Pour commencer, j’aimerais évoquer rapidement mes souvenirs d’enfance concernant Noël. Je pense que pour beaucoup de personnes, la façon de vivre Noël durant l’enfance influence d’une manière ou d’une autre notre regard sur Noël une fois adulte.
Dans mon enfance, je sais que j’ai vécu des fêtes de Noël en Église, mais je vous avoue que j’en garde malheureusement un vague souvenir.
Lorsque je pense à mon enfance, Noël évoque surtout les vacances scolaires, le sapin lumineux au milieu du salon, les décorations, les chocolats, le foie gras, le saumon, les crevettes, la buche de Noël, les spectacles offerts par le comité d’entreprise où travaillait mon père, les vitrines animées des grands magasins de Paris, les heures passées dans ces grands magasins, les retrouvailles avec les cousins et cousines, et bien sûr, les cadeaux.
Cette description de mon Noël de l’enfance semble être celui d’un enfant aillant grandi dans les beaux quartiers de Paris dans une famille aisée. Mais cela n’était justement pas le cas. À Noël, un effort était fait pour l’occasion, même si ce n’était pas notre standing habituel.
Ainsi, une fois adulte, mon regard sur la fête de Noël a commencé à changer. Pendant mes études de théologie au début des années 2000, je suis passé par une phase de minimalisme. Le minimalisme consiste à vivre avec le minimum, non pas pour une question d’argent, mais pour une question de principe, parce que le superflu est inutile ; par définition, il n’est que superflu.
Par exemple : pourquoi posséder une couette pour le quotidien et un sac de couchage pour le camping ? Un simple sac de couchage ne suffit-il pas pour toute l’année ? (À laver régulièrement bien sûr.) Pourquoi posséder un coussin ? Quelques pulls insérés dans la housse de coussin ne suffisent-ils pas ? Pourquoi acheter des armoires ? Quelques cartons empilés ne suffisent-ils pas pour ranger ses vêtements.
Ainsi, en vivant de manière minimaliste, mon regard sur le Noël féérique a commencé à changer. En me baladant dans les rues de Paris en période de fête, et en observant les clients dans les magasins, je ne voyais plus de la féérie, mais des soucis. Les clients n’avaient pas l’air si heureux, mais soucieux, stressés et perdus au milieu de tous les choix qui s’offraient à eux.
Malheureusement, j’ai l’impression que pour beaucoup, Noël est une fête subie.
Cela dit, il ne faut pas oublier que pour d’autres, Noël est un véritable moment de fête et de joie, un moment où l’on montre notre affection par le langage des cadeaux. Et bien sûr un moment de retrouvailles authentiques.
Pour ma part, j’aimerais que le Noël en famille reste un moment vécu dans la simplicité, sans excès, sans sapin, sans montagne de cadeau, mais avec beaucoup d’amour et surtout avec Jésus. Cette ligne de conduite, cette simplicité, n’est pas toujours facile à tenir, car c’est à contre-courant.
Maintenant, qu’en est-il de la fête de Noël en Église ? Est-ce que cela a du sens de fêter Noël en Église ?
Nous avons déjà entendu les opinions de plusieurs d’entre nous. Nous voyons déjà que selon notre vécu et selon notre point de vue, les avis sont différents.
Pour ma part, je vois à la fois des points négatifs et des bénéfices à fêter Noël en Église.
Si l’on a conscience de tout cela, je pense que l’on peut fêter Noël d’une manière qui rende gloire à Dieu. N’oublions pas que le principal pour une Église, c’est d’être en phase avec Dieu.
L’apôtre Paul a dit : « Ainsi donc, que vous mangiez, que vous buviez ou quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu. » (1 Co 10.31)
Quels sont les points négatifs et les bénéfices d’une fête de Noël en Église ? Je commence par les points négatifs.
Points négatifs
La pression. Tout d’abord, nous pourrions nous mettre beaucoup de pression alors que Noël n’est pas une fête que Dieu nous demande de fêter.
La démesure. Ensuite, le danger, c’est de s’éloigner de la simplicité du message de Noël et d’organiser une fête démesurée.
Ce qui rend la chose plus compliquée, c’est que la démesure est très subjective. Par exemple, prenons la fête qui aura lieu cet après-midi. Certains vont la trouver trop courte, trop petite. D’autres vont la trouver juste comme il faut. D’autre encore, vont trouver qu’elle était trop sophistiquée.
Comment trouver la juste mesure ? C’est une question intéressante à se poser. Chacun possède son propre avis, ses propres points de référence, nous sommes donc invités à échanger ensemble et à s’écouter pour trouver la meilleure voie.
La surcharge. Enfin, un autre risque, c’est la surcharge.
La période de Noël est très chargée ; pas pour tout le monde, mais pour beaucoup de personnes, surtout les familles qui ont encore les enfants à la maison.
Le mois de décembre est un mois très sollicité par l’école, le club de sport, l’école de musique, les familles, les associations communales, etc.
La fête de l’Église demande aussi aux familles d’être investies pour la préparation de la fête, puisque les enfants participent.
Le danger, c’est que la préparation de la fête ne soit plus un moment orienté sur le témoignage de l’Évangile, mais un moment de stress, voire même un moment de tensions.
À une période de l’année où autour de nous, des personnes ont particulièrement besoin d’attention et de relation, notre temps peut vite être utilisé à courir partout.
Maintenant, quels sont les bénéfices d’une fête Noël en Église ?
L’annonce de la venue de Jésus. Le premier bénéfice d’une fête de Noël, c’est que nous profitons de l’effervescence de Noël pour proposer une alternative à ce que le monde propose. Selon la Bible, celui qui descend du ciel, ce n’est pas le père Noël, c’est Jésus.
Il est vrai que nous annonçons cela dimanche après dimanche, mais je crois que Noël est un moment propice pour le faire, puisque c’est un moment festif et un moment bien identifié.
La venue de Jésus est une joie et la Bible nous invite à nous réjouir en Jésus : « Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur ; je le répète, réjouissez-vous. » (Philippiens 4.4)
L’occasion de rappeler des thèmes bibliques peu abordés. Un autre bénéfice se trouve dans la richesse biblique qui entoure le thème de la venue de Jésus. Malheureusement, les Églises lisent souvent les mêmes textes en période de Noël. Cependant, la venue de Jésus est abondamment annoncée dans la Bible, et Noël est une bonne occasion pour aborder ce thème de manière variée et développée.
Nous pouvons aborder par exemple : les différentes promesses de la venue d’un sauveur, thème présent dans quasiment chaque livre de la Bible.
Nous pouvons aussi étudier le plan de Dieu pour l’humanité depuis la Genèse, l’incarnation de Dieu, la double nature de Jésus, qui est à la fois Dieu et homme, la virginité de Marie, l’universalité de la foi, l’accessibilité de la foi, etc.
Une occasion de témoignage. Enfin, Noël est une belle occasion de témoignage.
Puisque la grande majorité des gens autour de nous fête Noël, cela peut donner lieu à des discussions sur la manière dont nous fêtons Noël en tant que chrétiens
Pour nous, Noël ce n’est pas avant tout le sapin et le père Noël, c’est avant tout la simplicité et le cadeau que Dieu nous fait en Jésus. Dieu s’est dépouillé pour venir sur terre dans la personne de Jésus et il nous invite à adopter le même état d’esprit, c’est une démarche qui se trouve à l’opposé des excès des fêtes.
5 Que votre attitude soit identique à celle de Jésus-Christ:
6 lui qui est de condition divine, il n’a pas regardé son égalité avec Dieu comme un butin à préserver,
7 mais il s’est dépouillé lui-même en prenant une condition de serviteur, en devenant semblable aux êtres humains.
(Philippiens 2.5-7)
Conclusion
En conclusion, est-ce que cela a du sens de fêter Noël en Église ?
Il me semble que oui, cela a du sens, à condition que nous ayons conscience des limites et des bénéfices, et que nous célébrions cette fête en prenant tout cela en compte.
Organiser une grande fête seulement entre nous, cela n’a pas trop de sens. Mais organiser une fête en invitant nos amis, cela a du sens. Dieu a envoyé son Fils pour se rendre accessible à tous. Nous aussi, rendons Jésus accessible à tous lors de la fête de Noël, comme lors de tous nos cultes, et rendons-le accessible également à l’extérieur des murs de l’Église.
De même, organiser une fête en Église juste pour fêter la naissance de Jésus, pour moi, cela n’a pas trop de sens, car Dieu n’a jamais demandé que l’on fête son « anniversaire ».
Mais fêter Noël dans l’optique de nous laisser édifier, avec des enseignements qui nous font grandir dans notre foi et qui nous poussent à agir selon la volonté de Dieu, cela a du sens.
En le vivant ainsi, Noël n’est pas un retour dans la féérie l’enfance, mais une occasion de croissance dans la foi pour les petits et les grands.