Route barrée !

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Il y a quelques semaines, nous prenions la route en famille pour aller à Strasbourg, là où j’ai été invité à prêcher et rencontrer l’Église. Nous sommes partis prendre l’autoroute, et juste à quelques minutes de l’entrée de l’autoroute, nous rencontrons un panneau : route barrée.

Nous avons dû faire un grand détour et perdre bien 20 minutes, alors que nous sommes partis en retard, par rapport à l’heure prévue.

Ces routes barrées, j’ai l’impression de tomber dessus à chaque fois que je suis en retard.

Dans la Bible, Dieu utilise beaucoup l’image du chemin ou de la route.

Depuis le mois de janvier, nous survolons l’histoire biblique dans son ensemble, de la Genèse à l’Apocalypse.

Si l’on regarde l’histoire du peuple d’Israël depuis ses origines, depuis Adam et Ève, en passant par Noé, puis Abraham, Isaac et Jacob. Si l’on regarde l’histoire de ce peuple, on constate malheureusement sa difficulté à faire route avec Dieu.

Le peuple a tendance à s’écarter sans cesse du chemin. C’est pour cela que Dieu a sans cesse envoyé des prophètes, pour rappeler aux dirigeants et au peuple, qu’ils ont besoin de revenir à Dieu.

Aujourd’hui, nous allons nous intéresser au dernier prophète d’Israël, qui a annoncé la parole suivante au peuple :

Malachie 3.1 : Voici que j’enverrai mon messager pour me préparer le chemin. Et soudain, il entrera dans son temple, le Seigneur que vous cherchez; le messager de l’alliance que vous désirez, le voici qui arrive, dit l’Éternel, le maître de l’univers.

Autrement, le dernier prophète d’Israël annonce ceci au peuple :

[1. Mon messager me préparera le chemin]

Ce matin, nous allons voir qui est ce messager, et comment il a préparé le chemin de Dieu.

Mais avant cela, il est important de parler du contexte dans lequel le prophète Malachie a prononcé ces paroles.

Malachie a vécu au 4e siècle av. J.-C.. À l’époque, Israël est bien appauvri et il est encore sous la domination de l’Empire perse.

Le temple de Jérusalem a été reconstruit, mais avec les moyens du bord. Ce n’est pas un édifice aussi glorieux qu’à l’origine.

Dans ce contexte, les israélites se sont accrochés à Dieu pendant quelque temps, mais ne voyant aucune amélioration de leur condition, ils se sont dit que cela n’avait aucun intérêt d’honorer Dieu. Alors ils ont continué de faire les rituels religieux, mais sans trop de conviction.

Malachie a pour rôle de réveiller le peuple, il leur annonce qu’ils sont hypocrites et qu’ils doivent revenir à Dieu sincèrement.

En effet, les israélites offraient des sacrifices à Dieu, mais ils offrent des bêtes handicapées. Les hommes quittaient leurs femmes pour en épouser des plus jeunes. Les prêtres sont délaissés. Le peuple s’adonne à l’idolâtrie, l’injustice règne.

Décidément, c’est toujours la même chose.

Dans ce contexte, Dieu aimerait bien être plus présent, il aimerait bien conduire et même bénir son peuple, mais la route est barrée.

Dieu n’a plus d’accès au cœur des israélites. Leur cœur est rempli d’idolâtrie, d’injustice et d’hypocrisie. Pour Seigneur, la route est barrée.

C’est pour cela que Dieu annonce, à travers Malachie : « Voici que j’enverrai mon messager pour me préparer le chemin. » (Malachie 3.1a)

À partir de ce moment-là, il arrive quelque d’assez surprenant. Après Malachie, c’est la fin de l’ère prophétique.

Ce que je veux dire, c’est que Malachie est considéré comme le dernier prophète de la Torah, de l’Ancien Testament. La Torah se termine avec Malachie. Il y a  donc une attente. Qui est le messager ? Et quand Dieu va-t-il l’envoyer ?

C’est étonnant, car Dieu dit à son peuple : « je vais venir, quelqu’un va me préparer le chemin, et je viendrai parmi vous ».

Et une fois cette promesse annoncée, Dieu laisse le peuple attendre pendant 4 siècles.

Après les 4 siècles, ce messager qui prépare la venue de Dieu arrive enfin, il est présenté dans les Évangiles, et il s’appelle Jean-Baptiste.

Mais avant de passer à Jean-Baptiste, il peut être utile de s’intéresser à l’histoire des juifs pendant ces 4 siècles.

Autrement, pendant les 4 siècles qui séparent Malachie et Jean-Baptiste, qu’est-ce qui est arrivé au peuple juif ?

C’est mon deuxième point :

[2. Entre le prophète Malachie et le messager Jean-Baptiste]

La Bible ne parle pas de ces 4 siècles, et c’est fait exprès. Dieu nous enseigne que c’est lui qui choisit le timing.

Il réalise ses promesses en temps voulu, et c’est toujours au bon moment.

Cette absence de révélation biblique pendant ces 4 siècles nous apprend aussi que Dieu attend de son peuple qu’il reste fidèle même sans signe spectaculaire.

Ce temps de silence met également la nécessité d’attendre. Dieu agit, mais il nous demande parfois d’être patient.

On parle de 4 siècles de silence, mais il ne faut pas oublier que Dieu est toujours à l’œuvre. Ce n’est pas parce qu’il n’a pas envoyé de prophète qu’il a arrêté d’agir.

Déjà au temps des prophètes, un reste du peuple continuait d’être fidèle à Dieu. Et lorsque Jean-Baptiste viendra, il trouvera un peuple assoiffé de la parole de Dieu, prêt à se faire baptiser, prêt à l’écouter. La foi en Dieu ne s’est donc pas éteinte.

Mais que s’est-il passé pendant ce silence prophétique ?

D’après des sources historiques, on peut connaître quelques éléments.

Du temps de Malachie, Jérusalem était sous la domination de l’Empire perse.

Ensuite, Alexandre le Grand a conquis ces territoires, et Jérusalem a été dominé par des dirigeants et des dynasties de culture grecque.

Parmi eux, la dynastie des Séleucides a fait beaucoup de mal aux juifs. L’un de ses rois, qui s’appelait Antiochus Épiphane IV, a souillé le temple de Jérusalem, en y mettant l’idole du dieu Zeus.

Les Séleucides ont forcé les juifs à adopter la culture grecque :

  • Interdiction de circoncire ses enfants
  • Interdiction du sabbat et des sacrifices
  • Obligation de manger du porc
  • Obligation de participer à des cultes païens idolâtres
  • Obligation d’abandonner la loi de Moïse

Parmi le peuple, certains ont adopté la culture grecque, et d’autres ont résisté. Mais les résistants étaient tués.

Pendant cette période très dure, une famille juive a lancé une révolte. Il s’agit de la révolte des Maccabées, c’est le nom que l’on a donné aux chefs et combattants de la résistance.

Il se trouve que les Maccabées arrivent à acquérir l’indépendance de la Judée et de Jérusalem. Les juifs peuvent pratiquer leur foi avec plus de liberté pendant près d’un siècle.

Mais plus tard, l’Empire romain s’impose. Les Romains sont moins durs avec les juifs, mais ils font peser sur eux des taxes et des impôts importants.

Et surtout, la Judée perd à nouveau son indépendance. Les juifs sont sous domination romaine.

Cela dit, tout se met en place pour l’accueil du messager de Dieu, Jean-Baptiste. Et surtout, tout est mis en place pour la diffusion de la Bonne Nouvelle.

Pendant la période grecque et la période romaine, le bassin méditerranéen s’est modernisé en quelque sorte.

De grandes villes sont construites, ainsi que des ports, et surtout des routes, avec des infrastructures importantes.

Grâce aux civilisations grecques et romaines, les personnes circulent plus facilement d’une ville à l’autre. Les idées circulent aussi plus facilement, d’autant plus que la langue grecque s’est généralisée.

Pendant ces 400 ans où Dieu n’a pas parlé à travers des prophètes, le Proche Orient s’est développé, des connexions se font entre les grandes villes et les villages. C’est comme si Internet a été inventé pendant ces 4 siècles, puisque les gens et les idées sont en connexion et circulent plus facilement.

Ces 4 siècles ont aussi, et malheureusement, créent des tensions au sein du peuple d’Israël.

Pendant tous ces siècles, les chefs religieux ont voulu protéger la foi d’Israël. Ils avaient peur de voir le peuple perdre son identité et oublier la Loi de Dieu.

Petit à petit, ils ont donc ajouté de nombreuses règles et de nombreuses traditions.
Parmi eux, les pharisiens sont devenus très stricts. Leur intention était bonne au départ : aider le peuple à rester fidèle. Mais avec le temps, ces règles sont devenues un fardeau lourd à porter pour les gens.

En plus de cela, le pouvoir Romain était aussi pesant. Les juifs étaient soumis, avec beaucoup de taxes à payer.

Le peuple était fatigué et chargé, entre le pouvoir religieux trop autoritaire, et le pouvoir politique trop oppressant. Ils avaient besoin d’une personne pour venir apporter de la justice et surtout, un vrai retour à Dieu.

Un retour à Dieu qui ne passerait pas par des lois, mais par une relation authentique avec Dieu.

Cette personne, ce messager, nous l’avons dit, c’est Jean-Baptiste. C’est lui qui prépare la route de Dieu, est présenté dans l’Évangile selon Luc, au chapitre 3, versets 1 à 18.

C’est mon troisième point :

[3. Jean-Baptiste, le messager qui prépare le chemin]

1 La quinzième année du règne de l’empereur Tibère, Ponce Pilate était gouverneur de la Judée, Hérode tétrarque de la Galilée, son frère Philippe tétrarque du territoire de l’Iturée et de la Trachonite, Lysanias tétrarque de l’Abilène,
2 et Anne et Caïphe étaient grands-prêtres. C’est alors que la parole de Dieu fut adressée à Jean, fils de Zacharie, dans le désert,

3 et Jean parcourut toute la région du Jourdain; il prêchait le baptême de repentance pour le pardon des péchés,
4 conformément à ce qui est écrit dans le livre des paroles du prophète Esaïe: C’est la voix de celui qui crie dans le désert: ‘Préparez le chemin du Seigneur, rendez ses sentiers droits.’
5 Toute vallée sera comblée, toute montagne et toute colline seront abaissées; ce qui est tortueux sera redressé et les chemins rocailleux seront aplanis. 6 Et tout homme verra le salut de Dieu.

7 Il disait donc aux foules qui venaient se faire baptiser par lui: «Races de vipères, qui vous a appris à fuir la colère à venir?
8 Produisez donc des fruits qui confirment votre changement d’attitude et ne vous mettez pas à dire en vous-mêmes: ‘Nous avons Abraham pour ancêtre!’ En effet, je vous déclare que de ces pierres Dieu peut faire naître des descendants à Abraham.
9 Déjà la hache est mise à la racine des arbres: tout arbre qui ne produit pas de bons fruits sera donc coupé et jeté au feu.»

10 La foule l’interrogeait: «Que devons-nous donc faire?» 11 Il leur répondit: «Que celui qui a deux chemises partage avec celui qui n’en a pas, et que celui qui a de quoi manger fasse de même.» 12 Des collecteurs d’impôts vinrent aussi pour se faire baptiser; ils lui dirent: «Maître, que devons-nous faire?»

13 Il leur répondit: «N’exigez rien de plus que ce qui vous a été ordonné.» 14 Des soldats aussi lui demandèrent: «Et nous, que devons-nous faire?» Il leur répondit: «Ne commettez ni extorsion ni tort envers personne et contentez-vous de votre solde.»
15 Le peuple était dans l’attente et tous se demandaient en eux-mêmes si Jean n’était pas le Messie.

16 Alors il leur dit: «Moi, je vous baptise d’eau; mais il vient, celui qui est plus puissant que moi, et je ne suis pas digne de détacher la courroie de ses sandales. Lui, il vous baptisera du Saint-Esprit et de feu.
17 Il a sa pelle à la main; il nettoiera son aire de battage et il amassera le blé dans son grenier, mais il brûlera la paille dans un feu qui ne s’éteint pas.»
18 C’est ainsi, avec encore beaucoup d’autres encouragements, que Jean annonçait la bonne nouvelle au peuple.

Jean-Baptiste parcourt toute la région du Jourdain. Ce texte nous apprend qu’il est la voix qui crie dans le désert, et qui est aussi annoncée dans le livre du prophète Esaïe.

Il crie dans le désert, c’est intéressant. Le désert n’est-il pas le lieu où il n’y a personne ? S’il n’y a personne, pourquoi dit-on qu’il crie ?

C’est peut-être pour dire que cette voix s’élève là où il n’y avait plus rien. Cette voix survient alors que c’était le silence prophétique pendant 400 ans. Cette voix se fait entendre alors qu’il y a une soif spirituelle, mais aucune oasis pour rafraichir le peuple.

Jean-Baptiste parle comme un prophète. Il dénonce ce qui ne va pas, et il trouve un public qui l’écoute.

Le peuple en avait assez des autorités religieuses sévères et hypocrites. Le peuple en avait assez des autorités politiques, oppressantes.

Jean-Baptiste parle sévèrement, parce qu’il condamne sévèrement l’hypocrisie religieuse et l’injustice sociale.

Il parle d’Abraham, parce que les religieux pensaient être sauvés sous prétexte qu’ils sont descendants d’Abraham. Mais Jean-Baptiste leur dit que ce n’est pas cela qui compte. Et que Dieu peut faire naître des descendants d’Abraham à partir de simples pierres.

Ce qu’il veut dire, c’est que Dieu peut transformer tous les cœurs, même les cœurs durs comme de la pierre, même le cœur de ceux qui sont loin de Dieu.

Jean-Baptiste rejoint les préoccupations du peuple. Il demande à celui qui a deux chemises de partager. Il demande aux collecteurs d’impôts d’être justes.

Enfin une figure qui prend la défense du peuple et qui parle de manière authentique. Un prophète qui ose déranger et attaquer l’injustice même s’il doit risquer sa vie.

Au verset 16, il annonce bien sûr la venue de celui qui est plus grand que lui : Jésus.

Rappelons-nous ce que dit la prophétie de Malachie : « Voici que j’enverrai mon messager pour me préparer le chemin. »

Le messager prépare la venue de Dieu en personne. Et ici, Jean-Baptiste prépare la venue de qui ? De Jésus, Dieu en personne, Dieu avec nous, Dieu parmi nous.

Tout est en place pour la venue de Jésus. Les routes barrées commencent à être praticables. Jésus arrive pour annoncer le salut par la grâce, et non par les lois. Les auteurs du Nouveau Testament utiliseront la langue grecque pour s’adresser à tout l’Empire romain et ils utiliseront aussi toutes les infrastructures, les routes et les ports, pour se déplacer, pour diffuser l’Évangile.

[Conclusion]

Pour conclure, revenons à cette image des routes barrées.

Pendant la période de l’avent, on dit souvent qu’il faut préparer la venue de Jésus à Noël.

Jésus est déjà venu il y a 2000 ans. Mais ce que nous pouvons préparer, c’est surtout son œuvre de transformation dans notre cœur.

Avons-nous des routes barrées dans notre cœur ? Sommes-nous ouverts à la présence de Jésus ?

Souvent, notre orgueil est une barrière pour Dieu, qui veut nous apprendre l’humilité. Notre autonomie, ou notre indépendance sont une barrière pour Dieu, qui veut nous apprendre la dépendance à lui.

Notre illusion de nous sauver nous-mêmes par une vie religieuse ou une vie correcte est une barrière pour la grâce.

Notre désir d’être servi au lieu de servir est une barrière pour Dieu, qui veut nous apprendre le renoncement. Il ne veut pas que nous renoncions à nous-mêmes, mais à notre égo, notre gloire personnelle.

Les textes de Malachie et de Luc  nous invitent à laisser Jésus prendre la route jusqu’à nous. Et je pense qu’ils nous invitent également à être des Jean-Baptiste.

Il a préparé la route du Seigneur.

Souvent, on parle d’évangélisation, comme si l’Église devait convaincre, voire convertir des gens.

Mais la conversion vient d’une rencontre entre une personne et Jésus. Cette rencontre, nous ne pouvons pas la provoquer.

Mais ce que nous pouvons faire, c’est préparer la route pour Jésus. Nous pouvons enlever certaines barrières qui séparent les gens de Dieu. Ces barrières peuvent être des préjugés sur la Bible. Ces barrières peuvent être une mauvaise image de Dieu.

Notre témoignage est là pour préparer la route.

Que ce temps de l’avent ne soit pas juste un temps où nous attendons la fête, mais un temps où nous ouvrons notre cœur à Jésus, où nous enlevons les obstacles qui empêchent son action, et où nous devenons, à notre manière, des messagers qui préparent la route du Seigneur.

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