
Depuis le mois de janvier, nous avons démarré une série de prédications qui survole l’histoire biblique de la Genèse à l’Apocalypse. Nous en sommes au deuxième livre de la Bible, l’Exode, qui raconte principalement l’histoire de Moïse et la délivrance du peuple d’Israël, qui était esclave en Égypte.
Dieu les a délivrés de l’esclavage, il a fait plier le pharaon qui avait tenu tête à l’Éternel.
Après les 10 plaies d’Égypte, des malheurs envoyés pour contraindre le roi d’Égypte, celui-ci libère enfin le peuple. Dieu les conduit dans le désert afin de les amener vers le pays promis.
Pendant le voyage, il y a un moment très solennel où Dieu conclut une alliance avec tout le peuple. Moïse a un rôle important, il est le médiateur entre Dieu et le peuple.
Dieu donne les 10 commandements et une série de lois pour la vie en communauté et la vie spirituelle. Tout est inscrit dans un livre appelé : livre de l’alliance.
À plusieurs reprises, le peuple s’engage à respecter l’alliance.
Par exemple, en Exode chapitre 24, verset 7, nous lisons :
« [Moïse] prit le livre de l’alliance et le lut en présence du peuple. Ils dirent : « Nous ferons tout ce que l’Eternel a dit, nous y obéirons. » »
À ce moment-là, le peuple avait déjà vu de grands prodiges et la puissance de Dieu à l’œuvre.
Lorsque Dieu a donné les 10 commandements, le peuple n’osait même pas s’approcher de la montagne tellement ils avaient peur de s’approcher de Dieu. Au sommet, il y avait des éclairs, la tempête et du tonnerre.
Après l’alliance, Dieu demande à Moïse de monter sur la montagne pour recevoir d’autres commandements. Moïse se rend sur le mont Sinaï avec son assistant Josué, et il y reste 40 jours. Le quarantième jour, alors qu’il est sur le point de descendre, le peuple s’impatiente et transgresse l’alliance qu’il vient de conclure avec Dieu.
Ce matin c’est ce récit de la transgression que nous lisons ensemble, en Exode 32, versets 1 à 24.
1 Le peuple voyait que Moïse tardait à descendre de la montagne. Alors il se rassembla autour d’Aaron et lui dit: «Allons! Fais-nous des dieux qui marchent devant nous, car ce Moïse, l’homme qui nous a fait sortir d’Égypte, nous ignorons ce qu’il est devenu.»
2 Aaron leur dit: «Retirez les anneaux d’or qui pendent aux oreilles de vos femmes, de vos fils et de vos filles et apportez-les-moi.»
3 Chacun retira les anneaux d’or qui pendaient à ses oreilles et ils les apportèrent à Aaron.
4 Il les reçut de leurs mains, jeta l’or dans un moule et fit un veau en métal fondu. Ils dirent alors: «Israël, voici tes dieux qui t’ont fait sortir d’Égypte.»
5 Lorsque Aaron vit cela, il construisit un autel devant lui et s’écria: «Demain, il y aura une fête en l’honneur de l’Eternel!»
6 Le lendemain, ils se levèrent de bon matin et offrirent des holocaustes et des sacrifices de communion. Le peuple s’assit pour manger et pour boire; puis ils se levèrent pour s’amuser.
7 L’Eternel dit à Moïse: «Vas-y, descends. En effet, ton peuple, celui que tu as fait sortir d’Égypte, s’est corrompu.
8 Ils se sont bien vite écartés de la voie que je leur avais prescrite: ils se sont fait un veau en métal fondu, se sont prosternés devant lui, lui ont offert des sacrifices et ont dit: ‘Israël, voici tes dieux qui t’ont fait sortir d’Égypte.’» 9 L’Éternel dit à Moïse: «Je vois que ce peuple est un peuple réfractaire.
10 Maintenant, laisse-moi faire! Ma colère va s’enflammer contre eux et je vais les faire disparaître, tandis que je ferai de toi une grande nation.»
11 Moïse implora l’Eternel, son Dieu, et dit: «Pourquoi, Eternel, ta colère s’enflammerait-elle contre ton peuple, celui que tu as fait sortir d’Égypte avec une grande puissance et avec force?
12 Pourquoi les Égyptiens diraient-ils: ‘C’est pour leur malheur qu’il les a fait sortir de notre pays, c’est pour les tuer dans les montagnes et les exterminer de la surface de la Terre’? Renonce à ton ardente colère et reviens sur ta décision de faire du mal à ton peuple!
13 Souviens-toi d’Abraham, d’Isaac et d’Israël, tes serviteurs! Tu leur as dit en jurant par toi-même: ’Je rendrai votre descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel, je donnerai à vos descendants tout le pays dont j’ai parlé et ils le posséderont pour toujours.’»
14 L’Éternel renonça alors au mal qu’il avait déclaré vouloir faire à son peuple.
15 Moïse repartit et descendit de la montagne, les deux tables du témoignage dans la main. Les tables étaient écrites des deux côtés, elles étaient écrites de chaque côté. 6 Elles étaient l’oeuvre de Dieu et l’écriture était celle de Dieu, gravée sur les tables. 17 Josué entendit le bruit que faisait le peuple en poussant des cris et il dit à Moïse: «Il y a un cri de guerre dans le camp.» 18 Moïse répondit: «Ce n’est ni un cri de vainqueurs, ni un cri de vaincus. Ce que j’entends, ce sont des gens qui chantent.»
19 En s’approchant du camp, il vit le veau et les danses. La colère de Moïse s’enflamma. Il jeta les tables qu’il tenait et les brisa au pied de la montagne. 20 Il prit le veau qu’ils avaient fait et le brûla au feu; il le réduisit en poudre, versa cette poudre à la surface de l’eau et la fit boire aux israélites.
21 Moïse dit à Aaron: «Que t’a fait ce peuple pour que tu le rendes coupable d’un si grand péché?»
22 Aaron répondit: «Que la colère de mon seigneur ne s’enflamme pas! Tu sais toi-même que ce peuple est porté au mal.
23 Ils m’ont dit: ‘Fais-nous des dieux qui marchent devant nous, car ce Moïse, l’homme qui nous a fait sortir d’Égypte, nous ignorons ce qu’il est devenu.’
24 Je leur ai dit: ‘Que ceux qui ont de l’or s’en dépouillent!’ Et ils me l’ont donné. Je l’ai jeté au feu et il en est sorti ce veau.»
Je relèverai simplement deux points principaux dans ce texte, sous forme de deux questions :
[1. Comment le peuple a-t-il pu désobéir si rapidement ?]
Le peuple venait de s’engager à respecter l’alliance, notamment les 10 commandements.
Voici les deux premiers commandements (Exode 20) :
3 Tu n’auras pas d’autres dieux devant moi.
4 Tu ne te feras pas de sculpture sacrée ni de représentation de ce qui est en haut dans le ciel, en bas sur la terre et dans l’eau plus bas que la terre. 5 Tu ne te prosterneras pas devant elles et tu ne les serviras pas, car moi, l’Éternel, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux.
Dieu avait bien interdit au peuple de se faire des idoles. De plus après avoir donné les 10 commandements, il en rajoute une couche et insiste sur ce point :
22 L’Éternel annonça à Moïse: «Voici ce que tu diras aux israélites: ‘Vous avez vu que je vous ai parlé depuis le ciel.
23 Vous ne ferez pas de dieux en argent et en or pour me les associer; vous ne vous en ferez pas.
Dieu avait bien interdit la fabrication d’idoles et il a insisté sur ce commandement, pourquoi le peuple a-t-il si facilement et si rapidement désobéi ?
Justement, c’est là que c’est une mise en garde pour nous. Si l’on regarde bien le texte, le peuple a essayé de faire une sorte de compromis. Ils ont bien fabriqué une idole, mais ils ont dit que cette idole représentait l’Éternel qui les a fait sortir d’Égypte. Le veau d’or était une sorte d’aide pour se représenter la puissance de Dieu, car on représentait la force et la puissance par des animaux forts et puissants.
Ils ont donc fabriqué une sculpture qui était censé représenter le Dieu qui les a délivrés. En tout cas, c’est ce que Aaron a trouvé comme compromis.
Relisons les versets 4, puis le verset 5 où Aaron fabrique le veau d’or :
4 Il les reçut de leurs mains, jeta l’or dans un moule et fit un veau en métal fondu. Ils dirent alors: «Israël, voici tes dieux qui t’ont fait sortir d’Égypte.»
(Ici, le pluriel peut nous étonner, car il y a un seul veau d’or, mais le peuple en parle comme si c’était plusieurs dieux. C’est parce qu’en hébreux, le pluriel ne désigne pas uniquement la quantité, mais aussi la qualité.)
5 Lorsque Aaron vit cela, il construisit un autel devant lui et s’écria: «Demain, il y aura une fête en l’honneur de l’Eternel!»
En hébreux, ce mot « Éternel » est le mot « Yahwé », qui est le nom de Dieu en hébreux.
En fabriquant le veau d’or, Aaron avait en tête que cette idole ne serait pas un autre dieu, mais qu’il représenterait le Dieu d’Israël. C’est pour cela qu’il assimile ce veau d’or à Yahwé.
Aaron et le peuple ont fait un compromis, mais en fin de compte, ils ont quand même fabriqué une idole qui n’est pas Yahwé.
Au lieu de faire confiance à Dieu pour leur avenir, ils ont préféré enfermer Dieu dans quelque chose qu’ils maitrisaient.
Est-ce que nous aussi, parfois, nous préférerions que Dieu corresponde à nos représentations et nos désirs ?…
Sur les questions éthiques, les questions théologiques, les questions liées à la destinée éternelle, l’enseignement biblique n’est pas toujours en phase avec la culture de notre société. Alors au lieu de lui faire confiance, nous essayons de faire entrer Dieu dans nos cases et nous créons ainsi une idole.
Il y a aussi plein d’autres manières de tomber dans l’idolâtrie.
Parfois, j’ai l’impression que l’idole se trouve même dans ce que l’on peut appeler la « contre idole ».
Dans le milieu chrétien, j’ai remarqué que certaines activités sont perçues comme des idoles, parce qu’elles seraient trop liées au monde. Par exemple, tout ce qui concerne les loisirs considérés comme inutiles et trop couteux. Les sorties dans les parcs d’attractions, les jeux vidéo, etc.
J’entends des chrétiens dire que ce sont des choses du monde et qu’un chrétien ne devrait pas dépenser de l’argent pour ce genre de choses superflu.
Pour remédier à cela, le chrétien a donc trouvé des contre idoles. Par exemple, au lieu de se corrompre dans des bars à bière ou dans des parcs d’attractions, il va se distraire dans des choses qu’il considère comme plus naturelles, plus simples et plus utiles.
Par exemple, au lieu de jouer à des jeux vidéo, il va s’intéresser à la lecture, la couture, la musique, le jardinage, la cuisine, la marche à pied, etc.
Cependant, la contre idole peut, elle aussi, devenir une idole.
Parce que ce qui fait qu’une idole est une idole, ce n’est pas le prix qu’elle coute ni sa popularité dans le monde. Ce qui fait qu’une idole est une idole, c’est l’importance que nous lui accordons.
Disneyland peut devenir une idole, tout comme notre potager ou nos ustensiles de cuisine peuvent devenir une idole.
Sur une année, on peut dépenser 2 000 euros dans des jeux vidéo, tout comme on peut dépenser 2 000 euros dans les écorces d’ornement de notre jardin ou 2 000 euros dans des poêles en cuivre. Mais peu importe le prix, c’est notre rapport à ces choses qui en font une idole ou pas.
Attention, je ne dis pas que si vous faites un potager, si vous aimez lire ou si vous appréciez cuisiner, vous êtes idolâtres. Je dis simplement que tout peut devenir idole à partir du moment où nous nous attachons à ces choses.
Pour celles et ceux qui le savent, j’aime beaucoup cuisiner par exemple, et donc je prêche également à moi-même cette mise en garde.
Tout comme le veau d’or était une idole déguisée, nos contre idoles peuvent aussi être des idoles déguisées.
Et n’oublions pas que la première idole, c’est notre égo, notre orgueil, et parfois notre fierté d’avoir un mode de vie meilleur que les autres. Un peu comme le pharisien, le religieux, qui met sa main sur la poitrine pour prier : « merci Seigneur parce que je ne suis pas comme ces idolâtres ».
Comment faire pour éviter de tomber dans l’idolâtrie ?
Dieu nous appelle à vivre dans la liberté. Il a libéré son peuple de l’esclavage des Égyptiens, et pourtant, à peine sorti d’Égypte, ils se sont mis sous l’esclavage de leurs propres désirs. Ils sont passés d’un esclavage à un autre.
Pour ne pas tomber dans l’idolâtrie, Dieu nous invite à chercher notre réconfort, notre satisfaction, notre consolation, notre fierté, notre joie, avant tout en lui.
C’est dans une communion intime avec lui que nous vivrons libres, que nous pourrons aller avec plaisir au parc d’attraction ou faire un après-midi cuisine en toute bonne conscience, car nous ne serons pas attachés à ces choses, mais à Dieu.
Cela dit, le cœur humain reste humain, et il se peut que sans nous en rendre compte, nous nous fabriquions des idoles.
La plupart du temps, nous voyons les idoles chez les autres et pas du tout chez soi. C’est pour cela que nous avons besoin d’une aide extérieure.
Cette aide peut se trouver dans l’Église, pour nous avertir ou nous encourager, mais elle se trouve surtout dans un médiateur qui intercède pour nous auprès du Père. En hébreux, le verbe intercéder signifie intervenir.
Dans le cas du peuple d’Israël avec le veau d’or, Moïse a intercédé auprès de Dieu, afin qu’il ne le punisse pas, mais qu’il lui fasse grâce. Cela dit, la grâce ne sera pas accordée sans justice.
J’arrive à mon deuxième point :
[2. Comment Moïse a-t-il intercédé auprès de Dieu]
Le moment est dramatique, car Dieu veut exterminer le peuple d’Israël. Rompre l’alliance avec Dieu était grave et cela méritait la punition la plus sévère.
Si l’on regarde bien les termes utilisés, lorsque Dieu parle du peuple à Moïse, il ne dit pas « mon peuple », mais « ton peuple ». Il prend déjà de la distance.
Verset 7 : « Vas-y, descends. En effet, ton peuple, celui que tu as fait sortir d’Égypte, s’est corrompu. »
Moïse rappelle alors à Dieu que c’est son peuple et que c’est Dieu qui l’a fait sortir d’Égypte, au verset 11 :
« Pourquoi, Eternel, ta colère s’enflammerait-elle contre ton peuple, celui que tu as fait sortir d’Égypte avec une grande puissance et avec force. »
Moïse intercède en rappelant les promesses de Dieu. L’Éternel a promis qu’il ferait de ce peuple une grande nation et qu’il le conduirait vers le pays promis.
Que penseraient les autres nations d’un Dieu qui libère son peuple pour l’exterminer dans le désert ?
Moïse va même jusqu’à dire au verset 32 : « Pardonne maintenant leur péché! Sinon, efface-moi de ton livre que tu as écrit. »
Dieu finit par épargner le peuple, mais en descendant de la montagne et voyant le veau d’or, c’est Moïse qui entre dans une grande colère.
La suite du récit évoque des punitions, surtout pour les plus réfractaires. Il y aura 3 000 morts parmi les 600 000 hommes, mais la grande majorité du peuple sera épargné.
Le pardon et la grâce sont accordés, mais pas sans justice.
Dieu ne pouvait pas détruire le peuple qu’il a délivré et qu’il a béni. Et en même temps, il ne pouvait pas non plus laisser cette transgression impunie.
Moïse a intercédé en faveur du peuple, tout en reconnaissant qu’il a péché. Il a joué le rôle de médiateur, il a même proposé sa vie en échange de cette du peuple.
Cela vous rappelle-t-il un autre médiateur ?
Jésus est venu nous délivrer de l’esclavage du péché, il est venu faire la médiation entre Dieu et nous, et il a proposé sa vie en échange de la nôtre.
Il a payé pour nos fautes, de sorte que nous soyons épargnés de la mort. Nous sommes pardonnés et graciés.
Mais le pardon et la grâce ne sont pas une excuse pour continuer de vivre comme des esclaves de nos désirs.
Imaginons que vous alliez manger dans l’un de ces restaurants avec buffet à volonté. Vous payez une certaine somme et vous pouvez vous servir autant que vous le souhaitez. Est-ce une raison pour se servir bien plus que nécessaire, sans réfléchir, en gaspillant sans scrupule, en jetant des kilos de nourriture ? Ce serait une attitude irresponsable et irrespectueuse.
De même, évoquer la grâce pour continuer à vivre selon la nature humaine, c’est comme gaspiller la grâce, la mépriser, et mépriser l’œuvre de Jésus par la même occasion.
La grâce nous est bien offerte, alors vivons plutôt dans la liberté, non pas dans un esclavage de nos propres désirs, mais dans la confiance en Dieu.
[Conclusion]
Pour conclure, rappelons-nous que si ce genre de texte nous est révélé, c’est pour nous avertir des risquent et des dangers dans lesquels nous pourrions tomber.
J’ai bien peur que nous ne soyons pas meilleurs que les israélites dans le désert. L’être humain commet malheureusement les mêmes erreurs de génération en génération. Nous avons, nous aussi, besoin de nous défaire de certaines idoles, à commencer par notre égo.
Nous avons, nous aussi, besoin d’un médiateur qui intervienne en notre faveur, le Christ.
Le peuple d’Israël était libre, mais il s’est éloigné de Dieu quand il a commencé à s’impatienter dans le désert, quand il a commencé à faire face à l’inconnu, à s’inquiéter.
Nous aussi, Jésus nous a libérés, nous sommes en marche vers le pays promis, et le chemin de la vie que nous traversons est rempli d’épreuves, d’inquiétudes, d’incompréhensions. Mais ce n’est pas le moment de s’éloigner de Dieu, au contraire, redoublons de confiance et avançons par la foi.