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Aujourd’hui je vous propose de reprendre notre série de prédications sur le livre de la Genèse, nous arrivons au chapitre 19, un récit à la fois terrible et bouleversant avec la destruction des villes de Sodome et Gomorrhe. Pour rappel, nous suivons l’histoire d’Abraham, l’un des ancêtres du peuple juif.
Abraham a été appelé par Dieu pour quitter son pays et se mettre en route pour aller là où l’Éternel le guidera. Dieu fait notamment deux promesses à Abraham, il aura une grande descendance, grâce à qui toutes les nations de la terre seront bénies. Et, Dieu promet de lui donner un pays.
Tout au long de cette aventure, Dieu rappelle et précise toujours plus ses promesses et son alliance avec Abraham. Il faut savoir que sa femme et lui sont très âgés et qu’ils n’ont pas encore d’enfant. Abraham approchait les 100 ans et Sarah, sa femme, les 90 ans.
Au chapitre 18 de la Genèse, des anges viennent leur rendre visite pour leur dire que la naissance de l’enfant attendu est très proche. Ils annoncent aussi à Abraham que Dieu va détruire les villes de Sodome et Gomorrhe, là où vivent son neveu Lot et sa famille.
Je ne vais pas lire le texte tout de suite, j’aimerais d’abord vous informer que le récit est assez déconcertant. J’ai pas mal attendu avant de prêcher sur ce texte pour réfléchir à la manière de le présenter et de l’aborder. Mais je ne voulais pas non plus l’éviter.
J’aime bien faire des séries de prédications justement pour ne pas avoir à choisir les textes selon mes préférences personnelles. Le livre de la Genèse nous a été révélé du chapitre 1 au chapitre 50 et il me semble juste de ne pas dissimuler des passages de la Bible parce qu’ils nous heurtent.
Ce chapitre est choquant pour plusieurs raisons. Il y a des scènes assez violentes et immorales. Si l’on devait faire un film à partir de ce récit, ce film serait certainement interdit aux plus jeunes et les personnes sensibles seraient mises en garde.
Il est aussi question du jugement de Dieu, c’est une question gênante, car on préfère toujours parler de Dieu comme un Dieu plein d’amour et bienveillant. Cela dit, l’amour de Dieu n’est pas incompatible avec la présence d’un jugement, nous l’aborderons un peu avec le texte.
Quoi qu’il en soit, je pense qu’il est pertinent d’avoir connaissance de genre de passage. Comme ce type de texte est peu mis en avant, nous sommes parfois démunis lorsque l’on nous pose des questions à ce sujet.
Il m’est déjà arrivé plusieurs fois qu’une personne vienne me voir en me disant : « j’ai acheté une Bible, j’ai commencé par lire la Genèse, et il y a plein de passages qui m’interrogent… »
Le passage que nous lisons ici fait partie de ces textes qui interrogent. Je ne ferai qu’effleurer les nombreux sujets qu’il suscite, mais cela permettra, j’espère, de donner des pistes de réflexion.
Lisons donc maintenant ce récit, Genèse, chapitre 19.
Genèse, chapitre 19
1 Les deux anges arrivèrent à Sodome vers le soir. Lot était assis à la porte de la ville. Quand Lot les vit, il se leva pour aller à leur rencontre et se prosterna le visage contre terre. 2 Puis il dit: «Mes seigneurs, entrez donc chez votre serviteur pour y passer la nuit. Vous vous laverez les pieds, vous vous lèverez de bon matin puis vous poursuivrez votre route.» «Non, répondirent-ils, nous passerons la nuit sur la place.» 3 Mais Lot insista tellement auprès d’eux qu’ils le suivirent et vinrent chez lui. Il leur prépara un festin, fit cuire des pains sans levain, et ils mangèrent.
4 Ils n’étaient pas encore couchés que les habitants de la ville, les habitants de Sodome, entourèrent la maison, depuis les enfants jusqu’aux plus âgés. Toute la population était accourue. 5 Ils appelèrent Lot et lui dirent: «Où sont les hommes qui sont entrés chez toi cette nuit? Fais-les sortir vers nous pour que nous couchions avec eux.» 6 Lot sortit vers eux à l’entrée de la maison et ferma la porte derrière lui. 7 Il dit: «Mes frères, je vous en prie, ne faites pas le mal! 8 J’ai ici deux filles qui sont vierges. Je vous les amènerai dehors et vous leur ferez ce qu’il vous plaira. Seulement, ne faites rien à ces hommes puisqu’ils sont venus s’abriter sous mon toit.» 9 Ils dirent: «Pousse-toi!» Ils ajoutèrent: «Celui-ci est venu séjourner chez nous en étranger et il veut faire le juge! Eh bien, nous te ferons pire qu’à eux.» Ils poussèrent violemment Lot et s’avancèrent pour briser la porte.
10 Cependant, les hommes tendirent la main, firent rentrer Lot vers eux dans la maison et fermèrent la porte. 11 Puis ils frappèrent d’aveuglement ceux qui étaient à l’entrée de la maison, depuis le plus petit jusqu’au plus grand, de sorte qu’ils se fatiguèrent de chercher la porte. 12 Les hommes dirent à Lot: «Qui as-tu encore ici? Gendres, fils, filles et tout ce qui t’appartient dans la ville, fais-les sortir de là. 13 Nous allons détruire cet endroit parce que le cri contre ses habitants est grand devant l’Éternel. L’Éternel nous a envoyés pour le détruire.» 14 Lot sortit et parla à ses gendres, ceux qui avaient épousé ses filles: «Levez-vous, dit-il, sortez de là, car l’Éternel va détruire la ville.» Mais ses gendres crurent qu’il plaisantait.
15 Dès l’aube, les anges insistèrent auprès de Lot en disant: «Lève-toi, prends ta femme et tes deux filles qui se trouvent ici, sinon tu disparaîtras dans la punition qui s’abattra sur la ville.» 16 Comme il s’attardait, les hommes les prirent par la main, lui, sa femme et ses deux filles, car l’Éternel voulait l’épargner. Ils le firent sortir et le conduisirent à l’extérieur de la ville. 17 Après les avoir fait sortir, l’un d’eux dit: «Echappe-toi pour sauver ta vie. Ne regarde pas derrière toi et ne t’arrête nulle part dans la plaine. Réfugie-toi dans la montagne, sinon tu disparaîtras.» 18 Lot leur dit: «Oh, non, Seigneur! 19 Moi, ton serviteur, j’ai trouvé grâce à tes yeux et tu as montré la grandeur de ta bonté envers moi en me laissant la vie sauve. Cependant, je ne peux pas me réfugier sur la montagne avant que le désastre m’atteigne, si bien que je mourrai. 20 Regarde cette ville: elle est assez proche pour que je m’y réfugie et elle est petite. Si seulement je pouvais m’y sauver! N’est-elle pas petite? Ainsi je resterai en vie!» 21 Il lui dit: « Je t’accorde encore cette faveur et je ne détruirai pas la ville dont tu parles. 22 Dépêche-toi de t’y réfugier, car je ne peux rien faire jusqu’à ce que tu y sois arrivé.» C’est pour cela que l’on a donné à cette ville le nom de Tsoar (peu de chose).
23 Le soleil se levait sur la terre lorsque Lot entra dans Tsoar. 24 Alors l’Éternel fit pleuvoir du soufre et du feu sur Sodome et sur Gomorrhe. Cela venait du ciel, de la part de l’Éternel.
25 Il détruisit ces villes, toute la plaine, tous les habitants des villes et les plantes du sol. 26 La femme de Lot regarda en arrière et se transforma en statue de sel. 27 Abraham se leva de bon matin pour aller à l’endroit où il s’était tenu devant l’Éternel. 28 Il porta ses regards du côté de Sodome et de Gomorrhe et sur tout le territoire de la plaine, et il vit monter de la terre une fumée pareille à celle d’un fourneau. 29 Lorsque Dieu détruisit les villes de la plaine, il se souvint d’Abraham, c’est pourquoi il fit échapper Lot au désastre par lequel il bouleversa les villes où celui-ci s’était installé.
30 Lot quitta Tsoar pour la hauteur et s’installa dans la montagne avec ses deux filles, car il avait peur de rester à Tsoar. Il habita dans une grotte avec ses deux filles.
31 L’aînée dit à la plus jeune: «Notre père est vieux et il n’y a pas d’homme dans la région pour s’unir à nous comme cela se fait partout.
32 Viens, faisons boire du vin à notre père et couchons avec lui afin de lui donner une descendance.»
33 Elles firent donc boire du vin à leur père cette nuit-là, et l’aînée alla coucher avec son père. Il ne remarqua ni quand elle se coucha, ni quand elle se leva. 34 Le lendemain, l’aînée dit à la plus jeune: «J’ai couché la nuit dernière avec mon père. Faisons-lui boire du vin cette nuit encore et va coucher avec lui afin que nous lui donnions une descendance.» 35 Elles firent boire du vin à leur père cette nuit-là encore, et la cadette alla coucher avec lui. Il ne remarqua ni quand elle se coucha, ni quand elle se leva. 36 Les deux filles de Lot tombèrent enceintes de leur père. 37 L’aînée mit au monde un fils qu’elle appela Moab. C’est l’ancêtre des Moabites, jusqu’à aujourd’hui.
38 La plus jeune mit aussi un fils au monde et elle l’appela Ben-Ammi. C’est l’ancêtre des Ammonites, jusqu’à aujourd’hui.
Dans ce récit, tout semble démesuré, à commencerpar l’attitude des habitants de Sodome et celle de Lot.
Quand les Sodomites apprennent qu’il y a des visiteurs chez Lot, ils veulent à tout prix coucher avec eux. Tous les habitants de la ville accouraient pour y participer, des enfants jusqu’aux plus âgés. Cette scène paraît déjà surréaliste, mais la suite l’est encore plus.
Lot refuse de livrer ses invités, alors, à la place, il propose de leur donner ses deux jeunes filles. Et il leur dit : « vous en ferez ce qu’il vous plaira».
Comment toute une ville peut-elle agir ainsi ?
Et comment un père peut-il proposer de livrer ses deux filles à une foule d’agresseurs ?
On se demande presque si cette histoire est bien réelle, tout est excessif.
Malheureusement, l’être humain est bien capable d’une telle cruauté. Il suffit de s’intéresser à l’Histoire de nos civilisations pour constater que pendant les guerres, des êtres humains ont traité d’autres êtres humains comme des moins que rien. (C’est toujours le cas dans certaines régions du monde.) Pendant certaines périodes d’esclavage, on traitait mieux les animaux que les esclaves.
La Bible met parfois en avant de belles choses concernant les hommes, mais elle nous montre aussi jusqu’où ils peuvent s’engouffrer dans le mal. Elle expose la vérité sur l’état du cœur humain. Il y a du bon, mais aussi du mauvais en l’homme.
Ce n’est pas pour rien que Dieu a voulu détruire Sodome et Gomorrhe. La méchanceté des habitants était devenue écœurante. Après avoir patienté un temps pour leur donner une chance de changer, il a décidé de mettre les méchants hors d’état de nuire.
Nous savons, au moins depuis le chapitre 13, que les habitants de Sodome et Gomorrhe sont mauvais. Genèse 13 verset 13 : « Les habitants de Sodome étaient mauvais et péchaient beaucoup contre l’Éternel. »
Le chapitre 13 correspond au moment où Lot choisit d’aller vivre dans cette région, c’est au moins une bonne quinzaine d’années avant notre récit, et il est précisé que leur méchanceté est déjà particulièrement bien connue.
Comment des hommes et des femmes peuvent devenir si méchants ?
La première fois que j’ai préparé une fondue au fromage, j’ai utilisé un caquelon en terre cuite. J’ai posé le récipient sur le feu avec les ingrédients à l’intérieur, puis j’ai chauffé. C’était en hiver, le caquelon était froid. Assez rapidement, il s’est fendu en deux. Il y a eu un choc thermique. En passant du froid au chaud si rapidement, le matériau n’a pas supporté et s’est cassé.
La deuxième fois, j’ai pris le soin de remplir le caquelon préalablement avec un peu d’eau chaude, comme le font les connaisseurs, afin de faire monter la température du caquelon progressivement. Et une fois sur le feu, il n’y a pas eu de choc thermique.
Cette anecdote illustre un peu ce qui peut se passer dans notre monde. On peut s’habituer petit à petit au péché si bien que l’on n’est plus choqué devant certaines horreurs.
Quand on écarte Dieu de notre vie, quelles sont nos références pour savoir ce qui est bien ou mal ? En général, c’est la société ou c’est nous-mêmes.
Regardez ce que dit Lot aux habitants de Sodome au verset 7 : « Mes frères, je vous en prie, ne faites pas le mal ! »
Il qualifie de « mal » ce que les Sodomites essaient de faire. Et regardez ce que cette population répond au verset 9 : « Celui-ci est venu séjourner chez nous en étranger et il veut faire le juge ! »
Autrement dit : « pour qui tu te prends ? Est-ce toi notre juge ? Est-ce toi qui vas nous dire ce qui est bien ou mal ? »
Les gens de Sodome refusent d’entendre que ce qu’ils font est mal. Ils veulent être leurs propres juges.
Plus tard, lorsque les filles de Lot projettent de coucher avec leur père, comment raisonnent-elles ?
Relisons le verset 31 : « Notre père est vieux et il n’y a pas d’homme dans la région pour s’unir à nous comme cela se fait partout. »
En l’absence des bons repères, elles prennent pour modèle et pour motif ce qui se fait partout.
Ce qui se fait partout façonne facilement notre pensée, au point où même en tant que croyants, nos repères bibliques peuvent être bousculés.
Ce texte soulève beaucoup de questions.
Voulons-nous être nos propres juges ou cherchons-nous à connaître, auprès de Dieu, ce qui est bien ou mal ? Acceptons-nous de nous remettre en question devant la Parole de Dieu ?
Ou remettons-nous en question la Parole de Dieu selon nos propres idées ? Selon ce qui se fait partout ?
Revenons à Lot et sa famille. Heureusement, ses invités sont des anges. Ils récupèrent Lot pour lui éviter d’être battu et ils frappent d’aveuglement les Sodomites. Ils avertissent aussi Lot de ce qui va arriver. S’ils veulent être sauvés, ils doivent quitter la ville, Lot, sa femme, ses filles et ses gendres. En fait, tous ceux qui quittent la ville seront épargnés.
Comment réagissent les gendres de Lot au verset 14 ?
C’est une blague.
Pour eux, c’est une plaisanterie.
Et si les anges avaient donné le même avertissement aux habitants, ils auraient certainement réagi de la même manière : c’est une plaisanterie.
Tout comme les habitants de la terre à l’époque de Noé quand ils ont été avertis du déluge : c’est une plaisanterie.
Et nous, que pensons-nous de l’existence de Dieu, de Jésus, de sa mort à notre place sur la croix, de sa résurrection et de son retour pour juger la terre ? Est-ce une plaisanterie ?
Mais où est l’amour de Dieu dans tout toute cette histoire ?
L’amour de Dieu, il est auprès des victimes des Sodomites.
Relisons le verset 13, les anges disent à Abraham : « Nous allons détruire cet endroit parce que le cri contre ses habitants est grand devant l’Éternel. »
Si Dieu juge la ville, c’est pour répondre aux cris des victimes de ces habitants. Pour mettre les méchants hors d’état de nuire.
L’amour de Dieu est bien auprès des victimes, il a entendu leur cri de détresse.
L’amour de Dieu, il est dans sa patience. On sait qu’il a laissé du temps pour que ces habitants puissent changer, mais au lieu de changer en bien, ils sont devenus pires.
L’amour de Dieu, il est dans la main tendue des anges au verset 16. Ils ont pris la famille de Lot par la main parce qu’ils étaient toujours dans la maison quand il fallait partir. Ils n’avaient pas pris au sérieux la gravité de la situation.
L’amour de Dieu se trouve ainsi dans sa grâce, car si Lot et sa famille ont été emmenés par les anges, ce n’est pas parce qu’ils étaient justes, ce n’est pas parce qu’ils le méritaient, mais parce que l’Éternel a pris la décision de les sauver, en se souvenant d’Abraham (v. 29).
Il y a 2000 ans, l’amour de Dieu s’est manifesté en Jésus-Christ sur la croix. Il a accepté de nous représenter devant Dieu, il a subi le jugement et la punition à notre place. Aujourd’hui, nous sommes sous la grâce. Par la foi nous n’avons pas à craindre le jugement, car la peine a déjà été subie.
Et pour terminer, l’amour de Dieu se manifeste aujourd’hui par l’action du Saint-Esprit. Tout comme les anges ont pris Lot par la main pour le sortir de la ville, le Saint-Esprit nous saisit pour que nous placions notre confiance en Jésus. Ne résistons pas à cet appel, mais laissons-nous guider par lui.
Prière
Notre Père, merci de nous révéler pleinement qui tu es. Merci, car malgré cette réalité du jugement, tu es un Dieu qui fait grâce. Merci pour ton alliance avec Abraham qui s’étend jusqu’à nous aujourd’hui.
Nous te prions pour que tu nous aides à nous référer à toi pour notre vie entière. Aide-nous à voir le monde et notre vie à travers tes yeux et non selon les nôtres ou ceux de la société.
Nous te prions pour ce monde que tu aimes tant. En ces temps d’incertitude, avec le déconfinement, la crainte d’une deuxième vague, les situations difficiles, que ta grâce soit abondante.
Nous te prions pour que tu nous donnes ta sagesse afin de témoigner de toi avec l’aide de ton Esprit.
Amen
Merci Christian. M’a particulièrement touché l’image de l’Esprit nous “prenant par la main” pour nous arracher à un sort funeste et nous mettre à l’abri en nous entraînant jusqu’à Jésus, notre Sauveur. Bon dimanche!