On raconte l’histoire du patron d’une grande entreprise qui cherchait un successeur. Son entreprise était en pleine croissance et il allait bientôt prendre sa retraite. Il cherchait un homme ou une femme de confiance pour le remplacer, quelqu’un qui possèderait les mêmes valeurs que lui.
Même s’il était très riche et puissant dans le monde du commerce, il tenait à avoir une bonne éthique, à être honnête et à bien traiter ses employés. Il n’aimait pas les magouilles, les pots-de-vin. Il paraît que ce genre de personne est de plus en plus rare dans le milieu des affaires, c’est pour cela qu’il voulait choisir lui-même son successeur.
Après plusieurs sélections de candidats et plusieurs entretiens d’embauche, trois personnes ont retenu son attention. La dernière étape de l’embauche consistait à s’entretenir avec ces trois candidats en même temps.
Parmi eux, il y avait une jeune femme, de tout juste 23 ans. À son âge, elle avait déjà plusieurs diplômes de commerce, de management et de marketing.
Le deuxième candidat était un homme plus âgé, 39 ans. Il n’avait pas autant de diplômes que la jeune femme, mais il avait beaucoup d’expérience.
Et le troisième candidat était un jeune de 18 ans, tout juste sorti d’un lycée professionnel, sans expérience, sans autre diplôme, avec un parcours scolaire classique. Il n’était pas plus doué que les jeunes de son âge. Il avait postulé pour ce poste parce que l’offre d’emploi ne précisait rien sur les compétences à avoir.
C’était juste écrit : « Cherche homme ou femme de confiance pour travailler dans la direction d’une entreprise de commerce ». En tombant sur cette annonce, il a été étonné de ne voir aucune exigence spécifique. Il s’est dit : « Pourquoi pas tenter… ? Pour une fois que rien n’est exigé au niveau des diplômes ou des années d’expérience… »
Le jour de l’entretien final arriva.
Les trois candidats étaient stressés, le cours de leur vie professionnelle pouvait complètement changer grâce à ce poste. Être le patron d’une grande entreprise en pleine croissance, c’est quand même une belle opportunité de carrière. Pendant l’entretien, le patron leur posa une seule question : « Pourquoi pensez-vous être faits pour ce poste » ?
La première candidate répondit : « Je possède 5 diplômes prestigieux, j’ai fait mes études dans les plus grandes écoles de commerce du monde, je parle 12 langues dont le l’anglais, l’allemand, l’espagnol, l’arabe et le chinois. J’ai toutes les compétences requises pour diriger votre entreprise et pour la développer davantage. »
En entendant cela, les deux autres candidats furent très impressionnés et encore plus inquiets pour leur candidature. C’était maintenant au deuxième candidat de répondre :
« Je suis diplômé de deux grandes écoles de commerce, dit-il, et j’ai enseigné le marketing à Londres. J’ai une grande expérience dans le milieu. J’ai déjà eu des postes à responsabilités et j’ai aidé de grandes entreprises à se développer. Je connais bien le métier et même les méthodes de vos concurrents, ce qui est un atout non négligeable. »
Vint maintenant le tour du troisième candidat.
« Pouvez-vous répéter la question ? » demanda-t-il.
Rien qu’avec cette question, les deux autres ont pensé que c’en était fini pour lui. Il n’était même pas capable de retenir une question simple. Mais le patron ne l’a pas disqualifié pour autant, il a répété la question : « Pourquoi pensez-vous être fait pour ce poste ? »
Le jeune homme a pris encore quelques instants pour réfléchir, puis il répondit : « Je suis un peu gêné par la formulation de votre question. Quoique je réponde, votre question présuppose que j’estime être fait pour ce travail, mais ce n’est pas le cas. Je ne sais pas si je suis fait pour ce poste, j’ai postulé, car j’ai vu qu’aucune compétence particulière n’était exigée, mais je suis prêt à apprendre. Ensuite, c’est vous qui déciderez si vous me voulez à ce poste. »
À l’issue de cet entretien, c’est ce dernier candidat que le patron a choisi ! Le jeune sans diplôme et sans expérience. Ce choix a surpris tous les employés et les collaborateurs. Tout le monde lui a demandé pourquoi avoir pris ce jeune garçon sans diplôme et sans expérience ? A-t-il perdu la raison ?
Le patron leur a répondu : « Les deux premiers candidats croyaient déjà tout savoir, et quand on connait déjà tout, on est moins disposé à apprendre. » Puis il a ajouté : « Ce que je recherche, ce ne sont pas les bonnes compétences, c’est la bonne attitude. »
Le plus important, ce ne sont pas les compétences, c’est l’attitude. Cette manière de choisir un candidat va totalement à l’encontre de ce que tout le monde aurait pu penser. De nos jours, les employeurs regardent surtout les compétences et même les diplômes.
En France, on a beau avoir les compétences, si l’on n’a pas le diplôme, on aura moins de chance d’être embauché.
Cependant, contre toute attente, le patron de cette histoire (qui peut être considérée comme une parabole), regardait d’abord l’attitude, l’état d’esprit.
Vous pensez sûrement que c’est une belle histoire, mais qu’elle n’est pas prête d’arriver dans la vie réelle.
En réalité, il y a bien un patron qui se comporte ainsi. Il existe un chef qui ne fait pas le chef. En fait, cette parabole illustre exactement la manière dont Dieu nous considère.
Voici ce que Jésus a dit quand on lui a présenté des enfants : «Laissez les petits enfants venir à moi, ne les en empêchez pas, car le royaume des cieux est pour ceux qui leur ressemblent.» Évangile selon Matthieu, chapitre 19, verset 14.
Cette parole de Jésus est surprenante. Le royaume des cieux, autrement dit, le paradis, est pour ceux qui ressemblent aux enfants.
Essayez de poser la question suivante à des passants dans la rue : « Si le paradis existait, est-ce vous y entrerez ? »
Beaucoup de gens répondront : « oui ».
Et si on leur demandait : « pourquoi ? » Ils répondraient probablement : « Parce que je ne suis pas quelqu’un de mauvais, j’ai fait ce que j’ai pu pour faire le bien autour de moi. J’ai vécu de manière honnête, je n’ai pas tué et je n’ai pas volé. J’ai aimé mes proches. »
Beaucoup de gens pourraient donner ce genre de réponse.
Combien de personnes aurait l’idée de répondre : « Oui moi j’irai au paradis parce que je ressemble à un enfant » ?
Pas grand monde, il me semble.
Tout comme le patron de notre histoire, Dieu voit les choses d’une tout autre manière. Pour entrer dans son royaume, ce qui compte, ce ne sont pas les diplômes ou les bonnes actions, ce ne sont pas les mérites.
Juste après que Jésus ait parlé des enfants, un homme s’est approché de lui en demandant : « Bon Maître, que dois-je faire de bon pour avoir la vie éternelle?»
Et voici le début de la réponse de Jésus : «Pourquoi m’appelles-tu bon? Personne n’est bon, si ce n’est Dieu seul. »
J’ai déjà rencontré des gens qui réagissent fortement à cette affirmation. Des gens qui ont du mal à croire en Dieu et encore moins en sa bonté à cause de toutes les souffrances qu’il y a sur terre. Je reconnais que pour moi-même la question de la souffrance me tracasse parfois. Mais je continue de croire que Dieu est bon, qu’il a un plan, et que certaines choses me dépassent.
Je ne vais pas entrer dans ce débat concernant Dieu et la souffrance, qui peut faire l’objet d’une réflexion à part entière, mais j’aimerais juste relever une question.
Si l’on ne devait ne pas croire en Dieu à cause des souffrances de ce monde, est-ce qu’il faudrait croire en l’homme ? Est-ce que l’être humain est vraiment capable de rendre le monde meilleur ?
Personnellement, je suis persuadé que Dieu est capable d’aider l’homme à rendre la terre meilleure, mais malheureusement, lorsque je regarde autour de moi, je constate que l’humanité préfère se débrouiller sans lui.
Selon Jésus, personne n’est bon, si ce n’est Dieu seul. C’est pour cela que si l’on compte sur notre propre bonté pour aller au ciel, alors cela ne marchera pas. Parce que l’on ne peut pas être bon comme Dieu est bon.
Dieu nous demande de faire de belles œuvres, mais ce ne sont pas elles qui vont nous permettre d’aller au ciel, parce que nous ne pouvons pas être aussi bons que lui.
Pour entrer dans le royaume des cieux, Dieu nous demande de ressembler à des enfants. Mais qu’est-ce qu’il veut dire exactement ? Que veut dire : ressembler à un enfant ?
Est-ce que cela veut dire qu’il faudrait avoir l’innocence d’un enfant ? Je ne pense pas, parce qu’en fait les enfants ne sont pas si innocents que ça, en tout cas, pas toujours. Il suffit de faire un sondage auprès de parents pour se rendre compte que dès les premières années, les enfants peuvent mentir, tricher, se moquer des autres et être jaloux.
Jésus voulait-il dire alors qu’il faudrait être naïf comme les enfants ?
C’est vrai que les jeunes enfants croient ce qu’on leur raconte. Par exemple, ils croient au père Noël et à la petite souris. Mais dans la Bible, Dieu ne nous demande pas d’être naïfs pour croire en lui. Il ne faut pas déconnecter notre intelligence pour avoir la foi.
Dans beaucoup de versets, le croyant est invité à étudier les Écritures, à faire preuve d’intelligence et à rechercher la sagesse. Lorsque l’apôtre Paul prêche la Bonne Nouvelle, il utilise souvent les notions de démonstration et de raisonnement. Dieu ne nous demande pas d’être naïfs.
Quelle est donc l’attitude que Jésus aime chez les enfants ?
Nous avons la réponse juste au chapitre précédent où Jésus parle aussi des enfants. Voici ce que l’on peut lire dans l’Évangile selon Matthieu, au chapitre 18, des versets 1 à 4.
1b Les disciples s’approchèrent de Jésus et dirent: «Qui donc est le plus grand dans le royaume des cieux?» 2 Jésus appela un petit enfant, le plaça au milieu d’eux 3 et dit: «Je vous le dis en vérité, si vous ne vous convertissez pas et si vous ne devenez pas comme les petits enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux. 4 C’est pourquoi, celui qui se rendra humble comme ce petit enfant sera le plus grand dans le royaume des cieux.
Là encore Jésus répond l’inverse de que l’on aurait pu penser.
Qui est le plus grand ? C’est le plus petit, dit Jésus. L’attitude que Dieu regarde avant tout, ici, c’est l’humilité.
Vous allez peut-être me dire qu’un enfant ce n’est pas toujours humble. Parfois les enfants peuvent dire des phrases du type : « C’est moi le plus fort », « C’est moi le plus beau », « C’est moi qui cours le plus vite », « C’est moi le plus grand », « C’est moi qui dessine le mieux », etc.
Mais l’humilité dont il est question ici, c’est de reconnaître que l’on est petit et que l’on est dépendant.
La dépendance n’est pas très à la mode actuellement. C’est même un mot qui a une connotation négative. La dépendance fait penser aux addictions. Ce n’est pas attirant d’être dépendant. Ce qui est à la mode, c’est l’indépendance.
L’être humain veut se débrouiller seul, c’est une question de fierté et malheureusement, parfois une question d’orgueil.
Je trouve cela triste, car à force de penser que l’indépendance est une bonne chose, le jour où une personne se rend compte qu’elle a besoin des autres, à cause d’un problème de santé ou à cause de l’âge, eh bien cette personne se considère comme un poids pour la société, un poids pour ses proches, un poids tout court.
Et la société finit par penser que ceux qui ont trop de besoins sont des fardeaux.
Lorsque les gens perdent leur indépendance, ils ont l’impression de perdre leur honneur, leur dignité.
Mais la dignité vient-elle de l’indépendance ? La dignité vient-elle de notre autosuffisance ?
Selon la Bible, notre dignité vient de l’amour que Dieu a pour nous. Et puisque Dieu nous aime, nous sommes appelés à aimer notre prochain, qu’il soit autonome ou qu’il ait besoin de nous.
Notre prochain ne devrait pas être considéré comme un poids dès lors qu’il a besoin de notre aide. Nous avons tous besoin les uns des autres.
Du point de vue de Dieu, la dignité ne dépend pas de notre autonomie, de nos capacités ou de nos diplômes.
Les enfants savent qu’ils sont des enfants et non pas de grandes personnes. Les petits enfants savent qu’ils ont besoin de leurs parents pour vivre. Il est vrai qu’ils apprennent l’autonomie, mais ils ne cherchent pas à tout prix l’indépendance.
Le désir d’indépendance vient un peu plus tard, vers l’adolescence, ou la préadolescence. Il paraît que c’est de plus en plus tôt.
Dans tous les cas, l’humilité, dans notre texte, consiste à reconnaître notre besoin de Dieu. De quelqu’un de plus grand que soi, quelqu’un qui pourvoit à ses besoins et sans qui on n’aurait rien. Sur ces points-là, sommes-nous prêts à ressembler à des enfants ?
Supportons-nous l’idée qu’il y ait un Dieu plus grand que nous ? Un Dieu qui veut avoir un regard sur notre vie ? Acceptons-nous de croire en un Dieu qui nous dépasse et qui nous demande de lui faire confiance, d’avoir foi en lui ?
Ce genre de texte, où Jésus parle du royaume des cieux, a été d’autant plus parlant pour moi cette semaine. Une semaine où dans notre temple, nous avons célébré un culte d’action de grâce suite au décès de Daniel Lescoute, une semaine où nous avons appris le décès de Jean-Luc, le papa de Charles-Edouard, puis le décès de Jacques Tuffé, le frère d’Huguette Lescoute.
Nous sommes attristés, car des frères et sœurs sont touchés par le deuil. Mais la mort n’est pas la fin, Jésus nous invite à entrer dès aujourd’hui dans le royaume des cieux, par la foi, la foi d’un enfant.
«Laissez les petits enfants venir à moi, ne les en empêchez pas, car le royaume des cieux est pour ceux qui leur ressemblent.»
Je conclus en revenant à l’histoire du patron et du jeune candidat. Sommes-nous prêts à dire comme le jeune homme : mes compétences ne sont pas à la hauteur, mais je suis prêt à écouter le maître, à le suivre et à apprendre ?
C’est cette attitude que Dieu attend de nous. C’est de cette humilité dont Jésus parle quand il dit : « le royaume des cieux est pour ceux qui ressemblent aux enfants. »
Dieu est le patron, mais un patron qui n’est pas dans la logique du mérite ou des diplômes. Il regarde d’abord notre cœur. Adoptons la bonne attitude, faisons preuve d’humilité, que ce soit envers lui ou envers notre prochain, sachons reconnaître notre besoin de Dieu, comme des enfants.