Nous continuons notre série de méditations sur le livre des Proverbes et nous abordons, cette semaine, un paragraphe troublant. La sagesse s’exprime comme si elle était Dieu et elle dit : « moi aussi je rirai quand vous serez dans le malheur, je me moquerai quand la terreur fondra sur vous » (Proverbes 1.26). Dans une période de pandémie et de grandes souffrances, ce genre de passage est d’autant plus scandaleux ! Mais lorsque nous lisons cette phrase dans son contexte, elle prend un tout autre sens. Avant de continuer, lisons donc d’abord le texte dans son contexte…
20 La sagesse crie dans les rues, elle parle tout haut sur les places,
21 elle appelle à l’entrée des endroits bruyants. Aux portes, dans la ville, elle fait entendre ses paroles:
22 «Jusqu’à quand, vous qui manquez d’expérience, aimerez-vous la naïveté? Jusqu’à quand les moqueurs trouveront-ils leur plaisir dans la moquerie et les hommes stupides détesteront-ils la connaissance?
23 Revenez pour écouter mes reproches! Je veux déverser mon Esprit sur vous, je veux vous faire connaître mes paroles.
24 »Puisque j’appelle et que vous résistez, puisque je tends la main et que personne n’y prête attention, 25 puisque vous négligez tous mes conseils et n’acceptez pas mes reproches,
26 moi aussi je rirai quand vous serez dans le malheur, je me moquerai quand la terreur fondra sur vous, 27 quand la terreur fondra sur vous comme une tempête et que le malheur vous enveloppera comme un tourbillon, quand la détresse et l’angoisse s’empareront de vous.
28 »Alors ils m’appelleront et je ne répondrai pas, ils me chercheront et ils ne me trouveront pas. 29 Parce qu’ils ont détesté la connaissance et n’ont pas choisi la crainte de l’Éternel, 30 parce qu’ils n’ont pas accepté mes conseils et ont méprisé tous mes reproches, 31 ils se nourriront du fruit de leur conduite et ils se rassasieront de leurs propres conseils.
32 En effet, l’égarement de ceux qui manquent d’expérience les tue et l’insouciance des hommes stupides provoque leur perte.
33 En revanche, celui qui m’écoute habitera en sécurité. Il vivra tranquille et n’aura à redouter aucun mal.»
Ici, la sagesse est personnifiée, elle parle comme si elle était Dieu, plus précisément : la Parole de Dieu. Faut-il voir ici une manifestation de Dieu le Fils ? C’est possible. Quoi qu’il en soit, cette sagesse divine se rend accessible pour tous et c’est important de le relever.
Dans les quatre premiers versets, la sagesse crie, parle, se fait entendre, interroge : « Je veux déverser mon Esprit sur vous, je veux vous faire connaître mes paroles » (v. 23). Pourquoi personne ne l’écoute ? Peut-être, car son message n’est pas agréable à entendre : « Revenez pour écouter mes reproches », dit-elle (v. 23).
Qui aime recevoir des reproches ? Pourtant, des reproches bienveillants sont une source de salut, ils nous sortent de nos erreurs pour nous mener à la vérité, pour nous aider à nous voir tels que nous sommes.
Malgré son appel insistant, la sagesse ne reçoit pas de réponse, elle se heurte à des êtres moqueurs et orgueilleux (v. 22).
À cause de ce rejet de la sagesse, beaucoup d’hommes et de femmes vont subir les conséquences de leurs mauvais choix. C’est alors que la sagesse se moquera des moqueurs et résistera aux orgueilleux.
Notons que ces gens en détresse ne font que recevoir le traitement qu’eux-mêmes ont prodigué, rien de plus, rien de moins… Cela me rappelle cette parole de Jésus en Matthieu 7.1-2 : « Ne jugez pas afin de ne pas être jugés, car on vous jugera de la même manière que vous aurez jugé et on utilisera pour vous la mesure dont vous vous serez servis. »
Dieu ne fera qu’appliquer notre propre justice à nous-mêmes, si bien que l’on ne pourra pas dire « c’est injuste ».
Dans ce texte, les gens dont Dieu se moque sont ceux qui se sont moqués de lui. Les gens à qui il ne répond pas sont ceux qui ne lui ont pas répondu. Les gens qui n’arriveront pas à le trouver sont ceux qui n’ont pas voulu chercher. Tout cela arrivera « parce qu’ils ont détesté la connaissance et n’ont pas choisi la crainte de l’Éternel, parce qu’ils n’ont pas accepté mes conseils et ont méprisé tous mes reproches » (v. 29-30).
D’une certaine manière, Dieu ne sanctionne pas, il applique notre propre justice à nous-mêmes : « ils se nourriront du fruit de leur conduite et ils se rassasieront de leurs propres conseils » (v. 31).
Dieu ne nous égare pas, c’est l’homme qui s’égare lui-même : « l’égarement de ceux qui manquent d’expérience les tue et l’insouciance des hommes stupides provoque leur perte » (v. 32).
Cependant, ne pouvons-nous pas nous attendre à plus d’amour de la part de Dieu ? Ne pourrait-il pas passer par-dessus nos erreurs ?
Oui ! Mais pour cela, ne doit-il pas bousculer notre conception de la liberté et de la justice ? Comment nous amener à lui sans intervenir sur notre « libre arbitre », si cher à nos yeux ? Comment effacer nos fautes et nous pardonner tout en appliquant la justice que nous réclamons tous ?
L’appel de la sagesse interroge, prenons le temps de nous laisser questionner.
Cette sagesse interpelle aussi chacun de nous : qui veut se laisser guider par Dieu et se soumettre à sa volonté ? Qui veut recevoir le pardon ? Qui veut reconnaître ses erreurs et s’approcher de la sagesse divine ?
Ce passage des Écritures nous appelle une fois de plus à la crainte de l’Éternel, à accueillir favorablement la Parole de Dieu, source de sagesse et de salut.