
Êtes-vous un cadeau pour votre entourage ? Ce n’est pas toujours évident de prendre du recul sur soi-même, mais c’est une question que la Bible nous invite à nous poser. Êtes-vous un cadeau pour votre entourage ?
Peut-être qu’une autre formulation vous mettrait un peu plus à l’aise : efforcez-vous d’être un cadeau pour votre entourage ?
Mardi dernier, Aude et moi nous nous sommes rendus à Artenay, au château d’Auvilliers, pour animer un temps d’accompagnement spirituel auprès des résidents.
Le château d’Auvilliers est un établissement qui appartient à la fondation de l’Armée du Salut. Il accueille, accompagne et héberge des personnes en situation de handicap.
Plusieurs personnes parmi nous sont engagées dans l’accompagnement spirituel auprès de ces personnes. Nous animons des temps spirituels, avec des lectures de la Bible, des temps d’échange, des prières, parfois des chants, et une animation en lien avec le thème du texte biblique.
Mardi dernier, le groupe était composé de 9 résidents, et le thème était le suivant : « tu es un cadeau pour les autres ». (À vrai dire, c’est un thème qui est développé actuellement par plusieurs animateurs.)
Le passage clé que nous avons lu se trouve dans la première lettre de Pierre, chapitre 4 verset 10 : « Que chacun de vous mette au service des autres le don particulier qu’il a reçu de Dieu. Vous serez ainsi de bons administrateurs de la grâce infiniment variée de Dieu. »
Nous avons passé une heure avec les résidents, et ils ont passé une heure à être attentifs et même émerveillés de savoir qu’ils avaient reçu des dons de Dieu, à mettre au service des autres.
Pour certains, c’était la première fois qu’ils entendaient en tel message tiré de la Bible. Pour d’autres, ils étaient déjà familiers avec ce message. Le point commun, c’est qu’ils ont ressenti une profonde prise de conscience : Dieu leur a confié des dons, et ils peuvent être un cadeau pour les autres.
Leur enthousiasme et leur intérêt pour le texte biblique m’ont fait réfléchir. Est-ce que la Bible me parle encore de cette manière ? Est-ce que je me laisse encore surprendre par des vérités que je connais déjà ? Est-ce que notre Église reçoit un tel message avec autant d’intérêt et d’émerveillement ?
Cela m’a donné envie de relire ce texte avec vous. Je vous invite donc à lire le texte en entier, afin d’avoir le contexte. C’est dans la première lettre de Pierre, chapitre 4, versets 1 à 11.
1Puisque le Christ a souffert dans son corps, vous aussi armez-vous de la même façon de voir : celui qui a souffert dans son corps en a fini avec le péché. 2Dès maintenant, vous devez donc vivre le reste de votre vie terrestre selon la volonté de Dieu et non selon les désirs humains. 3En effet, vous avez passé autrefois suffisamment de temps à faire ce qui plaît aux païens. Vous avez vécu dans la débauche, les mauvais désirs, les soûleries, les orgies, les beuveries et le culte interdit des idoles.
4Et maintenant, les païens trouvent étrange que vous ne vous livriez plus avec eux aux débordements d’un comportement malfaisant, et ils vous insultent ! 5Mais ils auront à rendre compte de leurs actes à Dieu qui se tient prêt à juger les vivants et les morts. 6C’est pour cela d’ailleurs que la Bonne Nouvelle a aussi été annoncée à ceux qui maintenant sont morts, afin qu’après avoir subi la même condamnation que tous les hommes dans leur corps, ils vivent selon Dieu par l’Esprit.
7La fin de toutes choses est proche. Vivez donc d’une manière raisonnable et gardez l’esprit éveillé afin de pouvoir prier. 8Avant tout, aimez-vous ardemment les uns les autres, car l’amour apporte le pardon d’un grand nombre de péchés. 9Soyez hospitaliers les uns à l’égard des autres, sans mauvaise humeur.
10Que chacun de vous mette au service des autres le don particulier qu’il a reçu de Dieu. Vous serez ainsi de bons administrateurs de la grâce infiniment variée de Dieu. 11Que la personne qui a le don de la parole transmette les paroles de Dieu ; que celle qui a le don de servir l’utilise avec la force que Dieu lui accorde : il faut qu’en toutes choses gloire soit rendue à Dieu, par Jésus Christ à qui appartiennent la gloire et la puissance pour toujours ! Amen.
Nous voyons qu’avant d’arriver au verset 10 où il est question de mettre ses dons au service des autres, il y a tout un parcours, tout un contexte.
La première étape, c’est de s’armer du même état d’esprit que Jésus.
[1. Armez-vous ! (Du même état d’esprit que Jésus)]
L’apôtre Pierre nous demande de nous armer, mais pas avec des armes qui font du mal, au contraire.
Aux versets 1 et 2, il dit : 1Puisque le Christ a souffert dans son corps, vous aussi armez-vous de la même façon de voir : celui qui a souffert dans son corps en a fini avec le péché. 2Dès maintenant, vous devez donc vivre le reste de votre vie terrestre selon la volonté de Dieu et non selon les désirs humains.
Il appelle les chrétiens à prendre exemple sur le Christ qui a souffert sur la croix. Il a pris sur lui la punition des pécheurs, afin de payer pour nos fautes. En résumé, il s’est sacrifié.
C’est de cet esprit de sacrifice que nous devons nous armer.
C’est très étrange de parler d’armes pour désigner quelque chose de pacifique. Dans le chapitre 3, Pierre venait d’inviter les chrétiens à répondre à la persécution par la bénédiction, à répondre aux moqueries avec douceur et respect.
C’est de cet état d’esprit qu’il nous demande de nous armer.
Mais si cette arme est tout le contraire d’une arme ? Pourquoi en parler en ces termes ?
Parce qu’il y a bien un combat.
Relisons encore le verset 2 : Dès maintenant, vous devez donc vivre le reste de votre vie terrestre selon la volonté de Dieu et non selon les désirs humains.
Le combat, il n’est pas à mener d’abord contre les autres, il est contre ses propres désirs humains.
Je trouve que l’on est parfois très doué pour voir ce qui ne va pas chez les autres, ce qui ne va pas dans l’Église ou ailleurs. Ici, Pierre ne nous invite pas à nous efforcer de combattre ce qui ne va pas chez les autres. Il nous appelle à combattre nos propres désirs humains, afin de suivre pleinement la volonté de Dieu.
D’ailleurs, Pierre ne nous demande pas non plus de nous critiquer ou de nous dévaloriser. La Parole de Dieu nous rappelle sans cesse à quel point nous avons de la valeur aux yeux de Dieu. Le dénigrement de soi, c’est aussi une tendance humaine à combattre.
Suivre la volonté de Dieu, c’est se reconnaître comme son enfant, un enfant précieux à ses yeux, appelé à combattre les désirs humains qui nous tirent vers le bas.
Et paradoxalement, en suivant la volonté de Dieu, nous entrons pleinement dans notre véritable vocation, celle pour laquelle nous avons été créés, nous devenons véritablement nous-mêmes.
Dans les versets suivants, Pierre rappelle à ses lecteurs qu’ils ont rompus avec leur vie d’avant, si bien que leurs anciennes fréquentations sont étonnées.
Il mentionne notamment au verset 3 : la débauche, les mauvais désirs, les soûleries, les orgies, les beuveries et le culte interdit des idoles.
En lisant ce passage de la lettre, on a l’impression que tous les païens, c’est-à-dire les non-croyants, sont totalement débauchés et que seuls les chrétiens ont une vie loin des orgies.
Pour mieux comprendre Pierre, il faut se remettre dans le contexte de l’époque.
Dans l’Empire romain, les populations étaient polythéistes. Les gens adoraient plusieurs Dieux : le dieu du soleil, le dieu de la pluie, la déesse de la fertilité, etc.
La vie de la population était donc rythmée par des fêtes religieuses et surtout des cultes où l’on organisait des repas avec beaucoup d’excès et beaucoup d’alcool.
Dans les croyances de l’époque, pour s’abandonner aux dieux, il fallait être ivre et entrer en transe. Et comme les fêtes duraient plusieurs jours, les gens s’enivraient pendant des jours, en l’honneur de leurs dieux.
Parmi les pratiques, il y avait aussi la prostitution sacrée. Les hommes allaient coucher avec les prophétesses pour demander des faveurs aux dieux.
Tout cela faisait partie de la normalité, c’était courant et accepté dans la société romaine.
Les chrétiens à qui Pierre s’adresse venaient de ce monde Romain idolâtre. En quittant leurs anciennes idoles pour suivre Jésus, ils ont rompu avec cette débauche et sont maintenant l’objet d’insultes et de moqueries.
Pierre a rappelé au chapitre 3 qu’ils n’ont pas à se préoccuper de ces insultes, ils doivent même répondre avec douceur. Le seul juge, c’est Dieu, il jugera chaque personne, y compris ceux qui sont morts. C’est pour cela qu’il parle des morts au verset 6.
Lorsqu’ils étaient encore en vie, ceux qui ont entendu l’Évangile et qui l’ont reçu avec foi seront également jugés, mais ils seront graciés et vivront dans un nouveau corps libéré du péché. C’est cela qui nous attend lorsque nous suivons Jésus.
Comment ces versets peuvent-ils nous parler aujourd’hui ?
Nous ne vivons plus dans un Empire romain qui pratique des cultes idolâtres, avec plusieurs jours d’ivresse et des prostitutions sacrées.
En tout cas, lorsque nous avons rencontré Jésus, pour la plupart d’entre nous, nous n’avons pas eu à quitter une telle vie de débauche.
Nous entendons, par-ci par-là, des témoignages de personnes droguées ou de gangsters qui avaient une vie dépravée et qui ont totalement changé lorsqu’ils se sont convertis à Jésus-Christ. Mais pour nous à Gaubert, je ne crois pas que ce soit notre vécu.
Finalement, y a-t-il des changements marquants lorsque nous suivons de plus en plus le Christ ?
La plupart des personnes continuent d’aller au travail le matin, elles continuent de s’occuper de leurs enfants avec amour. Elles fréquentent encore leur famille et leurs amis, elles continuent de faire des sorties au cinéma et au bowling. Elles continuent de partir en vacances à la montagne ou à la mer.
Bien qu’il y ait des transformations, la conversion aujourd’hui ne marque pas un changement aussi marqué que celui vécu par les premiers chrétiens de l’Empire romain, et c’est peut-être cela qui nous manque.
Dans notre vie sociale, je comprends que pas grand-chose ne change, mais dans notre cœur, tout devrait changer.
C’est ce que Pierre développe dans les versets qui suivent.
Après avoir dit « armez-vous » du même état d’esprit que Jésus. Pierre nous dit : « aimez-vous ardemment les uns les autres ».
[2. Aimez-vous (ardemment les uns les autres)]
Et avant même de dire « aimez-vous » au verset 8, il nous encourage à la prière au verset 7.
« La fin de toutes choses est proche. Vivez donc d’une manière raisonnable et gardez l’esprit éveillé afin de pouvoir prier. »
J’ai remarqué que dans plusieurs lettres du Nouveau Testament, les auteurs nous demandent de prier avant de nous demander de nous aimer. Parce que ce n’est pas facile d’aimer les autres.
N’hésitons pas à prier pour toute sorte de sujets, que ce soit pour dire merci, pour demander à Dieu de nous aider ou d’aider les autres. Dieu n’est jamais dérangé lorsque nous prions avec un cœur sincère.
J’ai rencontré beaucoup de personnes qui pensent que la prière, c’est comme un gâteau.
Un gâteau, on le coupe généralement en 8, 12 ou 16 parts.
Pour beaucoup de personnes, la prière est comme un gâteau avec un nombre de parts limité.
Si je prends une part, ça fait une part de moins à partager pour les autres. Vous imaginez si je prends 16 parts, il n’y aura plus rien pour les autres.
De même, des personnes pensent que si je prie pour demander quelque chose à Dieu, je prends la part de quelqu’un qui en a vraiment besoin, c’est égoïste. Mais la prière, ça ne marche pas comme ça.
Voici ce que l’apôtre Paul écrit dans sa lettre aux Philippiens (4.6) : « Ne vous inquiétez de rien, mais en toute chose faites connaître vos besoins à Dieu par des prières et des supplications, dans une attitude de reconnaissance. »
En toute chose, signifie que dans chaque aspect de notre vie, peu importe la situation ou le problème, nous pouvons nous tourner vers Dieu.
Cela englobe tout, que ce soit des petites préoccupations personnelles ou les problèmes plus sérieux des autres. L’apôtre Paul rappelle que rien n’est trop insignifiant ou trop grand pour être présenté à Dieu, dans une attitude de reconnaissance.
Avec Dieu, les parts de gâteau sont à volonté, car Jésus a tout payé.
D’ailleurs, je pense que Pierre nous invite à prier afin que nous sachions aimer les autres ardemment.
Il dit que l’amour apporte le pardon d’un grand nombre de péchés. C’est une citation du proverbe biblique suivant :
« La haine excite des querelles, mais l’amour couvre toutes les fautes. » (Pr 10.12)
Autrement dit, la haine produit des querelles, mais l’amour produit le pardon, même lorsque quelqu’un a commis des fautes envers moi.
Dans les manifestations de l’amour, Pierre mentionne l’hospitalité au verset 9. Qu’est-ce que l’hospitalité ?
En grec, le mot utilisé désigne littéralement : l’amour ou l’amitié envers l’étranger. Il ne s’agit pas seulement de l’étranger qui vient d’un autre peuple. Cela peut aussi désigner celui qui est étranger à mon foyer, comme mon voisin. C’est l’accueil des autres qui sont différents de moi.
Pierre précise : soyez hospitaliers les uns à l’égard des autres, sans mauvaise humeur. Certaines traductions disent : sans murmurer.
Il s’agit donc de l’accueil de l’autre au sens très large : l’accueillir dans l’Église, l’accueillir chez moi ou l’accueillir dans ma vie.
Aimer, c’est aussi exercer ce type d’hospitalité.
L’accueil de l’autre, quel qu’il soit, fait partie de l’appel du chrétien.
Enfin, au verset 10, Pierre nous invite à nous mettre au service des autres, conformément au don que nous avons reçu par la grâce de Dieu.
Les versets suivants mettent en avant deux types de dons principaux : ceux qui concernent la parole, l’enseignement, l’édification ou l’encouragement. Et ceux qui concernent les services.
Pierre affirme que nous sommes les gérants des dons que Dieu nous a confiés.
Quels types de gérants sommes-nous ? Sommes-nous un cadeau pour les autres ? Ou bien attendons-nous que les autres soient à notre service ?
Si nous attendons que les autres soient comme nous le voulons, alors nous allons développer de l’amertume et non de l’amour.
Alors, prions, afin de savoir aimer. C’est un combat, car notre nature humaine a tendance à voir le verre à moitié vide plutôt que le verre à moitié plein.
Pour conclure, je repose encore la même question :
[Conclusion]
Sommes-nous un cadeau pour les autres ? Comment être un cadeau pour les autres ?
Puisque Pierre s’adresse à des chrétiens pour leur vie d’Église, pensons à notre vie d’Église.
Il y a ce que nous attendons des autres, ce que nous attendons de l’Église, et qui n’est certainement pas à la hauteur de nos espérances. C’est le verre à moitié vide ou même aux trois quarts vides.
Personnellement, si je ne regarde que cette partie vide, je vais avoir du mal à aimer mes frères et sœurs. Je vais même avoir du mal à aimer l’Église.
Dieu nous appelle à nous armer du même état d’esprit que Jésus qui s’est donné pour nous.
Pour aimer nos frères et sœurs, ce n’est pas le verre à moitié vide que nous devons regarder, c’est le Christ.
Jésus m’aime et il aime aussi mes frères et sœurs. Nous avons tous nos combats, nos défauts, notre nature humaine qui veut reprendre le dessus.
Alors, prions et regardons l’Église comme un lieu où Dieu nous place, afin d’être un cadeau pour les autres, un cadeau notamment dans nos paroles et dans notre service.