressa à son père Abraham en disant: «Mon père!» Il répondit: «Me voici, mon fils!» Isaac reprit: «Voici le feu et le bois, mais où se trouve l’agneau pour l’holocauste?» 8 Abraham répondit: «Mon fils, Dieu pourvoira lui-même à l’agneau pour l’holocauste.» Et ils continuèrent à marcher tous les deux ensemble.
9 Lorsqu’ils furent arrivés à l’endroit que Dieu lui avait indiqué, Abraham y construisit un autel et rangea le bois. Il attacha son fils Isaac et le mit sur l’autel par-dessus le bois.
10 Puis Abraham tendit la main et prit le couteau pour égorger son fils. 11 Alors l’ange de l’Éternel l’appela depuis le ciel et dit: «Abraham! Abraham!» Il répondit: «Me voici!»12 L’ange dit: «Ne porte pas la main sur l’enfant et ne lui fais rien, car je sais maintenant que tu crains Dieu et que tu ne m’as pas refusé ton fils unique.»
13 Abraham leva les yeux et vit [derrière lui] un bélier retenu par les cornes dans un buisson. Il alla prendre le bélier et l’offrit en holocauste à la place de son fils. 14 Abraham donna à cet endroit le nom de Yahvé-Jiré. C’est pourquoi l’on dit aujourd’hui: «À la montagne de l’Éternel il sera pourvu.»
15 L’ange de l’Éternel appela une deuxième fois Abraham depuis le ciel. 16 Il dit: «Je le jure par moi-même – déclaration de l’Éternel -, parce que tu as fait cela et que tu n’as pas refusé ton fils unique,
17 je te bénirai et je multiplierai ta descendance: elle sera *aussi nombreuse que les étoiles du ciel, pareille au sable qui est au bord de la mer. De plus, ta descendance possédera les villes de ses ennemis.
18 *Toutes les nations de la terre seront bénies en ta descendance, parce que tu m’as obéi.»
19 Abraham retourna vers ses serviteurs. Ils se levèrent et repartirent ensemble à Beer-Shéba. En effet, Abraham habitait à Beer-Shéba.20 Après cela, on annonça à Abraham: «Milca a aussi donné des fils à ton frère Nachor:
21 Uts, son aîné, Buz, son frère, Kemuel, le père d’Aram, 22 Késed, Hazo, Pildash, Jidlaph et Bethuel. 23 Bethuel a eu pour fille Rebecca. Voilà les huit fils que Milca a donnés à Nachor, le frère d’Abraham. 24 Sa concubine, appelée Réuma, a aussi mis au monde Thébach, Gaham, Tahash et Maaca.»

Ce passage est très particulier, car Dieu demande à son serviteur de sacrifier son fils en holocauste. Un holocauste, c’est une offrande que l’on fait à Dieu. En général, on tue un animal pour le brûler sur un autel, c’est-à-dire un édifice en bois ou en pierre construit pour ce genre de rituel. Dans plusieurs religions de l’époque, le sacrifice d’enfants était malheureusement pratiqué chez certains peuples. Ici, Dieu le demande à Abraham, mais dès le début, au verset 1, nous – lecteurs – nous sommes mis au courant que c’est une épreuve, un test. Cette épreuve aura deux objectifs principaux.

Premièrement, Dieu veut savoir où est le cœur d’Abraham. Il veut savoir s’il est prêt à lui obéir, lui faire confiance les yeux fermés.

Deuxièmement, cette épreuve sera l’occasion à Dieu de montrer quel genre de Dieu il est.

Regardons d’abord où est le cœur d’Abraham.

[1. Où est le cœur d’Abraham]

Dès le premier verset, nous voyons un homme prêt à obéir. Dieu lui dit : « Abraham », et il répond : « me voici ». Dieu lui demande quelque chose de difficile, car Abraham est très attaché à son fils. Regardez comment Dieu parle d’Isaac au verset 2 : « Prends ton fils unique, celui que tu aimes, Isaac ». Il aurait juste pu dire : « prends ton fils Isaac », mais au lieu de cela, il précise bien : « ton fils unique », « celui qui tu aimes ». Dieu insiste sur la valeur d’Isaac aux yeux d’Abraham.

Dès le lendemain matin, Abraham se met en route pour se rendre au pied de la montagne désignée par Dieu, il lui faudra trois jours de marche avec ses serviteurs.

Pendant ces trois jours de trajet à pied (ou sur un animal, je ne sais pas), j’imagine que beaucoup de choses ont dû traverser l’esprit d’Abraham. Trois jours de trajets en montagne, ça laisse le temps de cogiter. Contrairement à nous, Abraham n’a pas été mis au courant que Dieu lui faisait passer une épreuve.

Trois jours, c’est aussi un intervalle de temps qui évoque le renouveau dans la Bible. Après avoir été jeté à la mer, Jonas est resté trois jours dans le ventre d’un poisson géant  avant de revenir à la surface. Après ces trois jours, il vit une sorte de résurrection.

Trois jours, c’est surtout le temps qui s’écoule entre la crucifixion et la résurrection de Jésus. Dans la Bible, quand il est question du troisième jour, c’est un jour spécial, un jour révélateur.

Ici, Abraham fait trois jours de trajets où il se demande certainement ce que Dieu va faire. Évidemment, il ne veut pas sacrifier, tuer et brûler son fils, son unique, celui qu’il aime. Mais Dieu le lui a demandé, alors il se met en route pour le faire. Il met sa foi en action.

Pendant cette longue marche, il aurait pu s’arrêter en chemin et revenir en arrière, mais il est allé jusqu’au bout. Il avait confiance que Dieu voulait son bien et que son fils ne mourra pas. Son attitude nous le montre.

Une fois arrivé au pied de la montagne, il dit à ses serviteurs au verset 5 : « Restez ici avec l’âne. Le jeune homme et moi, nous irons jusque là-bas pour adorer, puis nous reviendrons vers vous. »

Et quand Isaac demande où est l’animal à sacrifier, il répond au verset 8 : « Mon fils, Dieu pourvoira lui-même à l’agneau pour l’holocauste. » Abraham a foi que Dieu ne lui prendra pas son fils, car il a reçu une promesse : Isaac lui donnera une descendance nombreuse.

La lettre aux Hébreux, dans le Nouveau Testament, nous dit ceci à propos de la foi d’Abraham :

17 C’est par la foi qu’Abraham a offert Isaac lorsqu’il a été mis à l’épreuve. Oui, il a offert son fils unique en sacrifice, bien qu’il ait reçu les promesses 18 et que Dieu lui ait dit: C’est par Isaac qu’une descendance te sera assurée. 19 Il pensait que Dieu était capable même de le ressusciter des morts. C’est pourquoi il a retrouvé son fils par une sorte de résurrection.

Alors qu’Abraham était en train de tendre la main pour prendre le couteau et égorger son fils, l’ange de l’Éternel intervient au verset 11 : « Abraham, Abraham ! »

Une fois de plus, Abraham répond : « me voici ».

Abraham a été obéissant jusqu’au bout, Dieu constate qu’il a une foi à toute épreuve. Un bélier est alors donné en sacrifice à la place d’Isaac.

Que peut-on dire de la foi d’Abraham ? Elle est exemplaire dans ce passage. Mais n’oublions pas qu’il n’a pas toujours eu cette foi inébranlable.

Abraham a marché avec Dieu pendant des années et des années avant d’arriver à cette confiance totale.

Par ce récit de la vie d’Abraham, Dieu nous apprend ce qu’est la confiance. Lorsque nous passons par des moments difficiles. Ces épreuves ne sont pas forcément envoyées par Dieu, mais Dieu s’en sert pour nous apprendre la persévérance, pour nous faire grandir spirituellement.

C’est difficile à comprendre, mais c’est justement cela la foi. C’est faire confiance à Dieu même quand on ne comprend pas tout et même quand nous sommes tentés de nous demander : « est-ce que Dieu veut vraiment mon bien ? »

La foi, c’est croire que tout ira bien alors que nous sommes dans l’incompréhension totale.

Voyons maintenant comment est Dieu dans ce passage.

[2. Comment est Dieu]

Ce texte révèle énormément de choses sur la personne de Dieu, sur sa manière d’agir.

Vous remarquerez que Dieu n’arrête pas la main d’Abraham en la retenant physiquement, il l’arrête par une parole. Dieu n’intervient-il pas aussi dans notre vie par sa parole révélée dans la Bible ?

Cette parole nous aide d’autant plus lorsque nous la lisons régulièrement, quelle que soit notre santé morale. Plus notre connaissance de Dieu est grande, plus notre foi sera ancrée dans sa personne, notamment lorsque les moments difficiles surviennent.

À chaque fois que nous lisons la Bible en invoquant le Saint-Esprit pour nous aider à comprendre, Dieu nous parle, mais cela peut prendre du temps. Il m’est parfois arrivé de lire un passage et de me demander : qu’est-ce que ce texte veut m’apprendre ?

Et de passer plusieurs jours à relire et réfléchir dessus, parce que le texte ne m’a pas parlé. Il arrive aussi que cela prenne plus que quelques jours.

Nous vivons à l’époque de l’instantané. Lorsque nous cherchons une information, Google nous donne des réponses en moins d’une seconde. Mais avec la Bible et le Saint-Esprit, les choses vont à la vitesse que Dieu a choisie.

Dieu a accompagné Abraham pendant plusieurs décennies avant qu’il comprenne ce qu’est la confiance totale en Dieu.

Notre relation avec Dieu est une relation sur le long terme. Sa Parole et son Esprit nous accompagnent jour après jour, semaine après semaine, mois après mois, années après année.

J’aimerais mentionner une dernière chose sur Dieu dans notre texte. Nous pouvons aussi remarquer que Dieu intervient au dernier moment. Il aurait pu arrêter Abraham quand il s’est mis en route avec ses serviteurs, ou le 2e jour, ou quand il était en train de construire l’autel, au quand il était en train de lier Isaac. Mais au lieu de cela, Dieu arrête l’épreuve au tout dernier moment, quand Abraham prend le couteau.

Parfois nous attendons des réponses de Dieu, des délivrances ou une restauration. Ne désespérons pas de cette attente, car Dieu peut intervenir même au tout dernier moment.

[Conclusion]

Pour conclure, on peut retenir que cette épreuve a aussi changé Abraham. Après une épreuve, nous ne sommes plus tout à fait la même personne.

Remarquez ce détail très instructif dans le texte : au verset 3, on nous dit qu’Abraham part en prenant avec lui son âne, ses serviteurs et son fils Isaac.

Au verset 5, Abraham dit à ses serviteurs : « Restez ici avec l’âne. Le jeune homme et moi, nous irons jusque là-bas pour adorer, puis nous reviendrons vers vous. »

Ils seront bien deux à revenir ensemble.

Au verset 8, on lit bien : « ils continuèrent à marcher tous les deux ensemble ».

À chaque fois, on nous précise bien qu’ils sont deux : Abraham est avec Isaac.

Mais regardez le verset 19 : « Abraham retourna vers ses serviteurs. Ils se levèrent et repartirent ensemble à Beer-Shéba. »

Nous savons qu’Isaac est avec eux, mais il n’est pas mentionné, pourquoi ?

Parce qu’Isaac a été offert à Dieu. Il n’a pas été sacrifié physiquement, mais il a été consacré à Dieu.

Abraham n’a pas considéré son fils comme son propre bien, mais comme un enfant donné par Dieu et appartenant à Dieu.

Abraham revient de la montagne avec son fils, mais il n’est plus le même. Il est tout entier à Dieu, toute sa vie est à Dieu ainsi que tout ce qu’il possède, même son fils.

Et nous, où est notre cœur ? Sommes-nous attachés à des personnes, à des biens matériels, à notre fierté, à nos loisirs plus qu’à Dieu ? Serions-nous prêts à tout donner à Dieu ?

Dieu, de son côté, a tout donné pour nous. Il a donné Jésus, son fils, en sacrifice pour mourir à notre place. Et il est ressuscité le troisième jour, il a vaincu la mort.

Nous n’avons plus à avoir peur de rien, même la mort ne peut rien contre nous. Alors, faisons-lui confiance et donnons-lui notre vie, car c’est le seul endroit où elle sera entre de bonnes mains. Abraham l’a compris et nous sommes invités à faire de même.

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