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Aujourd’hui, je vous propose de découvrir le parcours d’une migrante. D’une femme qui vivait dans un pays instable, sans chef politique, sans gouvernement officiel. La loi en vigueur, c’était la loi du plus fort. La notion de bien et de mal s’était perdue. Les habitants étaient livrés à eux-mêmes.
Ce pays, en plus d’être la cible des ennemis alentours, connaissait des troubles internes. Le peuple se divisait et se faisait la guerre.
De plus, à cette époque-là, ce pays connut une grande famine.
Le mari de cette femme décida de faire les bagages et de tout quitter, pour émigrer vers un pays voisin. Un pays où tous deux seraient étrangers, eux et leurs deux fils.
Une fois arrivé en terre étrangère, le mari décède, laissant cette femme et ses deux fils seuls, face à leur destin, sans soutien, dans un pays inconnu.
Comme vous le constatez, cette histoire commence mal, elle est parsemée de difficultés, et en ce sens, elle nous rejoint.
Beaucoup de personnes, qui ont connu des situations difficiles dans leur pays, ont dû émigrer ou trouver des solutions, et subir encore d’autres épreuves.
Et même si nous n’avons pas vécu ce genre de drame, ce récit nous rejoint, car c’est celui d’une famille ordinaire, soumise aux aléas de la vie, vivant dans un monde où nous sommes loin de tout maitriser.
Cette histoire, dont nous allons découvrir la suite dans quelques instants, nous rappellera aussi que nous sommes fragiles. Nous ne maîtrisons pas notre heure de fin ni celle de nos proches.
Le parcours de cette femme est loin d’être terminé, il ne fait que commencer. Elle n’est pas au bout de ses peines ni de ses joies.
Cette histoire, c’est celle de Naomi, qui deviendra ensuite également le centre de l’histoire de Ruth, sa future belle fille. Elle se déroule vers 1200 ans avant notre ère, à l’époque des Juges.
Cette époque est marquée par l’instabilité dans le pays d’Israël nouvellement conquis.
Voici comment les Écritures décrivent cette période :
« En ce temps-là, il n’y avait pas de roi en Israël. Chacun faisait ce qui lui semblait bon. » (Juges 17.6)
C’est dans ce contexte que l’histoire de Naomi et de Ruth se déroule.
Je vous invite à lire maintenant le début de ce récit, dans le livre de Ruth, chapitre 1 :
1 A l’époque des juges, il y eut une famine dans le pays. Un homme de Bethléem de Juda partit avec sa femme et ses deux fils s’installer dans le pays de Moab.
2 Le nom de cet homme était Elimélec, celui de sa femme Naomi, et ses deux fils s’appelaient Machlon et Kiljon; ils étaient éphratiens, de Bethléem en Juda. Arrivés au pays de Moab, ils s’y établirent.
3 Elimélec, le mari de Naomi, mourut et elle resta avec ses deux fils. 4 Ils prirent des femmes moabites – l’une s’appelait Orpa et l’autre Ruth – et ils habitèrent là environ 10 ans.
5 Machlon et Kiljon moururent aussi tous les deux et Naomi resta privée de ses deux fils et de son mari.
6 Alors elle se leva, elle et ses belles-filles, afin de quitter le pays de Moab. En effet, elle y avait appris que l’Éternel était intervenu en faveur de son peuple et lui avait donné du pain.
7 Elle partit de l’endroit où elle habitait, accompagnée de ses deux belles-filles, et elle se mit en route pour retourner dans le pays de Juda. 8 Naomi dit à ses deux belles-filles: «Allez-y, retournez chacune dans la famille de votre mère! Que l’Éternel agisse avec bonté envers vous, comme vous l’avez fait envers ceux qui sont morts et envers moi!
9 Que l’Éternel fasse trouver à chacune du repos dans la maison d’un mari!» Puis elle les embrassa. Elles se mirent à pleurer tout haut
10 et lui dirent: «Non, nous irons avec toi vers ton peuple.» 11 Naomi dit: «Retournez chez vous, mes filles! Pourquoi viendriez-vous avec moi? Suis-je encore en état d’avoir des fils qui puissent devenir vos maris?
12 Retournez chez vous, mes filles, allez-y! Je suis trop vieille pour me remarier. Et même si je disais: ‘J’ai de l’espérance’, même si cette nuit j’étais avec un homme et que je mette au monde des fils,
13 attendriez-vous pour cela qu’ils aient grandi, refuseriez-vous pour cela de vous marier? Non, mes filles, car à cause de vous je suis dans une grande amertume parce que l’Éternel est intervenu contre moi.»
14 Elles se remirent à pleurer tout haut. Orpa embrassa sa belle-mère, mais Ruth lui resta attachée.
15 Naomi dit à Ruth: «Tu vois, ta belle-soeur est retournée vers son peuple et vers ses dieux; retourne chez toi comme elle!»
16 Ruth répondit: «Ne me pousse pas à te laisser, à repartir loin de toi! Où tu iras j’irai, où tu habiteras j’habiterai; ton peuple sera mon peuple et ton Dieu sera mon Dieu;
17 où tu mourras je mourrai et j’y serai enterrée. Que l’Éternel me traite avec la plus grande sévérité si autre chose que la mort me sépare de toi!»
18 La voyant décidée à l’accompagner, Naomi cessa d’insister auprès d’elle.
19 Elles firent ensemble le voyage jusqu’à leur arrivée à Bethléem. Lorsqu’elles entrèrent dans Bethléem, toute la ville fut dans l’agitation à cause d’elles. Les femmes disaient: «Est-ce bien Naomi?»
20 Elle leur dit: «Ne m’appelez pas Naomi, appelez-moi Mara, car le Tout-Puissant m’a remplie d’amertume.
21 J’étais dans l’abondance à mon départ et l’Éternel me ramène les mains vides. Pourquoi m’appelleriez-vous Naomi, après que l’Éternel s’est prononcé contre moi, après que le Tout-Puissant a provoqué mon malheur?»
22 C’est ainsi que Naomi et sa belle-fille, Ruth la Moabite, revinrent du pays de Moab. Elles arrivèrent à Bethléem au début de la moisson de l’orge.
Le livre de Ruth comporte 4 chapitres. Dans ce premier volet, nous assistons à une succession d’épreuves, une période de turbulence. C’est sur ce premier point que j’aimerais m’arrêter.
[1. Période de turbulence]
L’auteur prend bien le soin de nous décrire le contexte chaotique dans lequel se déroule l’histoire de Naomi et de Ruth.
Cette histoire commence par la famine, déjà une épreuve en soi. Ensuite l’immigration, qui est un déchirement, une séparation avec sa famille et ses repères.
Émigrer, c’est non seulement quitter un point d’attache, ses proches et ses amis, mais c’est aussi arriver en tant qu’étranger en terre inconnue où il faut tout reconstruire, parmi des gens pas toujours accueillants.
Ensuite, il y a la perte de son mari, puis la perte de ses deux beaux fils.
Comment Dieu est-il présent dans ces moments tragiques ?
Dans le récit, Dieu ne parle pas. Les personnages le mentionnent, mais il n’intervient pas de manière explicite. Cette présence imperceptible de Dieu nous fait encore plus ressentir la solitude de Naomi et de ses belles filles.
Je pense que nous aussi, nous pouvons parfois passer par des périodes de turbulence, sans trop percevoir la présence de Dieu, alors que c’est dans ces moments-là que nous aimerions le voir davantage.
Ce récit nous rappelle notre fragilité. Elle rappelle également que le croyant n’est pas à l’abri des souffrances.
La foi en Dieu n’est pas un porte-bonheur contre l’épreuve.
Face à cette période de turbulences, comment ces trois femmes réagissent-elles ? Naomi attribut ce qui lui arrive à Dieu, sans pour autant se mettre en colère contre lui.
Le récit fait également un zoom sur le personnage de Ruth, qui fait le choix de la fidélité. Fidélité à sa belle-mère et fidélité à Dieu. C’est mon deuxième point.
[2. Le choix de la fidélité]
En période de crise, j’ai connu des chrétiens, y compris des pasteurs, qui se sont éloignés de Dieu. Certains pendant un temps, d’autres pour une période qui semble durer. Chacun traverse ses épreuves de manière différente, et il est important de ne pas juger.
Mais nous pouvons prier et espérer faire le choix de la fidélité en toute circonstance. Le choix de Ruth est pour nous une source d’encouragement et d’inspiration.
Cette jeune veuve est une Moabite. C’est une étrangère aux yeux des Hébreux. Même plus qu’une étrangère, car l’histoire entre les Hébreux et les Moabites a été marquée par des conflits, qui perdurent encore à l’époque de Naomi et Ruth.
En ce temps-là, chaque ethnie adorait ses propres divinités, cela faisait partie intégrante de l’identité des peuples.
C’est pour cela que Naomi, lorsqu’elle insiste pour que Ruth reste dans son pays, lui adresse les paroles suivantes :
«Tu vois, ta belle-sœur est retournée vers son peuple et vers ses dieux; retourne chez toi comme elle ! »
Dans la vision du monde de l’époque, chaque ethnie avait ses propres dieux, et changer de peuple revenait quasiment à changer de dieu.
Cette vision des choses nous aide également à comprendre pourquoi Dieu a interdit aux Hébreux d’épouser des femmes étrangères : en s’alliant avec des étrangers, ils couraient le risque avéré de s’associer à leurs dieux et à l’idolâtrie.
Dans notre récit, Ruth fait le choix de la fidélité envers Naomi et envers Dieu, avec des paroles fortes, aux versets 16 et 17 :
« Ne me pousse pas à te laisser, à repartir loin de toi ! Où tu iras j’irai, où tu habiteras j’habiterai ; ton peuple sera mon peuple et ton Dieu sera mon Dieu; 17 où tu mourras je mourrai et j’y serai enterrée. Que l’Eternel me traite avec la plus grande sévérité si autre chose que la mort me sépare de toi ! »
Cette fidélité de Ruth se manifeste non seulement envers sa belle-mère, mais également envers le Dieu d’Israël. Les deux sont associés.
Elle exprime le désir de rester intégrée au peuple d’Israël et ainsi d’être fidèle à l’Éternel.
Ce choix est un acte de foi. Ruth n’était pas obligée de le faire. Elle aurait pu choisir la sécurité et la familiarité, mais elle choisit l’inconnu, la difficulté, par amour pour Naomi et par foi dans le Dieu d’Israël.
Pourquoi avoir emprunté cette voie qui semble défier la logique humaine ?
Je pense que Ruth a perçu dans le Dieu d’Israël le vrai Dieu, le créateur et le souverain. Elle ne pouvait plus retourner aux anciennes idoles et faire comme si elle ne connaissait pas l’Éternel.
De manière plus générale, le choix de Ruth peut faire écho aux choix des chrétiens qui continuent d’adorer Dieu malgré l’épreuve. Car une fois que nous avons rencontré le Seigneur, comment ne pas ignorer son existence et sa souveraineté ?
Nous ne comprenons pas tout. Souvent, nous ne savons pas pourquoi l’épreuve arrive, mais nous savons que Dieu est souverain.
La fin du chapitre nous laisse entrevoir une note d’espoir. C’est mon troisième et dernier point.
[3. Une note d’espoir]
Lorsque Naomi et Ruth arrivent à Bethléem, les habitants sont surpris de voir Naomi.
Naomi, dont le nom signifie « agréable », demande à être appelée « Mara », qui signifie « amertume », car elle se sent brisée par les épreuves. Au verset 21, elle dit que Dieu l’a ramenée les mains vides.
Mais en réalité, elle n’est pas revenue vide. Ce que Naomi ne voit pas encore, c’est que Dieu est en train de préparer quelque chose de merveilleux à travers Ruth.
D’ailleurs, si Naomi signifie « agréable » et « Mara » signifie « amère », Ruth signifie « amie » ou « compagne ».
De manière générale, dans ce livre, la plupart des noms ont des significations assez parlantes.
Le mari de Naomi, qui est décédé au début, s’appelle Élimelek, ce qui signifie : « mon dieu est souverain ».
Les deux fils de Naomi s’appelaient Machlon et Kiljon, ce qui signifie : « maladie » et « épuisement ».
À l’époque de l’Ancien Testament, il n’était pas rare que les parents donnent des noms en rapport avec le caractère, le physique, ou l’état de santé des nouveau-nés. Par exemple, Ésaü signifie « poilu », il s’appelle ainsi parce qu’à la naissance, il était déjà poilu.
Moïse signifie « extrait », il a été nommé ainsi par la fille du pharaon qui l’a extrait des eaux.
Peut-être que Machlon et Kiljon montraient déjà les signes d’une santé fragile à la naissance, des signes de maladie et d’épuisement. D’où leur mort à un âge assez jeune. Le texte ne nous donne aucun détail, donc je ne fais que des suppositions.
En tout cas, l’ensemble du livre de Ruth nous rappelle que Dieu est maître, il est souverain sur chaque détail de notre vie. Nous ne savons pas tout et ne voyons pas tout, mais nous sommes invités à lui faire confiance en toute circonstance.
Comme nous l’avons dit, Naomi pensait qu’elle était revenue les mains vides, mais en réalité, elle était accompagnée d’une belle-fille fidèle, pleine de foi et porteuse d’espoir.
Je conclus simplement par un dernier détail.
[Conclusion]
Le chapitre se termine en effet par un petit détail qui semble insignifiant, mais qui n’est pas mentionné par hasard. C’est la dernière phrase, verset 22 : « Elles arrivèrent à Bethléem au début de la moisson des orges. »
Il me semble que ce détail est une note d’espoir.
La famine est finie, et la moisson commence. Dieu est à l’œuvre, même si Naomi ne le voit pas encore.
La présence de Ruth, une Moabite, à Bethléem, ouvrira la voie à une série d’événements qui aboutiront à des bénédictions jusqu’à aujourd’hui et plus encore.
Bethléem, c’est la ville où Jésus est né, nous verrons que ce n’est pas un hasard.
Ruth, qui reste attachée à Naomi, à son peuple et à son Dieu, c’est une préfiguration de l’Église, l’élargissement du peuple de Dieu à toutes les nations.
Dans chaque chapitre de la Bible, depuis la Genèse, la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ est dévoilée, petit à petit.
À chaque étape de notre vie, Dieu reste souverain, il a un plan qui s’accomplit.
Souvenons-nous que les moments de sécheresse dans nos vies ne sont jamais le point final. Dieu est toujours en train de préparer la moisson de nos vies, et chaque période difficile est une préparation pour un temps de bénédiction à venir.
Que cette certitude nous guide et nous fortifie dans notre marche quotidienne. La présence de Dieu est constante, même lorsque nos yeux ne perçoivent pas encore les fruits de son travail.