Nous démarrons ici une série de prédications qui a pour vocation d’offrir un panorama de toute la Bible, sur l’année 2025, de la Genèse à l’Apocalypse.
Nous commençons naturellement par le début, c’est-à-dire, Genèse chapitre 1, que vous pouvez lire en cliquant sur ce lien.
Le livre de la Genèse, et plus généralement les 5 premiers livres de la Bible, sont attribués principalement à Moïse. C’est lui qui en a sans doute rédigé la plus grande partie des écrits. Cette information est intéressante à prendre en compte, car la Genèse a été écrite à une époque où les peuples se transmettaient déjà des récits de la création et des origines de l’humanité.
Le peuple hébreu était exposé à des mythes venant de Mésopotamie. À quoi ressemblaient ces mythes ? Comment était racontée la création du monde à l’époque ?
Voici une version courte du mythe le plus célèbre, connue sous le nom de « Enuma Elish », ce sont simplement les deux premiers mots du mythe dans la version Akkadienne, une langue sémitique utilisée en Mésopotamie :
Il y a bien longtemps, dans un monde oublié des hommes, il n’y avait que l’eau, immense et sans fin. Deux puissances régnaient : Apsû, le maître des eaux calmes et douces, et Tiamat, la reine des eaux tumultueuses et salées. Ensemble, ils donnaient naissance à des dieux, mais ces derniers, jeunes et pleins de vie, ne cessaient de faire du bruit.
Apsû, le maître des eaux calmes, fatigué de ce vacarme, décida qu’il fallait se débarrasser d’eux. Mais l’un des jeunes dieux apprit son plan. Avec courage et ruse, il tua Apsû. Lorsqu’elle l’apprit, Tiamat se mit dans une colère noire.
Pour venger son compagnon, Tiamat rassembla une armée de monstres terrifiants, sous les ordres de Kingu, le plus fort de ses guerriers. Son armée était composée de dragons cracheurs de feu, de bêtes à plusieurs têtes, et de serpents géants.
Les jeunes dieux étaient effrayés. Qui pourrait affronter l’armée de Tiamat ? C’est alors que Marduk, un jeune dieu puissant et sage, se leva. Il déclara : « Moi, je combattrai Tiamat, mais si je gagne, vous devrez me reconnaître comme votre roi. » Les jeunes dieux acceptèrent.
Marduk se prépara avec soin. Il forgea une immense arbalète, tendit un filet gigantesque, et invoqua le vent pour piéger Tiamat. Lorsqu’ils se rencontrèrent, le combat fut féroce. Marduk lança son filet sur Tiamat, utilisa le vent pour l’immobiliser, et décocha une flèche qui transperça son cœur.
Après sa victoire, Marduk regarda le corps de Tiamat et eut une idée : il découpa son immense corps pour façonner le monde. Avec une moitié, il créa le ciel ; avec l’autre, il forma la terre. De ses larmes, il fit les rivières et les mers. Puis il plaça les étoiles dans le ciel pour guider le temps et les saisons.
Mais les dieux se fatiguèrent vite de tout le travail nécessaire pour entretenir ce Nouveau Monde. Alors, Marduk utilisa le sang de Kingu, le chef des monstres, pour modeler les premiers humains. « Ils nous serviront, » dit-il.
Ainsi, les hommes furent créés pour nourrir les dieux avec leurs offrandes et garder l’ordre sur la terre.
C’est ainsi que Marduk devint le roi de tous les dieux et que les humains furent créés, afin de servir les dieux.
La Bible propose une tout autre vision du monde ! En quoi la Genèse est-elle révolutionnaire par rapport aux autres récits des origines ? Je vous invite à le découvrir ensemble avec quelques extraits de notre chapitre.
Je ne vais pas pouvoir aborder toutes les questions que suscite le texte de Genèse 1, mais je vous propose de parcourir quelques passages clés, à commencer par les premiers mots.
[1. Au commencement, Dieu]
Les trois premiers mots du récit de la Genèse sont très significatifs : « Au commencement, Dieu ».
Autrement dit, au commencement de l’univers, Dieu était déjà là, il a toujours été là, même avant la création.
Ces premiers mots de la Bible affirment également qu’il y a eu un commencement. Pour nous c’est évident, mais cela n’a pas toujours été le cas.
Dans l’antiquité, des philosophes comme Aristote, au 4e siècle av. J.-C., pensaient que le monde a toujours existé.
Même au 20e siècle, des scientifiques pensaient que le monde était éternel, si bien que lorsque la théorie du Big Bang est apparue, elle a été critiquée par ces mêmes scientifiques, sous prétexte que c’était une théorie trop chrétienne.
Dire que le monde a un commencement, c’était perçu comme une résurgence de la foi chrétienne.
Dans tous les cas, les trois premiers mots de la Bible posent les basent de notre foi : au commencement, Dieu était déjà là, et c’est lui qui créa l’univers.
Lisons maintenant les versets 1 à 3.
1 Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre.
2 La terre n’était que chaos et vide. Il y avait des ténèbres à la surface de l’abîme et l’Esprit de Dieu planait au-dessus de l’eau.
3 Dieu dit: «Qu’il y ait de la lumière!» et il y eut de la lumière.
[2. Le Créateur, son Esprit et sa Parole]
Dieu est le Dieu créateur de toutes choses. Dans ces versets nous apprenons que Dieu a un Esprit, celui-ci planait à la surface de l’eau.
Je reconnais que si nous essayons d’imaginer la scène, c’est compliqué. L’auteur essaie d’expliquer avec des mots humains quelque chose qui nous dépasse.
Dans tous les cas, l’Esprit de Dieu était là et Dieu se met également à parler. Verset 3 : « Dieu dit: «Qu’il y ait de la lumière!» et il y eut de la lumière. »
Pourquoi Dieu a-t-il besoin de parler ? Y a-t-il quelqu’un pour l’écouter ? Dans quelle langue parlait-il ? Avait-il une bouche ?
Normalement, on ne parle que s’il y a quelqu’un pour entendre.
Toutes ces questions resteraient des énigmes si nous n’avions pas le reste de la Bible pour nous éclairer.
Nous avons le privilège aujourd’hui d’avoir la révélation biblique dans son ensemble, et nous savons que Dieu n’est pas un monobloc, mais il est trinitaire.
Le mot trinité vient de : tri-unité. Nous ne croyons pas en trois dieux, sinon ce serait une triade. Nous croyons en un seul Dieu en qui il y a de la vie.
Dieu est le créateur, il est maître et père de toutes choses, il a un esprit et il a une parole.
L’Évangile selon Jean commence ainsi :
1 Au commencement, la Parole existait déjà. La Parole était avec Dieu et la Parole était Dieu.
2 Elle était au commencement avec Dieu. 3 Tout a été fait par elle et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans elle.
Et plus loin, toujours en Jean 1, nous lisons ceci au verset 14 :
« Et la Parole s’est faite homme, elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité, et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme celle du Fils unique venu du Père. »
Avec l’aide des Évangiles, nous comprenons un peu plus la trinité.
Les trois premiers versets de la Bible nous présentent Dieu comme un Dieu trinitaire, présent dès la création du monde, avec un Esprit et une Parole. C’est pour cela qu’il parle, car il y a de la vie en lui. Lorsque la Parole surgit, le Père et l’Esprit entendent cette parole.
Dieu est trinitaire, c’est également pour cela que nous lisons en Genèse 1 verset 26 : Dieu dit : « Faisons l’homme à notre image ».
Certains ont avancé que c’était un pluriel de majesté, mais c’est un concept plutôt grec ou latin, pas hébreu.
Si Dieu parle en utilisant la première personne du pluriel, c’est parce qu’il est trinitaire, c’est le Créateur, l’Esprit et la Parole qui décident ensemble de créer l’être humain.
Mais avant de parler de l’être humain, parlons des 6 jours de la création.
[3. Les 6 jours de la création]
Pendant longtemps, un débat opposait d’une part les créationnistes, qui affirmaient que l’univers a été créé par Dieu en 6 jours de 24 heures. Et d’autre part, les évolutionnistes, qui ne se prononçaient pas sur l’intervention de Dieu et qui affirmaient que l’univers s’est formé pendant des milliers et même des millions d’années, avec des processus d’évolution des espèces.
Aujourd’hui, j’ai l’impression que ce débat n’est plus aussi vif, et il semble que dans le milieu académique, les protestants évangéliques sont plutôt d’accord sur la position du théisme évolutif.
Pour faire court, Dieu a bien créé le monde, mais il a parfois utilisé le processus de l’évolution pour le créer.
À mon avis, cette position est celle qui est la plus proche de la Bible, c’est celle qui respecte le mieux le texte biblique. Il y a plusieurs arguments, mais je ne vais en exposer que deux, ceux qui me semblent les plus pertinents.
Tout d’abord, si on lit Genèse 1 de manière strictement littérale, on affirme que Dieu a créé la lumière le premier jour.
Genèse 1.2-3 : 3 Dieu dit: «Qu’il y ait de la lumière!» et il y eut de la lumière.
4 Dieu vit que la lumière était bonne, et il sépara la lumière des ténèbres.
Mais d’où venait cette lumière ? Je pose la question, parce que c’est seulement au 4e jour qu’il crée le soleil, la lune et les étoiles.
Lisons le détail de ce 4e jour à partir du verset 14 :
14 Dieu dit: «Qu’il y ait des luminaires dans l’étendue du ciel pour séparer le jour de la nuit! Ils serviront de signes pour marquer les époques, les jours et les années,
15 ainsi que de luminaires dans l’étendue du ciel pour éclairer la terre.» Et cela se passa ainsi: 16 Dieu fit les deux grands luminaires, le plus grand pour présider au jour et le plus petit pour présider à la nuit. Il fit aussi les étoiles.
17 Dieu les plaça dans l’étendue du ciel pour éclairer la terre, 18 pour dominer sur le jour et la nuit et pour séparer la lumière des ténèbres. Dieu vit que c’était bon. 19 Il y eut un soir et il y eut un matin. Ce fut le quatrième jour.
Selon ces versets, c’est seulement à partir de la création du soleil au 4e jour que l’on commence à compter les jours. Dieu dit bien que les luminaires serviront de signes pour marquer les époques, les jours et les années.
Au premier jour, comment pouvait-il dire qu’il y eut un soir et un matin, alors que le soleil n’existait pas encore ?
Certains ont dit qu’en attendant la création du soleil, Dieu a lui-même rayonné de sa lumière pendant les 3 premiers jours. Mais ce n’est pas très crédible, car il faut reconnaître que pour justifier une interprétation du texte biblique, on invente des choses qui ne sont pas dans le texte.
Nous savons que dans la Bible, nous trouvons des passages symboliques. Il est donc préférable, pour respecter le texte, de considérer que la création est racontée en 6 jours pour nous donner un enseignement sous forme d’images. Nous verrons dans quelques instants pourquoi utiliser cette image des 6 jours.
En attendant, évoquons brièvement la question de l’évolution.
Le texte biblique nous apprend que lorsque Dieu dit, la chose se met à exister. Par exemple : « que la lumière soit, et la lumière fut. »
Au 4e jour, Dieu fait les astres et les places dans le ciel.
Cependant, pour d’autres créations, il fait allusion à une création indirecte. Une création indirecte, c’est lorsque Dieu crée à partir de quelque chose qui existe déjà.
Par exemple, pour les poissons, il ne dit pas : que les poissons apparaissent dans l’eau. Il dit plutôt au verset 20, « que l’eau pullule d’animaux vivants ».
Dieu fait donc en sorte que l’eau produise des animaux.
Ces quelques arguments qui viennent du texte biblique me font pencher pour le théisme évolutif, Dieu est bien le créateur de toutes choses, mais il est possible qu’il ait créé le monde en prenant du temps, probablement plus que 6 jours, et qu’il ait parfois utilisé le processus de l’évolution pour créer.
[4. Pourquoi 6 jours ?]
Alors, pourquoi parler de la création en 6 jours ?
Souvenons-nous du mythe de « Enuma Elish ».
Selon les mythes de l’époque, le monde a été créé suite à des combats entre plusieurs dieux, où le sang a coulé. La terre aurait même été créée à partir du cadavre d’un dieu.
Le récit de la Genèse veut nous enseigner que la création de ce monde a été voulue, planifiée et créée avec amour.
La création du monde est racontée dans le cadre de la semaine de travail. 6 jours pour travailler et le 7e jour pour se reposer.
La création s’est donc faite de manière ordonnée.
Si l’on fait bien attention, les jours se regroupent par paires. Les jours 1, 2 et 3 correspondent respectivement aux jours 4, 5 et 6.
Au premier jour, il sépare la lumière et les ténèbres.
Au quatrième jour, il place dans le ciel le soleil, la lune et les étoiles.
Au 2e jour, il prépare les océans, qui se distinguent de la terre ferme.
Au 5e jour, il place les animaux marins.
Enfin, au 3e jour, il prépare la verdure sur la terre.
Et au 6e jour, il place sur cette terre les animaux et l’être humain.
| 1 Lumière séparée des ténèbres | 4 Le soleil, la lune et les étoiles |
| 2 Les océans se distinguent de la terre ferme | 5 Les animaux marins |
| 3 Préparation de la verdure | 6 Les animaux terrestres et l’être humain |
Cette manière de raconter la création met l’accent sur un Dieu qui ordonne et qui prépare l’arrivée des êtres vivants, et en particulier l’arrivée de l’être humain.
Pour conclure, qu’est-ce que ce récit des origines nous enseigne ?
[Conclusion]
Tout d’abord, le monde a bien un commencement, c’est le Dieu trinitaire qui est à l’origine de ce commencement, il est le créateur de toutes choses.
Ensuite, ce récit de la Genèse apporte une autre vision de l’humanité.
Contrairement à la vision du monde de l’époque, l’être humain n’a pas été créé pour servir des dieux capricieux qui se livrent à des guerres de pouvoir. L’être humain a une place privilégiée.
Il est le dernier être vivant créé. Tout ce qui a été créé avant a été créé pour préparer sa venue, afin que tout soit prêt à son arrivée.
Ensuite, Dieu confie une mission importante à l’être humain avant même de le bénir et de lui dire de se multiplier.
Au verset 26, Dieu dit : « faisons l’homme à notre image ». L’homme est créé à l’image de Dieu dans le sens où l’être humain est un représentant de Dieu sur terre. Et tout comme Dieu est pluriel, Père, Fils et Esprit, l’humanité est aussi plurielle, il est composé d’hommes et de femmes.
Dieu donne à l’être humain le pouvoir de dominer sur la création, ce n’est pas pour exploiter, mais pour représenter Dieu et prendre soin. Au chapitre 2, Dieu confie aux humains la tâche d’être les gérants et les gardiens du jardin.
Enfin, au 7e jour, Dieu se repose de son activité. Autrement dit, il profite de ce qu’il a créé, il se consacre à sa relation avec l’humanité.
De nos jours, les différentes visions du monde sont assez pessimistes sur l’être humain. Comme à l’époque de Moïse, la Genèse vient révéler l’importance et le sens de notre vie. Être en relation avec Dieu et être ses représentants sur terre. Que son Esprit nous aide à vivre pleinement notre vocation.